-*--*--*-J'ai hésité quelques mois avant de balancer ce texte sur ce forum. L'histoire est narrée en décousu, et il manque çà et là quelques chapitres. Ceux-ci seront écrits un jour N'hésitez pas a faire des commentaires. En attendant, j'espère que ce le texte vous plaira -**-*-*-
Par une douce nuit étoilée, un léger vent soufflait sur l'Aeden des trykers. Une étrange procession de petits homins se déplaçait au clair de lune. Petits, non seulement de par leur race, mais de par leur âge également. 5 enfants trykers avançaient doucement depuis le matin sur le sable encore chaud. Parmi eux, Miramayo, fils de foreur, Kimo et Kero, fils de la vigie du camp d'où ils provenaient, Kadesa et Clepto, orphelins de longue date.
"On est arrivé, Clepto?", demanda Kimo.
"Si tu me demandes ?a tous les kilomètres, on ne risque pas d'arriver. Tu devais veiller aux alentours, non?"
"Oui, mais il fait nuit..."
"Ne me dis pas que tu as peur? Tu es fils de vigie ou non?!"
"J'ai pas peur! Mais ca fait des bruits ?tranges dans les arbres..."
"C'est le vent, répondit Kedesa, hihihi! Ki-mo a peur du vent! Ki-mo a peur du vent!"
"J'ai pas peur!"
"On va s'arrêter la pour la nuit. On a assez march? pour aujourd'hui." décréta Clepto.
"Je vais faire du feu, aidez-moi à ramasser des branches."
"Kero! Tu devrais carrément appeler les Kitins, ca serait plus rapide!"
"Clepto à raison, on devrait trouver un coin ? l'abri des monstres."
Clepto se retourna vers Kimo. "Alors, tu fais quoi? Va monter la garde! Sinon on ne verra même pas approcher les Kitins s'ils se pointent!"
"J'y vais, j'y vais....."
Lentement, les trykers s'endormirent, effrayés par la nuit sombre. Le vent se fit plus grondant, et bientot, aucun d'entre eux ne pu continuer à dormir. Les bruits des arbres se balançant, les feuilles bruissantes, les fourrés dans lesquels ils avaient trouvé refuge, tout ce qui avait été leur terre natale semblait se retourner contre eux, les prévenir d'un danger, ou seulement peut-être, les effrayer. Un hurlement sourd se fit soudain entendre. Les trykers sursautèrent, tous sens aux aguets. Un bruit de pas s'approchait, rapide, trébuchant. Les trykers eurent un mouvement de recul lorsqu'une ombre sortit des fourrés devant eux. Ils reconnurent Kimo, relachèrent leur respiration, puis remarquèrent soudain son air terrifié.
"Ki...kitin!", hurla-t-il. Un bruit horrible se fit soudain entendre, la téte de leur ami venait de voler vers eux. Les yeux monstrueux du Kitin les toisa, comme amusés par la présence de ces êtres sans défense.
"Par là, hurla Clepto, dépéchez-vous!!!"
La troupe s'élanca dans une course désespérée, seul Kero, traumatisé, se laissa tomber à genoux, regardant la tête de son frère au travers de ses yeux écarquillés. Les trois Trykers courraient, Clepto en tête, vers ce qu'ils avaient apperçu comme un refuge, la veille, un trou où eux seuls pourraient passer. Kedesa s'engouffra dedans, suivie de Clepto puis de Miramayo. Ce dernier s'arrêta net, le visage crispé de douleur, et ne put que tendre la main vers ses amis avant d'être aspiré hors de la cache. Les deux trykers fermèrent les yeux, se blotissant l'un contre l'autre, refusant de prêter attention aux bruits horribles provenant de l'extérieur de la grotte. Le Kitin scrutta l'intérieur, tendit la patte dans le trou, provoquant le recul des deux enfants terrorisés. Clepto sortit un pistolet de l'interieur de sa tunique, ajusta son tir en tremblant, et appuya sur la détente. La balle ricocha sur la tête du Kitin, s'encastra dans la roche, mais le Kitin ne sembla même pas la remarquer. Il disparu soudain dans le noir.
Le silence était revenu depuis quelques heures, le jour avait à nouveau fait son apparition, mais les Trykers n'avaient pas bougé d'un pouce. Leurs yeux effrayés scrutaient toujours l'entrée de la grotte.
"Il faut rentrer, on ne peut pas continuer par la, c'est trop dangereux, Clepto!"
"C'est aussi dangereux que chez nous. Tu ne te souviens pas de la raison qui nous a poussé à partir? Les Kitins ne nous suivront pas là-bas!"
"Mais la vigie a dit..."
"La vigie a dit que les Matis étaient aussi dangereux que les Kitins, je sais, mais ce ne sont que des histoires. Le danger qui nous guette aux lacs est bien réel, lui!"
"Je... d'accord... mais les autres..."
"On ne peut plus rien faire pour eux... Ca ne sert à rien d'essayer de les retrouver. On aura tout le temps de les pleurer lorsque nous serons arrivés..."
Mais son regard ne s'accordait pas avec ses paroles. Clepto regrettait d'avoir accepté que ses amis partagent son voyage, mais il était trop tard pour revenir en arrière.
"Je vais voir si on peut sortir", dit Clepto, se levant. Ne bouge pas avant que je ne te le dise.
Clepto jetta un oeil prudent au dehors, sortit sa tête du trou, puis, ne voyant pas de danger, fit quelques pas en dehors du trou. Un bruit sourd attira son attention derrière lui. Il se retourna vivement pour appercevoir le Kitin positionné entre son trou et lui. "Piégé, se dit-il, il m'attendait." Il recula maladroitement, trébucha sur une racine, et tomba en arrière. Le Kitin avançait lentement, le bruit de ses pattes sur le sol n'était couvert que par les hurlements de désespoir de Kadesa, provenant de la grotte. Un autre hurlement, plus grave, couvrit soudain le bruit ambiant, et attira l'attention de tous. Levant la tête, Clepto entre-apperçu une masse sombre qui tombait du haut de la falaise devant laquelle ils se tenaient. Le Kitin esquissa un mouvement brusque de recul, mais fut cloué au sol par ce qui semblait être une énorme hache. En quelques mouvement, le Kitin fut à terre, gisant sans vie. La masse sombre se retourna.
