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Songes...

Posted: Tue Feb 01, 2005 11:23 pm
by shantag
La fascination a gagné mon être et peut-être ma raison... ceux de la Karavan, disciples de Jena et dispensateurs de sa parole ont hanté ma nuit. Une nuit où le rêve me laissa un échos tenace des visions qu'il m'a suscité, rendant de réalité palpable ce que mon esprit divaguant au gré de mon sommeil façonna d'illusions incarnant ceux que l'on nomme les fidèles de Jena.
Mon âme alors ensommeillée voguant dans une nuit intangible remémora, le lendemain et en premier lieu, à ma raison éveillé la froide dimension de...


... « L’espace… Un noir vaisseau de la Karavan flotte lentement au gré des courants de l'éther...»

Par la gigantesque baie de métal transparent, il regardait l’immémoriale splendeur de l’univers. Devant lui s’offrait le plus majestueux des spectacles qu’il lui avait été donné de voir.
Des milliards d’étoiles, sorte de nacre d’énergie pure, enchâssées dans le velours noir de la voie lactée, scintillaient de mille feux.
A la fois si proche et si lointaine, une formidable nova projetait ses fantastiques spirales colorées d’orange de rouge et de blanc. Il devinait son centre si éclatant de lumière, qu’il évitait presque humblement d’y plonger son regard profane.
Quelles mystérieuses planètes, quelles sombres entités gravitaient et vivaient sous ses soleils aveuglants ? Quelles espèces restait-il à découvrir ?
Sôl soupira en pensant à la lenteur avec laquelle il fallait compter.
Toute une vie ne suffirait pas à visiter tous les mondes que recelait le cosmos infini. Même si la sienne allait être particulièrement longue…
Il était au début de sa jeunesse, sa propre vie n’aurait aucune incidence remarquable sur l’échelle du temps : l’univers n’était pas mesurable, il était intemporel, donc indéfinissable. Sôl était somme toute qu’un résultat de vulgaires équations chimiques, qui avaient certes eut un lien de parenté dans un lointain passé avec les profondeurs de l’espace, mais qui avaient fait de lui un être éphémère et périssable. Il devait cette alliance de chair à l'esprit par le simple désir de Jena, l'Entité que lui et les siens, ceux de la Karavan, révéraient depuis la nuit des temps.

Il s’avança dans la lumière diffuse de la clarté spatiale. Tout près de la baie il posa sa main contre la paroi translucide… Retenant sa respiration, un instant il se convainquit qu’il touchait du doigt la grâce de la multitude étoilée…
Il ferma les yeux et laissa communier son esprit avec les murmures venant des astres chuchotants : Un don. Ils étaient peu comme lui à pouvoir entendre le chant des étoiles. Ils faisaient partis des êtres privilégiés. De ceux-là même qui étaient les preuves vivantes de l’amour de leur déesse pour ses plus fervents fidèles. Les appareillages puissants équipant stations et vaisseaux spatiaux composant la flotte de la Karavan, recueillaient les bourdonnements, les spasmes et les chuintements des corps astraux de manière informelle, basique, tout ceci n’étant qu’une soupe saturée de parasites…
« Voix divines », « Mélopée », « Symphonie »… voilà ce que Sôl entendait. Voilà ce que son âme subissait à chaque fois qu’il s’abandonnait à l’appel des quasars-soprano, aux étoiles noire-barytons et à ces autres nébuleuses-cantatrices…

« Il est beau ».

Elle se laissa aller à la contemplation ravissante du corps de son compagnon.
Il était nu.
Sa plastique athlétique baignait dans la lumière claire obscure émanant du grandiose champ d’étoile. La vision d’ensemble était celle d’un tableau à l’accent de mystère, dont Sôl était l’œuvre centrale, un premier plan exquis de détails envoûtants en harmonie avec un second plan titanesque et insondable.
Lëana revint sur le corps de son amant : des courbes belles et musculeuses, des épaules larges et rassurantes, un dos à la descente parfaite qui se creusait légèrement à l’amorce de ses fesses qu’il avait d’irrésistiblement, et, d’indécemment rebondies.
Elle eut soudain envie de le toucher. Ses sens se réveillaient et lui remémoraient la douceur du grain de sa peau et du parfum entêtant de celle-ci ; l’arôme masculin composait avec la fragrance féminine, berçant leurs deux corps dans une atmosphère de sensualité lorsqu’il l’enlaçait, protecteur et invincible, quant il lui faisait l’amour et qu’il lui murmurait des mots tendres et secrets…
Le souvenir de cette particularité, aviva en elle la soudaine impression que toute la chambre embaumait la si familière et si captivante odeur masculine.
Le désir de se lever du lit, d’aller le toucher et de lui dire qu’elle l’aimait, la brûlait intérieurement. Mais elle se l’interdit, savourant ce moment de beauté absolu.
C’est en étant à peine consciente de son geste qu’elle fit passer ses doigts sur la corolle de ses seins. La bouche légèrement entrouverte, elle ne respirait presque plus, de peur de briser cette vision enchanteresse. Elle guettait le plus infime de ses gestes, hypnotisé par la splendide beauté de cet éphèbe… et elle ne puit s’empêcher de le lui dire.

