amer voyage
Moderator: Chroniques d'Atys
amer voyage
La fraîcheur matinale réveillait à peine Tomelin alors qu'il se dirigeait vers sa cantine particulière. Shellyna était partie au Hall des Lames de bonne heure, la nourrice s'occupait déjà des enfants et il n'avait pas eu le courage de se préparer un repas pour lui tout seul.
Et il avait une furieuse envie de tranches de viande comme seul Ba'Naer savait les faire et d'une bonne pinte de bière tryker.
Tout en déambulant vers son bar préféré, Tomelin salivait déjà à l'évocation de ces tranches de viande bien grasses, dont le gras croustillant et bruni faisait blêmir de peur tout système artériel normalement constitué. Le tout noyé sous une sauce dont la consistance tenait plus du mortier que du liquide. Quand on mangeait cette assiette, la pinte de bière devenait un objet d'enchantement et une source, au sens littéral, de plaisirs insoupçonnés.
Tomelin s'installa à sa place et trouva Ba affairé de manière inhabituelle à son comptoir.
- « 'Lut Ba ! », salua Tomelin en regardant Ba, le comptoir et le reste.
Un petit détail obscur lui titillait le cerveau, sans parvenir à percer le voile de sa conscience, de la même manière que les langues acerbes de bilieux essayaient sur celui de son indifférence.
- « Ba ! Une assiette spéciale et un pichet de ta meilleure bière, pacty ! », demanda Tomelin.
Tout en regardant Ba s'activer et lui servir sa bière, le détail continuait de tambouriner à la porte de sa conscience sans parvenir à obtenir ce qu'il voulait. Puis Ba lui servit son plat et retourna à ses affaires.
Tomelin allait entamer son assiette conséquente, lorsque enfin ce qui le taraudait depuis son arrivée s'étala devant ses yeux après avoir ouvert sa conscience à grands coups d'épaule. Le bar de Ba était rangé et nettoyé, les verres et les pintes alignés dans un ordre quasi militaire, d'une propreté sans faille, la poussière de sciure enlevée du comptoir. Tomelin examina derrière le comptoir et vit que les tonneaux, amphores et autres bouteilles étaient à leurs places, correctement empilés.
Puis il remarqua son assiette et blêmit. Des tranches de viandes fumantes et juteuses recouvertes d'une sauce onctueuse. Impensable. Inadmissible.
- « Ba ! Par les tétons sacrés de Jena, c'est quoi ce bazar ! Mais qu'est ce qui t'a pris ? T'as vu ton assiette.... et ton bar.... et le reste ! », s'écria Tomelin.
- « Je peux pas manger çà ! C'est trop..... c'est trop.... sain ! », fit-il en repoussant l'assiette et en vidant sa pinte d'un trait.
- « T'as ptet une explication à cet égarement ? », demanda Tomelin, furieux.
Ba'Naer le regardait étrangement calme.
- « T'es quand même au courant de ce que clament les sages ? La fin d'Atys, l'apocalypse et tout et tout....? », dit Ba.
- « Oui mais ce sont des sornettes, des idées farfelues ! », objecta Tomelin.
- « Sornettes farfelues ou pas, j'ai décidé de changer au cas où ! D'être différent si il doit se passer quelque chose, si je dois mourir ! », expliqua le patron du bar, « Tu ne trouves pas que c'est intelligent ? »
- « Toi, tu as envie qu'on se fâche ! », dit Tomelin en ronchonnant.
- « Penses ce que tu veux, espèce de bodoc ! Ca ne changera rien pour moi ! », fit Ba en lui tournant le dos.
Tomelin chipotait dans son assiette en grommelant, vidait son pichet de bière en ruminant de sombres pensées quant à la bêtise homine, particulièrement celle de Ba'Naer, et aux rumeurs de fin de monde.
L'avenir de la planète était sur toutes les bouches, à défaut d'être dans de bonnes mains. Les sages étaient pour le moins inquiétants avec leurs discours catastrophiques. Pourtant, Tomelin devait l'admettre, des éléments naturels venaient appuyer leurs paroles. Il y avait eu déjà certains signes annonciateurs. A l'époque, l'air était devenu poisseux comme de la mélasse et avait donné l'impression de se dépêcher avec lenteur, rendant tout homin vivace aussi rapide qu'un matis catatonique ayant absorbé de la psykopinthe. A coup sûr, c'était le signe d'un dérèglement des forces naturelles de la planète. Pas le matis, l'air poisseux.... quoique.
Petit à petit, il se calma. Il regarda Ba et soupira. Après tout, chacun était libre de voir sa fin comme il l'entendait. C'est pas lui qui allait commencer à dicter des règles.
- « Ba ! .... Baaa ! Pardonnes moi ! Après tout, c'est toi qui dois avoir raison ! », fit-il en souriant au tavernier qui venait de se retourner.
- « Je dois retrouver Shellyna et en discuter avec elle ! Il est ptet temps que nous prenions une décision aussi ! »
Il regarda le tryker avec une certaine tendresse; le confident patient de ses doutes et désillusions; le souffre-douleur de ses colères; l'ami intime, témoin presque muet de sa vie sur l'écorce.
- « Ba...... je .... cela a été un honneur de te connaître ! », dit Tomelin, un soupçon de tristesse dans la voix. Il serra la main du barman, un peu plus longtemps que d'habitude, puis il quitta le bar.
- « Tom ! Hééé Tom ! », cria Ba'Naer, « ta note.... tu me dois encore.... non oublies çà, j'ai rien dit »
Tomelin éclata de rire et revint sur ses pas.
- « Non tu as raison, mon ami ! Autant faire les choses bien ! Pour notre conscience ! », fit Tomelin en laissant une bourse bien rebondie sur le comptoir, « ceci devrait te dédommager pleinement de toutes tes peines et payer mes dettes ! »
- « Adieu Ba ! Que les vents te soient propices ! », dit Tomelin en prenant la direction du Hall des Lames.
Tomelin fit un signe au garde à l'entrée.
- « Héé salut M'sieur Tomelin ! La Patr..... heu vot' dame est à son bureau ! »
- « Salut pti gars ! C'est encore toi de faction aujourd'hui ? Qu'est ce que tu as encore fait pour avoir cette corvée ? »
- « Bah ! Vot' dame, elle trouve que je suis pas assez attentif.... alors elle m'a mis là pour plusieurs jours...moi qui devait rejoindre ma Beggsie après le service... », fit le garde déconfit.
Tomelin réprima un sourire, c'était bien du Shellyna tout craché çà.
- « Allez ! Files la rejoindre, ta belle ! Tu seras mieux dans ses bras qu'à scruter les environs. », dit Tomelin en souriant.
- « Mais M'sieur Tomelin ! C'est pas possible ! La Patronne va me tuer si je quitte mon poste ! Je peux pas.... », s'exclama le garde en proie à la panique.
- « Files je te dis ! C'est un ordre ! Pour ce qui en est de la Patronne et des autres officiers, j'en fais mon affaire. », grogna Tomelin en fronçant les sourcils. L'autorité et lui çà faisait deux.
Le garde hésita quelques instants, son regard allant de l'entrée du Hall à Tomelin et inversement. Puis il partit sur les pontons, de plus en plus vite en criant un « M'ci M'sieur Tomelin ».
Tomelin le regardait partir en souriant et rejoignit le Hall. A chaque fois qu'il croisait un garde, c'était la même histoire, il les renvoyait chez eux un à un.
Enfin il entra dans le bureau de la chef. Shellyna, la tête toujours rivée sur la paperasse commença à grogner.