"Un grand...", dit faiblement Clepto, alors que Kedesa s'extirpait rapidement de la grotte pour voir ce qui avait pu faire taire le Kitin.
"Ce n'est pas moi qui suis grand, c'est toi qui est petit, Tryker!"
"Tu es un des grands homins, ceux d'au-del? des montagnes... tu es un Matis?", demanda Clepto, observant l'homin ? la hache.
"Ne me compare pas à un Matis! Je suis Crowell! Fier Fyros du désert! Légionnaire en mission!", hurla le Fyros.
Les deux Tryers reculèrent d'un pas. "Ne soyez pas effrayés. Vous ne ressemblez pas à des Kitins! Même de nuit, je ferait la différence entre un minus et un monstre. Vous êtes bien loin des derniers campements Trykers. Qu'est-ce qui vous amène ici?"
"On... On essaie de rejoindre les Matis, pour y être en sécurité. On n'en a jamais vu qu'un avant, il avait l'air fort..." dit Clepto.
"HA! Fort, eux? Ils sont tout juste bons ? se pavaner vêtus d'habits de mauvais goût, et à se vanter les uns aux autres. Si tu veux les voir, c'est toi que ça regarde! Mais ne crois pas que les Matis t'offriront leur protection, ni que tu y seras a l'abri des Kitins!"
Le Fyros disparu d'un pas rapide, laissant les deux Trykers sur place.
Les trykers échangèrent un regard, puis partirent dans la direction opposée. Le chemin devait se trouver dans les parages, et il était, pour eux, hors de question de continuer leur voyage hors des sentiers battus.
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Le soleil était déjà haut dans le ciel. Les deux enfants ne disaient rien, ils marchaient depuis l'aube. Le manque de sommeil se faisait ressentir. Leurs pas, leur vigilance, tout semblait diminué par la fatigue. Ils étaient assaillis par des images de leurs amis, et par la vision du Kitin. Si ces deux-là avaient pu trouver refuge à temps, les autres n'avaient pas eu la même chance. Ils n'avaient même pas pu retrouver leurs corps, non pas parcequ'ils étaient partis en courrant, mais parcequ'ils avaient purement et simplement disparu. Là où leurs amis étaient tombés ne restait qu'une tache qui empourprait la terre claire des lacs.
Les questions se bousculaient dans leurs têtes. Qui était ce grand homin à la hache, ce "Fyros", comme il s'appelait? Il leur avait paru puissant, un peu effrayant, mais efficace au combat. Etait-il parti? Il n'aimait pas les Matis... Allait-il les suivre, les retrouver pour les achever? Etait-il amical?
"Clepto...."
Il releva la tête. Les homins en armures brillantes arrivaient vers eux, marchant de la même facon que les combattants du village, lorsqu'ils s'entrainaient. Clepto sortit son pistolet, le tint fermement de ses deux mains, tandis Que Kadesa se placait derrière lui. Les homins approchaient, leurs pales visages portaient diverses blessures, griffures, entailles. Leurs armures étaient rayées, brisées pour certaines. Le silence s'était fait sur les lacs, aucun animal ne poussait de cri, comme s'ils craignaient d'attirer l'attention. Les homins s'arrêtèrent à quelques pas d'eux, et les toisèrent.
"Regardez ce que nous avons là!" dit celui qui semblait diriger la troupe en esquissant un rictus.
"Vous êtes Matis! Vous êtes venus pour nous aider? De quel côté se trouvent vos terres?" demanda Clepto.
"Vous aider, répondit-il, oh, oui, vous aider, bien sur. Venez avec nous, nos terres sont de ce côté."
Quelque chose ne tournait pas rond. L'attitude du Matis n'avait rien d'honnête, et celui-là ne parraissait lui-même pas amical. Les enfants échangèrent un regard, firent un pas en arrière, et d'un geste du meneur, les homins blancs se jetèrent sur eux.
Entravés de cordes, les deux enfants suivirent le groupe de Matis jusqu'à leur campement. Trop exténués, ils se laissèrent enfermer dans une petite cage de bois. La nuit tombait lorsque l'un des Matis ouvrit la porte de la cage pour en sortir la trykette qu'il jeta à même le sol devant le reste du groupe. Clepto s'accrocha aux barreaux et observa les Matis sans un mot. Kedesa ne comprit pas immédiatement ce qu'il se passait. Elle se releva, tenta de s'enfuir mais fut rapidement repouss?e au centre du groupe. Le chef du groupe empoigna le tissu de sa robe, et le d?chira d'un geste brusque, dénudant la trykette. Clepto serra les poings. Il ne pouvait pas détourner les yeux de la scène qui se déroulait devant lui, et pourtant, il ne pouvait rien faire.
Rien...
Keseda était à présent recroquevillée sur elle-même. Elle leva des yeux liquides vers son compagnon qui ne put que tendre la main a travers les barreaux de sa cage. Le chef du groupe s'avanca a hauteur de l'enfant et agita son pistolet devant lui.
Je ne peux pas sortir.
"C'est toi qui a fait ca?"
Aucune réponse.
"C'est du beau travail. Je te garderai en vie si tu m'en fabriques d'autres, c'est un marché équitable non?"
Clepto comprit immédiatement ce qui allait se passer. Entre les barreaux, il vit le Matis lever le pistolet sur Keseda, il vit Keseda tendre pitoyablement la main vers la cage, et la détonation se fit entendre.
Maudite cage.
