(hors concours donc parce que sans avoir de persos, ça sert à rien de me juger -ce qui m'évite d'être donc jugé ce qui n'est pas si mal en fait ^^ -. Un passage qui s'arrête à peu près en août 2005. ça fait un an et demi que je te le dois, mais mes souvenirs sont un peu vagues depuis le temps, donc, sois pas trop dure avec les erreurs ^^)
Un devin
Elle l’avait vu s’approcher, presque vêtu de loques, le regard espiègle. Les bouts d’ambres sautant frénétiquement dans la main du matis lui avaient dérobée sa concentration, et son incantation ne ressemblait plus qu’à une ridicule flaque d’acide, gisant à quelques pieds de l’apprentie mage. Les ambres volèrent un peu plus haut, jusqu’à tomber au sol, mouvement suivi par l’homin qui s’accroupit devant.
« Vous louperez aussi la suivante, belle matis aux hanches gracieuses »
Hors d’elle, Kait se propulsa vers la sortie de la salle d’entrainement, se faisant brusquement arrêter par le seigneur Chnac dans l’embrasure de la porte. L’homin aux ambres se redressa, saluant l’arrivant, tout en se présentant comme un voyageur, devin, avec un talent certain pour la diplomatie. Sans plus se soucier de l’apprentie, il avança d’un pas élégant, tranchant sur son accoutrement de mendiant, puis tendit au seigneur hespéride une lettre cachetée.
« Je serais des vôtres si mes talents peuvent vous être utiles. Et voici l’attestation de mon savoir, en toutes matières. »
Elle n’avait pas supporté cette première rencontre. Elle avait détesté la façon dont son seigneur s’était amouraché d’une soudaine passion pour le charlatanisme et la « divination ». Elle avait haït ce jour funeste où, devant ses seigneurs, elle s’était vue mise en procès par cet homin, et deux de ses compères. Ils l’avaient jugée trop dure. Trop arrogante. Trop méprisante. Que peut-on ressentir d’autre que du mépris, pour des personnes que l’on doit côtoyer chaque jour, et qui ne passent leur journée qu’à gémir sur leur sort ?
Débacle…
Elle se percevait seule, presqu’abandonnée. A quoi sert le pouvoir si on ne peut en faire jouir les autres ? Si cela ne peut être bénéfique à sa Maison ? Les Maîtres avaient fui, ou, de façon officielle, avaient disparu. Laissant Hespérian entre les mains de ses ministres. Et quels minstres !… Arkane, abattue par la perte de Fargoth, par le départ de Triel, de tant d’autres, restait muette la plupart du temps, participant avec courage aux derniers rassemblements du Conseil des Maisons. Stamina, pleine d’empoigne, de vitalité, de son air rieur, se faisait absente, évitant Hespérian et ses dissensions interminables. Pas plus farouche que les deux autres, Kait se terrait à la Source Cachée, profitant du calme des chutes de Virginia entre deux scènes de débats houleux avec d’autres Hespérides. Un couple lui revenait souvent. Du moins en avait-elle cette idée, mais dans les faits une seule des personnes le composant venait jour après jour, lui porter ses doléances. Kasha, chaque jour en larmes, chaque jour un peu plus gémissante, se plaignant d’un « manque d’amour », d’un manque de présence de ses compagnons… Hespérian en était arrivé à l’entourer de milles soins par peur d’un drame. Mais rien ne suffisait.
Plusieurs mois durant, elle se senti observée, presque suivie tant cette présence lui semblait forte. Le poids d’un regard, la jugeant à chaque pas, l’insupportait. Même la Source paraissait infestée de cette présence. A moitié folle, elle abandonna Hespérian, laissant la maison entre les mains de sa sœur. Elle ne s’attendait pas à de quelconques regrets de la part de ses anciens compagnons. Après tout, elle les avait traités aussi durement qu’elle l’avait pu, croyant faire pour leur bien, agissant pour asseoir son propre pouvoir. Mais ce fût le liseur des boules d’ambres qui lui fît le premier ses adieux. Lui qui avait toujours été son rival, en toutes matières qu’ils avaient entreprit l’un l’autre, vînt lui présenter sincèrement ses hommages. Ce fût peut-être la première fois que, désirant pourtant avec une ferveur démente mettre fin à la vie de ce qu’elle voyait comme une source d’ennuis, son corps, sa voix, allèrent contre son instinct. Et si elle s’était trompée ? Si elle était restée sur une vieille rancune, inepte, depuis tous ces cycles ? A mi-chemin entre confusion et folie, elle rendit poliment au matis son salut, puis, pioche en main, parti rejoindre Chance, et sa nouvelle mentor, Harmonie.
Des liens se tissant entre les étoiles...
Voila plusieurs cycles que la mage portait l’uniforme sombre de l’Etoile d’Obsidienne. Commençant par se faire haïr de certains de ses Maîtres, pour son indiscipline, sa fougue et tout ce qui faisait qu’elle était on ne peut plus entière, elle avait appris, au fil du temps, à montrer respect et obéissance à l’égard de sa hiérarchie. Elle y apprit une certaine tolérance et la notion de dévouement, sentiment qu’elle n’avait alors que peu ressenti.
D’Hespérian, elle continuait à recevoir des nouvelles. Les lettres cachetées de Shaarm ne manquaient pas. Elle se surprit même à entretenir le début d’une correspondance avec son ancien rival. Ce qu’elle avait appris à l’académie de l’Etoile fût tôt mis en pratique, lors des entrainements des plus jeunes hespérides, encadrés par sa sœur qu’elle tentait tant bien que mal d’assister. Elle avait perdu des personnes dont elle voulait faire ses pions pour découvrir une amitié, franche, sincère, et qui ne pouvait tomber mieux pour la veuve qu’elle était déjà.
