La mektoubée fantastique

Moderator: Chroniques d'Atys

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saylvin
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La mektoubée fantastique

Post by saylvin »

L’animal renâclait en secouant nonchalamment sa trompe. Ce n’était qu’un mektoub après tout, mais il en imposait avec cette selle au pommeau dardé vers le ciel. Dahnaelle regardait pensivement l’animal, se demandant non sans appréhension comment elle allait monter dessus. La trikette n’arrivait pas au garrot de l’imposante bestiole et avait déjà failli prendre la trompe en plein visage.



Suivant scrupuleusement les conseils de Blondine, elle réussit enfin à poser ses petites fesses au creux de la selle. Cette selle était bien confortable finalement, et l’équipage avait fière allure !

Misurugi quant à lui, n’avait éprouvé aucun problème : à peine le palefrenier avait-il sorti la bête qu’il avait sauté sur son dos. Ses yeux brillaient de contentement, et l’on sentait qu’il maîtrisait la fougue de l’animal. Les jeunes étaient tellement impatients que Saylvin dût se précipiter pour enfourcher Murano qui émit un grognement désapprobateur. Il fit partir sa monture au galop, les deux recrues disparaissaient déjà à l’horizon. Le rendez-vous était à Avendale, et Snivel était parti devant récupérer son coursier, parqué aux lagons de Loria. Ce premier trajet permit à Dahnaelle de se familiariser avec son mektoub. Tout compte fait, la bête était docile et il n’était nul besoin de tirer fort sur les rênes pour qu’elle obtempère.

En arrivant à Avendale, ils retrouvèrent Anamar qui les attendait. Blondine suivait de près, et Snivel qui était bon nageur avait failli arriver avant tout le monde. Zvorax les rejoindrait plus tard, d’urgentes affaires le retenant encore en ville un moment. La troupe enfin rassemblée, ils partirent aux lagons de Loria récupérer le mektoub de Snivel. Sa monture l’attendait bien sagement au pied d’une grande colonne de sciure que quelques touffes d’herbe habillaient en son sommet. Ils partirent en direction du vortex qui les mènerait en pays Matis. Le tour d’Atys en mektoub venait réellement de commencer.

Cette partie du voyage était la première difficulté qu’allait rencontrer la horde, car il fallait longer la falaise en essayant de ne pas attirer l’attention des kirostas et des torbaks, puis bifurquer vers le lac au milieu des hornchers, et enfin se jeter à l’eau pour souffler un peu. En temps normal, c’était une balade de santé, mais aujourd’hui, la horde emmenait deux jeunes recrues avec elle, et il fallait veiller constamment à ce qu’il ne leur arrive rien. La troupe n’avait pas fait cent mètres que le mektoub de Blondine se plantait dans des sables mous et refusait de bouger. Et comble de l’ironie un kirosta s’acharnait sur elle : voyant cela les guerriers et les mages mirent pied à terre, mais Snivel se coinça le pied dans l’étrier dans sa précipitation et il assistait impuissant à l’agonie de Blondine. Saylvin cherchait fébrilement dans les sacoches de son mektoub : sa hache, où avait-il mit cette saleté de hache ? Il l’avait oubliée à Fairhaven, trop pressé de rejoindre les jeunes partis en avance.

Comme il se retournait pour l’annoncer à Anamar, il comprit toute l’horreur de la situation : Snivel avait le pied coincé, Blondine était morte à une trentaine de mètres en arrière, Dahnaelle et Misurugi gisaient au sol, vraisemblablement sans vie, et Anamar se battait comme un beau diable de toute la puissance de sa magie contre deux kirostas et un torbaks. La sève de Saylvin ne fit qu’un tour, et avant même d’y penser, il se retrouvait avec ses amplis au bout des mains, ses réflexes guerriers ayant repris le dessus. Saylvin lança son premier sort de soin juste quand Anamar s’écroulait au sol. Il avait eu raison d’un kirosta, mais l’autre et le torbak étaient toujours debout. Ces derniers apercevant Saylvin se ruèrent sur lui, mais il les ignora et continua à soigner Anamar. Son armure lourde le gênait pour bien pratiquer sa magie, mais elle avait le mérite de le protéger des coups des deux furies. Il en perdit la vie, mais Anamar retrouva la sienne. Il vint à bout des deux fauves et remit Saylvin sur pied. On l’avait échappé belle, ce tour du monde commençait vraiment mal.