La vision de Clepto s'obscurcit. Le monde semblait disparaitre autour de lui. Il ne vit bientot plus que les barreaux de sa cage, et n'entendit que brièvement l'écho d'un violent combat. Les cris d'agonie des Matis retentissaient autour de lui, et bientot un visage connu fit son apparition devant la cage. La porte s'ouvrit, et Clepto tituba vers l'extérieur.
Sortir. Liberté.
Clepto ramassa son pistolet et chercha du regard le chef du groupe Matis. Crowell, appuyé sur son épée, regardait le tryker. Le Matis gisait sur le sol, bien conscient. Le bras droit lui manquait, et de sa derniere main, il en étraignait le moignon.
Plus jamais. Plus jamais en cage.
Clepto le distingua. Tout semblait se dérober sous lui. Il prit appui sur un arbre, et pointa son pistolet sur la tempe du Matis.
Plus... Jamais...
"Ne fais pas ça. Arrête!" supplia le Matis.
Une deuxieme détonation brisa le silence de la forêt.
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Il fait chaud.
Clepto se risqua a ouvrir un oeil, puis le deuxième suivit rapidement. Il regarda dans toutes les directions, et aussi loin que son regard pouvait porter, il ne voyait qu'une poudre jaune pâle étendue à l'infinie sur les terres... Quelques plantes éparses luttaient vaillament contre ce qui semblait n'être qu'un immense désert de sciure. Cà et là, un arbre déployait fièrement quelques branches, signe inéluctable d'une victoire éphémère contre le climat local. L'étoile d'Atys, le sable, tout semblait aggressif et doux en même temps. Les yeux encore embrummés de Clepto se faisaient douloureux. Il les ferma longuement et repensa a ce qu'il s'etait passé. Le fyros était apparu et...
Le Fyros!
Clepto ouvrit les yeux tourna vivement la tête vers une armure rouge usée par la sciure. Le fyros était là, tenant les rênes du mektoub sur lequel le tryker voyageait. Clepto se redressa.
"Où sommes-nous?"
Le fyros s'arrêta et tourna la tête.
"Ah, enfin! Descend de la te dégourdir les jambes, que je reprenne ma monture."
Clepto descendit de l'animal attendit que le Fyros remonte en selle.
"Tu es dans notre beau désert. Tout ce que tu peux appercevoir est le domaine des Fyros."
"Il n'y a pas de Kitin ici?"
"Si, mais plus loin d'ici. Nous sommes capables de les repousser, nous."
"Et où va-t-on?"
"Moi, je rentre faire mon rapport au chef. Tu peux me suivre si tu veux, je pense que tu n'as pas vraiment d'endroit où aller?"
Clepto regarda tristement quelques tiges qui sortaient timidement de la sciure.
"Je vais voir ce que je peux faire de toi. Quel âge as-tu?"
"9 ans..."
"Ouais. Un petit tryker parmis les trykers. On verra ce qu'on peut faire. Il y a un orphelinat a Pyr."
Le voyage fut long et épuisant, si bien que lorsqu'ils furent en vue d'une immense citée, Clepto ne put que tomber assis devant sa hauteur et son étendue.
"Voici Pyr. Tu risques d'y rester un bon moment. Suis-moi au Hall."
Clepto parcourut les ruelles circulaires de Pyr à la suite du Fyros, découvrant un environnement alors inconnu. Le Fyros fit une halte à hauteur d'une porte ouverte, semblant comme un trou dans les entrailles du désert.
"Ici, c'est le lieu le plus important de Pyr. La Taverne. Tu devrais pouvoir m'y trouver au cas où..."
Ils arrivèrent devant une autre porte, fermée et flanquée de deux gardes en armures énormes. "Laissez-le passer", dit le Fyros. Les gardes s'écartèrent et découvrirent un lieu qui, aux yeux du tryker, être une hutte sombre. Un Fyros lourdement armé fit face au tryker.
"Bonjour à vous!",lui lanca-t-il,"Vous avez fait un bon voyage jusqu'à notre désert ?"
Le tryker dévisagea le Fyros, se demandant pourquoi il avait besoin de porter tant d'armes pour poser cette question.
"Pas vraiment..."
"Bien vous êtes ici pour des renseignements sur le recrutement"
"Heu..."
"Tout d'abord l'ensemble de nos règles sont lisibles dans La Charte"
Le fyros lanca un dossier à Clepto.
"Veuillez en prendre connaissance... si vous acceptez toutes ces règles simples alors vous pouvez postuler."
Clepto, incapable de lire le fyros, se contenta de mettre un signe au bas de la feuille que lui tendait le fyros, comme l'avaient fait les notables de son village maintes fois.
"Nous acceptons ceux qui n'ont pas peur de mourir et son prêt à ce sacrifier pour leurs idéaux!"
Clepto ne dit rien, attendit un peu, puis voyant que le fyros ne s'interessait plus à lui, retourna auprès de son guide.
"C'est quoi, çà, Crowell?" demanda un fyros avec une étrange coupe de cheveux en pointant le doigt sur Clepto.
"Je l'ai trouvé près du campement. Il a l'air doué pour fabriquer des pistolets, et il a même tué un Matis."
Un flot d'images déferlèrent dans l'esprit de Clepto. Il repensa a Kaseda, secoua la tête et continua d'observer le Fyros.
"Et ce qu'il tient dans la main, c'est un brassard de recrue?"
"Que dis tu, Ufo? Clepto! Où as tu eu çà?"
"C'est le fyros lourdement armé qui me l'a donné apres m'avoir fait signer une feuille."
Ufo incendilla Crowell du regard, ce dernier se contentant de hausser les épaules.
"Trouvons-lui un parrain. Je suis sur qu'on peut en faire quelque chose...", demanda Crowell.
"Montre-moi ton pistolet" clepto tendit l'arme a Ufo. "Mouais,commenta-t-il, si tu en prends la responsabilité, Crowell..."
Crowell prit Clepto par le bras et l'entraina hors de la hutte.
"C'est malin! Tu ne lis jamais les contrats avant de les signer?"
"Je ne sais pas lire..."
"Bon. Je vais te montrer ton officier. Tiens-toi a carreau!"
