Poison....

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sheelba
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Poison....

Post by sheelba »

La lumière de l'aube traversait les eaux irisées du Lac et apportait un peu de clarté dans l'appartement. Tomelin était réveillé depuis longtemps. Une nuit trop longue, sans sommeil. Trop de sombres pensées l'avaient tenu éveillé. Un coeur devenu trop lourd... Une forte lassitude de l'hominité...
Il frissonna. Il se leva doucement. A côté de lui, Shellyna s'agita mais resta plongée dans le sommeil. Il resta longtemps à observer le corps de sa guerrière, admirant les reflets de l'eau sur ses courbes parfaites et ses couettes violettes. Il souriait en voyant les traits fins de son visage que venait souligner la cicatrice sur sa joue.

Comme à son habitude, quand une atmosphère malsaine l'étouffait, il prenait son paquetage, le strict minimum pour pouvoir prendre un nombre impressionnant de bouteilles de psykopinthe, et partait vadrouiller à l'extérieur. Un réflexe, un restant de son époque de réfugié quand il vivait avec son clan disparu. De toute façon il avait toujours eu du mal à rester dans l'appartement, il avait toujours eu besoin d'air et d'espace.
Il fourra silencieusement ses amplificateurs magiques dans son sac et son matériel de forage, y jeta une poignée de fruits et un morceau de viande séchée puis s'équipa partiellement de sa vieille armure lourde. Il allait décrocher sa hache dans le râtelier quand il se ravisa.
Un petit quelque chose le travaillait, une étrange impression ou un pressentiment. Qu'importe ! Il sentait qu'il devait le faire ! Un besoin impérieux comme qui dirait.
Il griffonna quelques mots à l'attention de sa belle : « Y ameen'eli sul tolldoy .... yem ny-skaya ». Il les savait sincères, il savait qu'elle les comprendrait.

Il fit le tour de l'appartement, embrassant avec légèreté les enfants, de peur de les réveiller. Le lit de Ronron était vide, certainement endormie dans les bras d'Oiro sur une plage. Il s'arrêta à nouveau devant Shellyna. Il avait une envie furieuse de l'étreindre dans ses bras avant de partir, mais il hésita, sa main effleurant doucement le grain de sa peau, sensation voluptueuse au bout des doigts.
- « Ny-aaamn... », gloussa-t-elle toujours endormie.

Il s'éloigna lentement, agrippa enfin sa hache et sortit dans l'air frais du matin.
Les odeurs lacustres frappaient ses narines. Encore une fois, cette étrange sensation. Il huma l'air comme pour garder un souvenir de cette odeur, regarda le paysage qui s'offrait à ses yeux et la vie qui s'éveillait doucement à Fairhaven. La magie des Lacs ! Leurs magies naturelles, bien plus puissante que celles des kamis.
Puis il brisa presqu'à regret un pacte pour les Lagons de Loria. La lumière bleue, froide, impersonnelle des pactes karavan. Et la blancheur éclatante de la sciure éclairée par le soleil lui sauta au visage au point de lui faire plisser les yeux.
Il acheva de mettre son armure lourde, ses mains se resserrèrent sur le manche de son arme et il s'élança au hasard, sans but précis, juste pour dérouiller ses muscles engourdis.
Mais bientôt il devrait se mettre à la recherche de sources de matières pour quelques pièces d'armure. Un vieux foreur tryker lui avait indiqué un endroit qui, d'après ses dires, valait son pesant de dappers et ferait sa fortune.
Le vieil homin était trop saoul quand il lui avait parlé de cette source fabuleuse et ses indications trop hasardeuses. Aussi Tomelin passa une partie de la journée à tourner en rond à la recherche de cette souche noire sensée se dresser vers le ciel, aussi droite que l'arrogance d'un matis.
La faune était toujours bien active. Il évita un groupe de torbaks en train de se repaître du cadavre d'un wombai, mais pour se faire il longea une falaise.
Il n'était pas à ce qu'il faisait.
Le pêle-mêle de ses pensées entravait sa conscience et sa vigilance battait de l'aile comme un izam blessé. La fatigue aussi n'arrangeait rien
Soudain un cri strident, cette plainte lugubre si caractéristique et tant détestée. Tomelin eut juste le temps de lever le manche de sa hache et de parer l'attaque du kirosta surgi de derrière une anfractuosité de la falaise. La violence du coup le projeta au sol et lui coupa le souffle.
Le kirosta s'élança pour le piétiner. Le tryker roula sur le côté et se releva rapidement, le souffle encore court.