On soigna tout le monde, Snivel avait réussi à dégager son pied entre-temps, et on avait tiré fort sur la longe du mektoub de Blondine qui enfin s’était extirpé de son piège. Snivel fouilla dans le sac sur son mektoub, et jeta une hache à Saylvin, qu’il rattrapa d’un geste rapide et précis, tout en lançant un clin d’œil à Sniv : « C’était limite limite là ! » dit-il en riant, mais on sentait encore de la tension dans sa voix. La troupe tint conseil rapidement.





L’exubérance du début avait fait place à une sombre attitude de vigilance. Il fallait s’organiser, chacun avait sa place dans la troupe et devait la tenir, il fallait réagir promptement aux ordres et rentrer la tête dans les épaules quand les coups pleuvaient. Le groupe reprit sa route, passa entre deux colonnes qui ouvraient sur le lac et se jeta dedans. Ah la sécurité des eaux Tryker, ils y goûtaient une dernière fois, le prochain vortex les emmèneraient vers le pays Matis et là, les solutions de repli, et bien, il n’y en avait plus !

Dahnaelle ouvrait des yeux émerveillés. Quel contraste entre les lacs et cette forêt Matis. En passant le vortex, on arrivait dans un petit cirque encaissé où se tenait tapi un hôte Karavan.



La végétation luxuriante prenait des teintes rousses et dorées, l’automne venant de débuter. Il allait falloir être encore sur ses gardes un moment, la suite de l’excursion passait par de petits chemins encaissés, tracés sous des voûtes d’arbres d’où quelques feuilles mortes trop tôt chutaient, doucement ballottées par une brise légère.





L’endroit regorgeait de torbaks affamés, et Dahnaelle y découvrit des sortes de grands homins noirs et poilus, fort antipathiques voire carrément agressifs. Ces gibbaïs étaient plus impressionnants qu’autre chose, et les mektoubs au galop n’avaient aucun mal à les semer. La masure de l’hérétique fût vite traversée, la rencontre avec un énorme kinsher et un immense gibbaï était anecdotique, et Snivel en profita pour expliquer à Misurugi que c’étaient des « nommés », comme les peuples de l’Ecorce les appelaient.









Le Jardin Fugace et le Jardin Majestueux s’ouvraient à eux.



Ces contrées plus accueillantes proposaient une géographie plus intéressante : fini les tunnels sous les arbres, place à de vastes étendues où le regard portait loin, où les arbres immenses étaient autant de repères pour se diriger. Les Matis entretenaient leur forêt, et ils avaient de larges routes bien bornées qu’il était facile de suivre.



Il suffisait de se laisser bercer par la beauté des paysages, le mektoub trottinait sagement entre les délimitations. Une brève accélération permettait de se détacher d’un javing ou d’un gingo un peu trop attentionné. Zvorax avait rejoint la troupe entre-temps, cravachant sa monture pour refaire le chemin perdu, et il s’avança sur son mektoub fumant de transpiration pour embrasser Blondine. Son amoureuse lui rendit le baiser avec fougue, et on lisait du soulagement dans ses yeux, elle n’aimait vraiment pas rester séparée de lui.



Le ticket de téléportation fût vite récupéré par les deux jeunes à Yrkanis, et la horde reprit sa route en direction du pays Fyros, admirant sans cesse cette nature généreuse.







Les terres s’asséchaient, les arbres devenaient rares, l’herbe folle qui courait partout avait fait place à une sciure fine, qui s’envolait en petit nuages sous les doigts des mektoubs. On allait quitter le pays Matis et découvrir le territoire Fyros. L’air sec et brûlant qui fouettait le visage annonçait des déserts arides que seuls les Fyros n’arrivaient pas à trouver hostiles. Les chutes de Virginia étaient le dernier rempart de fraîcheur qu’ils trouveraient avant bien longtemps.





Elles étaient majestueuses, impressionnantes par la force brute de cette eau qui jaillissait des cavernes, pour se jeter dans ce gouffre. Des arcs-en-ciel se dessinaient dans les embruns postillonnés par les cascades et le grondement sourd des résurgences couvrait les voix et les bruits environnants. Saylvin riait de voir Dahnaelle, bouche bée, incrédule devant un tel spectacle. Et oui, Atys la généreuse présentait des spectacles inoubliables, et savait faire oublier Atys la dangereuse, l’espace d’un instant.