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L'étoile d'Atys faisait chauffer le désert et un tryker se régalait de l'ombre qu'offrait l'étable de thésos. Il somnolait tranquillement, les deux mains jointes sur son ventre, observant le flot ralenti d'homins qui défilait devant lui. Son regard s'arrêta sur celui d'un tout jeune tryker, qui semblait le dévisager avec étonnement.
"Qu'est-ce que tu veux, petit? J'ai du travail, moi!"
"Ca m'étonnera toujours d'entendre un tryker appeler un tryker *petit*... C'est une recrue pour toi, Meed." annonça Crowell.
"Oh lala... Et que suis-ja censé faire des gamins comme celui-là?"
"C'est *ton* problème, petit." repondit le fyros en partant.
Meedrish se releva et inspecta le nouveau tryker.
"Ta spécialité?"
Clepto sortit son pistolet et le tendit à Meedrish, sans un mot.
"Mouais, du travail de débutant. Ca a l'air solide pourtant... Tu peux avoir l'arbre, là-bas?"
Clepto ajusta son tir, appuya sur la détente et une détonation retentit. Un morceau d'écorce s'envola et disparu derrière une dune, d'où fit écho un cri. Meedrish se raidit, et invita Clepto à admirer une pancarte derrière eux. Un fyros grognon se posta juste devant eux.
"Raven!" dit Meedrish, avec un sourire, "Comment vas-tu?"
Raven tendit un morceau d'écorce aux trykers.
"Lequel d'entre vous vient de tirer ceci?"
Meedrish sifflotta et Clepto montra son pistolet à Raven.
"On dirait qu'il va tomber en miettes. Avec quoi as-tu fait ce truc?" demanda Raven.
"Avec du bois sec que je trouvais aux lacs..."
"Bon. Moi, c'est Raven. Je suis ton parrain. Viens, je vais essayer de t'apprendre quelque chose..."
Meedrish s'allongea après l'étable, les mains derriere la tête.
"Bonne chance, recrue. Reviens me voir quand il t'aura libéré!"
"Tu n'as pas mieux à faire qu'à dormir, officier Meedrish? Tu ne t'étonneras pas si ta légion manque d'entrainement après!" grogna le fyros avant de se retourner et de partir d'un pas régulier.
"Cause toujours, légionnaire." répondit le tryker en adressant un clin d'oeil à Clepto, qui fit un signe a son officier puis se mit à courrir pour suivre le pas rapide du fyros.
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Tsuruchi regardait la jeune recrue se concentrer sur son travail. Clepto manipulait les pièces avec précaution. Le pistolet était presque prêt, il fallait encore placer la détente et fixer le tout dans la boite de bois. Il amena la détente près de sa l'endroit où il devait la poser et...
"Trykers, rassemblement!"
Clepto sursauta, le pistolet sauta de ses mains pour se répandre en morceaux sur le sol. Le tryker regarda un moment ce qui aurait du être son arme, puis se dirigea en direction du cri, suivi de Tsuruchi tentant de le consoler.
Meedrish se tenait aux cotés d'une jeune trykette. Les autres de la légion étrangère l'observaient, et celle-ci ne semblait pas vraiment génée par les regards qu'on lui portait.
"Voici une nouvelle recrue, Sadalsüüd. Elle est magicienne, mais son efficacité laisse un peu à désirer. Nous verrons ce qu'elle peut devenir. Je vous demande de l'accueillir"
Personne n'écoutait vraiment l'officier. La légion étrangère était trop occupée à faire connaissance avec son nouveau membre. Elle s'amusait de l'attention qu'on lui portait, et caressait la foule d'un regard faussement naïf. Un demi-sourire étendit ses lèvres pour donner à son visage un air malicieux.
Clepto ne prettait pas vraiment attention à la scène. Il retourna ramasser les morceaux de son arme, et tenta de la remonter.
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Clepto bailla. Toute la journée, il avait mis en pratique les enseignements de Raven, donnant même quelquefois un conseil à un autre foreur. toute la journée, il avait retourné la terre humide du rivage. L'heure était à la détente, les foreurs s'étaient réunis pour se conter quelques histoires au coin d'un feu, raconter un voyage, préparer un convoi, et Clepto écoutait attentivement les homins des lacs. Leur attitude était amicale, leur boisson était douce et le sourire de la trykette de service ajoutait à l'ambiance festive.
"Ils partent demain. Ils ont passé toute la journée à se demander ce qu'ils y trouveraient, ils ne tiennent plus en place!" lanca un gros tryker confortablement installé sur le banc.
"Vous ne savez même pas où vous allez... et puis la Loria, c'est pas un chemin de promenade pour yubos séniles..."
Clepto se mit à écouter attentivement le dialogue.
"Enfin... s'ils veulent vraiment y aller, qu'ils y aillent! Ne comptez pas sur moi pour vous accompagner!" réplica l'autre en finissant son gobelet d'un trait.
"Où allez vous?" demanda Clepto.
"On va traverser la Loria. On part chercher des trésors!" répondit Jinobo, qui semblait le plus vif du groupe. "Regarde"
Sans cesser de sourire, Jinobo étala une carte grossièrement dessinée sur la table, renversant un gobelet sur le sol.
"On part d'ici, puis on remonte vers le nord. Une fois ici, on longe le lac pour s'enfoncer vers l'ouest. L'éclaireur a dit que les ruines se trouvaient dans les parages. Tu viens avec nous?"