L'homin et le kitin s'observèrent un instant puis, dans un rugissement commun, s'élancèrent l'un vers l'autre. Le choc sourd des deux corps caparaçonnés effraya quelques herbivores et résonna longtemps le long de la falaise. La hache du tryker virevoltait dans une danse mortelle cherchant un point vital à meurtrir tandis que les appendices du kirosta étaient animés d'une rage froide et instinctive
Tomelin évita de justesse le dard suintant de poison mais une des pattes du kirosta le toucha à la tête faisant voler au loin son casque lourd. Assommé, la sève de sa blessure transformant sa vision en un brouillard rouge, il donna un violent coup d'épaule pour déséquilibrer le kirosta tandis que sa hache frappait à l'opposé et sectionnait une des pattes à la jointure.
Le kirosta chancela sous la double attaque et s'écroula sur le sol.
La hache s'éleva mais le sourire de joie du tryker s'effaça quand le kitin se remit rapidement sur ses pattes et lui fit a nouveau face. Le kirosta se redressa de toute sa hauteur et rugit sur le tryker, défiant ce dernier de toute sa malignité. De rage, Tomelin lui répondit en lançant son cri de guerre et s'élança à nouveau sus à la bête.
Le ballet mortel reprit, les adversaires se rendant coup pour coup. Tous deux pissaient la sève de multiples blessures et les poumons de Tomelin ressemblait à un feu de forge fyros à plein régime. Ses muscles douloureux le faisaient maintenant grimacer à chaque coup. La hache devenait trop lourde à lever et les attaques s'espaçaient imperceptiblement. Le combat devait cesser rapidement. D'une manière ou d'une autre.

Le tryker recula pas à pas, l'armure dans un piteux état, parant les coups de sa hache, guettant l'instant propice.
Le kirosta le suivait mais glissa sur la sciure gorgée de sève. Son corps s'affaissa, l'attention de la bête occupée à garder l'équilibre.
- « Maintenant ou jamais ! », murmura le tryker, levant déjà haut la hache dans le ciel.
Il l'abattit de toutes les forces qui lui restaient sur la tête du kitin. L'arme éclata la carapace, libérant des humeurs visqueuses, se fichant dans les couches inférieures. Au passage la lame de la hache avait volé la vie du kirosta.
Dans un sursaut instinctif, la bête se redressa en rugissant, ses membres animés de tremblements particuliers. Le dard vola vers Tomelin et se ficha dans son épaule gauche, faisant volet en éclat le manche de la hache.
Dans une pantomine morbide, une dernière danse, le kitin et l'homin tournèrent encore une fois ensemble avant que le kirosta ne s'écroule au sol, sans vie.
Tomelin hurla, le dard toujours fiché dans son corps, le poison se déversant en flot continu. Il enleva péniblement l'appendice mais le liquide mortel s'insinuait irrémédiablement dans ses veines. Il le sentait couler doucement, petit à petit, attaquant sa vitalité inexorablement.
Il quitta le lieu du combat non sans saluer une dernière fois son ennemi. Un adversaire maudit, mais après tout...
Il prit le chemin du Lac, les plages étant relativement plus sûres. Le poison rendait son jugement mortel à chaque seconde et se déplacer demandait un effort de plus en plus difficile. Il avait l'impression que de la résine bouillante glissait sous sa peau. Il se sentait à l'étroit dans son armure, aussi il jeta les pièces ébréchées au sol, petit à petit, signalant son passage comme un jeu de piste.
Le Lac était en vue, il ne voulait pas rentrer à Fairhaven. Le moindre mouvement lui coûtait. Il s'adossa péniblement à un olansis. Le poison se rapprochait de son coeur, il en sentait la progression. La douleur le fit grimacer à nouveau.
- « Ptet que... Jena va.... », commença-t-il dans un réflexe de peur superstitieuse.
Il chercha une bouteille de psykopinthe en tâtonnant dans son sac, la déboucha et en avala une copieuse rasade. La brûlure de l'alcool se mélangeait à celle du poison. La grimace était toujours là mais le plaisir en plus.
- « Bah Jena elle fera ce qu'elle veut.... après tout », fit-il en levant légèrement la bouteille à sa santé, « La boucle est bouclée ! Les kitins m'ont fait naître.... ils reprennent ce qu'ils ont créé. »
Le soleil se couchait. Tout prenait cette teinte orangée qu'il affectionnait tant, celle d'instants si délicieux. Des flots de souvenirs refirent surface, charriant des moments de joie, des visages, des sourires, mais aussi des mains tendues, toutes ces images s'échouant les unes après les autres sur ce qui lui restait de conscience.
Il porta la bouteille à ses lèvres mais elle lui échappa, roulant doucement jusqu'au bord de l'eau.
- « Shelly..... », lâcha-t-il dans un dernier souffle.
Last edited by sheelba on Sat May 02, 2009 1:28 am, edited 1 time in total.
Tomelin
Appât à Slucer des Lames d'Aeden


