[Melowen]Soir d'automne à Yrkanis

[snark]

Melowen sort du temple de Jena au bras de Creenshaw. Ils viennent d’avoir un long entretien crucial avec Liandra. Ils s’éloignent et arrivés dans un endroit calme Creenshaw s’arrête et sourit à Melowen :
-Dame Melowen, je peux enfin vous parler seul à seul.
La nuit tombe doucement, les arbres ont revêtu leurs couleurs d’automne, mais la soirée est encore douce. Melowen répond à son sourire :
-Que voulais-tu me dire ?
-Vous êtes consciente du danger que représente cette mission, Dame Melowen?
-J’en suis consciente
L’expression de la trykette se fait soucieuse. Ce qu’ils viennent de projeter dans le temple de Jena est totalement insensé et suicidaire.
-Je... Je ne peux faire autrement
Creenshaw pose un doigt sur sa bouche :
-N'en dites pas plus... Je comprends.
Melowen lui sourit tristement. Elle est immensément reconnaissante à Creenshaw d’avoir accepté de se lancer dans l’aventure.

-Je voulais vous voir parce que j'avais trouvé de magnifiques fleurs... Des fleurs qui vous ressemblent...
Creenshaw sort un magnifique bouquet de fleurs donc les couleurs vont du blanc au rouge orangé.
-Oh merci Creenshaw
Melowen prend le bouquet et fermant les yeux hume son parfum. Puis elle embrasse Creenshaw sur les deux joues pour le remercier

-Dame Melowen... Je suis pris de court avec ces dernières nouvelles...
-Je suis désolée de t'avoir entraîné dans cela
-Non, comme v... comme tu as remarqué, j'en ai fait moi-même le choix...
Creenshaw respire profondément :
-Je ne pensais pas te le dire si... Précipitamment... Melowen...
Les yeux violets de la petite tryker fixent intensément le fyros. Elle sait déjà ce qu’il va lui dire. Depuis leur rencontre il y a si peu de temps, elle a bien senti ses regards, ses intonations de voix quand il lui parle, tous ces petits détails qui ne peuvent passer inaperçus à une homine. Elle attends et redoute en même temps ce moment.

-Cela fait quelque temps déjà que l'on s'est rencontré au hasard d'un chemin de cette ville. Nous avons ainsi appris à nous connaître l'un l'autre.
-C'était un bel hasard…
-Moi à découvrir tes côtés surprenants, amusants, attendrissants. Toi à découvrir que je n'étais pas l'archétype du fyros vu par les matis.
Ils sourient tous deux.
-Depuis la mort de Pyrotess, je n'ai jamais connu d'autre élan du coeur... Je pensais cela impossible pour moi...
Creenshaw plonge ses yeux dans ceux de Melowen :
-Je ne pensais seulement pas un jour tomber sur un si précieux trésor...
Très doucement Melowen dit :
-Creenshaw...
Son cœur bat très fort, elle est encore étonnée des sentiments qu’elle inspire à cette légende qu’est Creenshaw.
-Je pense à toi souvent Melowen... L'ambassadrice se plaint même que je parle de toi dans mon sommeil....
-Creenshaw moi aussi je pense à toi
-Je t'aime tout simplement...
-Creenshaw mon coeur est écartelé
Dans son cœur, des émotions contradictoires s’animent. Elle ne veut pas trahir Kalean qu’elle aime toujours autant. Mais Kalean est parti, elle ne sait pas quand il va revenir, et même s’il va revenir, Psychée est détenue par la Karavan ,risquant de mourir à tout moment. Dans sa solitude elle n’a pas la force de repousser cet amour qui s’offre à elle.

-Toutes les fleurs d'Atys ont un pouvoir d'amour... Tu es la plus belle que j'ai rencontré....
Melowen rosit sous le compliment et soupire, le visage de Creenshaw s’empourpre également.
-Ca parait toujours idiot un fyros qui parle de fleurs... Mais c'est le seul moyen que j'ai pour te faire comprendre mon amour pour toi...
Melowen pense très fort à Kalean, elle se dit en elle-même : « Mon amour pardonnes-moi » et laisse aller son cœur :
-Creenshaw ferme les yeux
Creenshaw obéit, alors Melowen posant ses mains sur les épaules du fyros, se hisse sur la pointe de ses pieds. Creenshaw sent son parfum de violette puis les lèvres de Melowen qui effleurent les siennes. Durant ce bref instant, le temps est comme suspendu pour les deux homins.
-Creenshaw ne m'en demande pas plus...
Creenshaw ne peut retenir ses larmes :
-Oui...
-Et ne pleure pas....

