Une chanson dans le lointain
Moderator: Chroniques d'Atys
Une chanson dans le lointain
/hrp: ceci est la suite du bg de Chrys intitulé "Le Coeur qui parle" et publié dans la Nouvelle Feuille d'Atys/
l'été ne dure qu'une saison,
ton rire jusqu'au silence,
la graine jusqu'au bourgeon,
et la haine jusqu'à la garde
l'éclair jusqu'à la nuit,
la lumière jusqu'au soir,
la paix dure jusqu'au sang,
et les résolutions ne durent qu'un temps
le feu jusqu'à la cendre,
l'ivresse jusqu'au dégoût,
l'envie jusqu'au plaisir,
et l'amour dure jusqu'à l'aube
l'esprit jusqu'au malheur,
la folie jusqu'aux cieux,
ton nom jusqu'à l'oubli,
et les résolutions ne durent qu'un temps
jusqu'à ce que nous les ayions atteintes,
seules les étoiles sont éternelles...
l'été ne dure qu'une saison,
ton rire jusqu'au silence,
la graine jusqu'au bourgeon,
et la haine jusqu'à la garde
l'éclair jusqu'à la nuit,
la lumière jusqu'au soir,
la paix dure jusqu'au sang,
et les résolutions ne durent qu'un temps
le feu jusqu'à la cendre,
l'ivresse jusqu'au dégoût,
l'envie jusqu'au plaisir,
et l'amour dure jusqu'à l'aube
l'esprit jusqu'au malheur,
la folie jusqu'aux cieux,
ton nom jusqu'à l'oubli,
et les résolutions ne durent qu'un temps
jusqu'à ce que nous les ayions atteintes,
seules les étoiles sont éternelles...
Last edited by chryssie on Thu Feb 10, 2005 12:02 pm, edited 1 time in total.
Re: Une chanson dans le lointain
-Fliiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiip!
Chrys avait crié de toutes ses forces et s'arrêta, étonnée de son propre bruit. Elle l'avait reconnu alors qu'elle fredonnait la chanson qu'elle avait composée à l'approche de l'hiver. Elle se mit à courir derrière l'homin blond qui se perdait à nouveau dans la foule de Fairhaven. Percutant au passage quelques Matis égarés, un mektoub et deux marchands, elle ne réussissait pas à l'atteindre. Il avait l'air lui-même pressé. La ville était trop grande pour elle, elle s'y perdait systématiquement, comme au premier jour. Régulièrement elle arrivait en retard à ses entraînements, ou se faisait réprimander faute d'avoir trouvé le caporal. La neige continuait à tomber et l'empêchait de bien distinguer le chemin que prenait l'homin. Il avait le pas leste, nom d'un yubo!
Il finit par s'arrêter devant une échoppe. Chrys l'attendit en jetant un regard vide sur les étals. Elle n'arriverait jamais à apprendre la patience, celle de l'étoile de mer collée au sable.
-Flip! Mais tu es sourd ou quoi?
Il se retourna et son visage maigre s'éclaira. Il posa un gros sac devant lui.
-Chrys? C'est bien toi? Je ne t'aurais pas reconnue dis donc.
-Désolé, mais je n'ai pas le temps de faire la causette, je suis en plein travail là, tu m'excuse.
-On se retrouve ce soir à la taverne?
-Certes, ça rapellera des souvenirs.
Il sourit, moqueur. Il remit son sac sur ses épaules et lui fit un petit signe.
-A bientôt petit coquillage!
Je restai les bras ballants, incapable de prendre une décision, regardant doucement la neige tomber, devenir pluie et vent.
La taverne de Fairhaven puait le messab mouillé et les vapeurs d'alcool. Flip était déjà arrivé, et semblait tenir la jambe au barman qui répondait indifféremment oui ou non selon son humeur. Chrys tapota l'épaule de son ami d'enfance. Ils s'installèrent à une table un peu plus loin. Gênée, Chrys ne savait pas quoi dire. Il y avait tant de choses à raconter, son tour d'écorce, la rencontre des Orphelins d'Atys, la petite mare des chutes de la rosée et ses bains de nuit, mais rien n'arrivait jusqu'à ses lèvres. Flip, lui, devisait gaiement et ne se rendait pas compte de son trouble.
-Et alors tu fais quoi de beau dans la nouvelle capitale?
-Quelques missions pour le chef des gardes, je chasse surtout. Et toi tu faisais quoi devant la boutique?
-Moi? oh je suis coursier pour une guilde d'artisans. Pas très bien payé, hein, mais plutôt pépère. Et puis c'est sans risques, je ne vais pas aller me faire trucider par les kipee, moi. Je tiens à ma peau de tryker. On en a suffisamment bavé avant d'arriver ici.
-Et Grivois? et les Anciens? Tu sais ce qu'ils sont devenus?
-Grivois est resté en arrière, il s'occupe de la tribu. J'en ai eu ma claque, moi, je suis partie de mon côté, comme toi. Quant-aux anciens, ils se meurent et radotent toutes sortes de choses sur notre village défunt. C'est à pleurer. Il faut savoir laisser tout cela en arrière. Nous ne sommes plus une tribu, ni un village, ni rien, seulement des réfugiés comme les autres.
Il s'arrêta, sentant que son ton montait tout seul, qu'il renchérissait sur lui-même. Elle avait réussi à mettre sa bonne humeur par terre en quelques minutes. Mais Flip ne se laissait pas facilement mettre en rogne. Il reprit son sourire narquois et lui demanda en trinquant:
-Alors Chrys, et les amours?
-En perdition, mon cher, en perdition! Pas un poisson qui ait goûté de mon harpon.
-Si tu leur as fait le coup du coquillage, c'est sûr que ça ne va pas aller loin. Tu sais, le style je baisse les yeux et je ne dis rien, je fais ma fille farouche, ça les fait fuir.
-Vieux mektoub, comme si tu savais mieux y faire! Tiens, j'ai un petit cadeau pour toi. Du shooki que j'ai ramené de Pyr. J'ai pas mal voyagé ces derniers temps.
-Et dis-moi, c'est quoi ce nouveau tatouage?