"Je n'existe pas parce que je clique, j'existe parce que je réfléchis." (Lao-Tseu, VIè siècle av. JC)
elmera
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Re: Poison....

Post by elmera »

Ronron est triste depuis que son père est parti et pas revenu. Elle est restée dans son coucouche panier attendant son bisou, son ébouriffage de cheveux. Rien... Toute la meute y a mit du sien pour lui redonner le sourire Rien... Elle a même fini par mordre un garde du hall de la guilde et s'enfuir.

Seule dans les primes avec ses souvenirs, sa douleur... elle revoit sa rencontre avec la meute pour la première fois, son premier yubo offert par Tomelin, Nepher k'ann et Fei qui avaient peur d'elle et qui avaient presque vomit en la voyant manger son yubo. Pangtong son premier joujou. Shellyna la cheffe de la meute armée d'un truc plein d'eau beurk... Le bain ave le chavon quelle horreur !! Les soirée chez Ba'naer, les "eux pas miam", sa première massue a deux pattes qu'elle a apprit a utiliser sur un lucio de Kress et Blondine les deux GGrrr...

Tout ca fait mal ! Et elle sait pourquoi son père est parti ce jour la !! C'est encore eux !! Du haut de ses 17 années de Jena Ronron décide de passer un cap dans sa vie ! Quand elle rentrera c'est fini la gentille Graou, fini la petite varinx ! Elle gardera ce blason a vomir, elle ira jusqu'au bout, de l'intérieur elle détruira par tous les moyens les karavaniers ! Ou qu'ils soient, quoi qu'ils fassent c'est la guerre ! Elle jouera avec leur sève et défendra les lacs maintenant elle n'a plus rien a perdre même si son père n'avait que disparut.

"Vous avoir créé Ronron subissez la minant !" Ses premiers mots de retour a Fairhaven.
Last edited by elmera on Fri May 01, 2009 8:38 pm, edited 1 time in total.
dragondrax
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Re: Poison....

Post by dragondrax »

- Je suis de passage, je vais faire mon sac et partir en voyage.

- En voyage ?

- Je pars faire du forage en Loria, ...

Un goût amer avait envahi la bouche du jeune Tryker. Quelque chose au fond de lui hurlait que c'était peut-être la dernière fois qu'il verrait cet homin avenant, ce père de famille fier, ce Tryker on ne peut plus conventionnel... Un ami.

Esprit aussi tordu que le sien par moment, ils ne se connaissaient réellement pas depuis fort longtemps, et pourtant, Tomelin avait été là quand il avait demandé aide, explications, et compréhension. Il avait été là pour toutes les idées totalement abracadabrantesques du jeune Tryker aux pensées tortueuses, appuyant ses idées, ou proposant des idées faisant écho aux siennes. Là, il avait été là.

Mais il n'était pas revenu de son voyage. Il n'était plus là. Et son absence laissait sans nul doute possible une épouse triste, des enfants orphelins... Et des amis.

Et avec fierté néanmoins teintée de tristesse et d'amertume, Myltarhien pouvait pleurer un ami.
Myltarhien Windsee, Taliar Tryker des Eaux Troubles.
Rédacteur en chef du Yubo Nageur, Editions Clopper Chanteur.
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psychee
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Re: Poison....