Les yeux de Melowen se mettent à briller et des larmes perlent, Creenshaw reste quelques instants immobile comme figé, puis il prend doucement Melowen dans ses bras.
-Permets-moi au moins ceci...
La petite tryker appuie sa tête contre sa poitrine. Elle arrive tout juste à la hauteur de son cœur, là où lorsqu’ils s’étaient baignés à Thesos, elle avait aperçu la curieuse cicatrice. Le cœur de Creenshaw bat très fort et Melowen a les yeux fermés. Elle essaie de ne penser à rien, d’oublier un instant, le monde qui les entoure, mais elle ne peut oublier Kalean.

-Je ferai donc en sorte qu'il ne t'arrive rien pour le retour de ton homme...
Enlacés les deux homins continuent de pleurer.
-Pourras-tu un jour me pardonner de te faire ainsi souffrir...
Melowen relève la tête et essuie les larmes qui coulent sur les joues du fyros et lui sourit :
-Creenshaw tu es déjà pardonné
Creenshaw esquisse un sourire et essuie à son tour les larmes de Melowen avec son pouce.
-Viens Creenshaw. Allons nous restaurer et puis il faudra nous reposer. La journée de demain risque d'être longue.
-Oui... Demain sera une longue journée...

Les deux homins s’éloignent dans Yrkanis où la nuit est maintenant tombée. Dans la fraîcheur du soir, tous les parfums de l’automne s’exhalent. Ils cheminent et auprès du fyros, la petite tryker paraît une enfant…

[hrp] tout ceci s'est joué IG, merci à Creenshaw pour ce petit moment magique, je sais pourquoi je suis revenue sur Ryzom [/hrp]

[suenzi]

Cette nuit était certainement la plus dure pour le fyros. Les étoiles, les lunes, tout était fabuleux. Encore une fois, il n'arriva pas à dormir.

Peu de temps auparavant, l'homine qui réveilla son coeur était auprès de lui à diner, lui souriait, semblait heureuse, lui aussi l'était bien évidemment. Arriva cependant le moment de se séparer pour rejoindre les lits respectifs, son regard avait sûrement dû être rempli d'amour et de droiture, mais son coeur saignait...

Lors de son retour, la vue de l'ambassade lui fut insupportable, il en voulait à Atys elle même de lui faire subir ces épreuves sans cesse. Aurait il un jour réellement le droit de retrouver un peu d'amour?

Il se dit que non... Un homin maudit ne peut avoir de telles faveurs...

Creenshaw trouva alors un vaste champs d'herbe, sans hésiter, il s'y allongea et ferma les yeux.

Un sentiment contradictoire le poussait cependant à vouloir continuer à croire en cet amour. Tournant la tête, il remarqua une très belle fleur aux couleurs du ciel étoilée...

Non, il ne pourrait jamais la laisser mettre sa vie en danger, peut être son destin était il de se sacrifier pour elle?

Lui revint alors l'image des traitres qu'il pourchassaient sans cesse.

L'homin se redressa et regarda un moment le ciel étoilé.

Se levant, il ne put alors se retenir de crier la rage de toute cette contradiction faisaint ainsi fuir les yubos aux alentours.

Melowen... Il l'aimait... Il l'aimait tout simplement...

Soupirant, le fyros reprit alors son chemin vers l'ambassade, son coeur saignant abondamment...

[snark]

Dans la petite chambre de l’ambassade, Melowen était lovée contre Creenshaw, bien au chaud sous une épaisse couverture. Ils venaient de faire l’amour et la petite tryker rêvait sa tête reposant au creux de l’épaule de son amant.
Quelques jours auparavant, elle avait eu une vision étrange concernant son compagnon tryker Kalean. Cette vision lui avait fait voir plus clair dans ses sentiments et lorsqu’elle avait revu Creenshaw, elle l’avait entraîné dans une grande promenade dans la jungle Zoraï. Ils avaient marché, main dans la main, de Zora jusqu’aux Chutes Mystiques. Melowen avait fait admirer au Fyros la magie et la beauté des lieux, puis il s’était mis à pleuvoir. La neige s’était mêlée à la pluie et Melowen avait entrepris de construire un petit abri de feuilles et de branchages, vite aidée par Creenshaw. Puis Melowen avait sorti de son sac des couvertures, elle semblait avoir tout prévu, et le Fyros la regardait s’activer fasciné…

Une fois dans l’abri, bien au chaud l’un contre l’autre, leurs lèvres s’étaient jointes. Creenshaw n’avait plus alors senti aucune résistance, aucune arrière-pensée chez la jeune homine. Doucement il l’avait déshabillée, longuement il l’avait caressée et elle s’était donnée à lui comme si c’était la première fois… Longtemps après ils s’étaient endormis, bercés par le bruit de la cascade et le bruit du vent qui faisait maintenant voleter des flocons de neige…