Elle se figea. L'occasion qu'elle attendait se présentait d'elle-même, mais elle n'osait rien dire. Elle passa une main légère sur les fausses entailles qui ensanglantaient son visage.
-C'est en souvenir de mon père. J'en changerai uniquement lorsque j'aurai été capable de faire la lumière sur sa mort. Je n'ose pas te le demander, mais tu sais peut-être quelque chose? Ou bien est-il trop tard pour remuer toute cette boue?
Sa réaction la surprit. Elle lut la peur dans ses yeux. Qu'est-ce qui l'effraiyait ainsi?
Chrys avait crié de toutes ses forces et s'arrêta, étonnée de son propre bruit. Elle l'avait reconnu alors qu'elle fredonnait la chanson qu'elle avait composée à l'approche de l'hiver. Elle se mit à courir derrière l'homin blond qui se perdait à nouveau dans la foule de Fairhaven. Percutant au passage quelques Matis égarés, un mektoub et deux marchands, elle ne réussissait pas à l'atteindre. Il avait l'air lui-même pressé. La ville était trop grande pour elle, elle s'y perdait systématiquement, comme au premier jour. Régulièrement elle arrivait en retard à ses entraînements, ou se faisait réprimander faute d'avoir trouvé le caporal. La neige continuait à tomber et l'empêchait de bien distinguer le chemin que prenait l'homin. Il avait le pas leste, nom d'un yubo!
Il finit par s'arrêter devant une échoppe. Chrys l'attendit en jetant un regard vide sur les étals. Elle n'arriverait jamais à apprendre la patience, celle de l'étoile de mer collée au sable.
-Flip! Mais tu es sourd ou quoi?
Il se retourna et son visage maigre s'éclaira. Il posa un gros sac devant lui.
-Chrys? C'est bien toi? Je ne t'aurais pas reconnue dis donc.
-Désolé, mais je n'ai pas le temps de faire la causette, je suis en plein travail là, tu m'excuse.
-On se retrouve ce soir à la taverne?
-Certes, ça rapellera des souvenirs.
Il sourit, moqueur. Il remit son sac sur ses épaules et lui fit un petit signe.
-A bientôt petit coquillage!
Je restai les bras ballants, incapable de prendre une décision, regardant doucement la neige tomber, devenir pluie et vent.
La taverne de Fairhaven puait le messab mouillé et les vapeurs d'alcool. Flip était déjà arrivé, et semblait tenir la jambe au barman qui répondait indifféremment oui ou non selon son humeur. Chrys tapota l'épaule de son ami d'enfance. Ils s'installèrent à une table un peu plus loin. Gênée, Chrys ne savait pas quoi dire. Il y avait tant de choses à raconter, son tour d'écorce, la rencontre des Orphelins d'Atys, la petite mare des chutes de la rosée et ses bains de nuit, mais rien n'arrivait jusqu'à ses lèvres. Flip, lui, devisait gaiement et ne se rendait pas compte de son trouble.
-Et alors tu fais quoi de beau dans la nouvelle capitale?
-Quelques missions pour le chef des gardes, je chasse surtout. Et toi tu faisais quoi devant la boutique?
-Moi? oh je suis coursier pour une guilde d'artisans. Pas très bien payé, hein, mais plutôt pépère. Et puis c'est sans risques, je ne vais pas aller me faire trucider par les kipee, moi. Je tiens à ma peau de tryker. On en a suffisamment bavé avant d'arriver ici.
-Et Grivois? et les Anciens? Tu sais ce qu'ils sont devenus?
-Grivois est resté en arrière, il s'occupe de la tribu. J'en ai eu ma claque, moi, je suis partie de mon côté, comme toi. Quant-aux anciens, ils se meurent et radotent toutes sortes de choses sur notre village défunt. C'est à pleurer. Il faut savoir laisser tout cela en arrière. Nous ne sommes plus une tribu, ni un village, ni rien, seulement des réfugiés comme les autres.
Il s'arrêta, sentant que son ton montait tout seul, qu'il renchérissait sur lui-même. Elle avait réussi à mettre sa bonne humeur par terre en quelques minutes. Mais Flip ne se laissait pas facilement mettre en rogne. Il reprit son sourire narquois et lui demanda en trinquant:
-Alors Chrys, et les amours?
-En perdition, mon cher, en perdition! Pas un poisson qui ait goûté de mon harpon.
-Si tu leur as fait le coup du coquillage, c'est sûr que ça ne va pas aller loin. Tu sais, le style je baisse les yeux et je ne dis rien, je fais ma fille farouche, ça les fait fuir.
-Vieux mektoub, comme si tu savais mieux y faire! Tiens, j'ai un petit cadeau pour toi. Du shooki que j'ai ramené de Pyr. J'ai pas mal voyagé ces derniers temps.
-Et dis-moi, c'est quoi ce nouveau tatouage?
Elle se figea. L'occasion qu'elle attendait se présentait d'elle-même, mais elle n'osait rien dire. Elle passa une main légère sur les fausses entailles qui ensanglantaient son visage.
-C'est en souvenir de mon père. J'en changerai uniquement lorsque j'aurai été capable de faire la lumière sur sa mort. Je n'ose pas te le demander, mais tu sais peut-être quelque chose? Ou bien est-il trop tard pour remuer toute cette boue?
Sa réaction la surprit. Elle lut la peur dans ses yeux. Qu'est-ce qui l'effraiyait ainsi?
Re: Une chanson dans le lointain
Je mis un temps à comprendre. C'était de moi qu'il avait soudain peur. Il me regardait comme si j'étais malade.
-Tu le sais très bien, ce qui est arrivé.
-Et que suis-je sensée comprendre par là?
-Ton père t'as abandonnée, lâchée, il est parti faire sa vie ailleurs, et puis il a eu un remords, il est revenu mais entre-temps les kipee ont eu raison de lui, c'est tout.
-Et pourquoi aurait-on retrouvé son corps dans l'eau, tu peux me le dire?
-Très simple: on l'aura détroussé sur le chemin du retour. Quelqu'un aura trouvé son corps, l'a dépouillé et ensuite a jeté toute trace de son méfait. Peut-être même quelqu'un du village qui ne se sera pas douté que l'eau le ramènerait jusqu'à nous. Ton père ne le montrait pas, mais il était plus riche que la plupart d'entre nous.Voilà, affaire classée.