Un autre des trykers expliquait tranquillement à la serveuse que le gobelet brisé comme l'addition lui serait remboursé au retour de l'expédition, lui assurant que cette fois-ci, la fortune leur sourirait. Clepto refusa tout d'abord de partir ainsi, pretextant son travail au sein de la légion, mais plusieurs détails retinrent son attention. Plus les trykers parlaient de la géographie locale, plus ils citaient quelle faune, quelle flore s'épanouissait la-bas, plus ce lieu lui semblait familier. Il refusait immédiatement toute proposition d'expédition, mais les souvenirs, ou la douce boisson d'Aeden peut être, le poussèrent à accepter. Il appréhendait de retourner sur ces terres, ces terres qu'il avait fui quelques années avant, celles qui se logeaient dans ses souvenirs les plus profond et dans chacun de ses cauchemards. Et s'ils avaient survécu? S'ils avaient réussi à se réfugier quelque part pour ensuite revenir... Clepto secoua la tête, c'était impossible... Le village avait succombé, sinon, ils auraient cherché à les retrouver... "Et si..." murmura une voix dans sa pensée, "Que diras-tu aux fyros?"
Clepto bailla longuement, se frotta les yeux. Devant lui, les trykers étaient déjà debout à s'affairer dans tous les sens. La joie régnante rythmait les préparatifs. Clepto s'avanca vers Jinobo en baillant à nouveau.
"Endormi? Cette liqueur est traitre, dit-il en riant, ne te laisse plus surprendre par sa douceur."
Il hocha la tête sans vraiment prêter attention aux paroles de Jinobo. Cette nuit avait été des plus longues, il n'avait pas fermé l'oeil, se demandant sans cesse ce qu'il allait trouver au bout de ce court voyage. Il avait immaginé le meilleur come le pire, et s'était finalement dit qu'il attendrait d'y être pour y penser. Les trykers s'affairaient maintenant a fixer les sacs de mektoub sur ce dernier, emmenant quelque vivres et surtout beaucoup de place pour ramener chez eux le trésor, sans cesse plus gros d'une histoire sur l'autre, chez eux. Lorsque l'expédition se mit enfin en route, les trykers entonnèrent un chant et partirent vers l'horizon. Jinobo, qui avait été unanimement élu guide, malgrès le fait qu'il n'ait jamais mis les pieds en Loria, ralentit son allure pour se retrouver à hauteur de Clepto.
"Tu n'es pas malade au moins?"
Clepto le déviseagea avec étonement.
"Ne me regarde pas comme ca, dit le tryker en riant, je dis juste ca parceque tu n'as pas dit un mot depuis ce matin..."
"Hmm... Je... je suis curieux de voir la Loria, c'est tout. J'étais en train d'immaginer à quoi cette terre pouvait ressembler" mentit Clepto.
"Tu sais, c'est un banc de sable fin avec un lac au milieu, come partout." lanca un tryker en queue de convoi, "Tu ne seras pas dépaysé."
"Ca, je le suis deja malgrès moi..." marmonna Clepto.
"Tu disais?"
"Tu es sur que c'est par là?"
"Bien sur! Tu crois que je vous emmene dns un endroit totalement inconnu?"
"Oui."
Jinobo regarda Clepto avec un grand sourire. "J'ai étudié cette carte toute la nuit, je connais le chemin par coeur!"
"Il ne se perd jamais!" enchérit le tryker qui guidait le mektoub."Tu as l'air bien fatigué. Trop de liqueur?"
Clepto regarda le tryker qui lui fit signe de monter sur l'animal.
Le paysage défilait, et Clepto se prit plusieurs fois à somnoler. Alors que la matinée se terminait, procession ralentit. Les chants se firent plus doux, se muèrent rapidement en un léger murmure, et bientot la marche se fit plus régulière. Clepto sauta à bas du Mektoub, sortit un pistolet de sa manche et observa les alentours avec méfiance. Cette terre, cette végétation... il était près de son village. Ce lac devait être celui dont avaient parlé les anciens, celui qui garantissait la prospérité du village, lui offrant une pêche abondante. L'expédition longea le lac, s'écartant quelques fois du rivage pour cueillir ici une fleur, là une baie... Les trykers semblaient profiter de leur lieu de vie, y puisant ce dont ils avaient besoin. Ainsi font les torbaks...
Le premier assaut fut fulgurant. Avant même qu'un cri ne se fit entendre, une ombre projeta le tryker en queue de groupe à terre, le laissant étendu à terre, une trace pourpre parcourant le sol de l'endroit où il avait touché terre à celui où se tenait le Torbak. Sans qu'un mot ne soit prononcé, les trykers s'éparpillèrent en direction du lac. Le torbak se lanca à leur poursuite, semblant jouer avec ses victimes, comme pour leur donner de l'espoir dans le seul but de le leur arracher au dernier moment. clepto vit le torbak partir à la poursuite de l'expédition, remarqua immédiatement que le prédateur ne prettait pas attention à lui, et grimpa rapidement à l'arbre qui se trouvait au dessus de lui. Arrivé en haut, il ne pouvait qu'observer le jeu sanglant du torbak, qui laissait les trykers prendre un peu d'avance avant de les rattrapper pour leur happer la cheville d'un coup de croc ou de patte.
Clepto comptait les corps. Deux manquaient, et Jinobo sortit discrètement de l'eau, prenant pied un peu plus loin sur la berge. Clepto le voyait très bien de son point de vue, mais le torbak ne l'avait pas apperçu. La bête ne touchait pas les corps, n'achevait pas les blessés. Il était juste allongé, comme endormi après un repas abondant. Le tryker s'approcha, plié sur lui même pour ne pas se montrer. Un râle d'agonie s'écoula de l'un des corps, et Clepto put appercevoir l'oreille du torbak et relever brièvement. Il comprit immédiatement ce qui allait arriver, et tenta d'un geste de la main de faire fuir Jinobo. Il ne pouvait pas parler, le torbak guettant a deux pas du tronc de son arbre, il ne pouvait pas partir ni bouger. Lorsque Jinobo arriva en rampant près du corps ensanglanté d'un membre de l'expédition, il ne put réprimer un hocquet de tristesse, et le torbak se leva d'un bond. Le tryker se jeta en avant, partit dans une course effreinée vers l'eau, pour finalement se retrouver en tête à tête avec son ennemi. Il fit un pas en arrière, et le torbak imita son mouvement en avancant sur lui lentement. Petit à petit, il recula jusqu'au mektoub, gisant sans vie, saisit lentement une poignée dans le sac de bât et porta un violent coup d'épée au Torbak. Surpris, le torbak recula et recu une deuxième entaille à l'épaule. Le tryker poussa un hurlement, leva son épée sur le torbak, puis s'arreta net, comme paralysé. Il posa un genou à terre.
