exil de psychée

Moderator: Chroniques d'Atys

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psychee
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exil de psychée

Post by psychee »

Il m’a fallu du temps pour savoir où m’exiler. Atys m’est hostile des quatre points cardinaux. Une sorte de pestiférée.
Je n’ai pu supporter l’enterrement de ma mère.
Mais il restait les Lacs. Et c’est loin, dans les lagons, que j’ai trouvé un abri, un lieu où m’isoler.
Cela va faire bientôt six mois. Six mois seule.
Une sorte de retour aux sources, une vie à demi-sauvage, comme celle qui me fut inculquée chez les zoraïs. Je sais comment me nourrir ici. Algues, fruits, quelques plantes. J’ai encore maigri, après la masse musculaire que des mois d’entraînement m’avaient donné. Là, je mange juste assez pour rester en vie, et attendre, et penser.
Comment panser mes blessures.

De temps en temps, je vais dans un village, prendre des nouvelles.
Creenshaw est mort, et Melowen a disparu. Alessia aussi. Les rivalités entre les kamis et la Karavan montent, les guerres se préparent, la peur se sent dans les histoires et les rumeurs.
Et moi, je ne peux plus supporter toutes ces choses.

Je n’ai même pas eu le courage de donner des nouvelles. Juste deux lettres à Edge, de courts messages pour dire que je suis en vie, et que je reviendrais.
Je pense que les gens de ce rêve de paix se sont trouvés. Mon rôle à moi est fini, si tant est qu’il a jamais existé. Toute ma vie est désormais une page effacée par le temps.

J’aurai voulu revenir, j’aurai voulu essayer de faire de grandes choses, je voudrais essayer de vivre, et de participer au flot de la vie d’Atys, tellement malmenée.

Mais je suis épuisée.

Où puis-je encore trouver un espoir, une lumière, une âme quelque part ? Maman, tu me manques tant.
Et Alessia, ce petit espoir qu’elle m’avait donné, est si loin, disparu lui aussi. Il ne reste rien. Et même les Libres ne me sont plus d’aucune aide. Je me sens trop seule, désormais, trop seule.

Pas de prédateurs ici, ou du moins, pas assez près pour être un danger. J’ai gardé l’épée de maman, et je suis venue avec mon armure, mais elle ne me va plus, j’ai trop maigri, encore une fois. Enfin, si je dois me défendre, je ne serai pas une ennemie si facile à abattre.

Mais qui voudra m’abattre ? J’ai déjà perdu, j’ai déjà baissé les bras. Ho Jena, si je pouvais encore croire en toi, et en la paix, mais tes armées arrivent et avec elles le feu et le sang, et les kamis attendent ta venue pour la guerre.
Je ne crois plus en rien.
Tout ce en quoi je croyais a sombré dans la mort, dans la destruction, dans l’oubli.

Ma dernière question, mon dernier doute est : « dois-je continuer à vivre, ou dois-je faire cesser cette folie qu’a été ma vie ? »
Maman, si tu savais comme je ne peux plus, comme je ne peux plus me battre, comme je suis fatiguée. Maman, si tu savais comme je n’en peux plus de vivre ainsi. Ce n’est pas une vie, c’est un abandon, une malédiction, une farce affreuse dont je suis l’arlequin triste et malheureux.

Ets-ce que quelqu’un ou quelque chose viendra m’aider, et me tendre la main ?
Je crois que c’est tout ce que j’attends, tout ce qui me reste à attendre.
Car il ne reste plus rien qui puisse me donner la force de revenir dans ce monde dont je ne fais plus partie. Plus rien.

Maman, tu me manques tant.

[HRP] trop de lassitude, et trop de tensions, et trop d'amis perdus, pour le moment, je ne me sens pas le courage de revenir sur l'ecorce. [/HRP]
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"La Vie est un cadeau"
Psychée Aquilon Alanowë, la Zoraï Blanche, Fille de Liandra d'Alanowë
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monwalker
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Re: exil de psychée

Post by monwalker »

Plusieurs semaines déjà...
Cela faisait déjà trois semaines qu'Oscar n'était plus sorti de la petite graine-demeure qu'il louait, à Davae, s'efforçant de trouver assez de motivation pour pousuivre son travail. Plusieurs brouillons de lettres attendaient sur son bureau les corrections nécessaires, la formule juste, le mot précis qui donnerait tout leur sens à des messages si importants qu'il destinait aux diplomates des principales Maisons matis. De nombreuses notes s'entassaient pêle-mêle sur la table, à côté d'exemplaires de la Nouvelle Feuille d'Atys.

Tant de travail encore !

Mais son esprit lui refusait la concentration nécessaire à la poursuite de la tâche qu'il s'était assignée. Il lui fallait fixer ses idées, rassembler, trier, ordonner ses craintes et ses espoirs, et dans le labyrinthe de ses pensées, trouver un chemin sûr, précis, pour trouver les mots justes...
Mais non. Ses pensées coulaient, désordonnées, insaisissables, comme des grains de poussières flottant au vent à peine entrevus dans un rai de lumière oblique, toujours mouvants, aussitôt disparus...

