Dernier voyage...

[asharan]

J’étais là, dans l’obscurité reposante des Primes Racines, assis, au bord d’une rivière de sève, ma vieille épée Stavonyx posée sur la mousse à coté de moi !

Depuis que j’avais quitté mon village, elle avait toujours été une fidèle compagne, elle avait bien vieillit depuis mon arrivée à Pyr, il y a de cela quelques années, tout comme moi !
Nous avions vécus tant d’épreuves ensembles, avions combattu tant de fois pour sauver ma graine ou celle d’un Homin en danger, voire pour défendre les Kamis !
La prenant délicatement dans mes mains, je contemplais les nombreuses éraflures qui la parcouraient, chacune témoignant d’un combat !

L’épée de mon père, ce fier Fyros qui avait succombé lors d’une attaque de Kitins !
J’avais juré sur sa tombe et sur son épée de lui faire honneur jusqu’à la fin, de rester toujours fier, brave, honnête et... droit... de servir les Kamis, l’empereur, d’aider mes frères & sœurs Fyros, mais aussi les nobles Zorais, les exubérants Tryker, et même les fiers Matis...
De toujours protéger les plus faibles, de combattre dignement...
J’espérais sincèrement ne pas avoir trop failli...
Mais les récents événements avaient eu raison de ma résistance... Trop de querelles intestines germaient et gangrénaient partout...

Il était temps pour moi de me reposer...
Là où j’allais me rendre, je devais m’y rendre seul...

Des milliers de spores phosphorescentes voletaient tout autour de moi...
Au loin, je pouvais entendre les hurlements d’un Vorax à la recherche d’un Bodoc à se mettre sous la dent...
Un léger vent amenait jusqu’à moi une vieille odeur de pourriture, sûrement les restes d’un malheureux herbivore tué...
Je regardais la sève couler autour de mes bottes... De petits poissons, nageaient entre mes jambes, insouciants aux dangers...

J’avais découvert ce petit bras de rivière, à peine plus large qu’un jeune Kincher, il y a de cela quelques mois, il bifurquait de la rivière principale pour disparaître dans une épaisse forêt de Jubla, une forêt si épaisse que même le plus petit Timari ne pouvait y pénétrer...
Un jour, j’avais suivi ce bras pendant plusieurs heures pour arriver à une magnifique chute de sève naturelle, haute d’une dizaine de mètre environ et qui disparaissait dans un trou noir qui semblait sans fin...
L’inconnu...
L’obscurité y était telle, qu’il était impossible d’apercevoir le fond...
Qui avait-il par delà ?

J’ôtais mon armure Hobenyx, que je déposais sur le sol, rangée à la façon des gardes impériaux, puis je plaçais mon épée en travers...
J’aurais tant aimé faire partie de cette élite Fyros...

Je me relevais, fit face à la rivière nu comme au premier jour, et je m’avançais doucement dans la sève jusqu’à en avoir jusqu’au torse...
Alors, je laissais le courant me soulever pour me retrouver sur le dos, bras et jambes écartés...
Ainsi, je commençais mon nouveau voyage, mon dernier voyage vers l’inconnu...
Tandis que je flottais, emporté par le courant, je gravais les dernières images que je percevais tout autour de moi, le verdoyant et dense feuillage des Jubla, les cris de plus en plus lointains des Vorax ou autres prédateurs, l’odeur humide de la mousse qui abondait sur les bords de la rivière...
De plus en plus proche, j’entendais le bruit sourd, grondant, terrifiant que faisait la sève en chutant...


De la sève j’étais né, par la sève je disparaitrais...

Puisse Ma-Duk me pardonner ma faiblesse et m’accueillir...
Puisse l’empereur ne pardonner de l’abandonner...