Elle se trouvait dans un état de transe indéfini, pas vraiment consciente, mais pas vraiment inconsciente non plus. Un état semi végétatif… elle sentait l’humidité autour d’elle, les cris d’animaux qui n’étaient pas ceux de sa jungle natale ni du désert… elle devait être dans les Racines, mais elle n’en était même pas sûre…
Et cette douleur dans sa tête, lancinante, terrifiante, interminable, qu’elle semblait ressentir depuis une éternité déjà, mais qu’elle savait anormale. Elle savait qu’elle devait réagir, mais elle n’en avait tout simplement pas la force. Une morte en sursis, voilà ce qu’elle était. Pour d’obscures raisons, elle savait que sa fin était proche.
Soudain, mais elle ne saurait dire si c’était après quelques minutes ou après des jours, elle parvint à rassembler ses souvenirs. La douleur se faisait moins intense, il lui sembla qu’elle parvenait à ordonner ses pensées. La terreur la transperça lorsqu’elle se souvint de ce qui lui était arrivé et de l’homin qui la contrôlait encore en ce moment. Elle réalisa qu’elle avait peut-être une opportunité de s’échapper. Elle sentait toujours le lien pénétrer son esprit, mais il était moins fort qu’auparavant. Elle ressentait l’homin par ce lien, elle savait dans quelle direction il fallait orienter sa défense.
Dans un effort surhomin, elle rassembla le peu d’énergie qui lui restait, laissa la sève couler jusque dans ses mains, se concentra sur l’homin et lança son sort, un sort de peur, qui, elle l’espérait, le paralyserait suffisamment longtemps pour pouvoir échapper à l’emprise du Fyros. Le sort avait passé, elle senti le lien s’amenuiser, et elle força son corps à réagir : courir, courir, c’est tout ce qui importait.
Plus elle s’éloignait, et plus le lien avec l’homin diminuait. Ainsi le sort que lui avait lancé le Fyros devenait-il moins puissant avec la distance. Elle eu à peine le temps de voir où elle se trouvait : un lac de sève, des varynxs, des tyranchas, puis réalisa qu’elle avait encore son sac sur elle. Elle pria les Kamis pour qu’elle y trouve ses pactes, réalisa avec soulagement que son sac n’avait pas été vidé, et brisa avec précipitation un pacte vers Pyr, le premier qui lui tomba sous la main.
La voilà, hébétée et surprise, aveuglée par le soleil du désert, absorbant sans trop comprendre ces senteurs et ces bruits familiers. Elle est à l’autel de Pyr, elle le sait, et il y a des homins autours d’elle, certains la saluent, mais elle ne reconnaît personne. Sa vision est troublée ; elle réalise qu’elle n’a pas encore récupéré tous ses moyens. Mais surtout, la douleur a disparu, laissant un grand vide et une grande confusion dans son esprit.
Il n’y a qu’une pensée dans sa tête : alerter les homins, alerter les autorités ! Par réflexe, elle crie
« Dilus ! Je dois voir le Général Dilus ! » et elle se précipite à l’endroit où elle pense le trouver, au Corps de Garde de Pyr, sans même faire attention aux homins autour d’elle.
Elle court à en perdre haleine, reconnaissant à peine les rues de la Cité Impériale, se perdant même au passage dans les étroites ruelles. Enfin arrivée au corps de garde, elle manque de se heurter à un Fyros qui barre l’entrée du bâtiment, et elle lui intime de la laisser passer car elle doit voir le Général Dilus de toute urgence.
« Hélas, Zoraï, le Général Dilus est mort », répond le Fyros. Elle croit le reconnaître, elle pense que c’est le Sergent Thulam, mais n’en est pas sûre. Elle n’a pas absorbé l’énormité de la nouvelle, elle n’a pas demandé comment cela était arrivé. Elle parvient juste à articuler :
« Par Ma-Duk ! Je dois parler à un officiel, c’est de la première importance ! »
« Dites-moi ce qui se passe, Zoraï », répond le Sergent.