Le torbak le regarda un instant, puis se lui porta un violent coup de patte à la tête, le laissant inanimé au sol. Il observa ce qui restait du groupe. Son choix se porta sur le mektoub, qu'il traina jusque derrière une petite dune. Clepto sauta de son arbre, s'approcha de Jinobo, le retourna du pied. Il grimaçait trop pour être mort, et Clepto entreprit de le déplacer. Un miaulement de douleur se fit entendre, et Clepto fit un pas en arrière. Jinobo retenait difficilement ses intestins, qui profitaient d'une large ouverture en travers de son ventre pour tenter de se répandre sur le sol.
"Où est le village?" demanda Clepto. "Quelle direction?"
"Par la bas... nous ne sommes...*il toussa*...plus tres loin." répondit il en indiquant une direction du doigt.
Clepto traina le tryker sur un grand morceau d'étoffe destiné à devenir une tente, et deux dunes plus loin, le blessé annonça que le village devait être là. Clepto ne l'écoutait pas. Il connaissait cet endroit, de nombreux souvenirs, flous toutefois, ressurgissaient. Il marchait sur le marché, du moins, sur ce qu'il en restait. Les quelques ruines qui restaient debout n'offraient qu'une pâle vision de ce qu'était ce petit village avant l'arrivée des Kitins. Ils étaient partis, quelques années plus tôt dans cette direction. Clepto était maintenant le seul à en revenir.
Jinobo eut un sursaut, emit un gémissement, puis tenta vainement de s'asseoir, s'appuyant finalement inconfortablement contre un pan de mur.
"Je vais voir si le puit est encore intact." lui dit Clepto en partant un peu plus loin. Jinobo le toisa du regard, attendant son retour pour lui demander :
"Tu es... d'ici?"
"J'étais plutôt. Les kitins sont... passés entre temps."
"Tu connaissais Be'Nissa? il dirigeait les vigies."
Clepto secoua lentement la tête. "Je ne peux pas me rapeller de son visage... Mais s'il était vigie, il a faili." répondit-il en regardant les pierres d'un vieux mur. Un détail attira soudain son attention. Le mur était noirci, comme par les flammes, or les kitins...
"Il n'a rien à se reprocher... tu n'étais pas là?" demanda lentement Jinobo.
Clepto secoua à nouveau la tête. Jinobo répondit avec la même lenteur :
"Tu faisais partie des fugueurs? Ils vous ont recherché jusqu'à ce qu'ils retrouvent la dépouille d'un d'entre vous. Le fils de la vigie, en fait. Tu aurais vu dans quel état était cet homin..."
Jinobo toussa. Clepto ne le lachait pas des yeux.
"Qu'est-il arrivé au village? Comment ont-ils pu survivre aux Kitins et faillir contre autre chose? Repond-moi!"
"Un soir, un groupe de foreurs a demandé l'hébergement. La nuit était deja bien avancée, et l'hospitalité leur fut accordée sans hésitation. Puis, au milieu de la nuit, les soi-disant foreurs ont sorti leurs lames et seulement alors, les villageois ont compris à qui ils avaient ouvert leur porte..."
"Qui a fait ca? Comment le sais-tu?"
"C'est la seul survivante que nous ayons trouvé qui nous a conté cette histoire. Nous l'avons sortie trois jours après des décombres d'une cave. Le toit s'était effondré sur la sortie, et elle y est restée jusque-là."
Clepto serra les dents.
"C'étaient des trykers..."
"Des trykers? Des trykers qui tuent d'autre trykers?"
"D'où sors-tu, toi? Tu crois qu'une race commune suffit a rassembler les homins?"
"J'ai surtout l'impression qu'être bon n'apporte rien d'autre que le malheur..."
"Que dis-tu? C'est stupide! le malheur n'est là que parceque certains profitent de..." Jinobo fut pris d'une violente quinte de toux.
"Et c'est ceux qui en profitent qui ont tort? Regarde ce qu'il leur est arrivé. Tu ne vois pas où mène la bonté?"
Clepto avait monté peu à peu le ton de sa voix pour finalement hurler. Surpris par le silence de Jinobo, il se retourna pour l'appercevoir, gisant à terre, une longue corde de chair sortant de son ventre largement ouvert. Il se retourna, et observa une dernière fois les ruines, symbole d'un passé révolu, qu'il avait lui-même fui. Il repartit en suivant les traces qu'ils avaient laissé à l'aller.
Il n'adressa qu'une pensée à son guide.
Toi aussi, tu étais bon, Jinobo. Et ta troupe joyeuse et aimable, pleine de vie. Vois ce qu'il t'es arrivé. A continuer à vivre ainsi, il aurait fini par t'arriver la même chose qu'à ces villageois...
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[...]
Tous les légionnaires se tenaient en deux lignes, s'étirant des marches à la prêtresse, de chaque coté du tapis ornant le sol. La bonne humeur régnait, et les légionnaires attendaient avec impatience les futurs mariés. Soudain, la légion fit silence. Helly venait d'entamer la descente des marches, accompagnée d'Ufo. La cérémonie se déroula dans le silence le plus respectueux, et ce n'est qu'à la fin que les félicitation des légionnaires retentirent.
En bon chef, Ufo décreta que la 'cérémonie' se poursuivrait jusque dans la taverne. L'ambiance était à la fête, les combats furent oubliés le temps d'un soir. Les légionnaires buvaient, chantaient, certains venaient offrir leurs voeux de bonheur au Fyros et à la Trykette.