Le devin, plus que tout autre, lui apporta sa chaleur, sa présence, son écoute. Son alcool aussi. Elle ne pouvait se souvenir le nombre de fois où, coupant l’entraînement par un vive sifflement, ou un éclat de rire, les deux homins s’étaient retrouvés à califourchon, l’un sur l’autre, se battant joyeusement, comme des mômes, pour dérober à l’autre le « précieux » qu’il tenait farouchement. Enfin… Le précieux… une fiole de liqueur la plupart du temps.
L’amitié germant tranquillement, les deux matis firent route ensemble vers la découverte d’un amour certain, d’une sensuelle stabilité. Pendant que la mage se rapprochait de son supérieur, le devin se rapprocha des Obsidiens. Notamment de la plus douce d’entre eux, élève du Maître Vallas, dévote de Jena. La pâle beauté d’Eleanin contrastait avec l’image sombre, obscure, que l’on se faisait habituellement de ses compagnons. Peut-être fût ce qui attira le regard de l’homin. Mais, sans nul doute, ce simple regard laissa rapidement place à un attachement puissant, sans concession. De leur mariage naquirent deux magnifiques jumelles, à la beauté de leur mère, aux talents de leur père. Un peu espiègles sûrement, car il ne leur fallût que peu de temps pour donner fil à retordre et quelques difficultés à leurs parents.
Lendemain sans elles… (
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Il l’avait pleuré. Pleuré comme elle n’avait jamais vu un être pleuré. Pleurer dignement, contenant sa douleur autant que possible. Il l’avait pleuré autant qu’il l’avait aimé. Si les Obsidiens étaient en deuil, il n’y avait pas de mot pour décrire ce que ressentait l’homin. Eleanin avait rejoint sa Déesse, laissant les jumelles et leur père à eux-mêmes, les privant malgré elle de sa présence apaisante, aimante.
Les larmes de Kait se mêlaient à celle du devin. Le serrant contre son sein, elle détesta son incapacité à le soulager de ses tourments. L’homin avait préféré rester seul, près du monticule. Elle avait accouru pour le rejoindre, ne pas le laisser avec sa solitude, et maintenant qu’elle y était… Impuissante. On ne remplace par une défunte. Le fil des cycles façonnant leur relation, elle songea presqu’à s’offrir en ce vieil ennemi, ou ami. En quelque sorte, ils le firent mutuellement, ce jour-là, sur la neige immaculée d’un hiver trop froid. Dignement, et rarement être peut se prévaloir de se donner autant. Il avait perdu son aimée. Elle avait perdu une amie. Il avait trouvé une sœur. Elle, un frère.
Il avait quitté Hespérian, avec l’accord bienveillant de Shaarm. Tournant son regard vers le pays malade, il avançait vers une nouvelle vie. Ses filles avaient disparu, laissant leur père. Son chemin le mènera loin, jusqu’au fond des Lacs, où les Arkelens le prirent en affection. Au sein de ses trykers, il retrouva peu à peu ce qu’il avait été…
« Ai-je quelque chose à t’apprendre ? »
« Tu devrais utiliser un fragment de champignons… le mettre ici pour obtenir le résultat souhaité »
Kait grimaçait, n’ayant pas l’habitude de concevoir quoique ce soit en plein marché. Remarque, celui d’Avalae avait pour mérite d’être calme. Son « frère » l’écoutait attentivement. « Peut-être un peu trop » songea-t’elle sur le moment.
Il ne s’était pas passé une semaine lorsque le matis revînt vers elle, avec l’une de ses propres création. Grimace mélée à sourire, la mage observa un travail qui, s’il n’égalait pas ses meilleures créations, les dépassait sûrement. « Erf ! »
Les mois passèrent. Kait vivait à FairHaven. Son ami était resté en pays Matis. Les correspondances se suivaient, semaines après semaines. Parfois, quelques demandes de conseil, pour telle ou telle création, émergeaient des lettres. De plus en plus souvent venant de Kait. Parmi les quelques apprentis qu’elle eût à former, il n’y en avait qu’un qui le fût pendant une journée, pour devenir immédiatement son maître en matières d’artisanat. D’une part, cela la flâtait, ne serait-ce que de pouvoir se dire « j’ai été à ses débuts ». Quand à l’autre part... Elle s’escrimait à l’oublier.
(ljd aussi au passage ^^)
Séparation…
Le temps n’avait plus de goût. Le soleil de l’Eden tryker plus de chaleur. Même les Vents ne murmuraient plus aux oreilles de la mage. La Maîtresse des Lames était morte. Liandra avait rejoint la Canopée Céleste. Le lien entre ces deux homines fût brisé, laissant l’esprit de Kait inerte. S’enfermant à FairHaven, elle prit le parti de fuir ceux qu’elle aimait, de peur d’en blesser certains. Trop de défunts peuplaient ses rêves. Sur la planète arbre, parmi les rares proches qui n’avaient disparus, une seule personne aurait pu lui insuffler une quiétude sans demi-mesure en son âme. Elle préféra le laisser en paix. Lançant quatre morceaux d’ambres, d’un air absent, sur la table du salon, elle tourna les talons, désireuse de retrouver à son tour la Mère Créatrice.