Hommage à la Jungle

Moderator: Chroniques d'Atys

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shantag
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Joined: Mon Oct 18, 2004 10:45 pm

Hommage à la Jungle

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" … Le pied nu affleure la mousse fraîche qui tapit le sol de la forêt. La kyrielle de ses souvenirs évoque dans leur unisson, le stimuli de la tiédeur liant la douceur de la peau à celle du végétal. De l’âge où elle fut une « graine de vie », comme sa mère appelait chacun de ses enfants nés, et jusqu’à ce jour voyant la chasseresse Zoraï, Imohël-Iu-Ian, traquer à l’aube le Grand Najab, la subtile caresse foulée l’avait, depuis toujours, grisée d’infinies sensations. Partageant la sagesse héritée de ses ancêtres et de son peuple, elle devinait plutôt qu’il ne lui fut enseigné, que le chaste toucher menait à l’essence même d’Atys. La grâce de la planète ne s’espérait que par une vie emprunte d’humilité. Imohël aurait pu courir ainsi, des lieux… les pieds nues : Il n’y avait jamais eu de peine dans son exténuation, mais une félicité qui débordait de son âme et rayonnait à travers son corps, faisant « crépiter » l’air autour d’elle. A l’égal des mystiques « éclairés » de son peuple, elle invoquait les Eclairs de Puissance, en puisant à même le cœur de l’arbre-planète, sa force vive. Elle aimait cette vie, elle aimait les siens.

De loin en loin, les clameurs rauques des ybers sauvages semblaient vouloir éveiller tous les animaux de la jungle. De manière trompeuse, le jappement aigrelet d’un torbak simulant son agonie, alerta Imohël de la présence du prédateur qui ne cherchait pas à se cacher. A demi dressé l’animal se déplaçait presque péniblement, l’ingénieuse nature le dotant d’un sens pour la comédie dont le dernier acte se jouait en tragédie pour son spectateur curieux.
Pourtant, elle passa si vite à son côté que le torbak n’eut en ce matin, aucun désir d’entreprendre une soudaine course-poursuite avec l’ombre d’une homine. La bête ne sourcilla pas. En souriant, la chasseresse se faufila entre les cratchas géants dont la danse dandinée faisait frétiller leurs feuilles larges et basses jusqu’à leur pointe. Les plantes intelligentes se redressèrent aussitôt en sentant le passage frôlé de la zoraï : elles adoptèrent cette posture ramassée sur elle qui leur donnait des airs anoblies et si on poussait la représentation de cette tenue peu naturelle, on y voyait là, quelques mimétismes avec un noble archonte matis cherchant à se relever dignement sans l’aide de son habituel canne. L’image était irrésistible… Imohël alloua à la cour « végétale » un « Mes HoooOOmages en ce pâle matin mes Sers et Sééraéés ! », qui s’envola en un rire clair tant l’intonation aristocratique fut forcée.

Puis l’homine gracile disparue sous les ombres inquiétantes d’arbres colossaux.
L’air était frais ici. Un léger frisson irisa sa fine peau bleutée par le reflet du film humide qui drapa presque instantanément Imohël. Elle trouva cela exquis, comme à chaque fois en cette heure de l’aube. Ombre parmis les ombres, elle glissa jusqu’aux abords d’une petite clairière dont la singulière particularité était d’abreuver en eau, pour celui qui le savait, le voyageur des forêts. Un rapide coup d’œil à gauche, une œillade mutine à droite, l’espace fleuri était libre de toute présence d’homin… mais pas absent de toute forme de vie. Un arma de petite taille semblait paître de l’autre côté de la clairière. Imohël se fit discrète, observant le paisible animal se restaurer. Les zoraïs disaient que toutes les merveilles créées par Ma-Duk, même dans leur comportement le plus anodin, étaient riche d’enseignement sur la vie… et cet arma ne dérogeait pas à cette idée : il ne broutait pas l’herbe, il buvait. Sa lourde tête appuyant sur le sol spongieux, le renâcle régulier que l’on entendait d’un gargarisme lent, trahissait le secret de la clairière, éventé par l’animal pataud et dédaigneux de l’homine. La jeune zoraï se mit à genou et recueillit le précieux liquide clair en joignant ses mains en coupe et en appuyant légèrement à son tour contre la mousse tendre. De par et d’autres de l’affleurement de ses mains, de minuscules ridules d’eau glissèrent jusqu’au creux de celles-ci sans jamais tarir. Une pression un peu plus forte et ce fut des larmes épaisses qui roulèrent sur sa peau.
Puis Imohël porta à ses lèvres l’eau glacée qu’elle but par petite gorgée. Elle ne chercha pas ce qui, disait-on, vivait ici. Il ne se présenterait que s’il le souhaitait. Il était inutile de chercher à le voir.

Un Esprit d’Atys…

Animal et homine cohabitèrent tout le temps nécessaire pour qu’un kami, invisible, au milieu des fougères et des buissons, gratifie d’un sourire cette scène de la vie sur Atys.
En protecteur du lieu, il était deviné qu’une présence bénéfique veillait ici, ainsi l’intuition des zoraïs le leur dictait.
En protecteur du lieu, il était senti qu’une présence bénéfique veillait sur eux, ainsi l’intuition des animaux le leur dictait.
En protecteur du lieu, Il ressentait que la présence des zoraïs et des animaux étaient une bénédiction pour Atys.

Le temps passa, paisiblement et chacun s’en fut… Imohël rejoignit un groupe de chasseurs, et l’arma ses paires… D’autres viendraient, et d’autres encore… La clairière et son Kami seraient toujours là pour les accueillir.

La vie au royaume de la jungle présumait d’un avant-goût du paradis…

Il y faisait si bon vivre."
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