- « Qui se permet de...... oh c'est toi ny-amn ! », fit-elle, la grimace autoritaire se transformant en un sourire rayonnant sur son visage à la vue de son époux, « je croyais que c'était encore un de ces gardes stupides ! »
- « M'étonnerait qu'ils viennent te faire ronchonner ! Je les ai renvoyé chez eux pour..... »
- « Quoi ? T'as renvoyé les gardes ? Et nos ennemis, tu y as pensé ? On doit protéger la guilde et..... », commença à crier Shellyna.
Tomelin s'était approché de Shellyna et l'embrassa passionnément après l'avoir attiré contre lui. Elle était toujours aussi belle, comme au premier jour de leur rencontre.
- « mmmmmh........mais nos enn..... », fit encore Shellyna.
Cette fois il l'embrassa longuement, tendrement tout en plongeant son regard dans l'abîme de ses grands yeux dorés. L'homine cessa rapidement toutes tentatives de discussion, l'enlaça et rendit les baisers de tout son amour.
Tomelin avait l'habitude de ses sautes d'humeur, il avait appris à les encaisser, il les aimait même. Shellyna ne serait pas aussi attirante si elle n'avait pas ce caractère insupportable. Sa guerrière était aussi belle, désirable et dangereuse que l'écorce. Et passionnée aussi.
Les corps se rapprochèrent, les baisers devinrent plus passionnés, le désir mutuel manifestement éveillé. Pourtant Shellyna le repoussa gentiment, mais difficilement, et réajusta sa robe, d'un geste empreint de coquetterie homine.
- « Ny-amn ! C'est pas le moment pour être malhonnête ! », dit-elle en souriant, les yeux brillants, encore enlacée au Tryker, « Pourquoi tu as renvoyé les gardes ? »
- « Tu ne crois pas qu'avec ce qui se passe, ils ont le droit d'être avec leurs proches ou les êtres aimés. D'ailleurs, tu ne crois pas que nous aussi nous pourrions passer les derniers temps en famille ? Nous pourrions peut-être nous retirer sur nos terres avec les enfants ? », répondit Tomelin, gardant l'homine contre son coeur.
- « Mais la guilde, nos ennemis, nos alliés et amis ! On ne peut pas laisser tout cela en plan ! Partir comme cela, d'un coup, c'est pas possible ! », fit-elle, légèrement inquiète.
- « Et pourquoi pas ? Ce n'est pas quelques ennemis qui vont nous empêcher de faire ce qu'on veut ? Ils n'y sont jamais parvenus..... c'est pas maintenant qu'on va leur donner de l'importance. », rétorqua Tomelin.
- « Et puis ils ont la tête si souvent farcie de leurs préoccupations matérialistes et de leurs visions égoïstes qu'on ne pourra pas empêcher leur langue de déverser leurs poisons. Le mal de l'écorce est plus grand que celui qu'ils ont fait. », dit le Tryker, « Ils ont tellement peu de volonté qu'ils sont obligés de faire leurs actions en douce. Tu ne crois quand même pas qu'ils ont retrouvé assez de courage pour se jeter soudainement à l'assaut de la guilde ! »
Shellyna sourit et l'embrassa du bout des lèvres.
- « An yem skaya ! Laissons les patauger dans leurs affaires nauséabondes et partons avec les enfants, si nous en avons encore le temps. », proposa Tomelin.
- « Je ne sais pas ny-amn, il y a encore tant de choses à faire, des attaques à planifier, des détails à régler, la guilde à gérer. Je ne peux pas partir tout de suite..... »
Tomelin sourit à sa guerrière, l'embrassa à nouveau longuement, puis se dirigea vers la porte.
- « Finis ce que tu as faire ici, moi je vais m'occuper des mektoubs et de notre départ. Tu nous rejoindras à l'étable, j'y serais avec les enfants. », fit Tomelin tout sourire.
- « Et ne tardes pas trop, sinon je partirais sans toi !!! », dit-il en laissant sa tête dépasser de l'encadrement.
Shellyna se mit à rire, lui tira la langue puis replongea dans sa paperasse.
Le spectacle de Fairhaven qui s'offrait à ses yeux lui fit monter les larmes aux yeux. Cette ville, d'habitude si pleine de vie, où l'insouciance et la joie de vivre des trykers se manifestaient à tout moment, commençait à ressembler à une ville morte. Des images de villes en ruines dans les Primes lui revinrent en mémoire et il se demanda si sa belle capitale, celle qu'il chérissait tant, finirait comme elles. Un frisson d'horreur le secoua rien qu'à cette idée, une ville sans âme qui vive, détruite par les ravages du temps. Ou alors plus rien, plus rien du tout.
Tomelin revint à ses occupations, balayant ces idées lugubres d'un revers de gaieté naturelle. Il sortit les mektoubs, les soigna et les bichonna, vérifiant leur état de santé. Les enfants jouaient à cache-cache autour de l'étable. Tomelin avait le coeur gros, mais il n'en laissait rien paraître. Tomelin fit un ballot avec sa hache préférée, une paire d'amplificateurs magiques et deux armures. Il en fit un de même avec les affaires de Shellyna, prenant son équipement familier. C'était absurde de prendre encore des armes alors que c'était la fin, mais les kitins étaient encore bien présents eux et ils avaient autant d'intérêt pour la fin de la planète qu'un Fyros pour un livre. Puis un troisième ballot fut constitué du strict nécessaire même en matière de vivres. Ils pourraient encore chasser pour leur subsistance de quelques jours.
- « Qui veut monter sur les mektoubs ? », dit Tomelin.
Il installa Mell et Eleyna sur une des bêtes, la plus calme de toutes, et prit Tuatha sur ses épaules, à sa plus grande joie d'ailleurs. Ils se dirigèrent vers la plage de Fairhaven.
Tomelin regardait les enfants jouer au bord de l'eau, chacun s'éclaboussant copieusement dès qu'ils se croisaient dans leurs courses. Il aimait vraiment entendre leurs rires, cela lui donnait une force nouvelle à chaque éclat.
Les deux plus jeunes avaient pris pour cible leur aînée et Eleyna faisait semblant de les éviter. Les vêtements étaient mouillés et cela donnerait encore une occasion à Shellyna de râler après lui.
D'ailleurs quand on parlait du torbak, Tomelin vit la silhouette de l'homine se profiler sur les pontons de Fairhaven. Tomelin allait demander futilement aux enfants d'arrêter leurs jeux mais il se ravisa. A quoi bon s'énerver pour quelques vêtements trempés, ce qui était somme toute assez banal dans la vie de Trykers, et des tous jeunes de surcroît. Shellyna pointa le bout de son nez, remarqua l'eau sur les vêtements des enfants et se tourna vers Tomelin, la bouche ouverte, prête à le houspiller.
Il l'attendait déjà avec son plus beau sourire, qu'il espérait le plus désarmant possible.
- « Yem skaya, il y a rien de grave ! C'est juste un peu d'eau sur des vêtements..... c'est mieux que de la bière ? An ? », dit-il en rigolant.
- « Tssssss....... tu te moques de moi ny-amn ! Les enfants pourraient tomber malade ! », répondit-elle.
- « Ca c'est pas faux.... la dernière fois que j'ai bu de l'eau, j'ai presque été malade ! », fit-il narquois, « laisses les un peu après tout, ils ne font que jouer ! Regardes les ! Tu crois que ce qui se passe les préoccupent ? Ils s'amusent sans se soucier des évènements ! »
Shellyna se blottit dans les bras de son homin et jeta un oeil attendri sur les fillettes et le garçon. Puis elle l'embrassa brièvement.
- « On part quand ny-amn ? », demanda l'homine
- « Maintenant si tu en as envie ! J'ai déjà préparé les mektoubs et j'ai fait un ballot avec tes affaires ! J'ai même pris ton armure.... la Fyros moyenne noire qui te va si bien quand.... tu sais celle qui me.... enfin celle que j'aime bien », fit-il, un petit sourire coquin s'affichant sur son visage.