Il me parlait avec une rudesse singulière. Je méritais peut-être ces admonestations.
Ainsi j'avais vécu bien loin de la triste réalité. Je m'étais perdue dans des rêves enfantins. Je croyais à de hauts faits et à de sombres intrigues, je m'étais tout simplement égarée.
-Ceci dit tu n'as aucune preuve de ce que tu avance. En plus ça n'explique pas pourquoi notre village a été incendié le lendemain.
Apparemment je n'avais pas marqué le point. Mes arguments semblaient glisser sur lui comme l'eau de pluie sur les maisons nénuphars. Il semblait vouloir me contrer avec une rage contenue.
-Tu raconte n'importe quoi. L'incendie était un accident. C'est la petite étable qui a pris feu en premier. Mais de toute façon tu n'étais pas là, tu n'en sais rien.
Je sentis tout le reproche qui sourdait, menaçant. Ainsi je n'étais aux yeux de tous qu'une fugueuse, une conteuse de mensonges, abandonnant son village pour d'obscures raisons, un esprit solitaire. Je comprenais mieux pourquoi personne n'avait réagi lorsque j'avais décidé de me désolidariser du groupe et de devenir une réfugiée ne comptant que sur elle-même.
Il fallait grandir.
Il fallait profiter de cette douche froide pour ouvrir les yeux. Flip, lui, se tournait vers l'avenir, sans se complaire dans la plainte du passé. Il fallait vivre.
-Tu le sais très bien, ce qui est arrivé.
-Et que suis-je sensée comprendre par là?
-Ton père t'as abandonnée, lâchée, il est parti faire sa vie ailleurs, et puis il a eu un remords, il est revenu mais entre-temps les kipee ont eu raison de lui, c'est tout.
-Et pourquoi aurait-on retrouvé son corps dans l'eau, tu peux me le dire?
-Très simple: on l'aura détroussé sur le chemin du retour. Quelqu'un aura trouvé son corps, l'a dépouillé et ensuite a jeté toute trace de son méfait. Peut-être même quelqu'un du village qui ne se sera pas douté que l'eau le ramènerait jusqu'à nous. Ton père ne le montrait pas, mais il était plus riche que la plupart d'entre nous.Voilà, affaire classée.
Il me parlait avec une rudesse singulière. Je méritais peut-être ces admonestations.
Ainsi j'avais vécu bien loin de la triste réalité. Je m'étais perdue dans des rêves enfantins. Je croyais à de hauts faits et à de sombres intrigues, je m'étais tout simplement égarée.
-Ceci dit tu n'as aucune preuve de ce que tu avance. En plus ça n'explique pas pourquoi notre village a été incendié le lendemain.
Apparemment je n'avais pas marqué le point. Mes arguments semblaient glisser sur lui comme l'eau de pluie sur les maisons nénuphars. Il semblait vouloir me contrer avec une rage contenue.
-Tu raconte n'importe quoi. L'incendie était un accident. C'est la petite étable qui a pris feu en premier. Mais de toute façon tu n'étais pas là, tu n'en sais rien.
Je sentis tout le reproche qui sourdait, menaçant. Ainsi je n'étais aux yeux de tous qu'une fugueuse, une conteuse de mensonges, abandonnant son village pour d'obscures raisons, un esprit solitaire. Je comprenais mieux pourquoi personne n'avait réagi lorsque j'avais décidé de me désolidariser du groupe et de devenir une réfugiée ne comptant que sur elle-même.
Il fallait grandir.
Il fallait profiter de cette douche froide pour ouvrir les yeux. Flip, lui, se tournait vers l'avenir, sans se complaire dans la plainte du passé. Il fallait vivre.
Re: Une chanson dans le lointain
** Chrys me connaît, je la connais, elle est ma Soeur de coeur, je suis sont Frère de coeur ... mais est-ce suffisant pour que notre amitié supporte l'avenir ? **
C'est ce que se demande Monntoo ... mais il est peut-être trop tard. Il lui a déjà fait parvenir ce document qui va peut-être modifier leur relation.
** Et si, au lieu de flâner dans les Vents, j'avais travaillé plus rudement à cette mine ? J'aurais sans doute pu les découvrir avant, ces parchemins. **
Maintenant, elle est partie on ne sait où, dans les profondeurs d'entre-deux pays qu'on appelle les Primes. Partie à la recherche de son passé ... du passé de son père. Et si elle finissait comme lui ? ...
** Je ne veux pas y croire, j'y serais pour quelque chose, et ça ne me serait pas supportable ... **
Et Monntoo attend ... un signe, un message, une parole d'un voyageur ... mais rien encore ...
C'est ce que se demande Monntoo ... mais il est peut-être trop tard. Il lui a déjà fait parvenir ce document qui va peut-être modifier leur relation.
** Et si, au lieu de flâner dans les Vents, j'avais travaillé plus rudement à cette mine ? J'aurais sans doute pu les découvrir avant, ces parchemins. **
Maintenant, elle est partie on ne sait où, dans les profondeurs d'entre-deux pays qu'on appelle les Primes. Partie à la recherche de son passé ... du passé de son père. Et si elle finissait comme lui ? ...
** Je ne veux pas y croire, j'y serais pour quelque chose, et ça ne me serait pas supportable ... **
Et Monntoo attend ... un signe, un message, une parole d'un voyageur ... mais rien encore ...
Re: Une chanson dans le lointain
La nuit tombait sur Atys et Chrys récapitula ce qu'elle avait à présent en main. Des fils qui s'entrelaçaient, et elle se sentait tirée de tous côtés, marionnette sans vie. Quelques noms, l'assurance de personnes qui avaient vu son père, quelqu'un à chercher, une reconnaissance de dette... Et voilà que s'ajoutait à cette liste dérisoire un document poussiéreux et lacunaire. Monntoo le lui avait fait parvenir par on ne sait quel miracle. Jena était bien cruelle de s'amuser d'elle ainsi. Son ami était donc lui aussi impliqué dans cette histoire qu'elle commençait à peine à découvrir. D'une façon ou d'une autre, leurs destins était liés. Toutes ces pistes ne menaient nulle part. Elle ne verrait jamais la beauté de Ma-Duk comme le Zoraï le lui avait promis. La route semblait trop longue.