En réalité, Oscar savait par expérience qu'il était incapable de contraindre son esprit à se concentrer quand celui-ci s'y refusait. Il avait toujours senti, comme la plus évidente vérité sur lui-même, que le temps de ses rêveries n'était en rien du temps perdu, mais qu'il portait en lui le germe de toutes ses idées claires, comme les brumes de l'hiver dissimulent sous le gel la germination secrète du printemps.

Aussi s'abandonnait-il finalement à la paresse, qui semblait si improductive, et même si dangereuse en cette période incertaine, alors que les peuples d'Atys vivaient sous la menace d'une guerre générale. Jamais, sans doute, le diplomate n'avait senti une telle urgence dans son travail, dans la nécessité d'agir, de rassembler ses amis, de trouver de nouveaux alliés, d'unir les forces positives du Royaume... Mais à quoi bon vouloir forcer les choses, si elles s'y refusaient ? Dans l'urgence, précisément, Oscar en avait une conscience aigüe, il n'est pas de plus mauvaise voie que la précipitation.

Un enième regard sur les lettres en attente lui apprirent qu'aucun mot utile ne viendrait aujourd'hui se poser sur elles pour les corriger et les éclaircir... Il fallait encore patienter un peu...

Invariablement, les songes d'Oscar le ramenaient à la contemplation d'images chères à son coeur. Il revoyait les bois de son enfance, le visage de ses parents... Il se souvenait de son premier voyage dans le pays des Lacs et revoyait les miroitements de l'astre du jour sur l'eau... Il sourit en revoyant le visage de ses compagnons d'alors... Et puis des images du Désert Ardent s'imposaient dans le flamboiement de leur beauté vive, presque hallucinatoire. Qu'il avait donc admiré ces paysages ! Et quelle n'avait pas été sa surprise, presque son indignation, de devoir admettre qu'il avait aimé le désert !

D'autres visages défilaient en pensée... Celui généreux de Gwido qui avait initié la caravane, ceux résolus et sérieux de l'escorte d'Alkiane, et celui de Mogwaï, si joyeux, alors que le seigneur de l'Ecorce, si fier de sa nouvelle monture, avait paru presqu'aussi insouciant qu'un enfant quand il avait couru au-devant du convoi pour dénombrer les bêtes sauvages ! D'autres visages... Ceux de fiers guerriers Fyros croisés à Pyr... Ceux d'amis venus opportunément l'accueillir et l'aider... Les Libres.

Les Libres-Frontaliers, de toujours, d'hier et d'aujourd'hui.
Kadraan... Leiloo... Aarkon... Que de souvenirs !
Et aujourd'hui Patoche le poète... Daynota, qui lui faisait comprendre bien différemment le métier de diplomatie... Le seigneur Edge, dont le visage n'apparaîssait jamais autrement que dans la lumière de celui d'Ilana... Et puis...
Et puis le dernier visage de Liandra...

Psychée !
La rêverie d'Oscar avait cessé soudain. A sa place, une pensée encore incertaine, mais fixe cette fois. Psychée... les songes se muaient en inquiétude. Avait-elle surmonté sa douleur ? Où était-elle ? Il ne l'avait plus vue auprès de ses compagnons, durant tous ces jours à tourner en rond sur les places et dans les rues de Pyr, avant que l'escorte des Jardins d'Atys ne le ramène enfin sur le Sommet verdoyant...

Cependant, dans l'inquiétude qu'il ressentait, Oscar ne distinguait pas d'effroi. Sans verser dans un mysticisme de mauvais alois, dont il se défiait autant par instinct que par respect pour la raison, Oscar dut bien admettre qu'un présentiment l'avertissait que Psychée était toujours de ce monde, qu'il n'avait pas à craindre pour sa vie. Et pourtant... Cette tristesse... Cette ombre... Ce froid soudain...

Alors Oscar s'assit à son bureau et saisit sa plume. A l'encre violette, celle qu'il utilisait pour les poèmes, il écrivit quelques mots. Quand il eut fini, il réalisa que son message n'avait aucune chance de parvenir à Psychée, puisqu'il ne connaissait pas son adresse. Non, ce n'était pas à proprement parler une lettre... Plutôt un mot d'amitié, une pensée... le germe d'un espoir, qu'il faudrait confier à l'humus des fôrets...
Petite Dame d'Allanowë,

L'izam des jungles lointaines, dit-on, ne va jamais si haut qu'il se brûle à l'astre du jour.
Et cependant, il ne tombe jamais, et on n'en vit point qui se décourageât de voler.
Nos plus gands arbres, les plus anciens et les plus vénérables, ont connu le plus d'hiver, et le plus de printemps. Tant de fois l'éclair les a frappés ! Combien de chagrins furent ensevelis sous leurs racines noueuses ? A-t on idée de ce veut dire la lassitude ? Ou la patience ? Quand on compare notre temps à celui des grands arbres ? Et pourtant... Ce sont eux qui portent le plus loin les ramures verdoyantes de nos fôrets, bruissantes et pleines de vie !

Petite Dame d'Allanowë, je songe à vous avec tristesse, mais en souriant. Car si vous avez le courage de vivre, si vous parvenez à vous reposer, vous serez comme ces oiseaux... Et comme ces grands arbres.

Celui qui fut l'ami de Liandra et qui vous aime,
Oscar
Last edited by monwalker on Fri Jul 01, 2005 2:47 pm, edited 1 time in total.
Oscar de l'Ormeray
* L'Art et la matière *
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