Un fou vagabondait, cherchant la pierre...

[tristan7]

Le soleil disparraissait sur le désert; à l'occident, le ciel était d'ambre. Anéanti, brisé de corps et d'esprit, semblable à un arbre déraciné, le fou s'arrêta au bord d'une falaise et étendit un "lambe", étoffe fine et soyeuse, trouée de toutes parts et décorée de motif colorés. Il fit brûler de l'encens et s'agenouilla, sentant le vent déposer une fine poussière sur son masque réchauffé par les dernières lueurs du crépuscule. "la nuit sera fraïche" pensa-t-il. Il ferma les yeux un moment et les rouvrit quand il entendit un petit rire derrière lui...
une homine aveugle était la, semblant le regarder dans les yeux sans pourtant le voir.
Elle lui offrit une guirlande de fleurs posée sur une feuille de slaveni.
il la mit autour de son cou et des larmes vinrents à ses yeux.

Il embrassa l'enfant et lui dit : " Tu es une fleur et les fleurs sont aveugles : tu ne peux connaïtre la beauté de ton présent."

La belle enfant gloussa à nouveau et s'en alla en dansant jusqu'à disparaitre derrière un gros rocher. Il se retourna à nouveau vers le soleil, ferma les yeux et quand il les rouvrit, les pierres bleues et translucides étaient devant lui, semblant avoir trouvé leurs places à jamais dans le ciel du désert...L'une d'elles, plus petite que les autres, vibrait et ronronnait devant lui...il la fixa et ne put empêcher le sommeil d'arriver, bercé par les douces vibrations et les volutes de l'encens qui ne finissait pas de se consumer sur le sol rocailleux.

Il fut extirpé de son songe par les beuglements de deux kipees en rut qui se faisaient la cour au dessus de sa tête...essayant de rassembler ses esprits, il se redressa et observa les alentours; il était assis sur les feuilles mortes du Promontoire des Kipees et tremblait de froid...un peu plus loin, Neigee, la pioche à la main, était hilare et lui dit en étoufant un rire : "mon pauvre Wong...tu t'es encore endormi la pipe à la main!". Il baissa la tête et failli vomir en respirant la fumée du mauvais shooki qui brûlait toujours ; il jeta sa pipe au loin et essaya de se mettre debout. " Maudit filou de fyros mal lêché..." gromella-t-il, "je suis sûr que ce fourbe de vendeur coupe son shooki avec du gratcha avarié...Vilain tryker, il est temps que tu repointes le bout de ta crête mauve, tu es le seul à savoir nous dénicher des feuilles de bonne qualité...en attendant je vais me calmer sur la pipe...marre de me réveiller n'importe ou avec des maux de tête karavanesques..."

Wong Fei-Hung tituba jusqu'aux chutes mystiques et prit son bain quotidien...l'eau fraïche allait atténuer sa mauvaise humeur de vilain fumeur d'herbe avariée.



( Merci Moebius pour les illustrations )

[raegil]

[hrp]
Wouaw...
Tes compositions graphiques sont superbes (j'avais déjà eu l'occasion d'en admirer une ou deux ici et là) et le texte également.
[/hrp]

[ludoya]

Bravo Wong !

Et merci car ce post est une petite perle