Post by psychee »

Psychee avait mis du temps à savoir pourquoi d'aussi loin, sans rien en connaitre, elle avait entendu son Chant, à lui, et ressentit comme une gifle de soldat Fyros la mort du kittin... et l'agonie de l'homin.

Elle essaya d'apprendre si des gens avaient eu des nouvelles du Taliar Tomelin, si il avait été retrouvé, sans dire ou avouer qu'elle le savait déjà mort. Le poisons avait dévoré sa nano-graine même, et il ne reviendra pas.

Et elle comprit que si tout le monde savait, personne ne l'avait vu revenir.

La jeune matis albinos essaya de trouver des amis parmi les clans des taliari, pour aller chercher le corps de l'un des leurs. Elle avait senti son dernier hurlement de victoire, elle retrouverait où son corps se trouvait dans les Lacs... enfin.. elle l'espérait.

Il fallait que Tomelin retrouve les siens, et une tombe... si les prédateurs et les charognards leur en laisseraient le temps...
"La Vie est un cadeau"
Psychée Aquilon Alanowë, la Zoraï Blanche, Fille de Liandra d'Alanowë
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karotien
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Re: Poison....

Post by karotien »

Shellyna avait l’habitude de dormir toutes les nuits blottie contre son homin. L’agitation dont elle faisait preuve cette fin de nuit là était une recherche inconsciente et vaine de la chaleur du corps protecteur de son ny-amn.

Alors que les premiers rayons du soleil commençaient à pénétrer la masse d’eau qui séparait leur appartement de la surface, d’irréguliers reflets dansaient sur les murs de l’appartement. Shellyna se redressa en sursaut avec l’inquiétude irrationnelle, semblable à celle que l’on peut avoir après un cauchemar, d’un manque….
- « Ny-amn ?! » cria-t-elle.
La seule réponse fut un silence total que l’on peut souvent apprécier lorsqu’on se trouve immergé à quelques mètres sous l’eau.

La Trykette savait que Tomelin était capable de se lever tôt, quand il n’avait pas trop bu la veille, pour aller chercher un "petit" déjeuner digne de rassasier la faim vorace de son épouse. Ce genre de petites attentions qui changent toujours un instant banal en un moment magique et inoubliable. Aussitôt le sourire lui revint et l’inquiétude disparut. Elle se rallongea, prête à faire semblant de dormir pour ne pas compromettre cette délicate preuve d’amour.

Elle retira la couverture à elle jusqu’à hauteur du nez, guettant l’arriver de son homin, prête à fermer les yeux dés qu’un bruit trahirait son retour. En observant les jeux de lumière son regard s’attarda sur un pan du mur.
- « La hache…. » murmure-t-elle, instinctivement elle tourna la tête vers les autres affaires de son homin. « Son armure ! »
La couverture vola dans l’appartement tellement la précipitation de l’homine pour se lever fut prompte.
C’est alors qu’elle remarqua là sur la table : « …un mot » pensait-elle « peut être avait-il décider d’aller chasser, après tout il en avait sûrement besoin pour évacuer la rage qui bouillonnait chaque jour de plus en plus en lui. »

En lisant ces mots « Y ameen'eli sul tolldoy .... yem ny-skaya » elle comprit qu’elle ne le reverrait pas avant des jours… peut être des mois… Tomelin avait pour habitude quand tout allait mal de s’exiler pour forer et boire…le plus souvent dans les primes. Cette pensé figea la trykette. Nombreux homins pestaient contre une activité kitin renouvelée.
- « Pourvu qu’il n’ait pas en tête d’aller la bas ! »
Les primes étaient redevenues excessivement dangereuses mais ce n’était hélas pas l’unique lieu menaçant pour un tryker guidé à la psykopinthe. Shellyna savait qu’elle pourrait ne plus jamais revoir son homin… elle reteint quelques instants ses larmes et chassa cette pensée de son esprit.