Melowen se remémorait cette nuit et nul regret ne venait obscurcir ses pensées. Dans le cœur ravagé de Creenshaw, Melowen était venue faire éclore une fleur pareille à celles que le Fyros aimait tant cueillir. Pourtant ce soir-là, l’âme du Fyros n’était pas apaisée. Son épée avait fait couler trop de sève, ce jour-là encore il était revenue d’une de ses missions, un peu plus dégoûté de lui que la fois précédente. Lorsqu’il avait aperçu Melowen qui l’attendait devant l’ambassade, son visage s’était tout de suite illuminé d’un grand sourire, mais il n’avait pu lui cacher l’expression sombre qui animait ses traits quelques instants auparavant. Il brûlait de l’envie de tout lui dire, de soulager son cœur de ce poids qui l’opprimait chaque jour un peu plus. Mais lorsqu’il évoquait cela son cœur se glaçait, ce n’était pas la peur de trahir le serment qu’il avait fait à l’empereur, non c’était la peur de perdre Melowen, car il savait qu’il ne survivrait pas à la perte de son amour.

De Melowen, on aurait pu superficiellement s’arrêter à ses dehors de femme-enfant naïve. Mais la vie ne l’avait pas épargné et elle savait jauger le cœur des homins, même si la prudence n’était pas la première de ses qualités. Ce qui l’avait attiré chez Creenshaw c’était son âme troublée, puis elle avait découvert une grande sensibilité qui l’avait touchée. Les explosions soudaines de haine qui saisissaient parfois le fyros ne lui étaient pas passées inaperçues, cette violence lui faisait peur, non pour elle-même, elle savait bien que Creenshaw ne l’aurait jamais touchée mais pour lui. Confusément elle savait que cette haine risquait de le conduire à sa perte, si ce n’était déjà fait. Elle s’interrogeait sur les liens qu’il entretenait avec l’ambassadrice Fyros d’Yrkanis et elle avait bien vu qu’il lui arrivait de rentrer, fatigué, sombre et fourbu, son armure parfois abîmée et son arme encore tâchée de sève…

Melowen se mit sur le ventre, sa poitrine touchant celle du Fyros, elle lui caressa la joue et le regarda droit dans les yeux.

-Creen qu’est ce qui te rend si triste et si sombre parfois ?
-Je préfère ne pas en parler mon amour
-Tu n’as pas confiance en moi ?

Le Fyros sourit amoureusement
-Mais non, là n’est pas la question, mais… J’ai fait un serment.
-Pourtant je te vois parfois si désemparé… Je voudrais t’aider, mais comment le puis-je si je ne sais pas ce qui ne va pas.

Creenshaw resta un instant silencieux, il n’avait qu’une envie, tout dire à Melowen, mais la peur le retenait.

-Si je te dis la vérité… Tu…Tu risques de ne plus m’aimer.
-Creen, je t’aime pour ce que tu es. Le bon, comme le moins bon. Si ce que tu as à me dire m’éloignait de toi, c’est que je ne t’aimerais pas vraiment. As-tu confiance en mon amour ?
-Oui, bien sûr.

Le Fyros prit une grande inspiration, il serra les mains de Melowen dans les siennes et se mit à parler :

-Je suis au service de l’empereur Dexton. Pour lui j’accomplis des missions secrètes. En te disant cela non seulement, je romps mon serment, mais je te mets en danger.
-N’aie crainte, mon amour, je sais garder un secret et je sais faire face au danger.

Le cœur de Creenshaw se serrait à l’idée qu’il puisse arriver quoi que ce soit à Melowen.
-Je m’en voudrais tellement…
-Creen, s’aimer c’est tout partager, le bonheur mais aussi les moins bonnes choses… Mais dis moi tes missions, elles consistent parfois,à… Eliminer des homins ?

Creenshaw baissa la tête, mais il ne pouvait plus reculer maintenant.
-Oui, les traîtres doivent disparaître

Melowen resta un instant silencieuse, le cœur du Fyros battait à tout rompre. Puis elle lui sourit tristement :
-Comme cela doit être dur…

Dans le ton de Melowen, il sentit toute la compassion dont elle était capable. Creenshaw fut soulagé, un grand poids ôté de sa poitrine. Il savait que rien, ni personne ne pourrait le séparer de Melowen. La tryker, lui caressa doucement le visage, puis ses mains descendirent… Et Creenshaw se dit que la trahison pouvait être parfois bien douce…