L'enfant perdu

[tsuko]

(texte écrit suite à un mini event entre Matsu et Abyssandra, plus de précision sur le forum des LF)

C’était une belle journée de printemps, Matsu était assise, son esprit vaguait à diverses pensées, les genoux croisés, le regard perdu dans le vide. Elle était immobile, se tenant devant la falaise, cette même falaise qui il y a quelques jours de cela voyait son amie tomber. Ce lieu lui rappelait trop de mauvais souvenirs.

C’est en partant qu’elle aperçu une petite silhouette brunâtre, semblant se diriger vers le Sud, lentement. La curiosité de la fyros était piquée, elle alla voir de plus près cette mystérieuse silhouette. En s’approchant elle remarqua que ce n’était pas un trykers comme elle l’avait pensé, cet homin était bien petit, mais il n’avait pas la couleur pâle légèrement bleutée de ces amis des lacs, non c’était apparemment une enfant Fyros.

Matsu : Que fais tu ici mon enfant, tu dois être bien loin de ta maison, de tes parents ! Tu t’es perdue ?
L’enfant : Grenouille ! Je veux des grenouilles, grenouilles !

L’enfant était une homine fyros, crasseuse et fatiguée. Elle était couverte de boue de la tête au pied. La petite semblait dans un état second, voulant coûte que coûte ses grenouilles. Matsu connaissait bien les lieux, elle se rappela qu’un étang vers le trésor était le lieu de migration des grenouilles au printemps. Ces petites créatures qui aimaient chatouiller les pieds se réunissaient chaque début de printemps pour se reproduire, laissant des grappes d’œufs sur les herbes bordant les cours d’eau.

La guerrière prit la main de l’enfant, faisant bien attention de ne pas lui faire mal, elle n’avait pas l’habitude de s’occuper de jeune, encore moins d’une homine fyros. Cette enfant l’intriguait, l’étang n’était pas très loin, elle avait le temps de l’aider.

Main dans la main elles partirent vers le bassin du trésor, la route n’était pas bien longue, durant le parcours Matsu tenta de parler avec sa petite compagne de voyage. Peu de sons sortir de sa bouche, mais les quelques mots qui s’échappèrent ne plaisaient pas à Matsu. Certains noms, certaines formules ou tournures de phrases. Quand la guerrière regardait la jeune enfant, elle avait l’impression de se voir, bien des années auparavant, quand elle était encore qu’une enfant bercée par les mensonges des kamis, et des plus grands.

Arrivé devant l’étendue d’eau, les deux homine s’émerveillèrent devant le spectacle qu’elles avaient devant les yeux. L’étang du trésor était rempli de milles fleurs toute plus belles les une que les autres, il y régnaient une ambiance calme, détendue. Sur les bords ont pouvait voir de petites grenouilles vertes qui ne manquaient pas de leur chatouiller le bout des pieds.

L’enfant ce mit à rire, le visage illuminé par la joie, elle avait trouvé ses grenouilles si désirées, elle s’amusait à en tenter d’en attraper une, s’éclaboussant d’eau, d’un rire frénétique.

Soudain, le cœur de Matsu se retourna, l’enfant était trempée, mouillée de la tête au pied, révélant à son amie ces vêtements rouge et doré, révélant son grade et son blason. Matsu n’en revenait pas, ce blason, ses couleurs rouge et jaune. C’était une enfant de légionnaire, une enfant de l’ennemi.

Qu’avait elle fait, comment était-ce possible qu’une si jeune enfant puisse être venu de si loin, sans être touchée par les kitins ni par la garde matis. Elle avait franchi seule la source cachée, c’était un exploit incroyable, de la graine de champion cette petite homine se dit-elle ! Mais voilà, même si elle était gentille, douce, attendrissante… c’était une ennemie potentielle.

Matsu devait faire un choix, une lourde décision. Elle ne pouvait pas ramener cette enfant à ces parents, c’était inimaginable, que fallait il faire ? C’est le cœur lourd que la vieille guerrière fit son choix, elle allait la perdre, au plus profonds des terres matis, là ou encore aucun légionnaire n’avait été, là où personne n’oserait la rechercher.