- « Toooom ........ ! », s'exclama Shellyna, faussement indignée.
- « Quoi ? », dit-il innocemment en attrapant les rênes du mektoub de Shellyna, « installes toi, on va partir ! ».
Il aida sa belle à monter puis il prit Tuatha et le lui donna. Elle le plaça devant elle, dans un panier en fibre de roseau prévu à cet effet. Tomelin installa Eleyna sur le mektoub de bâts le plus calme et porta Mell sur son mektoub, devant lui, puis grimpa à son tour. Il agrippa la petite, la longe du mektoub d'Eleyna et la petite caravane prit son essor.
Tomelin s'arrêta sur la corniche surplombant Fairhaven près du tp kami. Shellyna vint se placer à côté de lui et ensemble ils regardèrent Fairhaven. Combien de fois ils avaient admiré la capitale du haut de ce surplomb, il ne saurait le dire. Leurs coeurs se serrèrent à la vue de ce spectacle magnifique, espérant sans grandes illusions que ce n'était pas la dernière fois qu'ils le voyaient.
Le vrombissement des éoliennes apportait encore cette rumeur si caractéristique aux villes d'Aeden Aequous, tandis que ces dernières brassaient l'air épais. Les tours se miraient dans le miroir aquatique et l'on pouvait discerner l'ombre des immeubles que les eaux limpides laissaient entrevoir. Les vagues venaient mourir doucement sur la plage, suçotant doucement les coquillages comme un Papy Fei édenté une friandise trop dure. Le soleil de ce début d'après-midi éclairait les eaux irisées du Lac de cette lumière si particulière et éclatante qui rendait la capitale si resplendissante. Nulle part ailleurs, dans aucune des régions qu'ils avaient parcourues, la lumière n'avait cette consistance nacrée.
Puis les nuages cachèrent le soleil, un orage se préparant au loin. Un voile de ténèbres enveloppa la ville comme pour signifier une fin pas si éloignée que cela.
La tristesse commença à obscurcir leurs âmes de Trykers en même temps que la lumière s'éclipsa sans demander son reste. Ils s'étaient battus pour cette capitale, pour ce pays et pour tout ce que les mots liberté, égalité et partage pouvaient signifier. Ces valeurs avaient rythmé leur vie et Fairhaven en était le symbole vibrant.
Un fort sentiment de colère remplaça la tristesse et lui vrilla les tripes. Il se mit à maudire Jena et Ma-Duk, lui qui n'avait jamais cru en un dieu quelconque. Ils étaient où les fanatiques religieux, ils étaient où les dieux qu'ils vénéraient tant ? Elle était où la toute puissance divine de ces deux êtres ?
Shellyna tourna la tête vers lui, les yeux humides, et lui même avait ce petit pincement au coeur qu'on attrape quand on quitte des lieux si familiers. Tomelin fit un léger sourire à son amour, sans grande conviction.
- « Allons-y ny-amn ou cela va devenir de plus en plus difficile ! », fit-elle d'une voix terne, « cela serait bien de rejoindre nos terres avant la nuit. »
Tomelin acquiesça et ils firent tourner bride aux mektoubs. Ils s'éloignèrent sans un mot, le coeur lourd. Juste les babillages joyeux de Tuatha qui escortaient le départ des Trykers. Au loin, l'orage arriva sur Fairhaven.
Les fagots tombèrent lourdement dans les flammes, lançant dans la nuit naissante un tourbillon d'étincelles. Proche du feu, un yubo entier finissait de rôtir doucement. Un peu plus loin, les enfants jouaient entre eux, retrouvant à leur plus grande joie une liberté de mouvement qu'ils n'avaient plus depuis longtemps. La nuit promettait d'être douce et les étoiles commençaient à scintiller dans le ciel comme autant d'éclats d'ambre.
Le voyage avait été long, terriblement long, mais en arrivant dans leur région, l'air devint plus léger et le poids qu'ils ressentaient depuis leur départ s'envola. Même la tristesse et l'amertume s'envolèrent.
Ils arrivèrent dans la petite enclave au milieu des bamboos et installèrent rapidement le camp. Tomelin libéra les mektoubs qui s'égaillèrent dans la nature, ce qui avait peu d'importance puisqu'il n'y avait pas de prédateurs.
La liberté d'action ramenait sur le visage des Trykers un sourire qui s'était absenté pour cause de morosité. La petite famille attaqua le repas avec un appétit et un enthousiasme plus que manifeste.
Tomelin observa tout le monde et chacun semblait détendu et apaisé. Il regarda avec amusement Eleyna, la bouche pleine de gras et de jus de viande. Elle ressemblait tellement à Kae.
Ses pensées l'embarquèrent pour un voyage sur le fleuve de ses souvenirs. Un sourire rayonnant s'afficha sur le visage de Tomelin et l'image d'une homine prit corps dans son esprit.
Et quel corps.... Kae..... la belle Kae....
Une homine si discrète et si forte à la fois. Celle qui l'avait ému par sa douceur et sa détermination. L'homine de ses premiers émois, si passionnée, si tendre et si belle. L'homine aux grands yeux violets avait fait fondre la glace de la vie qui enserrait son coeur et l'avait ramené dans le monde des vivants. Il se souvenait avec émotion de la main de l'homine effleurant la sienne, caresse d'un papillon éveillant ses sens et son désir. Il se souvenait de cette longue nuit au cours de laquelle ils s'étaient aimés. Et les autres aussi.... Chacune avait marqué son corps d'une manière indélébile. Eleyna était née de cet amour. Avec Kae, la vie s'était mise à bouillonner dans les veines de Tomelin.
Un peu trop même. Kae avait disparu pendant quelques temps et il l'avait trahie, il avait trahi sa confiance mais Jena que cette trahison fut délicieuse. Puis elle avait à nouveau disparu, le laissant seul avec Eleyna et .... Shellyna. Et puis il y eu ce jour funeste où elle tomba dans un gouffre au plus profond de l'écorce. Le coeur de Tomelin portait toujours cette cicatrice malgré tout l'amour de Shellyna. Son visage se contracta et ses yeux se fermèrent un court instant en revoyant ses yeux violets remplis d'amour qui ne le quittaient pas alors qu'elle chutait dans les abysses de l'écorce.
Une pensée en amenant une autre, il repensa à Sharo. Petite homine timide qui forait pas loin de lui à la Source et qui s'arrêtait de temps en temps pour jouer un air de musique lancinant. Tomelin prenait le temps de l'écouter lui aussi. C'était à l'époque de la première disparition de Kae, à l'époque où il venait de rencontrer Shellyna. On sentait chez Sharo une tristesse incommensurable, un drame qui lui pliait le coeur comme un shalah plierait un olansis en s'asseyant dessus. Ils discutèrent souvent, ils passèrent du temps ensemble. Il devint son confident, témoin passif, vivant avec elle ses plus grands drames. Ils traversèrent des périodes de fraternité, de complicité et d'amour, mais aussi bizarre que cela puisse paraître jamais en même temps ni au même moment. Ils avaient connu ensemble de grands moments de bonheur comme de tristesse, mais les choix de Tomelin en décidèrent autrement. Ils faillirent devenir amants, ils devinrent frère et soeur de coeur. Il avait encore pour Sharo une affection teintée d'amour impossible mais il appréciait toujours son caractère et sa présence, même si des fois le caractère..... Tomelin eut un petit sourire en pensant à sa soeur Sharo. Elle allait lui manquer.