Erkania était venue assister au mariage de son amie, mais la légion et la taverne la mettaient mal à l'aise. Clepto l'invita à sortir, et les deux trykers s'éclipsèrent discrètement de la taverne, couverts par le bruit et l'ébriété des légionnaires.
"Elle en a de la chance, Helly. C'était un beau mariage." lanca la trykette.
"Ce n'est pas encore tout à fait fini, je crois" lui répondit Clepto avec un sourire.
"Heu... Tu sais, moi, les tavernes et les légionnaires..."
"J'ai remarqué, oui. Tu n'avais pas l'air de t'amuser beaucoup... Tu ne veux pas pltot voir ce qui sert de bain aux fyros?"
Erkania sourit. "Si tu veux. Je te suis." répondit-elle.
Les quelques fyros encore présents dans les rues ne remarquèrent pas les deux petits homins qui traversaient la ville. Clepto ne connaissait pas très bien Pyr, mais après avoir passé plusieurs fois les mêmes rues, ils finirent par arriver au hammam, désert à cette heure avancée de la nuit. Clepto entra rapidement dans l'eau fumante, mais lorsqu'Erkania sonda la température de l'eau, elle recula vivement d'un pas, grimaçant.
"C'est beaucoup trop chaud! Comment fais-tu pour te baigner là-dedans?" dit-elle.
Clepto rit. "C'est sur que c'est plus chaud que l'eau des lacs. C'est une question d'habitude, une fois que tu y seras entrée, tu t'y habitueras. Tu verras, la chaleur est agréable. Il faut juste faire attention à ne pas s'assoupir, ces bains ont étés construits pour des Fyros, un tryker a vite fait de se retrouver sous l'eau..."
Erkania hésita, puis fit quelques pas dans l'eau. Clepto la regardait progresser. Quelque chose lui plaisait beaucoup chez cette homine, pas seulement sa beauté, elle semblait respirer la gentillesse, l'innocence. Leurs regards se croisèrent, et un silence s'en suivit. Clepto ouvrit la bouche pour tenter de briser le silence, mais la trykette lui vola un baiser...
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Les mois s'écoulaient, et Clepto passait le plus clair de son temps à chercher des matériaux en Loria. Non pas qu'il prit du plaisir à retourner la terre, mais il voulait absolument apprendre à tirer, et avec une arme efficace. Et cela demandait d'énormes quantités de munitions, ainsi que des matériaux rares voire introuvables sur les plages d'Aeden. Il n'arrivait à se détendre que lorsqu'il repartait, son sac plein d'écorces terreuses, d'huiles impures et de résines séchées, retrouver Erkania sur son lieu d'entrainement. Elle se battait à l'épée large, tranchant avec hargne les kitins qui avaient eu le malheur -ou l'imprudence- de s'aventurer trop près des habitations des lacs. Elle se battait aux cotés d'un guerrier, Moifirst, et leur efficacité était admirable. Lorsqu'il arrivait près d'elle, Clepto la serrait dans ses bras, l'enlevant de son groupe de chasse pour l'emmener parcourir Aeden à la recherche de quelqu'endroit où aucun homin n'irait poser le pied. C'était dans ces moments qu'il pouvait oublier son passé, et ressentir pleinement le bonheur d'avoir survécu jusque là. Ses mauvaises pensées, sa rancoeur envers les peaux blanches ou les kitins, tout s'effaçait de son esprit pour laisser place à la sérénité.
Mais ce jour là, Erkania lui glissa doucement à l'oreille :
"Tu sais, ce tryker avec qui je chasse souvent..."
"Oui?"
"Il a ouvert les yeux. Il s'est écarté de la Karavan et est allé prêter serment aux Kamis. Je suis contente..."
Clepto sourit, mais c'est inquiet qu'il répondit ; "C'est bien. Au moins un autre d'entre nous n'aura plus l'esprit pourri par leurs paroles..."
Les deux trykers regardaient l'horizon en silence, enlacés l'un l'autre.
"Dis, ce tryker... tu l'aimes bien?"
Erkania parut d'abord surprise, puis éclata de rire.
"Bien sur, mais ce n'est pas pareil!"
Elle l'embrassa.
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Plusieurs mois s'écoulèrent encore. Clepto n'avait qu'une idée en tête : devenir un bon tireur. Le meilleur d'Atys, si cela était possible, et pour ce faire, il s'entrainait sans relache. Mais s'entrainer nécessitait de creuser encore et encore, et toujours plus. Cela prenait du temps et le ralentissait dans son entrainement. Il ne cherchait pas à devenir puissant, simplement à pouvoir se battre aux cotés de sa Trykette d'amour, mais elle le devancait toujours, et chaque fois que Clepto arrivait a triompher d'un kitin, Erkania se battait contre une nuée de Kitins plus puissants encore, si bien qu'ils ne se croisaient jamais sur les champs de bataille. Et puis un soir, au cours d'une étreinte, elle lui chuchotta :
"Tu te souviens de ce Tryker, Moifirst..."
Le visage de Clepto resta impassible, mais il devina immédiatement ce qu'elle allait dire ensuite.
"Je crois que je vous aime autant l'un l'autre... Je ne sais pas quoi faire, j'ai l'impression que mon coeur est partagé..."
Clepto prit une lente inspiration, et glissa :
"Tu l'aimes?"
Erkania ne répondit pas. Son silence en disait bien plus long que n'importe laquelle des explications qu'elle aurait pu lui exposer.
"Dans ce cas... tu devrais choisir ce que tu penses être le mieux pour toi."
"Tu ne m'en veux pas, hein? On pourra toujours continuer à se voir... en cachette."
Clepto sourit. "Je ne t'en veux pas, non." mentit-il "Tu as le droit de choisir ta vie."
Il sentait son coeur se flétrir dans sa poitrine, un peu comme si tout son corps etait aspiré dans sa poitrine. Il sentit ses dents se serrer, mais ne laissa pas transparaitre les sentiments qui l'assaillaient. Erkania se leva en souriant, contente d'avoir trouvé un compromis, et l'embrassa une derniere fois.