Ou peut-être était-ce là les épreuves que Jena lui soumettait pour s'assurer de sa foi.
Chrys se mit à genou. Le feu dansait devant ses yeux. Elle prononça les prières qu'elle avait apprises peu de temps auparavant. Elle prit le couteau qui pendait à son côté et s'entailla la main.
"Accepte le don de ma sève et que je te sois liée. Accorde moi le don de compassion. Accorde moi la lumière où elle ne perce plus. Accorde à mon coeur de brûler comme l'astre qui te veille car même la nuit il se consume. Accorde au Zoraï la délivrance et le pardon. Guide ses pas comme les miens afin que nous sortions de l'obscurité. Prends soin de mon Frère et soutiens le dans l'adversité. Sois une mère pour nous les Orphelins."
Le temps de la prière était maintenant terminé. Elle se leva et rassembla ses affaires, étouffa les cendres brûlantes, effaça les traces de son repas.
Elle ne pouvait être arrivée là pour trébucher au dernier moment. Elle sortirait vainqueur de cette épreuve.
"Car même le petit fruit a son utilité..."
Ou peut-être était-ce là les épreuves que Jena lui soumettait pour s'assurer de sa foi.
Chrys se mit à genou. Le feu dansait devant ses yeux. Elle prononça les prières qu'elle avait apprises peu de temps auparavant. Elle prit le couteau qui pendait à son côté et s'entailla la main.
"Accepte le don de ma sève et que je te sois liée. Accorde moi le don de compassion. Accorde moi la lumière où elle ne perce plus. Accorde à mon coeur de brûler comme l'astre qui te veille car même la nuit il se consume. Accorde au Zoraï la délivrance et le pardon. Guide ses pas comme les miens afin que nous sortions de l'obscurité. Prends soin de mon Frère et soutiens le dans l'adversité. Sois une mère pour nous les Orphelins."
Le temps de la prière était maintenant terminé. Elle se leva et rassembla ses affaires, étouffa les cendres brûlantes, effaça les traces de son repas.
Elle ne pouvait être arrivée là pour trébucher au dernier moment. Elle sortirait vainqueur de cette épreuve.
"Car même le petit fruit a son utilité..."
Re: Une chanson dans le lointain
La nuit noire, une pluie fine, un feu, des outils ... et de la fatigue. Toute la journée, et bien au-delà encore, il creusa, retourna l'écorce, avec l'espoir certain, puis avec rage, ensuite avec découragement ...
** Mais où se cache l'autre moitié de ce parchemin !!! **
Sans pouvoir répondre au "pourquoi" de la découverte qu'il avait fait il y a déjà quelques lunes, il s'accrocha à l'idée, logique mais si hypothétique, de trouver toutes les réponses, là, sous ses pieds.
** Demain sûrement ... **
Il devenait vraiment trop tard, trop risqué de continuer. Les souvenirs profitèrent de cet instant, à la chaleur du bois brûlant, pour resurgir : ses parents, les employés, la mine, bref, la vie ... mais bientôt : ses parents, la mine, l'explosion, puis la mort ...
** Non, pas ça ! Reste lucide, calme toi, Monntoo ! **
Et cette douleur à la main ... il ne s'était pourtant pas blessé, aujourd'hui. Alors pourquoi surgissait-elle ? Pourquoi maintenant ? Il se concentra sur la bonne formule à employer, prenant soin de s'éloigner du feu. Mais le mal refusa de se laisser vaincre.
** Par Jena ! S'en est trop ! **
La colère et la rage, il connaissait. Mais par respect pour les autres, il avait appris à la conserver en lui. Parfois, s'en le vouloir vraiment, il répondait sèchement, ou se renfermait sur lui-même, partant sans rien dire, dans l'étonnement qu'il provoquait aux Homins avec qui il avait passé un moment. Mais là, à l'abri des regards, il pouvait se laisser aller. C'est une autre formule qu'il employa, destructrice celle-ci. L'attaque acide donnait l'idée qu'elle jailli de tout son corps ... une aura d'acide se diffusa sur plusieurs mètres ...
Epuisé, il s'écroula sur place.
La folie n'est jamais bien loin en ces lieux maudits ...
** Mais où se cache l'autre moitié de ce parchemin !!! **
Sans pouvoir répondre au "pourquoi" de la découverte qu'il avait fait il y a déjà quelques lunes, il s'accrocha à l'idée, logique mais si hypothétique, de trouver toutes les réponses, là, sous ses pieds.
** Demain sûrement ... **
Il devenait vraiment trop tard, trop risqué de continuer. Les souvenirs profitèrent de cet instant, à la chaleur du bois brûlant, pour resurgir : ses parents, les employés, la mine, bref, la vie ... mais bientôt : ses parents, la mine, l'explosion, puis la mort ...
** Non, pas ça ! Reste lucide, calme toi, Monntoo ! **
Et cette douleur à la main ... il ne s'était pourtant pas blessé, aujourd'hui. Alors pourquoi surgissait-elle ? Pourquoi maintenant ? Il se concentra sur la bonne formule à employer, prenant soin de s'éloigner du feu. Mais le mal refusa de se laisser vaincre.
** Par Jena ! S'en est trop ! **
La colère et la rage, il connaissait. Mais par respect pour les autres, il avait appris à la conserver en lui. Parfois, s'en le vouloir vraiment, il répondait sèchement, ou se renfermait sur lui-même, partant sans rien dire, dans l'étonnement qu'il provoquait aux Homins avec qui il avait passé un moment. Mais là, à l'abri des regards, il pouvait se laisser aller. C'est une autre formule qu'il employa, destructrice celle-ci. L'attaque acide donnait l'idée qu'elle jailli de tout son corps ... une aura d'acide se diffusa sur plusieurs mètres ...
Epuisé, il s'écroula sur place.
La folie n'est jamais bien loin en ces lieux maudits ...