Un souvenir douloureux remonta à la surface avec sa cohorte de relents nauséabonds. Il n'était pas fier à l'évocation de ce souvenir, il avait fait souffrir deux homines, lui qui détestait tant cela. Pourtant son coeur bondit quand l'image de Liiana se matérialisa. Sa petite étoile, ny-antaal skaya, comme il lui disait. Il la voyait encore assise seule dans un coin du bar de Ba, alors qu'elle venait de rentrer dans la Garde des Dragons Noirs, perdue, seule malgré la foule et vaguement malade. Il se souvint encore d'avoir délaissé tout le monde pour essayer de la faire sourire un peu. A peine l'avait-il vu qu'il avait déjà décidé qu'il la protégerait, il ne savait pas de quoi mais il savait qu'il le ferait. Ils discutèrent souvent, passèrent de longues journées ensemble. Petit à petit, des liens se tissèrent, des liens que Tomelin avaient déjà connus quand il avait rencontré Shellyna. Il lui apporta son aide pour lutter contre la drogue des Alkians, il la veilla dans les moments difficiles, il fut heureux pour elle quand elle rencontra Yorek et il s'éclipsa pour la laisser enfin un peu seule. Mais l'amour faisait vibrer Liiana, un amour pour lui de plus en plus fort et il y succomba une nuit, aux bains de Pyr. Il hésitait encore à dire que c'était une des pires erreurs de sa vie, non pas pour les instants délicieux qu'il passa avec Liiana mais pour le mal qui en découla pour la jeune homine.
Tomelin ne savait toujours pas comment Shellyna l'avait appris, mais il s'ensuivit pour Liiana une vie infernale menée par Shellyna, rejetée par beaucoup de personnes, utilisée par d'autres pour leurs propres plaisirs en lui faisant miroiter un autre amour, lui aussi impossible. Et il y avait eu la lâcheté de Tomelin même si elle lui avait dit que non. Mais le Tryker avait encore ce goût de fiel dans la bouche parce qu'il avait toujours le sentiment de l'avoir abandonnée.
- « Ny-antaal skaya ! », murmura-t-il faiblement, attirant l'attention de Shellyna malgré lui.
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, c'est cette histoire qui renforça les liens entre Shellyna et lui. Le bouillonnement de sa sève dans ses veines se calma pour ne laisser la place qu'à un désir unique, sublime et magnifique. Mell naquit de cette prise de conscience, plus tard le petit Tuatha et leur mariage récent paracheva ce sentiment.
Il sourit à sa guerrière.
Dans cet endroit paisible, à l'abri de la folie des deux fausses déités d'Atys et de leurs fanatiques, il retrouvait une plénitude rare, un instant de paix trop souvent oublié. Qu'importe ce qui allait se passer, il goûtait enfin à cet instant de répit qu'il recherchait depuis si longtemps.
La soirée passa agréablement, les enfants furent couchés près du feu.
Tomelin s'assit sur la plage du petit lac, devant le feu, et commença à lancer des coquillages dans l'eau, Shellyna vint se blottir contre lui.
Ils se regardèrent longuement, sans un mot, les yeux scintillants de milliers d'étoiles, chacune représentant un souvenir particulier.
Au printemps, la forêt matis, quand les arbres se paraient de fleurs violettes, ou la jungle, avec ces lianes fleuries.
En été, la jungle, avec ces myriades de fleurs colorées et leur fragrance embaumant les lieux, le désert, avec la cime des arbres en feu de la Forêt Enflammée ou les lacs avec les baignades et les longues discussions, leurs corps chauffés par les rayons du soleil.
En automne, le vent qui soufflait sur les lacs, secouant les olansis comme on agite une arme.
En hiver, la neige qui recouvrait le sol de la jungle ou de la forêt, offrant aux deux Trykers des occasions de jeux et de rigolades.
Les yeux émerveillés de Shellyna lors de sa première expédition dans les Primes Racines et ses régions chargées de mystères, au combien dangereuses pour qui ne faisait pas attention.
Ces couchers de soleil, tous aussi magnifiques les uns que les autres et aussi enchanteurs quelque soit le lieu, propices aux instants de tendresse, aux discours romantiques et aux discussions politiques.
Ces villes de l'écorce, Fairhaven, Pyr, Yrkanis, Zora et les autres avec leur architecture si particulière, leurs monuments et leurs histoires homines, les grandes comme les petites.
Ces lieux magiques, enchanteurs, qui observaient leurs ébats amoureux ou leurs sages discussions. Thesos, la Source Cachée, les Landes Obscures, la Main Géante et plein d'autres encore.
Des homins et des homines qui avaient marqué leurs vies, amis comme ennemis, certains remarquables, d'autres détestables mais qui avaient apposé d'une manière ou d'une autre leur empreinte sur le cours de leur existence.
La faune, la flore, des paysages, des visages, des bribes de vie, des sentiments, tout défilait à une vitesse folle, tout se bousculait, un flot continu de souvenirs qui ne demandaient qu'à s'exprimer une dernière fois, au cas où leurs forces pourraient empêcher l'inéluctable.
L'écorce frémit.
Ils se rapprochèrent des enfants endormis, les mains se cherchèrent une dernière fois, un dernier acte d'amour et de tendresse.
L'écorce trembla.....
hrp/ voilà un dernier texte qui était en cours d'élaboration avant que le serveur ne s'arrête et qui n'avait pas cette fin au départ.
Ma manière de dire que j'ai passé des instants agréables dans ce monde et de remercier ceux avec qui j'ai rp (Shellyna, Liiana, Sharo, Kae, Varixia, Nymphea, Amatsu (même si c'était tendu parfois), Fei, Neph et d'autres encore....) et/ou joué. Des amis parmi les guildes dont j'ai fait partie ou ceux d'une rencontre au hasard des évènements. Des ennemis aussi qui ont donné une consistance aux personnages, même si souvent eux ne l'ont pas appréciée.
Et puis un grand merci encore à tous ceux qui ont fait vivre ce jeu, d'une manière ou d'une autre, ludiquement ou techniquement. /hrp
Et il avait une furieuse envie de tranches de viande comme seul Ba'Naer savait les faire et d'une bonne pinte de bière tryker.
Tout en déambulant vers son bar préféré, Tomelin salivait déjà à l'évocation de ces tranches de viande bien grasses, dont le gras croustillant et bruni faisait blêmir de peur tout système artériel normalement constitué. Le tout noyé sous une sauce dont la consistance tenait plus du mortier que du liquide. Quand on mangeait cette assiette, la pinte de bière devenait un objet d'enchantement et une source, au sens littéral, de plaisirs insoupçonnés.
Tomelin s'installa à sa place et trouva Ba affairé de manière inhabituelle à son comptoir.
- « 'Lut Ba ! », salua Tomelin en regardant Ba, le comptoir et le reste.
Un petit détail obscur lui titillait le cerveau, sans parvenir à percer le voile de sa conscience, de la même manière que les langues acerbes de bilieux essayaient sur celui de son indifférence.
- « Ba ! Une assiette spéciale et un pichet de ta meilleure bière, pacty ! », demanda Tomelin.
Tout en regardant Ba s'activer et lui servir sa bière, le détail continuait de tambouriner à la porte de sa conscience sans parvenir à obtenir ce qu'il voulait. Puis Ba lui servit son plat et retourna à ses affaires.
Tomelin allait entamer son assiette conséquente, lorsque enfin ce qui le taraudait depuis son arrivée s'étala devant ses yeux après avoir ouvert sa conscience à grands coups d'épaule. Le bar de Ba était rangé et nettoyé, les verres et les pintes alignés dans un ordre quasi militaire, d'une propreté sans faille, la poussière de sciure enlevée du comptoir. Tomelin examina derrière le comptoir et vit que les tonneaux, amphores et autres bouteilles étaient à leurs places, correctement empilés.
Puis il remarqua son assiette et blêmit. Des tranches de viandes fumantes et juteuses recouvertes d'une sauce onctueuse. Impensable. Inadmissible.