"Je vais rejoindre ma guilde. J'ai rendez-vous depuis une heure deja. Bisous!" Elle disparut lentement à l'horizon.
Clepto laissa ses pas le porter sur les terres sabloneuses des lacs, sans desserer les dents. Il aurait dû lui dire ce qu'il ressentait, il le savait, mais il n'en était pas capable. Il tenta d'oublier ce qui venait de lui arriver, mais ces pensées étaient aussitôt remplacées par des souvenirs d'enfance. Il ouvrit sa main droite, la plaça à plat, mais ne put en effacer le tremblement. Il serra son poing et l'envoya à toute vitesse sur la roche. Il recommenca encore, encore, jusqu'à ce que la douleur disparut totalement. Il contempla alors sa main couverte de sève, incapable de détacher son regard du liquide qui coulait de ses plaies pour se répandre sur le sable. Quelque chose s'était brisé en lui. Malgrès sa douleur, il était incapable de verser une larme. Il se promit de ne jamais montrer sa tristesse à Erkania, mais il savait que ce mensonge ne pourrait durer éternellement.
"Hola Tryker! Ce pays est bien étrange, pourrais tu m'indiquer où..."
Clepto reconnu l'accent d'yrkanis. Il saisit vivement son arme et se retourna d'un coup, mettant le Matis en joue. Le peau-pâle n'eut que le temps d'appercevoir les couleurs de la légion sur la tunique du Tryker, qui affichait un large sourire, tout en le toisant d'un regard haineux. Son doigt se crispa sur la gachette et le coup partit en direction de la tête de l'homin blanc.
[...]
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Le temps passait, et les Matis se faisaient de plus en plus présents à Thesos. Le traité de Fairhaven leur garantissait que les Fyros ne les hacheraient pas à vue, et les homins de la forêt venaient apprécier le cadre de vie du désert. Comme beaucoup de légionnaires, Clepto voyait d'un mauvais oeil la présence des Matis dans le désert. Il avait osé espérer ne plus les voir qu'en morceaux, ou au bout du canon de son arme, mais ceux-là se promenaient devant lui, taches blanchâtres sur la sciure, allant jusqu'à marquer de leur présence la taverne et l'oasis.
Aucun d'entre eux, pourtant, ne venait adresser la parole a Clepto. Son blason de légionnaire semblait le protéger de ce genre de contact, et il ne s'en portait pas plus mal. La vue d'un Matis le rendait nerveux. Dès que l'un d'eux passait devant ses yeux, quelques images lui revenaient en mémoire, et il craignait de voir tous ces Matis prétendus pacifistes se retourner d'un mouvement commun pour fondre sur lui...
Clepto préféra s'éloigner un peu. Ses pas le menèrent au sud de la butte de Thesos. Il marchait d'un air sombre, et leva instictivement la tête, juste à temps pour plonger et éviter une gerbe de flammes. Mettant sa main en visière, il reconnut la trykette, perchée au haut de la colline, et courut la rejoindre.
"T'es completement folle, on en tire pas sur les homins à vue!"
"Je n'avais pas vu que c'était toi" Sadalsüüd sourit "ou peut être que si..."
Depuis qu'il l'avait vue à son arrivée dans la légion, Clepto avait l'impression que la trykette prenait un malin plaisir à faire souffrir ceux qu'elle croisait. Sadalsüüd l'attrappa par les cheveux et le força à s'étaler.
"Matis en vue."
Clepto regarda péniblement par dessus la sciure pour appercevoir une Matis souriante, qui venait dans leur direction. Son allure semblait respirer la sérénité, le bonheur. Aucun sentiment malveillant ne pouvait se lire sur son visage, et Clepto ne put s'empêcher d'y voir le fruit du traité de paix : une homine avancant paisiblement sur cette sciure qui avait bu tant de sève.
Pourtant, son sourire disparu lorsqu'elle vit Sadalsüüd s'élever dans les airs, flamboyante, la toisant d'un regard amusé. Alors que la surprise, puis la peur, déformaient le visage de la Matis, le visage de la trykette afficha un sourire sadique, et une gerbe de flammes partit en direction de son adversaire.
Clepto ne disait rien. Il assistait à la scène d'un air perplexe, mais le visage de l'homine en flammes lui rapellait celui de ce chef Matis qui lui avait pris son amie d'enfance, alors qu'il pointait son pistolet dessus. Le même regard de désespoir, mélé à une incompréhension flagrante, la terreur qui pouvait se lire dans ses yeux, tout lui donna envie de voir ce qu'il allait se passer ensuite.
Sadalsüüd se jeta sur la Matis, la couchant au sol, et s'assit sur son ventre. Elle brandit une dague barbelée, la leva au dessus d'elle de ses deux mains, et, sans lacher des yeux le regard horrifié de la Matis, la plongea dans sa poitrine. Clepto vit son sourire s'élargir au fur et à mesure que la vie quittait l'autre homine, s'écoulant par flots de sa poitrine. Couverte de sang, la Trykette se releva et fit quelques pas vers Clepto. Voyant que le regard de la trykette avait changé, passant du cruel au vicieux, celui-là esquissa quelques pas en arrière, mais sur un geste de la main ensanglantée de la Trykette, un mur de flammes éphémères lui barra la route.
Clepto s'arrêta net. Un rictus anima son visage, et il se retourna pour lui faire face.
[bg du Clepto]Danse avec la mort
Moderator: Chroniques d'Atys
[bg du Clepto]Danse avec la mort
Last edited by cleptoo on Fri May 13, 2005 10:09 pm, edited 1 time in total.
Re: [bg du Clepto]Danse avec la mort
A quand la suite ? =))
Je pensais pas avoir le temps de tout lire mais après avoir commencé je n'ai plus su m'arretter
Je pensais pas avoir le temps de tout lire mais après avoir commencé je n'ai plus su m'arretter
Naru
Trykette membre des Lames d'Aeden.
Trykette membre des Lames d'Aeden.