Re: Une chanson dans le lointain
** Dur est le chemin vers la sagesse de mon père ... **
Après les derniers événement, il y a 3 lunes de ça, c'est le temps des réponses pour Monntoo, et peut-être de nouvelles questions aussi.
Un bout de parchemin sous les yeux l'aide à établir son plan. C'est celui qu'il cherchait si désespérément, et qu'il découvrit le lendemain de son évanouissement, affleurant à peine la zone "grillée" par l'acide. Il pense à Chrys, perdue on ne sais où, plus personne ayant de nouvelle d'elle. Oui il avait une raison à tout cela. Peut-être un passage de témoin, par cette douleur à la main, pour la recherche de la vérité. Passage fait au péril de la vie de son amie, de sa Soeur ? Trop tôt pour le dire. Seul la découverte de son corps en donnerait la certitude. Mais fini le temps de se perdre en conjecture. Trier les affaires qui ont résisté à l'aura d'acide, réunir les documents utiles, compléter les cartes des Primes, s'acheter de nouvelles armes, de nouveaux bijoux, renforcer son armure ... Tout cela va prendre des jours, mais rien ne sert de se précipiter. Peut-être était-ce l'erreur de Chrys.
** Je te trouverais, quel que soit le temps que cela prendra **
Il viendra bien assez tôt, le moment de rechercher l'origine de ces ordres de missions, signées que par 4 ou 5 lettres capitales, jamais les mêmes. Maintenant, tout s'enchaîne, et il n'y a pas de raisons que cela s'arrête.
Il y a longtemps maintenant, Monntoo avait rejoint les rangs des Orphelins d'Atys, peut de temps avant l'arrivée de Chrys. Les choix internes de la guilde ne lui convenant plus, il choisit de reprendre sa si chère liberté, tout en gardant des liens étroits avec ses amis O. Et les derniers événements qui lui sont arrivés, ne font que confirmer ce qu'il pensait . Il fait partie d'un plan. Obscure. Incompréhensible pour le niveau de l'Homins, aussi grand soit-il, aussi proche de l'écorce puisse-t-il être. Seule Jena en avait les clefs. La Mère de l'hominité ne pouvait ne pas en être l'instigatrice. Mais ce n'est pas tout. Ma-Duk, le Créateur qui a donné vie à Atys, se cachait aussi la derrière. Car chacun de ces deux Sur-Etres avaient joué un rôle dans la vie du petit Tryker. Et il en était certain, avaient également joué un acte dans ce qu'il venait de se passer.
Monntoo est persuadé d'avoir vu 2 auras de téléportation se dissoudre juste au moment ou il revenait à lui, après son mouvement de colère. Le premier, de la Karavan, le second, Kami. La Karavan avait donc réussi à transmettre le premier document à Chrys, "Pour service rendu ...", était-il marqué dans les cendres, juste à côté de lui. Juste à côté également, une curieuse boule d'une matière qu'il n'avait encore jamais rencontré dans les marchés, ni Tryker, ni des autres peuples. Par transparence de la "coque", il pouvait voir un mélange brumeux, passant du vert au bleu, tournoyant sur lui-même. Et en-dessous de cet "oeuf Kami", comme il avait décidé de l'appeler, apparaissait un bout d'enveloppe comme celles qu'il avait déjà retrouvé auparavant. A l'intérieur, tout aussi soigneusement découpé que le précèdent, se trouvait l'autre partie du document qui concernait le père de Chrys.
Ainsi donc le choix de son propre père se justifiait à ses yeux : " Respecte tout ! Les amis, les ennemis, la Karavan, les Kamis, les herbivores, comme les Kittins ... Même au combat, respecte-les, car nous faisons parties d'un ensemble, d'un tout. Même si il y a déséquilibre, ce n'est pas aux Homins de décider de ce qui doit rester et de ce qui restera ... " Ses propres choix se justifièrent aussi : celui de rejoindre une guilde neutre, oeuvrant pour la paix sur Atys, celui de s'accrocher aux documents qu'il retrouvait de son père, celui, dans la mesure des ses capacités, de respecter tout Homin qu'elle qu'en soit son origine ...
Après les derniers événement, il y a 3 lunes de ça, c'est le temps des réponses pour Monntoo, et peut-être de nouvelles questions aussi.
Un bout de parchemin sous les yeux l'aide à établir son plan. C'est celui qu'il cherchait si désespérément, et qu'il découvrit le lendemain de son évanouissement, affleurant à peine la zone "grillée" par l'acide. Il pense à Chrys, perdue on ne sais où, plus personne ayant de nouvelle d'elle. Oui il avait une raison à tout cela. Peut-être un passage de témoin, par cette douleur à la main, pour la recherche de la vérité. Passage fait au péril de la vie de son amie, de sa Soeur ? Trop tôt pour le dire. Seul la découverte de son corps en donnerait la certitude. Mais fini le temps de se perdre en conjecture. Trier les affaires qui ont résisté à l'aura d'acide, réunir les documents utiles, compléter les cartes des Primes, s'acheter de nouvelles armes, de nouveaux bijoux, renforcer son armure ... Tout cela va prendre des jours, mais rien ne sert de se précipiter. Peut-être était-ce l'erreur de Chrys.
** Je te trouverais, quel que soit le temps que cela prendra **
Il viendra bien assez tôt, le moment de rechercher l'origine de ces ordres de missions, signées que par 4 ou 5 lettres capitales, jamais les mêmes. Maintenant, tout s'enchaîne, et il n'y a pas de raisons que cela s'arrête.
Il y a longtemps maintenant, Monntoo avait rejoint les rangs des Orphelins d'Atys, peut de temps avant l'arrivée de Chrys. Les choix internes de la guilde ne lui convenant plus, il choisit de reprendre sa si chère liberté, tout en gardant des liens étroits avec ses amis O. Et les derniers événements qui lui sont arrivés, ne font que confirmer ce qu'il pensait . Il fait partie d'un plan. Obscure. Incompréhensible pour le niveau de l'Homins, aussi grand soit-il, aussi proche de l'écorce puisse-t-il être. Seule Jena en avait les clefs. La Mère de l'hominité ne pouvait ne pas en être l'instigatrice. Mais ce n'est pas tout. Ma-Duk, le Créateur qui a donné vie à Atys, se cachait aussi la derrière. Car chacun de ces deux Sur-Etres avaient joué un rôle dans la vie du petit Tryker. Et il en était certain, avaient également joué un acte dans ce qu'il venait de se passer.