Le vortex était en vue maintenant. Snivel avait prévenu, le passage qui suivait allait être difficile, des nuées de kitins attendaient, là, de l’autre côté, prêtes à bondir sur toutes les proies potentielles qui passaient à leur portée. Les visages graves de Zvorax et Anamar faisaient penser à Misurugi que cette fois, on allait croiser du gros, et il faisait son possible pour ne pas laisser transpirer ses craintes. Il serra fermement ses doigts sur la longe et suivit de près Anamar.

Le spectacle était affolant. A perte de vue des kitins attaquaient sauvagement de pauvres herbivores, qui ne demandaient pas plus que brouter les rares touffes d’herbes sèches farouchement accrochées dans les craquelures de la sciure. La technique était simple, courir, encore courir, sans se retourner, et prier Jena pour que cela passe. Snivel donna le signal, et la horde s’ébranla. La course folle commença, tout allait pour le mieux, les premiers rangs de kitins avaient été dépassés sans trop d’encombre, quand un kipesta agressa sauvagement Misurugi. Ce dernier chancela sur son mektoub, mais il tint bon. Hélas, c’était sans compter sur l’acharnement de la maudite bête qui porta un second coup. Misurugi s’affala entre la vie et la mort sur le col de son mektoub, ce dernier, suivant sa course et les autres ne s’était pas aperçu de l’état de son passager. Et cela sauva Misurugi. Saylvin se précipita avec Anamar pour attirer l’attention du kipesta, et les soubresauts de sa monture firent sortir Misurugi de son évanouissement. Mais à sa plus grande stupeur il se rendit compte que son animal se dirigeait droit vers une meute de kinsher, et dans un réflexe désespéré, il tira sur ses rênes pour bifurquer. Et cela le sauva. Jena était là, même en terre Fyros pour veiller sur ses troupes.



Le dernier rempart de kitins venait d’être passé de justesse, et on apercevait enfin Thesos, petit îlot de civilisation au milieu de ces étendues sauvages. Les Phoenix profitèrent de la halte pour se soigner, chacun avait pris son lot de coups dans l’aventure, et ce court repos était attendu de tous. On n’oublia pas les animaux non plus, et le palefrenier de Thesos se frotta les mains en voyant les bottes de foin qu’engouffraient les mektoubs. En voilà un qui n’avait pas perdu sa journée !


Pyr ne serait pas au programme aujourd’hui, la route était longue, et il n’était pas question de perdre du temps à se prélasser dans les bains.



Promesse fût faite à Dahnaelle d’une visite plus tard. Il y avait assez de curiosités à voir le long de la route pour qu’elle ne s’en insurge pas : elle était encore impressionnée de la qualité des ouvrages Fyros. Ces grands ponts qui enjambaient des canyons, quelles techniques, quels trésors d’intelligence il avait dû falloir pour arriver à les jeter ainsi d’une falaise à l’autre. Le dernier pont traversé, les hordes prirent la direction de l’oasis d’Oflovak.





Cette partie du désert était plus accueillante et l’expédition reprenait des allures de balade, ce qui n’était pas pour déplaire à Blondine, car la route avait déjà été suffisamment semée d’embûches à son goût. Les mektoubiers commençaient à ressentir les longueurs du voyage dans leur fondement, et accueillirent cette dernière halte avec joie. La bonne humeur régnait dans la troupe, malgré la fatigue et la chaleur. L’Oasis était accueillant, irréel même au milieu de ces étendues désertiques, et les quelques palmiers procuraient une ombre rafraîchissante qui ressourça bien vite les voyageurs. Snivel profita de la pause pour annoncer qu’une dernière difficulté attendait les aventuriers. Une dernière barrière de kitins fermait l’accès à la jungle.

Il fallait appliquer la même technique que précédemment, courir, et vite. Mais il ne dit pas que cela allait être quasiment impossible : en effet, la première barrière de kitins était passée de justesse, alors qu’elle se situait sur une vaste étendue, où il était facile de bifurquer et d’esquiver les attaques. Là, il fallait descendre un raidillon étroit, que gardaient des kipuckas au dessus, et des kirostas en bas. Sans compter les carnivores et les cutes, là pour assaisonner un plat déjà trop corsé à son goût. Il fallait s’attendre à mettre pied à terre et combattre, et soigner les deux recrues pour qu’elles ne gardent pas un trop mauvais souvenir de l’endroit. Non, il ne le dit pas, parce que le moral des troupes, on ne le tient pas en l’air en leur promettant la mort. Saylvin, qui commençait à bien connaître Snivel, lût cela dans ses yeux, et lorsqu’il regarda Anamar, il ne fût pas étonné de voir que celui-ci regardait ailleurs, car il savait lui aussi que c’était dur. Zvorax lança un petit clin d’œil, comme pour dire à Saylvin, t’inquiètes on en a vu d’autre…

Et cela se passa comme cela. La descente était abrupte, les kitins au rendez-vous. On traversa rapidement pour vite sauter au bas des mektoubs, empoigner haches, épées et amplis pour se battre furieusement et récupérer les corps sans vie de Dahnaelle et Misurugi. Blondine soigna ses deux coéquipiers, et leurs regards reconnaissants firent accélérer son cœur, et sa sève vint rougir un peu ses joues. Qu’il était bon de faire le bien.