Matsu : Ma petite, sais-tu que je connais un lieu où la nuit tombante des grenouilles magiques sortent, oui oui des grenouilles magiques !!
Aby : ho ?! C'est vrai…des grenouilles magiques !! hoo comme elles doivent être jolies !!
Matsu : Si tu veux mon enfant, je pourrais t’y emmener, je suis certaine que tu les trouveras jolies !
Aby : ho ouii ho ouii des grenouilles magiques, toi tu es gentille !

Matsu n’eu pas de mal à lui mentir, à lui faire croire ce qu’elle voulait, ce n’était qu’une enfant, dans les mains de Matsu, la fyros, la traîtresse. Après tout se dit-elle, j’ai une réputation à tenir, je ne fais que mon travail. Mais même ces paroles dans la tête de Matsu sonnèrent faux, elle savait qu’elle faisait là un acte cruel, comme jamais elle n’en avait fait auparavant.

Consciente de son acte monstrueux, elle amena sa jeune compagne dans la masure. Elle qui était si confiante, les yeux brillants depuis qu’elle avait entendu parler de ces grenouilles magiques. Elle qui était si prévenante, faisant attention de ne pas déranger la guerrière durant ces combats contre les tobarks, faisant de son mieux pour aider la vieille fyros de ces petits soins quand les cuttlers entaillaient sa chaire avec leurs crocs.

Petit à petit elles firent du chemin, s’arrêtèrent un instant vers le kami des lieux, se reposant quelques instants avant de repartir. Elles n’étaient plus très loin, l’endroit que Matsu avait choisi était très isolé, perdu au milieu de la masure, un lieu où l’on pouvait voir de temps à autre le roi des gibbais, le nommé Gibakkin.

La beauté de ce lieu contrastait avec l’acte cruel qu’allait faire la vielle fyros, arrivée à destination, Matsu pointa du doigt quelques grenouilles anodines. D’un air morose, elle s’agenouilla aux côtés de l’enfant, qui était émerveillée par l’endroit, comme par ses petites découvertes. Une grenouille par-ci, une jolie fleur par-là, des gerbes d’eau chaudes qui l’amusaient beaucoup.

Aby : Tu as quoi mon amie, tu pleures, pourquoi tu as du chagrin ?
Matsu : hoo laisse c’est pas grave, des affaires de grands…
Aby : Toi tu sais, tu es mon amie, tu es gentille avec moi !
Matsu : Ho oui... écoute moi bien, tu vas dormir un moment, couche toi là maintenant, il va falloir reprendre des forces avant de repartir.
Aby : Oui d'accord, tiens… voici une jolie fleur pour l’amie que j’aime !

L’enfant fini par s’endormir, le visage serin, se sentant en sécurité au côté de la grande guerrière que semblait être sa nouvelle amie. Matsu, quant à elle, avait les yeux couverts de larme, déchirée entre son envie de rester avec la jeune fyros, et son devoir, son cruel travail qu’elle devait faire. Dans un grand soupire elle finit par craquer un ticket Karavan et partit loin de la masure, très loin.

Matsu ne l’avouera jamais, mais ce jour restera gravé dans sa mémoire comme dans son cœur, cette jeune fyros avait réussi là ou des milliers de guerriers Kamistes avaient échoué. Elle avait su toucher la vieille guerrière, au plus profond d’elle-même, par son innocence, sa gentillesse. Etonnant n’est ce pas comme le hasard fait parfois bien les choses. Cette enfant avait montré sans le savoir à Matsu ce qu’elle était devenue, une homine sans émotions, sans sentiments.

Pour une fois Matsu n’avait pas le sentiment du devoir bien fait, accompli. Bien au contraire, elle n’osait plus se regarder dans une glace, elle se détestait, d’être devenue cette homine cruel et sans cœur, sans pitié, même pour une innocente jeune homine. Elle était ébranlée à chaque fois qu’elle voyait le blason des légionnaires, elle s’en voulait.

Oui plus rien n’allait être pareil pour Matsu, transformée depuis cette rencontre malheureuse. Abyssandra était son nom, plus tard elle pourra clamer haut et fort que ce fut elle la première, à avoir réussi l’impossible, ébranler Matsu la traîtresse. Au point qu’a de court moment, elle se haïssait, comme elle haïssait Jena de l’avoir fait devenir ce qu’elle était, une homine sans cœur.

[laralen]

Un des plus beaux textes que je connaisse, le dessin de Wong m'a donné envie de le relire.

[diumm]

.// Très jolie texte, comme quoi parfois la plus grande des cruautés se cache derrière la plus grande des compassions. //.