Monntoo est persuadé d'avoir vu 2 auras de téléportation se dissoudre juste au moment ou il revenait à lui, après son mouvement de colère. Le premier, de la Karavan, le second, Kami. La Karavan avait donc réussi à transmettre le premier document à Chrys, "Pour service rendu ...", était-il marqué dans les cendres, juste à côté de lui. Juste à côté également, une curieuse boule d'une matière qu'il n'avait encore jamais rencontré dans les marchés, ni Tryker, ni des autres peuples. Par transparence de la "coque", il pouvait voir un mélange brumeux, passant du vert au bleu, tournoyant sur lui-même. Et en-dessous de cet "oeuf Kami", comme il avait décidé de l'appeler, apparaissait un bout d'enveloppe comme celles qu'il avait déjà retrouvé auparavant. A l'intérieur, tout aussi soigneusement découpé que le précèdent, se trouvait l'autre partie du document qui concernait le père de Chrys.
Ainsi donc le choix de son propre père se justifiait à ses yeux : " Respecte tout ! Les amis, les ennemis, la Karavan, les Kamis, les herbivores, comme les Kittins ... Même au combat, respecte-les, car nous faisons parties d'un ensemble, d'un tout. Même si il y a déséquilibre, ce n'est pas aux Homins de décider de ce qui doit rester et de ce qui restera ... " Ses propres choix se justifièrent aussi : celui de rejoindre une guilde neutre, oeuvrant pour la paix sur Atys, celui de s'accrocher aux documents qu'il retrouvait de son père, celui, dans la mesure des ses capacités, de respecter tout Homin qu'elle qu'en soit son origine ...
Re: Une chanson dans le lointain
Chrys rêvait, agitée de petits soubresauts et murmurant des paroles inconnues. Elle rêvait que Leto la trahissait. Son visage s'agrandissait et venait tout près d'elle, et prononçait les paroles du destin. "Trouve les Enfants des Primes Racines, trouves Alia Akaba, retrouve ton passé et tu verra la beauté de Ma-Duk". Puis il sourit en grimaçant.
J'ai jeté la couverture au loin et contemplé l'hiver zoraï. Non, Leto ne me trahirait pas. Elle ne savait pourquoi elle mettait sa confiance dans cet homin. Il n'y avait aucune raison rationnelle de le faire. Peut-être seulement avait-il intérêt à la voir rester en vie et à découvrir la vérité sur tous ces événements. Mais il lui avait appris à prier. Et ils avaient échangé leurs sèves, quoiqu'on en dise, dans le temple de Jena, devant la fleur de la grande mère. Et il lui apprendrait son langage quand elle reviendrait. S'il était toujours là. Il l'avait dit lui-même: les Zoraï ne se laissent pas tuer si facilement.
Elle tenta de reconstituer les morceaux de ce qu'elle avait appris. Elle avait traversé la forêt calcinée et contacté le chef des enfants des Primes, Olier. L'homin était venu jusqu'en terre tryker pour lui parler de son père. Ainsi Anakior le messager, le contrebandier, était passé dans les primes racines pour aller des terres matis aux terres zoraï. Il revenait de chez Alia Akaba la guérisseuse, la sorcière comme disait Olier, les yeux brouillés par l'alcool qu'elle lui avait offert. Il devait rencontrer un homin et lui remettre un objet. Et il avait peur. Ce devait être sa dernière mission, et il avait hâte de retrouver les siens. Sa dernière mission...
Elle avait tracé un signe dans le sable, tel que celui que Leto avait vu en rêve, mais Olier ne l'avait pas reconnu. Il ne connaissait pas non plus le nom du marchand matis égorgé, Kalab Fadi, chez qui on avait retrouvé la reconnaissance de dette. "Méfie de toi de ceci", lui avait dit Leto en traçant le symbole sous ses yeux. "Je l'ai vu en rêve".
Le danger était partout, et maintenant il fallait qu'elle se méfie d'un signe inconnu. Puis, comme une ironie du destin, il y avait le document que Monntoo avait retrouvé. On y lisait distinctement le nom de son père, puis le nom de la guilde d'Onarius. D'autres signes ne présageaient rien de bon. "Danger... Hauts risques... Toutes les précautions utiles afin que... Ceci sera donc votre ultime..."
Ultime mission sans aucun doute. Jena semblait poser les jalons de son destin et distiller petit à petit les ingrédients de son épreuve. Par où lui faudrait-il encore passer? Alia Akaba vivait dans la région du Vide. Il lui faudrait donc affronter le néant afin de retrouver son passé. Elle connaissait le chemin pour y parvenir, mais au seuil du Vide, elle n'aurait plus rien pour la guider.
Chrys choisit de passer par le Bosquet Vierge. Elle tentait de se remémorrer l'itinéraire qu'ils avaient pris avec quelques Orphelins, lors d'une chasse, pour se rendre jusqu'au Vide. Elle frôlait les troupeaux de Bawaab qui paissaient tranquillement. Plusieurs signes pouvaient la guider. D'abord elle passerait devant l'étrange main qui se dressait au milieu du Bosquet, puis elle devait retrouver le souterrain qu'ils avaient emprunté.
La main était toute enneigée. Louhane avait suggéré un jour que c'était là la main de Jena. Les homins en étaient sortis, puis s'étaient dispersés, avaient pris les chemins défendus. Mais la main, elle, se tenait toujours là, tranquille et gigantesque. Chrys distingua du mouvement au milieu de la statue naturelle. Un énorme Bawaab aux teintes vertes et bleues semblait moins inoffensif que ses frères. Mieux valait s'éloigner. La neige reprenait de plus belle. Elle devait atteindre la grotte avant le soir, car ce serait son meilleur abri. Elle n'était pas accoutumée à un hiver aussi rigoureux. Les lacs l'avaient habituée à la douceur d'une pluie fine. Elle regrettait les Vents du Songe et le feu des Sculpteurs, les trykers et leurs jeux rigolards, le sable chaud et les nages infinies. Seules les étoiles restaient les mêmes.