Dans la nuit de la chambre nuptiale, les yeux de Lëana, habituellement vert-félin, prirent une étrange teinte mordorée : Elle entrait en osmose télépathique avec l’homme qu’elle aimait…

Par delà le chant des étoiles, il entendit les notes de l’ode à l’amour que sa compagne lui adressa en silence. C’était comme une brise chaude et légère qui grisait peu à peu ses sens. Et tout se précipita… Il trembla soudainement de bonheur sentant cette vague d’énergie brute affluer de son être et gagner le sien. Elle l’inondait volontairement de sa passion. Il vivait ses pensées, et, voulant s’offrir à lui, elle l’invita au royaume de ses émotions, au cœur même du lieu secret où l’évanescence de son amour pour lui, puisait sa force, permettant à son âme de caresser la puissance originelle génitrice.
A ce moment, Sôl ne contrôla plus son corps. Submergé par une sensation de bien-être si intense, elle le vit chanceler. Lui-même ne se sentit pas tomber à genou. Les bras tendus, sa tête, courbée entre ses épaules, se balançait lentement de droite à gauche, au gré d’une béatitude exquise. Les yeux mi-clos, sa respiration s’accélérait devenant un halètement répété, puis, des râles leurs succédèrent très rapidement. A un moment il voulut se détacher de cette fusion émotionnelle dans laquelle elle avait le rôle d’une déesse passionnée et lui celui d’un adorateur béni par l’état de grâce. Mais elle le retint.
Des larmes roulèrent sur les joues de l’homme…Il s’effondra, en proie à un paroxysme de plaisir. Son corps, grisé de sensations ondoyantes, se convulsa au rythme de chacune des vibrations d’amour qu’elle faisait naître dans toutes les zones érogènes de son amant. Elle accentua son emprise psychique sur les sens corporels de ce dernier. Il n’y eut, alors, plus de râles, mais seulement une longue plainte continue qui gagnait en amplitude à chaque instant. Arrivé au bout de ce spasme orgasmique ses yeux se révulsèrent… C’est à ce moment qu’elle relâcha son emprise télépathique.
Sôl comprit que son corps allait hurler son droit à la vie… Soudain ses poumons exultèrent et arrachèrent leur tribut d’air. Son cœur s’affola et réactiva sa « fonction moteur ». Son sang charria des convois surchargés en oxygène. Tous les membres de son corps réclamaient leurs dus, et non pas un à la fois mais tous en même temps…

Plusieurs longues minutes passèrent avant qu’il puisse à nouveau rassembler ses esprits et retrouver suffisamment de force pour se relever en s’appuyant contre la douce baie vitrée. A nouveau debout, reprenant sa position première, il lui tournait toujours le dos. Elle entendit cependant qu’il n’avait pas encore complètement récupéré son souffle. Elle en fut amusée.

- A force de me narguer en te promenant aussi nu que le premier homme de la création, tu n’as eu que ce que tu méritais… Mais dans ma grande compassion je me suis rappelée combien était fragile la santé des hommes, c’est pourquoi je n’ai pas mis le « paquet »…

Le sourire franchement espiègle, elle attendit sa réaction. Il ne se retourna pas tout de suite, savourant certainement la phase de plénitude qui accompagnait la suite de ce type de pratique « sexuelle ».
Il prit une longue inspiration et brusquement il fit face… Sa stature était impressionnante. Il n’était plus aussi diminué qu’il l’avait été quelques instants auparavant. Elle se sentit subitement à son tour très fragile devant son homme, superbe. Forçant son air goguenard, elle lui lança une bravade qui devait cacher son émoi :

- Tu penses m’impressionner avec ton air invincible " …et ton corps où tes muscles saillants roulent sous ta peau bronzée !!!"- elle se ressaisit - euh… Tu étais à ma merci… tu…
Il s’avançait vers le lit qu’elle occupait, les yeux fermés, arborant à son tour un étrange sourire.

« Mon Dieu, il est si beau… ! ».

- …Approches pas ! Enlève ce sourire, tu as l’air… ridicule !
Il n’en fit rien.
Moins sûre d’elle, Lëana ramena pudiquement en un geste incontrôlé ses jambes sous elle. Il se tint au-dessus d’elle. Elle frissonna et son cœur se mit à battre de plus en plus vite.