Soudain de légers cliquetis dans la serrure ! Elle se précipita à la porte manquant de peu de trébucher !
- « Ny-aaaamn ! » fit-elle en ouvrant brutalement la porte.
Deux gros yeux surpris fixèrent Sellyna. La petite fille qui avait été particulièrement discrète ne s’attendait pas à trouver sa mère derrière la porte.
- « Maman ? …Je faisais juste gromenade av… »
- « Ce n’est rien Ronron… » l’interrompit Shellyna au grand étonnement de sa fille.
L’expression de la petite Varixia changea, elle avait vécue ou survécue de longue année parmi les varinx et cela avait éveillé son instinct bien plus que la normale. Elle sentait que sa mère était anormalement inquiète et elle demanda :
- « pôpa parti ? »
- « Oy Ronron… papa est allé forer. » Shellyna avait du mal à dissimuler dans sa voix le noeud qui lui serrait la gorge. « Il reviendra bientôt… dans quelques saisons... tout au plus. »
Shellyna détourna la tête et pris sa fille dans ses bras pour pas qu’elle la voit pleurer.
La petite Ronron n’était pas dupe… elle se mit à lécher les larmes de sa mère et réussi à obtenir d’elle un léger sourire.
- « Aller Ronron… faut que j’avertisse les Lames maintenant… » Alors qu’elle s’habillait Shellyna observait sa fille se diriger tristement vers son panier. Toutes deux savaient que maintenant tout serait différent.
Last edited by karotien on Mon May 04, 2009 6:13 pm, edited 1 time in total.
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psychee
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Re: Poison....

Post by psychee »

(Préambule : je remercie vraiment les deux joueurs qui m’ont croisé dans les Lagon de leur fair-play et de leur excellent RP ! Je ne les citerai pas, puisqu’ils étaient masqués et sans aucuns insignes, et en apparence des mercenaires ou brigands, mais je tiens à honorer leur fair-play remarquable et leur sens du jeu !)

Il y avait une heure que, sous la lumière de la grande lune qui perçait mal l’épais couvert nuageux de l’hiver commençant, Psychee, et trois gardes des Libres, dont le vieux Hamtock, le sergent Fyros, erraient dans les dunes de la Loria.

Hamtock ne disait rien en suivant la jeune matis. Et avait fait taire d’un regard ses deux gardes, qui avaient commencé à émettre des commentaires sur cette drôle de fille en train de prétendre qu’elle pourrait trouver le cadavre d’un homin qu’elle n’avait peut-être vu qu’une fois, et ceci sur la simple foi qu’elle l’avait « entendu mourir ». A des lagons de là, bien sûr. Les deux gardes avaient du mal à y croire.

Hamtock ne se posait pas la question. Mais il n’aimait pas ça. Les Lacs craignaient une guerre imminente, il avait donc du prendre deux cadets peu formés, pour laisser les meilleurs gardes au camp. Et des cadets trykers qui plus est, ce qui rendait selon lui la chose encore plus difficile. Le sens de la discipline de ces gens là était toujours discutable.

Et si le choix de se déplacer de nuit pour échapper à certains regards en cas de danger était une bonne idée, ce que craignait le vieux Fyros n’était pas les Kirostas. Mais les homins.

- C’est ici… c’est ici que je l’ai senti. Au moins retrouvons ses armes, sa famille doit pouvoir avoir quelque chose à honorer.

Il n’y avait rien, à cet « ici » ; sauf quelques plantes, et les traces récentes de grands animaux. Hamtock ne fit aucun commentaire, et aboya sourdement des ordres aux deux cadets. Le quatuor commença dans l’abri de l’obscurité à chercher des traces plus précises de ce que Psychée avait décrit comme un combat très violent contre un grand Kirosta, qui était mort lui aussi.

Le Kirosta se découpa dans l’ombre du ciel quelques minutes plus tard.
Son corps était déjà colonisé par des millions d’insectes et d’animaux nécrophages, et les articulations de son exosquelette s’effondraient sous leur tâche acharnée. Tout près, il y avait les traces de la lutte. Quelques pas dans la sciure bousculée, peu de choses, que le vent glacial s’empressait déjà d’effacer pour rendre aux lieux leur virginité sauvage.

Il faut le trouver, maintenant…

- Le vieux Fyros acquiessa.

- Sa trace ne sera pas difficile à trouver. Eh vous deux… on me suit, et on reste bien vigilants, tous !

Tomelin n’avait pas été bien loin, non. Face aux lacs, il y avait un sac, et une hache abimée par l’impact que le bras qui la tenait avait donné. Le corps n’était plus là, sans doutes qu’un prédateur l’avait emporté. Difficile de savoir s’il avait été traîné quelque part. Psychee adressa une prière rapide aux Kamis, en silence, préférant ne pas choquer la mémoire d’un homin dont elle ne connaissait en fait pas la foi.