Elle essuya ses yeux et repris sa rondache. La fine épée matis qu'elle tenait dans son autre main était le seul rempart qui la protégeait des dangers à venir. Et contre son coeur, le pendentif de son père. Elle rangea son chapeau qui s'enfuyait dans le vent.
Enfin elle arriva au champ de slaveni et entra dans la sombre grotte. Des Ybers s'y étaient réfugiés. Elle se mit au milieu de la caverne. L'entrée et la sortie faisaient devant elle comme deux yeux énormes qui la fixaient. Ainsi la main de Ma-Duk et maintenant ses yeux. Les deux orifices la surveillaient. Elle n'osa même pas faire un feu. Elle sortit la petite bouteille fatiguée de son sac, et pris une gorgée de shooki. Roulée dans une couverture, elle dormit là à l'ombre des cratchas.
J'ai jeté la couverture au loin et contemplé l'hiver zoraï. Non, Leto ne me trahirait pas. Elle ne savait pourquoi elle mettait sa confiance dans cet homin. Il n'y avait aucune raison rationnelle de le faire. Peut-être seulement avait-il intérêt à la voir rester en vie et à découvrir la vérité sur tous ces événements. Mais il lui avait appris à prier. Et ils avaient échangé leurs sèves, quoiqu'on en dise, dans le temple de Jena, devant la fleur de la grande mère. Et il lui apprendrait son langage quand elle reviendrait. S'il était toujours là. Il l'avait dit lui-même: les Zoraï ne se laissent pas tuer si facilement.
Elle tenta de reconstituer les morceaux de ce qu'elle avait appris. Elle avait traversé la forêt calcinée et contacté le chef des enfants des Primes, Olier. L'homin était venu jusqu'en terre tryker pour lui parler de son père. Ainsi Anakior le messager, le contrebandier, était passé dans les primes racines pour aller des terres matis aux terres zoraï. Il revenait de chez Alia Akaba la guérisseuse, la sorcière comme disait Olier, les yeux brouillés par l'alcool qu'elle lui avait offert. Il devait rencontrer un homin et lui remettre un objet. Et il avait peur. Ce devait être sa dernière mission, et il avait hâte de retrouver les siens. Sa dernière mission...
Elle avait tracé un signe dans le sable, tel que celui que Leto avait vu en rêve, mais Olier ne l'avait pas reconnu. Il ne connaissait pas non plus le nom du marchand matis égorgé, Kalab Fadi, chez qui on avait retrouvé la reconnaissance de dette. "Méfie de toi de ceci", lui avait dit Leto en traçant le symbole sous ses yeux. "Je l'ai vu en rêve".
Le danger était partout, et maintenant il fallait qu'elle se méfie d'un signe inconnu. Puis, comme une ironie du destin, il y avait le document que Monntoo avait retrouvé. On y lisait distinctement le nom de son père, puis le nom de la guilde d'Onarius. D'autres signes ne présageaient rien de bon. "Danger... Hauts risques... Toutes les précautions utiles afin que... Ceci sera donc votre ultime..."
Ultime mission sans aucun doute. Jena semblait poser les jalons de son destin et distiller petit à petit les ingrédients de son épreuve. Par où lui faudrait-il encore passer? Alia Akaba vivait dans la région du Vide. Il lui faudrait donc affronter le néant afin de retrouver son passé. Elle connaissait le chemin pour y parvenir, mais au seuil du Vide, elle n'aurait plus rien pour la guider.
Chrys choisit de passer par le Bosquet Vierge. Elle tentait de se remémorrer l'itinéraire qu'ils avaient pris avec quelques Orphelins, lors d'une chasse, pour se rendre jusqu'au Vide. Elle frôlait les troupeaux de Bawaab qui paissaient tranquillement. Plusieurs signes pouvaient la guider. D'abord elle passerait devant l'étrange main qui se dressait au milieu du Bosquet, puis elle devait retrouver le souterrain qu'ils avaient emprunté.
La main était toute enneigée. Louhane avait suggéré un jour que c'était là la main de Jena. Les homins en étaient sortis, puis s'étaient dispersés, avaient pris les chemins défendus. Mais la main, elle, se tenait toujours là, tranquille et gigantesque. Chrys distingua du mouvement au milieu de la statue naturelle. Un énorme Bawaab aux teintes vertes et bleues semblait moins inoffensif que ses frères. Mieux valait s'éloigner. La neige reprenait de plus belle. Elle devait atteindre la grotte avant le soir, car ce serait son meilleur abri. Elle n'était pas accoutumée à un hiver aussi rigoureux. Les lacs l'avaient habituée à la douceur d'une pluie fine. Elle regrettait les Vents du Songe et le feu des Sculpteurs, les trykers et leurs jeux rigolards, le sable chaud et les nages infinies. Seules les étoiles restaient les mêmes.
Elle essuya ses yeux et repris sa rondache. La fine épée matis qu'elle tenait dans son autre main était le seul rempart qui la protégeait des dangers à venir. Et contre son coeur, le pendentif de son père. Elle rangea son chapeau qui s'enfuyait dans le vent.
Enfin elle arriva au champ de slaveni et entra dans la sombre grotte. Des Ybers s'y étaient réfugiés. Elle se mit au milieu de la caverne. L'entrée et la sortie faisaient devant elle comme deux yeux énormes qui la fixaient. Ainsi la main de Ma-Duk et maintenant ses yeux. Les deux orifices la surveillaient. Elle n'osa même pas faire un feu. Elle sortit la petite bouteille fatiguée de son sac, et pris une gorgée de shooki. Roulée dans une couverture, elle dormit là à l'ombre des cratchas.
Re: Une chanson dans le lointain
Mes pas étaient assourdis dans la neige. Je jetai un oeil sur ma carte griffonnée. La vieille guérisseuse que je cherchais pouvait se cacher partout. Le Vide était immense. Mes petites jambes de trykette me faisaient mal, mais je ne pouvais pas m'assoir dans la neige, c'eut été trop dangereux. J'ai pris une direction hasardeuse, marchant en attendant un signe de Jena, allant là où les zerx n'étaient pas, soufflant silencieusement pour ne pas réveiller la colère des cratchas, sursautant à la vue des kinchers énormes. Mon sac était presque vide, et bientôt la faim s'ajouterait au froid. S'asseoir, juste un instant.