La balade dans la jungle Zoraï fût une partie de plaisir, et ce n’étaient pas les quelques hululements lugubres que l’on entendait de ci de là qui allaient démoraliser les voyageurs. Le plus dur était fait, les mektoubs avançaient au grand galop, et Zora n’était plus qu’à quelques lieues. Il passèrent vite par l’étable, et furent bien surpris de voir une bande de fêtards affalés là. C’est vrai, des fêtes à Zora, il faut se lever tôt pour en voir. Blondine n’avait qu’une envie, rentrer. Elle commençait à être fourbue, non pas que le voyage était long, mais elle avait passé celui-ci à soigner tout le monde. La troupe fit rapidement ses adieux aux connaissances vautrées là, et ceux que l’alcool n’avait pas encore terrassés répondirent d’un petit signe de la main, tentant vainement d’orienter un regard glauque en direction des salutations.

Les Hordes Phoenix cravachèrent leurs montures et avalèrent les derniers kilomètres d’un trait, jusqu’au vortex qui les ramènerait au pays Tryker. Courant à nouveau sur leur sciure accueillante, Blondine confia à Zvorax qu’on n’était jamais aussi bien que chez soi. Les Plages d’Abondance et la Source furent traversées en un temps record, les Eaux du Repos rafraîchirent tout le monde, et très vite les pontons et les immeubles de Fairhaven se dessinèrent à l’horizon. Les Hordes Phoenix l’avaient fait, leur tour du monde à dos de mektoub, et ils n’étaient pas prêts de l’oublier !
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aikoneo
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Re: La mektoubée fantastique

Post by aikoneo »

//HRP//

Tout simplement super, bon travail la Horde et bonne année à vous :p

//HRP//

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saylvin
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Re: La mektoubée fantastique

Post by saylvin »

Bonne année mon Nillsounet ! ;)
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irvan
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Re: La mektoubée fantastique

Post by irvan »

Magnifique... *envieuse*
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shantag
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Re: La mektoubée fantastique

Post by shantag »

/hrp/ c'est bien écrit, c'est beau, c'est fluide. Le forum RP se dote d'une jolie caligraphie :) . J'aime beaucoup :) /HRP/
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saylvin
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Re: La mektoubée fantastique

Post by saylvin »

Merci ! Vos compliments me portent. Autre chose est en gestation, mais Ryzom me prend presque tout mon temps libre. Vivement que le serveur crashe à nouveau ! ;)
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suenzi
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Re: La mektoubée fantastique

Post by suenzi »

Je peux émettre juste une suggestion?

Pourrais tu aérer tes paragraphes? Cela les rendrait plus agréable à lire encore sans aucun doute.

Voilà :)
Amatsu O'Nehly, Vieux tryker borgne des Lacs
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"Tirer un trait sur son passé, c'est d'abord accepter que l'on ait fait des erreurs..."

Creenshaw, Solitaire fyros mort pour l'empire.
"La mort est à la fois plus grande qu'une montagne et plus petite qu'un cheveu."
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irvan
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Re: La mektoubée fantastique

Post by irvan »

Ben moi j'ai suivis ton conseil et mon Patapon est mort, téléporté dix metre au dessus du Vortex... Ouinnnnnnnnn, je décrète une journée de deuil national sur Atys pour mon Patapon!
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saylvin
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Re: La mektoubée fantastique

Post by saylvin »

Vos désirs sont des ordres cher Suenzi ! ;)

Irvan, rassurez moi, Patapon n'est pas mort par ma faute ? Je vous le raconte pourtant que c'est très dangereux tout ça ! :)
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irvan
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Re: La mektoubée fantastique

Post by irvan »

nan l'est mort pasque j'suis trop têtue hihihi on m'avait dit de le laisser a l'étable, mais le post plus l'autre là *désigne un tryker au cheveux blanc* y m'ont trop fait envie avec cette magnifique épopée :)
Dwahel Vent de nuit
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