- C’est des Libres Frontaliers !
- Ouais… et la matis palotte, c’est sûrement la Zoraï Blanche, Psychee.
- On se les fait ! Sa tête doit valoir une fortune si on la ramène !
- J’en sais rien, mais rien que pour le plaisir, je dis oui. Attendez que le vent se lève, et on les contourne vite pendant que ça souffle. Ils seront morts avant de comprendre !

Les trois ombres se tapirent derrière la dune, et commencèrent à se changer et fourbir leurs armes. Le vent se levait.

Hamlock veillait sur les ténèbres, épaissies par le vent et la pluie, tandis que Psychee et Nel’jack, l’une des deux cadets, emballaient les affaires personnelles et intimes du décédé. Il n’était pas tranquille… la Loria n’était pas sa tasse de thé, et un tel temps, un tel lieu alors que la guerre couvait, lui électrisait l’échine. Au loin, il entendait les kittins mugir dans les bourrasques de vent. Si tout se passait bien, il irait vider douze verres à Pyr en chantant avec les anciens le plaisir d’être en vie.

Mais le frisson sur sa nuque ne voulait pas le lâcher. Ca ne pouvait pas bien se passer, et son instinct de vieux guerrier le hurlait.

Il y eu un claquement au milieu du vent, et Tilys, le second cadet, tomba à la renverse, le poitrail déchiré par une balle parfaitement ajustée.

- Contact !!

Hamlock hurla. Il s’insulta aussi, il aurait du se fier à son instinct, tandis qu’il rouleboulait déjà au sol, dégageant sa grosse mitrailleuse fyros.

Derrière lui, Psychée avait hurlé à son tour au coup de feu, avant de se mettre à couvert de l’arbre qui avait abrité Tomelin, rejointe par Nel’jack, peut-être encore plus paniqué que la matis, se dépatouillant avec son propre fusil.

Devant, une ombre eut le malheur de se redresser un peu pour ajuster son tir. Hamlock n’avait besoin que de cela. La rafale de balles traversa la bien ridicule barrière que pouvait constituer le sommet de la dune de sciure, transformant l’un des agresseurs en masse de chair déchiquetée. Il ne jouit qu’une toute petite seconde du plaisir de sa victoire. Il voyait les deux autres, maintenant, et ils pouvaient être plus encore. Tassé sur lui-même, il courut le long de la crête derrière la Libre qu’il devait protéger.

- Faites retraite, vite !

Psychee tremblait de tout son corps, tétanisé par la peur et le flot d’émotions venues des homins à travers le Chant, tandis qu’elle appelait la sève à elle en enfilant ses gants de mage.

- Hamlock ! Dégagez de là !

Le Fyros fit encore deux tirs de barrages, tandis que les silhouettes des agresseurs se cachaient en essayant de répondre dans le vide à leur tour. Les minutions ne tiendraient pas longtemps, ça se finirait par la sève et les lames, cette histoire. Une bonne mort pour un Fyros.

Nel’jack mit en joue à son tour, sans rien avoir à viser, cherchant de toute sa peur et de tout son courage quelque chose à toucher.

L’instant où il tira fut la seule chose qu’il put faire, et son dernier geste. Une vague de sève née d’un serpent de magie verte frappa l’arbre, la sciure, et le cadet tryker, dans une gerbe d’acide et de poison.

Psychee prit le choc de son agonie de plein fouet, comme si elle l’avait partagé, hurlant de douleur et de révolte, tandis que le sol gelait autour d’elle à l’appel de la sève et de la glace.

Hamlock se redressa, fulminant de colère, son épée qui s’alluma d’une braise intense.
- Tire-toi, bordel de bodoc!! Tire-toi !
Et vous, venez !!! Venez mourir !!

La matis ne prit qu’une seconde à hésiter, tandis qu’elle interrompait sa glace. Elle attrapa le sac contenant les affaires de Tomelin, et se mit à courir de toutes ses forces essayant de garder dans son dos le couvert des dunes et des arbustes.