Le Yetin fonça sur moi sans que j'eus le temps de me relever. Mon rire s'éteignit lorsque je compris qu'il n'était pas un aimable herbivore à cornes mais que c'était bien ses crocs qui lui sortaient de la gueule. Il m'attrapa la jambe. Je m'évanouis, tache rouge sur le masque blanc de la jungle.
Le visage noir et velu qui me réveilla me fit hurler de peur. Il se boucha les oreilles et ses grandes moustaches se dressèrent. Ses petits yeux rouges me regardaient avec reproche. Il leva les bras bien hauts comme pour me gronder. Ni homin ni bête, le gibbaï lançait de petits cris. Je ne comprenais pas ce qu'il voulait me dire. Je me redressai tant bien que mal. J'étais dans une petite hutte sombre. Je tâtai sous ma chemise mon précieux pendentif.
"Ne vous inquiétez pas."
Un grand masque zoraï me regardait comme en souriant.
"Etes vous Alia Akaba?"
Elle fit un gestuel zoraï.
"Je ne suis pas celle que tu cherche. Je me nomme Hong Pei Ziao, je parcours cette terre hostile afin d'échanger quelques précieuses marchandises. Mais ne t'agite pas tant."
Elle fit un signe au gibbaï qui s'éloigna avec un grognement. Il revint avec de l'eau et quelques graines.
"Ces gibbaï sont innoffensifs. Ils t'ont sauvée du yetin qui rôdait aux abords du village. Tiens."
Elle tendit la nourriture. Le gibbaï s'approcha et s'assit à mon côté en tailleur. Il éleva ses bras au-dessus de lui, et fit jaillir une lumière bleue. Puis il posa ses grandes mains sur ma jambe, et une douce chaleur l'envahit. La jambe ne me lançait plus. Je regardais autour de moi avec angoisse.
"Je dois partir. Savez vous où je peux trouver Alia Akaba?"
Le même gestuel accueillit mes paroles. Un rire sans doute.
"Tu va d'abord rester ici jusqu'à ce que tu sois complètement guérie. Ensuite je te montrerai le chemin des ruines où on peut la trouver. Mais elle change souvent de repaire. En attendant, pense plutôt à dormir."
J'ai attendu la nuit. Tâtonnant dans le noir j'ai retrouvé mon sac, à présent rempli de viande sèche de gubani, mon armure et mes armes. J'ai tout rassemblé, me suis habillée dans la hâte et la fièvre. Je ne pouvais pas attendre. Une fois de plus je me préparais à partir sans prévenir, comme une voleuse. J'avais à peine eu le temps de remercier ces grandes silhouettes qui veillaient à l'entrée du village et se fondaient dans la nuit.
Je n'aurai pas deux chances comme celles-là. On ne me sauverait pas deux fois du Vide...
Le Yetin fonça sur moi sans que j'eus le temps de me relever. Mon rire s'éteignit lorsque je compris qu'il n'était pas un aimable herbivore à cornes mais que c'était bien ses crocs qui lui sortaient de la gueule. Il m'attrapa la jambe. Je m'évanouis, tache rouge sur le masque blanc de la jungle.
Le visage noir et velu qui me réveilla me fit hurler de peur. Il se boucha les oreilles et ses grandes moustaches se dressèrent. Ses petits yeux rouges me regardaient avec reproche. Il leva les bras bien hauts comme pour me gronder. Ni homin ni bête, le gibbaï lançait de petits cris. Je ne comprenais pas ce qu'il voulait me dire. Je me redressai tant bien que mal. J'étais dans une petite hutte sombre. Je tâtai sous ma chemise mon précieux pendentif.
"Ne vous inquiétez pas."
Un grand masque zoraï me regardait comme en souriant.
"Etes vous Alia Akaba?"
Elle fit un gestuel zoraï.
"Je ne suis pas celle que tu cherche. Je me nomme Hong Pei Ziao, je parcours cette terre hostile afin d'échanger quelques précieuses marchandises. Mais ne t'agite pas tant."
Elle fit un signe au gibbaï qui s'éloigna avec un grognement. Il revint avec de l'eau et quelques graines.
"Ces gibbaï sont innoffensifs. Ils t'ont sauvée du yetin qui rôdait aux abords du village. Tiens."
Elle tendit la nourriture. Le gibbaï s'approcha et s'assit à mon côté en tailleur. Il éleva ses bras au-dessus de lui, et fit jaillir une lumière bleue. Puis il posa ses grandes mains sur ma jambe, et une douce chaleur l'envahit. La jambe ne me lançait plus. Je regardais autour de moi avec angoisse.
"Je dois partir. Savez vous où je peux trouver Alia Akaba?"
Le même gestuel accueillit mes paroles. Un rire sans doute.
"Tu va d'abord rester ici jusqu'à ce que tu sois complètement guérie. Ensuite je te montrerai le chemin des ruines où on peut la trouver. Mais elle change souvent de repaire. En attendant, pense plutôt à dormir."
J'ai attendu la nuit. Tâtonnant dans le noir j'ai retrouvé mon sac, à présent rempli de viande sèche de gubani, mon armure et mes armes. J'ai tout rassemblé, me suis habillée dans la hâte et la fièvre. Je ne pouvais pas attendre. Une fois de plus je me préparais à partir sans prévenir, comme une voleuse. J'avais à peine eu le temps de remercier ces grandes silhouettes qui veillaient à l'entrée du village et se fondaient dans la nuit.
Je n'aurai pas deux chances comme celles-là. On ne me sauverait pas deux fois du Vide...
Re: Une chanson dans le lointain
HRP/c'est en lisant ces merveilleux textes que je me dis que Nevrax ferait bien d'embaucher certain d'entre vous pour améliorer le BG et faire vivre de manière officielle de beaux moments aux joueurs/réveurs que nous sommes/HRP.