Elle commence à lui expliquer qui elle est, et dès que le Sergent entend la mention de « Grand Dragon », il devient soudainement plus intéressé. Elle lui raconte ce dont elle se souvient, mais sa mémoire est embrouillée et ne lui viennent que des bribes. A l’évocation de sa fuite, le Sergent Thulam comprend enfin qui elle est :
« Ah mais vous êtes la Zoraï qui a disparu ! Racontez-moi cela ! Qu’en est-il des autres disparus ? »
Elle voit la foule s’agglutiner autour d’elle, quelques visages connus mais elle n’arrive pas à leur donner un nom. Elle décide que ce n’est pas important pour le moment, à l’évocation d’autres victimes, elle réalise, et apprend, qu’elle n’était pas la seule :
« Par les Kamis, il y a d’autres homins ? Il faut vite les retrouver, ils sont en danger de mort ! ». Elle ne les a pas vus ces homins, mais elle se souvient du Lien, elle se souvient de ce sentiment de demi-mort. Peut-être n’auront-il pas la chance qu’elle a eue de pouvoir échapper à la puissance des Initiés du Culte. Elle donne les maigres indices dont elle parvient à se souvenir, et presse les homins de se mettre en route. Comme une litanie, elle lance :
« Dépêchez-vous ! Nous n’avons pas le temps ! ». Elle sent au plus profond d’elle-même que quelque chose est en train de se produire, mais elle ne saurait dire quoi. Dans un état second, elle décide de suivre le Sergent Thulam, espérant qu’elle parviendra à aider les équipes de recherche.
Le groupe se donne rendez-vous à Yrkanis, afin de joindre le Gouffre d’Ichor. Puis soudain un contrordre, les homins auraient été découverts à la Fosse aux Epreuves. Ce nom lui rappelle quelque chose, et elle reste dans un état second pendant plusieurs minutes. Lorsqu’elle revient à elle, elle réalise qu’il n’y a plus grand monde autour d’elle, aussi brise-t-elle un pacte, le dernier qui lui reste, pour l’autel Kami de la Fosse aux Epreuves.
Une fois arrivée sur place, elle est seule à l’autel. Pensant retrouver rapidement les autres, et se rappelant qu’il y a un lac de sève au sud, elle se lance dans l’obscurité avec l’étrange sentiment de revenir en des lieux dans lesquels elle est trop longtemps restée.
Mais sa vigilance est amoindrie, ses forces l’abandonnent, et elle ne peut se défendre, alors qu’elle arrive au lac de sève, face aux terribles tyranchas. Mais elle est sûre : c’est bien là qu’elle était détenue. Elle crie à l’aide, mais il n’y a personne alentours. Elle espère que c’est un bon signe, que cela signifie que les autres victimes ont été libérées. Elle prie pour que son évasion ait servi à quelque chose…
Elle se retrouve par la volonté des Kamis au Vortex, et entreprend de rejoindre l’Atelier le plus proche, celui de la Porte d’Aeden. Elle rencontre Xiombarg et Aierin, et c’est ensemble qu’elles arrivent à l’Atelier, retrouvant avec soulagement le Sergent Thulam, et une multitude d’autres homins.
Elle ne sait pas ce qui s’est passé, elle ne comprend pas ce qui se passe autour d’elle, mais elle réalise aux mines réjouies autour d’elle que les autres homins ont pu être sauvés. Un des Initiés a pu s’échapper, et cette idée la fait frémir. Elle entend Req parler de Goo sur le corps d’un des homins, et cela ne la rassure guère. Elle se rappelle le nom des autres victimes, Oleronvaul et Kozerk, et se dit qu’il faudra peut-être qu’elle les contacte, plus tard, afin qu’ils recherchent ensemble leurs tourmenteurs.
Mais pour l’heure, c’est de repos dont elle a besoin, et c’est éreintée qu’elle brise une nouvelle fois un pacte vers Pyr, sa nouvelle demeure.
Et c’est glacée d’effroi qu’elle se rappelle, au moment de s’allonger, qu’elle a levé la main sur sa propre cousine…
-hrp-
BlasterCalm est une Zorai et pas une Fyros
, même si elle se sent probablement plus Fyros qu'autre chose.
Bravo à l'équipe d'animation, il y a avait beaucoup de travail de préparation là-derrière, et je suis déçue aussi que certains n'aient pas pu participer comme ils l'auraient souhaité.
Edit : ajout de quelques images