- « Ba ! Par les tétons sacrés de Jena, c'est quoi ce bazar ! Mais qu'est ce qui t'a pris ? T'as vu ton assiette.... et ton bar.... et le reste ! », s'écria Tomelin.
- « Je peux pas manger çà ! C'est trop..... c'est trop.... sain ! », fit-il en repoussant l'assiette et en vidant sa pinte d'un trait.
- « T'as ptet une explication à cet égarement ? », demanda Tomelin, furieux.
Ba'Naer le regardait étrangement calme.
- « T'es quand même au courant de ce que clament les sages ? La fin d'Atys, l'apocalypse et tout et tout....? », dit Ba.
- « Oui mais ce sont des sornettes, des idées farfelues ! », objecta Tomelin.
- « Sornettes farfelues ou pas, j'ai décidé de changer au cas où ! D'être différent si il doit se passer quelque chose, si je dois mourir ! », expliqua le patron du bar, « Tu ne trouves pas que c'est intelligent ? »
- « Toi, tu as envie qu'on se fâche ! », dit Tomelin en ronchonnant.
- « Penses ce que tu veux, espèce de bodoc ! Ca ne changera rien pour moi ! », fit Ba en lui tournant le dos.
Tomelin chipotait dans son assiette en grommelant, vidait son pichet de bière en ruminant de sombres pensées quant à la bêtise homine, particulièrement celle de Ba'Naer, et aux rumeurs de fin de monde.
L'avenir de la planète était sur toutes les bouches, à défaut d'être dans de bonnes mains. Les sages étaient pour le moins inquiétants avec leurs discours catastrophiques. Pourtant, Tomelin devait l'admettre, des éléments naturels venaient appuyer leurs paroles. Il y avait eu déjà certains signes annonciateurs. A l'époque, l'air était devenu poisseux comme de la mélasse et avait donné l'impression de se dépêcher avec lenteur, rendant tout homin vivace aussi rapide qu'un matis catatonique ayant absorbé de la psykopinthe. A coup sûr, c'était le signe d'un dérèglement des forces naturelles de la planète. Pas le matis, l'air poisseux.... quoique.
Petit à petit, il se calma. Il regarda Ba et soupira. Après tout, chacun était libre de voir sa fin comme il l'entendait. C'est pas lui qui allait commencer à dicter des règles.
- « Ba ! .... Baaa ! Pardonnes moi ! Après tout, c'est toi qui dois avoir raison ! », fit-il en souriant au tavernier qui venait de se retourner.
- « Je dois retrouver Shellyna et en discuter avec elle ! Il est ptet temps que nous prenions une décision aussi ! »
Il regarda le tryker avec une certaine tendresse; le confident patient de ses doutes et désillusions; le souffre-douleur de ses colères; l'ami intime, témoin presque muet de sa vie sur l'écorce.
- « Ba...... je .... cela a été un honneur de te connaître ! », dit Tomelin, un soupçon de tristesse dans la voix. Il serra la main du barman, un peu plus longtemps que d'habitude, puis il quitta le bar.
- « Tom ! Hééé Tom ! », cria Ba'Naer, « ta note.... tu me dois encore.... non oublies çà, j'ai rien dit »
Tomelin éclata de rire et revint sur ses pas.
- « Non tu as raison, mon ami ! Autant faire les choses bien ! Pour notre conscience ! », fit Tomelin en laissant une bourse bien rebondie sur le comptoir, « ceci devrait te dédommager pleinement de toutes tes peines et payer mes dettes ! »
- « Adieu Ba ! Que les vents te soient propices ! », dit Tomelin en prenant la direction du Hall des Lames.
Tomelin fit un signe au garde à l'entrée.
- « Héé salut M'sieur Tomelin ! La Patr..... heu vot' dame est à son bureau ! »
- « Salut pti gars ! C'est encore toi de faction aujourd'hui ? Qu'est ce que tu as encore fait pour avoir cette corvée ? »
- « Bah ! Vot' dame, elle trouve que je suis pas assez attentif.... alors elle m'a mis là pour plusieurs jours...moi qui devait rejoindre ma Beggsie après le service... », fit le garde déconfit.
Tomelin réprima un sourire, c'était bien du Shellyna tout craché çà.
- « Allez ! Files la rejoindre, ta belle ! Tu seras mieux dans ses bras qu'à scruter les environs. », dit Tomelin en souriant.
- « Mais M'sieur Tomelin ! C'est pas possible ! La Patronne va me tuer si je quitte mon poste ! Je peux pas.... », s'exclama le garde en proie à la panique.
- « Files je te dis ! C'est un ordre ! Pour ce qui en est de la Patronne et des autres officiers, j'en fais mon affaire. », grogna Tomelin en fronçant les sourcils. L'autorité et lui çà faisait deux.
Le garde hésita quelques instants, son regard allant de l'entrée du Hall à Tomelin et inversement. Puis il partit sur les pontons, de plus en plus vite en criant un « M'ci M'sieur Tomelin ».
Tomelin le regardait partir en souriant et rejoignit le Hall. A chaque fois qu'il croisait un garde, c'était la même histoire, il les renvoyait chez eux un à un.
Enfin il entra dans le bureau de la chef. Shellyna, la tête toujours rivée sur la paperasse commença à grogner.
- « Qui se permet de...... oh c'est toi ny-amn ! », fit-elle, la grimace autoritaire se transformant en un sourire rayonnant sur son visage à la vue de son époux, « je croyais que c'était encore un de ces gardes stupides ! »
- « M'étonnerait qu'ils viennent te faire ronchonner ! Je les ai renvoyé chez eux pour..... »
- « Quoi ? T'as renvoyé les gardes ? Et nos ennemis, tu y as pensé ? On doit protéger la guilde et..... », commença à crier Shellyna.
Tomelin s'était approché de Shellyna et l'embrassa passionnément après l'avoir attiré contre lui. Elle était toujours aussi belle, comme au premier jour de leur rencontre.
- « mmmmmh........mais nos enn..... », fit encore Shellyna.
Cette fois il l'embrassa longuement, tendrement tout en plongeant son regard dans l'abîme de ses grands yeux dorés. L'homine cessa rapidement toutes tentatives de discussion, l'enlaça et rendit les baisers de tout son amour.
Tomelin avait l'habitude de ses sautes d'humeur, il avait appris à les encaisser, il les aimait même. Shellyna ne serait pas aussi attirante si elle n'avait pas ce caractère insupportable. Sa guerrière était aussi belle, désirable et dangereuse que l'écorce. Et passionnée aussi.
Les corps se rapprochèrent, les baisers devinrent plus passionnés, le désir mutuel manifestement éveillé. Pourtant Shellyna le repoussa gentiment, mais difficilement, et réajusta sa robe, d'un geste empreint de coquetterie homine.
- « Ny-amn ! C'est pas le moment pour être malhonnête ! », dit-elle en souriant, les yeux brillants, encore enlacée au Tryker, « Pourquoi tu as renvoyé les gardes ? »
- « Tu ne crois pas qu'avec ce qui se passe, ils ont le droit d'être avec leurs proches ou les êtres aimés. D'ailleurs, tu ne crois pas que nous aussi nous pourrions passer les derniers temps en famille ? Nous pourrions peut-être nous retirer sur nos terres avec les enfants ? », répondit Tomelin, gardant l'homine contre son coeur.
- « Mais la guilde, nos ennemis, nos alliés et amis ! On ne peut pas laisser tout cela en plan ! Partir comme cela, d'un coup, c'est pas possible ! », fit-elle, légèrement inquiète.
- « Et pourquoi pas ? Ce n'est pas quelques ennemis qui vont nous empêcher de faire ce qu'on veut ? Ils n'y sont jamais parvenus..... c'est pas maintenant qu'on va leur donner de l'importance. », rétorqua Tomelin.
