N'importe quel foreur ayant briser quelque pioches, ou un artisant ses outils, pourra vous en parler de façon plus ou moins poétique.
Ce fut donc, après une journée harassante à récolter les graines et fruits d'Atys, qu'elle décida de passer par Dyron et de vider son énième sac, qui lui pesait autant sur le dos que sur le morale, et de faire un bilan sévère de son stock, comme à son habitude.
Mais tout d'abord, elle prit le temps de soigner et de nourrir ses mektoubs, comme à son habitude.
Encore une journée passée, pensa t-elle...
- Me faudra t-il donc ruiner la surface d'Atys à coup de pioche avant de parvenir à mes fins ? fustigea t-elle entre ses dents l'air maussade et dépitée devant ce stock si dérisoire. Galaus aura certainement quelque chose de plus réjouissant à m'offrir qu'une pioche usée, au moins quelque potins frais, pensa t-elle.
Perdue dans ses pensées et le tri de son attirail, s'apprêtant à aiguiser ses outils, lorsque quelque chose du coin de l'œil attira son attention.
Au loin un nuage de poussière se rapprochant de plus en plus, a tel point, qu'elle put distinguer plusieurs cavaliers. Fait plutôt rare ces derniers temps, suffisamment pour titiller davantage sa curiosité, mais elle retourna son attention sur sa tâche.
Lorsque finalement le râle des mektoubs se fit si proche qu'elle pouvait même deviner leurs nombres, elle regarda dans leurs direction. Quarte homins, accompagnés d'un garde du corps, sans doute, lourdement équipé.
L'un d'eux, aussitôt descendu de sa monture, se dirigea vers elle. De milles révérences et signes de tête, il la salua.
Qui étaient-ils, se demanda t-elle, après avoir saluer chacun d'entre eux d'un signe de tête, sans leurs porter plus d'attention qu'il n'en fallait, tout occupée qu'elle était. Mais l'insistance et le coté insolite de cette troupe prit le dessus.
Ils s'alignèrent, en une sorte d'étrange cérémonie dont le sens lui échappait totalement, et se mirent d'un seul coup à danser, comme ça, devant elle, sans aucune raison !
Elle se retourna sur elle même, troublée, en se demandant si il n'y avait une foule s'étant regroupée sans qu'elle ne l'eut remarquée. Fait tout aussi improbable que quatre homins chevauchant dans le désert pour s'arrêter brutalement et se mettre à danser devant quelque inconnu. Non, tout ceci n'était pas un mirage, ni illusion crée par la fatigue après une longue journée. Ils étaient bien là, à danser en scandant leurs pas de quelque "À vot'bon coeur m'sieurs d'mes..." ou de "Faites l'amour, pas la guerre!"
Elle était littéralement sans voix, presque figée, lorsqu'elle se ressaisit vivement et applaudit d'un air un peu interloquée. Elle se saisit d'une poignée gourmande de ce riz que les Trykers affectionnent tant, et en jeta à la cantonade en signe de fête.
Elle ne comprenait rien, ni qui ils étaient, mais en quelques battements de cœurs, ils avaient effacé douleurs et mélancolie d'une longue journée d'une façon si inattendue et rafraichissante !
Tels des troubadours en voyage, ils s'inclinèrent à nouveau, après un échange de mots grivois tout aussi digne, remontèrent sur leurs montures et s'en allèrent tel le vent, libre et insaisissable...
Après quelques minutes, elle se dirigea lentement vers le bar, tout en gloussant d'avance en s'imaginant la tête que ferait Galaus Deps quand elle lui raconterait cette interlude...
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