Hamlock eut sa bonne mort. Nul ne pourrait dire si il emporta avec lui le mercenaire tryker venu répondre à sa colère…

Psychee réussit presque à être assez loin pour briser un pacte des Kamis et fuir le piège.
Mais un pacte demande quinze secondes pour être entendu. Elle ne sut jamais qui la poursuivit. Il avait un accent matis, et hurlait, de haine et de bonheur de la rage qui lui donnait sa force. Elle eut juste le temps de se retourner, et ne vit jamais son visage derrière le masque de son armure. Elle eut juste le temps de voir son épée courir vers elle, un coup d’estic pour essayer de la percer et de l’arréter.

Les kamis répondirent au pacte tandis que sa main venait saisir l’épée qui venait de se planter dans son flanc.

Le monde s’arréta…

Elle s’effondra la seconde d’après, tenant d’une main le sac de Tomelin, de l’autre la lame de l’épée à deux mains qui avait suivi son corps pendant le voyage. Un flot de sève éclaboussa le sol, et elle chuta sur son propre sang, sous le regard impassible des kamis…
Last edited by psychee on Tue May 05, 2009 6:10 pm, edited 1 time in total.
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Re: Poison....

Post by psychee »

(reposté après validation, la suite et les conséquences auront surement lieu en jeu))
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Re: Poison....

Post by psychee »

Ce qui rendit rouge de colère –entendez par là, encore plus rouge que son teint bronzé de Fyros- Acheran, quand il vit la scène, en arrivant sur les lieux, en sueur, c’est que le Kami du totem de Zora observait la scène de son air à la fois absent, curieux, et amusé, sans un geste pour intervenir.

Vanila était à genoux, au dessus du corps inconscient de la Matis, Yishin, le maître des Templiers des Masques debout, les toisant, sans expression derrière son masque fermé à toute émotion.
La commandante des Libres avait de la sève plein les bras, la même qui imbibait la neige tout autour, et elle comprimait la plaie béante d’où jaillissait encore la lame vivante matis qui transperçait la jeune femme.
Yishin serait intervenu. Mais l’un des frères de la Mizu de Psychée, qui gisait à ses pieds, était là. Le reste appartenait à leurs mains et aux Kamis. Et il était trop troublé pour pouvoir se sentir capable de les aider. Il avait senti cette jeune matis l’appeler, crier au secours… pas avec des mots, mais avec des choses bien plus intimes, et douloureuses.
Il se retira, fixant le Kami, avant de lui adresser une prière. Tout était là, maintenant.

Acheran ne vit ni le sac tryker, ni la grande hache marquée d’un symbole de Crya. Sa « vieille » amie allait mal, et il oublia sa colère pour aider du mieux possible, sur place, Vanila à extraire la lame vivante de la plaie de la matis. Plusieurs homins vinrent proposer leur aide, assister à l’instant, un peu impuissants à leur tour. Vanila prit juste le temps de les rassurer. Elle ne se prétendait peut-être pas médecin, mais aurait pu donner des leçons de médecine aux meilleurs.

Le vieux Fyros retint une bordée de jurons tandis qu’il suivait les consignes de sa Commandante, pour empêcher le froid de dévorer encore plus la matis, le temps de pouvoir la déplacer. La lame vivante était bien une de ces saloperies matis capables de produire constamment des venins terribles, parfois plusieurs à la fois.

- Oui, ca veut dire qu’il va falloir veiller et lui donner des contrepoisons, fit Vanila.

- Tu as de quoi ?

- Oui, mais je vais envoyer dès que je pourrai un Izam à un spécialiste de ces armes. Que je sois sûr de tout ce qu’il faudra pour les poisons…

Les premiers soins firent ce qu’ils purent. Le reste était question de temps, et de sève aussi. Après avoir appliqué les contrepoisons et vérifié que la matis le supporterait, Acheran la souleva avec la même tendresse et les mêmes précautions qu’il aurait eu avec un nouveau-né.

- Je... ne pensais pas qu’elle était si légère.

- Ca t’étonne ?... Tu as vu sa carrure ? Une chance qu’elle en ai vu déjà mille fois d’autres et que je me doute qu’elle tiendra un tel coup, j’en connais beaucoup qui ne seraient plus là après ça.

- Et ce sac ? demanda-t-il tandis qu’il suivait Vanila qui portait l’épée vivante, cette hache trycker, et ce sac de la même origine.