- « Et puis ils ont la tête si souvent farcie de leurs préoccupations matérialistes et de leurs visions égoïstes qu'on ne pourra pas empêcher leur langue de déverser leurs poisons. Le mal de l'écorce est plus grand que celui qu'ils ont fait. », dit le Tryker, « Ils ont tellement peu de volonté qu'ils sont obligés de faire leurs actions en douce. Tu ne crois quand même pas qu'ils ont retrouvé assez de courage pour se jeter soudainement à l'assaut de la guilde ! »
Shellyna sourit et l'embrassa du bout des lèvres.
- « An yem skaya ! Laissons les patauger dans leurs affaires nauséabondes et partons avec les enfants, si nous en avons encore le temps. », proposa Tomelin.
- « Je ne sais pas ny-amn, il y a encore tant de choses à faire, des attaques à planifier, des détails à régler, la guilde à gérer. Je ne peux pas partir tout de suite..... »
Tomelin sourit à sa guerrière, l'embrassa à nouveau longuement, puis se dirigea vers la porte.
- « Finis ce que tu as faire ici, moi je vais m'occuper des mektoubs et de notre départ. Tu nous rejoindras à l'étable, j'y serais avec les enfants. », fit Tomelin tout sourire.
- « Et ne tardes pas trop, sinon je partirais sans toi !!! », dit-il en laissant sa tête dépasser de l'encadrement.
Shellyna se mit à rire, lui tira la langue puis replongea dans sa paperasse.
Le spectacle de Fairhaven qui s'offrait à ses yeux lui fit monter les larmes aux yeux. Cette ville, d'habitude si pleine de vie, où l'insouciance et la joie de vivre des trykers se manifestaient à tout moment, commençait à ressembler à une ville morte. Des images de villes en ruines dans les Primes lui revinrent en mémoire et il se demanda si sa belle capitale, celle qu'il chérissait tant, finirait comme elles. Un frisson d'horreur le secoua rien qu'à cette idée, une ville sans âme qui vive, détruite par les ravages du temps. Ou alors plus rien, plus rien du tout.
Tomelin revint à ses occupations, balayant ces idées lugubres d'un revers de gaieté naturelle. Il sortit les mektoubs, les soigna et les bichonna, vérifiant leur état de santé. Les enfants jouaient à cache-cache autour de l'étable. Tomelin avait le coeur gros, mais il n'en laissait rien paraître. Tomelin fit un ballot avec sa hache préférée, une paire d'amplificateurs magiques et deux armures. Il en fit un de même avec les affaires de Shellyna, prenant son équipement familier. C'était absurde de prendre encore des armes alors que c'était la fin, mais les kitins étaient encore bien présents eux et ils avaient autant d'intérêt pour la fin de la planète qu'un Fyros pour un livre. Puis un troisième ballot fut constitué du strict nécessaire même en matière de vivres. Ils pourraient encore chasser pour leur subsistance de quelques jours.
- « Qui veut monter sur les mektoubs ? », dit Tomelin.
Il installa Mell et Eleyna sur une des bêtes, la plus calme de toutes, et prit Tuatha sur ses épaules, à sa plus grande joie d'ailleurs. Ils se dirigèrent vers la plage de Fairhaven.
Tomelin regardait les enfants jouer au bord de l'eau, chacun s'éclaboussant copieusement dès qu'ils se croisaient dans leurs courses. Il aimait vraiment entendre leurs rires, cela lui donnait une force nouvelle à chaque éclat.
Les deux plus jeunes avaient pris pour cible leur aînée et Eleyna faisait semblant de les éviter. Les vêtements étaient mouillés et cela donnerait encore une occasion à Shellyna de râler après lui.
D'ailleurs quand on parlait du torbak, Tomelin vit la silhouette de l'homine se profiler sur les pontons de Fairhaven. Tomelin allait demander futilement aux enfants d'arrêter leurs jeux mais il se ravisa. A quoi bon s'énerver pour quelques vêtements trempés, ce qui était somme toute assez banal dans la vie de Trykers, et des tous jeunes de surcroît. Shellyna pointa le bout de son nez, remarqua l'eau sur les vêtements des enfants et se tourna vers Tomelin, la bouche ouverte, prête à le houspiller.
Il l'attendait déjà avec son plus beau sourire, qu'il espérait le plus désarmant possible.
- « Yem skaya, il y a rien de grave ! C'est juste un peu d'eau sur des vêtements..... c'est mieux que de la bière ? An ? », dit-il en rigolant.
- « Tssssss....... tu te moques de moi ny-amn ! Les enfants pourraient tomber malade ! », répondit-elle.
- « Ca c'est pas faux.... la dernière fois que j'ai bu de l'eau, j'ai presque été malade ! », fit-il narquois, « laisses les un peu après tout, ils ne font que jouer ! Regardes les ! Tu crois que ce qui se passe les préoccupent ? Ils s'amusent sans se soucier des évènements ! »
Shellyna se blottit dans les bras de son homin et jeta un oeil attendri sur les fillettes et le garçon. Puis elle l'embrassa brièvement.
- « On part quand ny-amn ? », demanda l'homine
- « Maintenant si tu en as envie ! J'ai déjà préparé les mektoubs et j'ai fait un ballot avec tes affaires ! J'ai même pris ton armure.... la Fyros moyenne noire qui te va si bien quand.... tu sais celle qui me.... enfin celle que j'aime bien », fit-il, un petit sourire coquin s'affichant sur son visage.
- « Toooom ........ ! », s'exclama Shellyna, faussement indignée.
- « Quoi ? », dit-il innocemment en attrapant les rênes du mektoub de Shellyna, « installes toi, on va partir ! ».
Il aida sa belle à monter puis il prit Tuatha et le lui donna. Elle le plaça devant elle, dans un panier en fibre de roseau prévu à cet effet. Tomelin installa Eleyna sur le mektoub de bâts le plus calme et porta Mell sur son mektoub, devant lui, puis grimpa à son tour. Il agrippa la petite, la longe du mektoub d'Eleyna et la petite caravane prit son essor.
Tomelin s'arrêta sur la corniche surplombant Fairhaven près du tp kami. Shellyna vint se placer à côté de lui et ensemble ils regardèrent Fairhaven. Combien de fois ils avaient admiré la capitale du haut de ce surplomb, il ne saurait le dire. Leurs coeurs se serrèrent à la vue de ce spectacle magnifique, espérant sans grandes illusions que ce n'était pas la dernière fois qu'ils le voyaient.
Le vrombissement des éoliennes apportait encore cette rumeur si caractéristique aux villes d'Aeden Aequous, tandis que ces dernières brassaient l'air épais. Les tours se miraient dans le miroir aquatique et l'on pouvait discerner l'ombre des immeubles que les eaux limpides laissaient entrevoir. Les vagues venaient mourir doucement sur la plage, suçotant doucement les coquillages comme un Papy Fei édenté une friandise trop dure. Le soleil de ce début d'après-midi éclairait les eaux irisées du Lac de cette lumière si particulière et éclatante qui rendait la capitale si resplendissante. Nulle part ailleurs, dans aucune des régions qu'ils avaient parcourues, la lumière n'avait cette consistance nacrée.
Puis les nuages cachèrent le soleil, un orage se préparant au loin. Un voile de ténèbres enveloppa la ville comme pour signifier une fin pas si éloignée que cela.
La tristesse commença à obscurcir leurs âmes de Trykers en même temps que la lumière s'éclipsa sans demander son reste. Ils s'étaient battus pour cette capitale, pour ce pays et pour tout ce que les mots liberté, égalité et partage pouvaient signifier. Ces valeurs avaient rythmé leur vie et Fairhaven en était le symbole vibrant.