- Si tu crois que j’ai rien compris à ce que tu crois pouvoir être sur le point de faire…

« Tu vas me prendre, tendrement et puissamment ou sauvagement et puissamment ? ».
Elle lorgna sur le sexe de son amant, colonne de marbre érigé…

- C’est ton sexe qui te sert de boussole dans l’obscurité de la pièce.

« Puissamment ! Comme tu veux mais prends-moi puissamment !!!».

Elle fit mine de prendre l’initiative…
Elle se redressa dans l’intention de le prendre en bouche… Mais il posa la paume de ses mains chaudes sur ses graciles épaules et l’amena doucement mais fermement à s’allonger sur le lit. Puis il bloqua délicatement de ses mains les fins poignets de sa maîtresse.

- Tu me fais aucun effet…

« Je suis déjà excitée… ».

Elle sentit sa poitrine se gonfler d’un désir de plus en plus insistant. Au moment où il s’arc-bouta au dessus d’elle il ouvrit grand les yeux. Elle ne puit réprimer un « oh !» de surprise en contemplant cette couleur or-orangée qui emplissait l’intégralité de ses yeux. De minuscules flammèches en lapaient les contours.

- Mon paradoxal amour tu es une grande bavarde autant sur le point de vue physique que psychique. Alors comme ça tu veux que je te prenne « tendrement » ou « sauvagement » ? – Il combinait les deux modes de langage d’une manière déconcertante. Il lisait avec une sournoise facilité les pensées de Lëana – « Je vais faire les deux Lëana, et je vais le faire puissamment !!! ».

Elle eut une futile tentative de protestation en se soulevant un peu. Mais il était décidé. Il allait lui rendre la monnaie de sa pièce mais au centuple, en usant de la même technique que lui avait fait subir Lëana. Le pouvoir télépathique de Sôl était le plus puissant recensé parmis ceux de la Karavan et il savait rudement bien le maîtriser, bien mieux que le faisait sa compagne. Il allait en plus lui faire l’amour, ce qui avait pour effet de décupler les sensations qu’il avait commencer à faire naître en elle. En temps normal, les amants usaient en même temps de leur pouvoir pour contrebalancer les effets transcendantaux qu’ils s’infligeaient l’un à l’autre. Lëana émit une ultime plainte :

- Mon… Mon énergie psychique… Je n’ai pas eut le temps de me ressourcer…
Il sembla considérer un moment sa remarque en se levant haut sur ses avant-bras. Il attendit un bref instant et… ses yeux prirent une profonde teinte « lave volcanique ». Son sourire se fit plus large. Elle déglutit une fois et vibra de tout son corps de femme dans l’attente de la promesse d’orgasmes à répétition. Alors, elle s’offrit à lui en soupirant d’aise et…
A son tour il allait lui faire connaître, ô combien il l’aimait…



L'aurore caressant de sa douce lueur mauve la couche où moi et mon aimée dormions, fit persister, complice, les angles adoucies de l'alcôve des amants stellaires. Peu à peu le jeu d'ombres s'estompa, et me relevant sur mes coudes, j'assistais à l'évaporation erratique de l'image diaphane d'un lieu qui n'était pas d'Atys. Mon coeur battait à tout rompre. Alors elle fit un geste caressant provoqué par les habitudes non coutumière de son amant réveillé si tôt... Elle, Matis aimante, m'apaisa en posant une main attendrie de la volonté de rassurer celui qui fut hanter d'une tourmenteuse chimère.
Mon regard se posa enfin sur celle que j'aimais... et je vis là le spectre charnel de celle que mes songes avaient appelé "Leana" me souriant en lieu et place de celle que j'aimais. Une facétie d'un soleil s'étirant, iradia brusquement le voile fantomatique, effilochant l'image vaporeuse en de multiples filaments devenant instable et inéluctablement invisible.

... Quant à elle... Je sus par l'étrangeté de son regard, que celui qu'elle vit à son propre réveil, aussi brève que fut cette apparition, était bien différent de celui qu'elle appelait Shen.

Sôl l'avait regardé. Sôl lui avait sourit, avant d'être à son tour rappelé par l'astre de lumière au service de l'oeuvre de Jena.

/HRP: Les libertés prises quant à l'apparence physique, le rapport charnel et la conversation familière des deux amants présumés Karavan, sont à rapprocher d'une adaptation primaire faite par le cerveau rationnel du rêveur, qui convertit des images d'êtres, de lieu et de conversations avec ses propres expériences d'homins. Le schéma du cerveau emprunte le chemin le plus compréhensible pour la raison afin de limiter les débordements délirants et chaotiques de l'inconscient. L'homin par le jeu de la sauvegarde qu'impose le conscient face à l'inconscient a retranscrit ce rêve avec des éléments de son propre domaine d'expérience, d'où cette interprétation libre./HRP