- Je ne sais pas, mais je pense que c’est ce qu’elle est allée chercher. Je ne suis pas sûr de moi quand à ce que c’est.
Le sous-sol de la Mairie de Zora. Les Zoraïs leur firent une place, et les aidèrent à trouver des linges, de l’eau, et les onguents que Vanila réclamait. Acheran et elle firent un lit à la matis, et la veillée commença.

Loin de là, une zoraï en plein conseil essayait de trouver comment dissimuler devant son auditoire les réactions viscérales qui depuis presque une heure allaient et venaient, après avoir saisi, comme une sensation devenue une atroce nausée une sorte… d’appel au secours, sans un mot… un appel au secours dans le flot d’un parfum d’orchidées.

Acheran bougonna, et prit le temps de regarder de plus près la hache et le sac tryker. Ca ne pouvait pas être à la matis. D’une, elle n’aurait jamais su manier un truc si lourd, de deux, c’était bel et bien une arme aux dimensions d’un tryker. Et elle avait servie. Couverte d’un ichor odorant, le vieux guerrier reconnut tout de suite les liquides corporels d’un kittin, de type prédateur. Quand au sac… des récoltes, de la nourriture.

- Elle se réveille.

- Tant mieux, et il était temps, qu’on sache ce qui s’est passé.

- Ne la bouscule pas.

La matis rouvrit les yeux, faible et la bouche sèche. Il lui fallut du temps pour faire le récit, en demis-mots, coupés de grimaces de souffrance. Vanila craignait, et à raison, que ne commence les effets des autres venins, et elle était sûre qu’il y en aurait. L’Izam tardait à revenir, et elle hésitait à aller elle-même en apprendre plus. Mais faire cela, c’était cesser de veiller et soigner Psychée… Elle le ferait en dernière urgence. Cela irait bien. Même même la matis blessée n’était pas dupe… et essayait de la rassurer. Le monde à l’envers.

- Tomelin, tu dis ?...

- Oui, interrompit Vanilia. Et laisse la souffler maintenant. Tomelin est un tryker qui vient souvent participer au conseil Taliar. Si j’ai bien saisi, elle est allé le chercher, ou quelque chose comme cela…

- Et donc, elle a fait une putain de mauvaise rencontre. Plus qu’à espérer que le vieux Hamtock et les cadets se soient fait ramener par la karavan ou les Kamis, hein ?

- On verra ça demain. Nous allons rester ici, et veiller, je dois guetter les signes des venins, et savoir comment les soigner.

- Bon… ben je sens que je vais pioncer ici, alors…

Acheran s’installa contre le muret du jardin intérieur, pour s’y endormir profondément. Ce qui se passa par la suite le réveilla parfois, pour voir Vanila inquiète, mais aussi apaisante. Psychée fit une poussée de fièvre dans les deux heures qui suivirent, que Vanila arriva à arréter, tandis qu’elle testait ses contrepoisons. Et l’Izam revint enfin porteurs de bons conseils. La Fyros souffla de soulagement. Avec ça, elle avait de quoi pouvoir trouver les bons soins. Et faire passer la nuit à son amie, saine et sauve.
Jadzia retrouva Vanila dans la nuit, enfin libérée de ses obligations. Vanila l’avait tenu au courant de tout, et c’est en prenant la main de la petite matis qu’elle tint compagnie à la commandante des Libres.

Elle posa à la suite du récit la question qui la brulait :

- Comment a-t-elle entendu « partir » Tomelin ?... Elle s’était liée à lui ?

- Né…je crois qu’elle est liée à tout le monde en fait…

La Zorai soupira fixant le visage endormi de la matis, paisible, et rassurée, simplement de la présence de la Zoraï.

- Pour certains… elle l’est… plus que pour d’autres…
Je vais veiller avec toi…

La nuit fut longue. Mais comme l’avait dit Psychée, malgré la peur, l’horreur, malgré la crainte, ce n’était qu’un coup d’épée. Un remous sur les eaux d’un bassin, quelque part.

Au matin, on pourrait enfin rendre ces affaires à la famille de ce tryker. Et le drame deviendrait un récit, et un souvenir, dans les flots des vies.
"La Vie est un cadeau"
Psychée Aquilon Alanowë, la Zoraï Blanche, Fille de Liandra d'Alanowë
Membre des Libres Frontaliers

Sites persos:
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