Un fort sentiment de colère remplaça la tristesse et lui vrilla les tripes. Il se mit à maudire Jena et Ma-Duk, lui qui n'avait jamais cru en un dieu quelconque. Ils étaient où les fanatiques religieux, ils étaient où les dieux qu'ils vénéraient tant ? Elle était où la toute puissance divine de ces deux êtres ?
Shellyna tourna la tête vers lui, les yeux humides, et lui même avait ce petit pincement au coeur qu'on attrape quand on quitte des lieux si familiers. Tomelin fit un léger sourire à son amour, sans grande conviction.
- « Allons-y ny-amn ou cela va devenir de plus en plus difficile ! », fit-elle d'une voix terne, « cela serait bien de rejoindre nos terres avant la nuit. »
Tomelin acquiesça et ils firent tourner bride aux mektoubs. Ils s'éloignèrent sans un mot, le coeur lourd. Juste les babillages joyeux de Tuatha qui escortaient le départ des Trykers. Au loin, l'orage arriva sur Fairhaven.
Les fagots tombèrent lourdement dans les flammes, lançant dans la nuit naissante un tourbillon d'étincelles. Proche du feu, un yubo entier finissait de rôtir doucement. Un peu plus loin, les enfants jouaient entre eux, retrouvant à leur plus grande joie une liberté de mouvement qu'ils n'avaient plus depuis longtemps. La nuit promettait d'être douce et les étoiles commençaient à scintiller dans le ciel comme autant d'éclats d'ambre.
Le voyage avait été long, terriblement long, mais en arrivant dans leur région, l'air devint plus léger et le poids qu'ils ressentaient depuis leur départ s'envola. Même la tristesse et l'amertume s'envolèrent.
Ils arrivèrent dans la petite enclave au milieu des bamboos et installèrent rapidement le camp. Tomelin libéra les mektoubs qui s'égaillèrent dans la nature, ce qui avait peu d'importance puisqu'il n'y avait pas de prédateurs.
La liberté d'action ramenait sur le visage des Trykers un sourire qui s'était absenté pour cause de morosité. La petite famille attaqua le repas avec un appétit et un enthousiasme plus que manifeste.
Tomelin observa tout le monde et chacun semblait détendu et apaisé. Il regarda avec amusement Eleyna, la bouche pleine de gras et de jus de viande. Elle ressemblait tellement à Kae.
Ses pensées l'embarquèrent pour un voyage sur le fleuve de ses souvenirs. Un sourire rayonnant s'afficha sur le visage de Tomelin et l'image d'une homine prit corps dans son esprit.
Et quel corps.... Kae..... la belle Kae....
Une homine si discrète et si forte à la fois. Celle qui l'avait ému par sa douceur et sa détermination. L'homine de ses premiers émois, si passionnée, si tendre et si belle. L'homine aux grands yeux violets avait fait fondre la glace de la vie qui enserrait son coeur et l'avait ramené dans le monde des vivants. Il se souvenait avec émotion de la main de l'homine effleurant la sienne, caresse d'un papillon éveillant ses sens et son désir. Il se souvenait de cette longue nuit au cours de laquelle ils s'étaient aimés. Et les autres aussi.... Chacune avait marqué son corps d'une manière indélébile. Eleyna était née de cet amour. Avec Kae, la vie s'était mise à bouillonner dans les veines de Tomelin.
Un peu trop même. Kae avait disparu pendant quelques temps et il l'avait trahie, il avait trahi sa confiance mais Jena que cette trahison fut délicieuse. Puis elle avait à nouveau disparu, le laissant seul avec Eleyna et .... Shellyna. Et puis il y eu ce jour funeste où elle tomba dans un gouffre au plus profond de l'écorce. Le coeur de Tomelin portait toujours cette cicatrice malgré tout l'amour de Shellyna. Son visage se contracta et ses yeux se fermèrent un court instant en revoyant ses yeux violets remplis d'amour qui ne le quittaient pas alors qu'elle chutait dans les abysses de l'écorce.
Une pensée en amenant une autre, il repensa à Sharo. Petite homine timide qui forait pas loin de lui à la Source et qui s'arrêtait de temps en temps pour jouer un air de musique lancinant. Tomelin prenait le temps de l'écouter lui aussi. C'était à l'époque de la première disparition de Kae, à l'époque où il venait de rencontrer Shellyna. On sentait chez Sharo une tristesse incommensurable, un drame qui lui pliait le coeur comme un shalah plierait un olansis en s'asseyant dessus. Ils discutèrent souvent, ils passèrent du temps ensemble. Il devint son confident, témoin passif, vivant avec elle ses plus grands drames. Ils traversèrent des périodes de fraternité, de complicité et d'amour, mais aussi bizarre que cela puisse paraître jamais en même temps ni au même moment. Ils avaient connu ensemble de grands moments de bonheur comme de tristesse, mais les choix de Tomelin en décidèrent autrement. Ils faillirent devenir amants, ils devinrent frère et soeur de coeur. Il avait encore pour Sharo une affection teintée d'amour impossible mais il appréciait toujours son caractère et sa présence, même si des fois le caractère..... Tomelin eut un petit sourire en pensant à sa soeur Sharo. Elle allait lui manquer.
Un souvenir douloureux remonta à la surface avec sa cohorte de relents nauséabonds. Il n'était pas fier à l'évocation de ce souvenir, il avait fait souffrir deux homines, lui qui détestait tant cela. Pourtant son coeur bondit quand l'image de Liiana se matérialisa. Sa petite étoile, ny-antaal skaya, comme il lui disait. Il la voyait encore assise seule dans un coin du bar de Ba, alors qu'elle venait de rentrer dans la Garde des Dragons Noirs, perdue, seule malgré la foule et vaguement malade. Il se souvint encore d'avoir délaissé tout le monde pour essayer de la faire sourire un peu. A peine l'avait-il vu qu'il avait déjà décidé qu'il la protégerait, il ne savait pas de quoi mais il savait qu'il le ferait. Ils discutèrent souvent, passèrent de longues journées ensemble. Petit à petit, des liens se tissèrent, des liens que Tomelin avaient déjà connus quand il avait rencontré Shellyna. Il lui apporta son aide pour lutter contre la drogue des Alkians, il la veilla dans les moments difficiles, il fut heureux pour elle quand elle rencontra Yorek et il s'éclipsa pour la laisser enfin un peu seule. Mais l'amour faisait vibrer Liiana, un amour pour lui de plus en plus fort et il y succomba une nuit, aux bains de Pyr. Il hésitait encore à dire que c'était une des pires erreurs de sa vie, non pas pour les instants délicieux qu'il passa avec Liiana mais pour le mal qui en découla pour la jeune homine.
Tomelin ne savait toujours pas comment Shellyna l'avait appris, mais il s'ensuivit pour Liiana une vie infernale menée par Shellyna, rejetée par beaucoup de personnes, utilisée par d'autres pour leurs propres plaisirs en lui faisant miroiter un autre amour, lui aussi impossible. Et il y avait eu la lâcheté de Tomelin même si elle lui avait dit que non. Mais le Tryker avait encore ce goût de fiel dans la bouche parce qu'il avait toujours le sentiment de l'avoir abandonnée.
- « Ny-antaal skaya ! », murmura-t-il faiblement, attirant l'attention de Shellyna malgré lui.
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, c'est cette histoire qui renforça les liens entre Shellyna et lui. Le bouillonnement de sa sève dans ses veines se calma pour ne laisser la place qu'à un désir unique, sublime et magnifique. Mell naquit de cette prise de conscience, plus tard le petit Tuatha et leur mariage récent paracheva ce sentiment.
Il sourit à sa guerrière.
Dans cet endroit paisible, à l'abri de la folie des deux fausses déités d'Atys et de leurs fanatiques, il retrouvait une plénitude rare, un instant de paix trop souvent oublié. Qu'importe ce qui allait se passer, il goûtait enfin à cet instant de répit qu'il recherchait depuis si longtemps.
La soirée passa agréablement, les enfants furent couchés près du feu.
Tomelin s'assit sur la plage du petit lac, devant le feu, et commença à lancer des coquillages dans l'eau, Shellyna vint se blottir contre lui.
Ils se regardèrent longuement, sans un mot, les yeux scintillants de milliers d'étoiles, chacune représentant un souvenir particulier.
Au printemps, la forêt matis, quand les arbres se paraient de fleurs violettes, ou la jungle, avec ces lianes fleuries.
En été, la jungle, avec ces myriades de fleurs colorées et leur fragrance embaumant les lieux, le désert, avec la cime des arbres en feu de la Forêt Enflammée ou les lacs avec les baignades et les longues discussions, leurs corps chauffés par les rayons du soleil.
En automne, le vent qui soufflait sur les lacs, secouant les olansis comme on agite une arme.
En hiver, la neige qui recouvrait le sol de la jungle ou de la forêt, offrant aux deux Trykers des occasions de jeux et de rigolades.
Les yeux émerveillés de Shellyna lors de sa première expédition dans les Primes Racines et ses régions chargées de mystères, au combien dangereuses pour qui ne faisait pas attention.
Ces couchers de soleil, tous aussi magnifiques les uns que les autres et aussi enchanteurs quelque soit le lieu, propices aux instants de tendresse, aux discours romantiques et aux discussions politiques.
Ces villes de l'écorce, Fairhaven, Pyr, Yrkanis, Zora et les autres avec leur architecture si particulière, leurs monuments et leurs histoires homines, les grandes comme les petites.
Ces lieux magiques, enchanteurs, qui observaient leurs ébats amoureux ou leurs sages discussions. Thesos, la Source Cachée, les Landes Obscures, la Main Géante et plein d'autres encore.
Des homins et des homines qui avaient marqué leurs vies, amis comme ennemis, certains remarquables, d'autres détestables mais qui avaient apposé d'une manière ou d'une autre leur empreinte sur le cours de leur existence.
La faune, la flore, des paysages, des visages, des bribes de vie, des sentiments, tout défilait à une vitesse folle, tout se bousculait, un flot continu de souvenirs qui ne demandaient qu'à s'exprimer une dernière fois, au cas où leurs forces pourraient empêcher l'inéluctable.
L'écorce frémit.
Ils se rapprochèrent des enfants endormis, les mains se cherchèrent une dernière fois, un dernier acte d'amour et de tendresse.
L'écorce trembla.....
hrp/ voilà un dernier texte qui était en cours d'élaboration avant que le serveur ne s'arrête et qui n'avait pas cette fin au départ.
Ma manière de dire que j'ai passé des instants agréables dans ce monde et de remercier ceux avec qui j'ai rp (Shellyna, Liiana, Sharo, Kae, Varixia, Nymphea, Amatsu (même si c'était tendu parfois), Fei, Neph et d'autres encore....) et/ou joué. Des amis parmi les guildes dont j'ai fait partie ou ceux d'une rencontre au hasard des évènements. Des ennemis aussi qui ont donné une consistance aux personnages, même si souvent eux ne l'ont pas appréciée.
Et puis un grand merci encore à tous ceux qui ont fait vivre ce jeu, d'une manière ou d'une autre, ludiquement ou techniquement. /hrp
Last edited by sheelba on Thu Feb 14, 2008 4:43 pm, edited 1 time in total.
Tomelin
Appât à Slucer des Lames d'Aeden
"Je n'existe pas parce que je clique, j'existe parce que je réfléchis." (Lao-Tseu, VIè siècle av. JC)
Appât à Slucer des Lames d'Aeden
"Je n'existe pas parce que je clique, j'existe parce que je réfléchis." (Lao-Tseu, VIè siècle av. JC)
Re: amer voyage
Magnifique ...
Nymphéa Lae Lia, Taliar
Chef de la Garde des Dragons Noirs, guilde multiraciale de citoyenneté tryker et neutre de religion
Guilde membre des Maisons de la Libre Ecorce
Re: amer voyage
[hrp]
Merci pour cette façon toujours aussi plaisante de dire à bientôt
Et j'en profite pour te remercier à mon tour pour tous tes textes, toujours lus avec un plaisir renouvellé, souvent avec grande émotion, parfois avec un peu d'agacement .
[/hrp]
Merci pour cette façon toujours aussi plaisante de dire à bientôt
Et j'en profite pour te remercier à mon tour pour tous tes textes, toujours lus avec un plaisir renouvellé, souvent avec grande émotion, parfois avec un peu d'agacement .
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Re: amer voyage
Bravo Tomelin... et merci oui pour tes textes plus magnifiques les uns que les autres !
Merci aussi et à bien d'autres, beaucoup, beaucoup d'autres pour pour votre amitié ig... Je ne fais pas de liste... je sais que vous vous reconnaitrez
Merci aussi et à bien d'autres, beaucoup, beaucoup d'autres pour pour votre amitié ig... Je ne fais pas de liste... je sais que vous vous reconnaitrez
Re: amer voyage
Moi ... moi ... moi ... et re moi ????
Oki, tampis ...
*sort*
Nucleotom, Officier Gardiens des Lacs et homin de Kairie !
Oki, tampis ...
*sort*
Nucleotom, Officier Gardiens des Lacs et homin de Kairie !
Re: amer voyage
Un petit frisson m'a parcouru le dos à cette lecture Tomy, et m'a renvoyé à toutes les histoires, aventures & autres guignolades passées durant ces 3 années.
Merci à toi, aux Lames, aux Ospeaciens, et les autres que j'ai pu croiser sur cette belle écorce.
Merci à toi, aux Lames, aux Ospeaciens, et les autres que j'ai pu croiser sur cette belle écorce.
Nepher K'aan.
Re: amer voyage
Que de Souvenirs en lisant ce magnifique texte ...
Les chevauchées dans la Terre du Milieu, ne remplaçant pas la Magie de l'Ecorce ...
Pensées à toutes et tous, croisés de loin ou de près sur Atys
Les chevauchées dans la Terre du Milieu, ne remplaçant pas la Magie de l'Ecorce ...
Pensées à toutes et tous, croisés de loin ou de près sur Atys
Aégina/Trégian - Guilde HARMONIE
Re: amer voyage
C'est aussi des textes comme cela ou bien encore les chansons de miss Bam Bouh, les vidéos d'Acridiel ou de Misu... et tout ce que des homins passionnés ont su extraire de leurs expériences et/ou de leur imagination qui font que l'Ecorce reste pour moi le seul lieu de RP envisageable. Même si je dois trouver refuge ailleurs, je ne pense pas y retrouver ma verve et je confine mes écrits auprès des miens. Même mon nom autant que mon coeur reste attaché à ces lieux dans l'attente de jours meilleurs.
*dans le coeur, la Sève*
Merci à tous pour ces moments passés à vos côtés, l'espoir de vous retrouver est toujours présent mais il nous faut avancer dans le présent et rester auprès des nôtres si chers.
*la gorge nouée mais le regard plein d'espoir*
A très bientôt j'espère,
Mermaidia
(heureuse chef des Eclaireurs d'Atys)
(grande floodeuse et Résistante devant Ma-Duk)
xxx
*dans le coeur, la Sève*
Merci à tous pour ces moments passés à vos côtés, l'espoir de vous retrouver est toujours présent mais il nous faut avancer dans le présent et rester auprès des nôtres si chers.
*la gorge nouée mais le regard plein d'espoir*
A très bientôt j'espère,
Mermaidia
(heureuse chef des Eclaireurs d'Atys)
(grande floodeuse et Résistante devant Ma-Duk)
xxx