L'un après l'autre, Nomis, Guilan, Sterga et Milles m'expliquent les rudiments de leur art et leur utilité. Chacun m'encourage à m'entraîner pour devenir plus forte
Il en va, disent-ils, de la sauvegarde de l'espèce Homine contre le fléau Kitin. Il est de la responsabilité de chaque réfugié de se préparer aussi sérieusement que possible afin de renforcer les rangs sur le continent et combattre la menace. Leur discours me rappelle des bribes de conversations entendues il y a longtemps déjà
«Karyl, ne crois-tu pas qu'il serait temps maintenant que nous nous décidions à agir ?», demandait Neewen un jeune chasseur du village, apprécié pour sa sagesse malgré son jeune âge. «Oui, je pense qu'il va falloir que nous nous réunissions
» répondait vaguement Karyl. Mais rien ne se passait. Loulhy, qui n'était pas très au fait des affaires politiques, ne comprenait pas tout ce qui se disait, mais elle ne pouvait pas s'empêcher de faire un lien entre cette attitude des sages du village et le départ de sa grande sur. Pour autant, elle ne disait rien pour ne pas s'attirer les foudres de son père. Elle observait et écoutait discrètement, et percevait aussi les clivages entre les villageois sans tout à fait en comprendre les raisons.
Un jour, de nombreux chasseurs habitant le village empaquetèrent leurs affaires et, avec leur famille, quittèrent leurs habitations pour se mettre en route vers une terre moins hostile que ne l'était devenue la région. Ce fut un moment douloureux. Beaucoup d'amis de Loulhy partirent avec leurs parents et la jeune fille se sentit de nouveau envahit par une vague de tristesse et de solitude. Elle serait bien partie elle aussi... Elle pensait à Syrcée
Mais son père ne voulait pas en entendre parler. «Ma fille, disait-il, ta mère, mon épouse bien aimée repose ici et je ne l'abandonnerai jamais, même au prix de ma vie. Et puis, je ne
Et si ta sur revient ? Si elle ne nous trouve pas ici ? Comment saura-t-elle où nous sommes ?». Karyl savait que cet argument ferait taire Loulhy. Pour sa part, ce n'était bien sûr pas ce qui motivait son obstination à demeurer dans le village. Jamais il quitterait cette terre. Il y était né, il y avait toujours vécu. Il y avait ses racines. En outre, il était convaincu que le camp était bien protégé et son rempart d'une efficacité sans faille.
Oh papa, comme tu me manques toi aussi, comme maman me manque, comme Syrcée me manque
Je me sens tellement seule et je regrette tellement toutes les méchantes pensées que j'ai eu
Nous t'avons perdu, Syrcée et moi quand maman est morte. Et quand Syrcée est partie, j'ai cru que tu me détestais
Maintenant que je suis seule, que je pense à toi, je sais que je me trompais
mais tu n'es plus là
tu es parti rejoindre maman
Karyl ne s'était jamais remis de la mort de sa tendre épouse, adorée. Il ne se remettait pas non plus du départ de sa fille Syrcée qui lui ressemblait tant et qu'il vivait comme un abandon. Quant à Loulhy, elle lui rappelait tellement, tellement, Leya, tant par sa naïveté, que par sa sensibilité et son aspect chétif. Au moins, quand Syrcée était là, elle s'occupait de la fillette et la soustrayait à son regard en l'emmenant avec elle. Mais elle était partie, par sa faute. Jamais il n'aurait pu imaginer qu'elle oserait. Oui décidément, elle lui ressemblait terriblement
Un jour, sans prévenir, la menace tant redoutée s'abattit sur le village. Des cris déchirants parvinrent aux oreilles de Loulhy qui en était paralysée de terreur. Les kitins avaient pénétré l'enceinte du village. Ils étaient passés par les profondeurs. Tout le monde courrait et hurlait. Les plus vaillants affrontèrent les créatures hideuses qui détruisaient tout sur leur passage, tuaient sans état d'âme hommes, femmes, enfants
Loulhy n'avait pas l'étoffe d'une guerrière, elle ne savait pas se battre et n'était pas franchement très courageuse. Affrontant les créatures, Karyl lui recommanda de vite se cacher. Mais elles étaient puissantes en nombre, en férocité, et en force Personne ne leur parvenait à leur résister. Karyl lui même
Loulhy vit son père s'effondrer
Sa rancur vis-à-vis de ce père devenu taciturne, distant, sévère depuis le départ de Syrcée s'évanouit en même temps qu'une douleur terrible lui déchira le cur. «PAPA !!! NON
OOHH PA
!!! Pétrifiée, Loulhy ne pouvait plus parler. Elle ne pouvait ni bouger, ni penser. Son regard restait fixé sur son père gisant là, juste à quelques mètres.
Je n'oublierai jamais ! Je te promets mon papa chéri, je te promets de devenir forte, d'apprendre à me battre et de devenir le pire fléau des kitins. Je te vengerai, papa. Je me vengerai !
A cette pensée, une énergie nouvelle me submerge. Je me sens prête, enfin, à passer aux choses sérieuses. Les quelques dappers que j'ai sur moi devraient me permettre de m'acheter une tenue pour commencer mon entraînement et une bonne arme.
Comment, pourquoi, elle ne saura jamais. Mais tout à coup, Loulhy sortit de sa torpeur, attrapa d'un geste machinal le chapeau de son père, qui ne la quittera plus jamais, et se mit à courir, à courir, à courir en direction de la cache fabriquée par Syrcée. Déplaçant méticuleusement les branches comme le lui avait montré sa sur, le cur battant la chamade, toute tremblante, elle s'y réfugia en prenant le soin de la rendre de nouveau invisible une fois à l'intérieur.
Peu à peu, les hurlements féroces des kitins, et les cris des villageois massacrés s'estompèrent. Et puis, plus rien. Plus un bruit. Le silence. Un silence lourd, inquiétant, inhabituel. Mais Loulhy ne pouvait se résoudre à sortir de sa cachette et s'endormit là.
Combien de jours resta-t-elle dans son refuge, prostrée ? C'est la faim et la soif qui l'obligèrent finalement à réagir. Mais que faire, se demandait-elle. Malgré ses 14 ans, Loulhy n'était pas très débrouillarde. Protégée depuis toujours par ses proches, elle n'avait jamais appris à se débrouiller seule. Devait-elle rester ? Ou partir ? Mais dans ce cas, où aller ?
Elle avait bien entendu parler à plusieurs reprises de Silan mais elle n'avait pas la moindre idée de la manière de s'y rendre, ni même déjà où cela se trouvait au juste. «Un camp de réfugié dans le sud d'Atys» avait dit son père. Elle décida alors qu'il serait plus sage de tenter de s'y rendre et se prépara pour ce voyage.
Je ne regrette pas cette longue route qui m'a amenée ici. L'accueil n'était certes pas des plus chaleureux mais peu m'importe, je ne suis pas ici pour ça ! Je viens apprendre à me battre et je me fiche bien de trouver des amis
Cette pensée m'arrache malgré moi un sourire. J'essaye de faire la forte et la méchante mais au fond de moi, je sais bien que ce n'est pas vrai. «Sois honnête avec toi même ma petite Loulhy !», me dit ma petite voix. «Bon te faire des amis n'est pas ta priorité, mais tu sais bien que tu ne saurais t'en passer». Oui, bon d'accord. Mais d'abord l'entraînement. Allez en avant pour mes premières missions de magie et de guerrière : tuer des yubos
La route fut longue en effet depuis le village ravagé jusqu'au camp de réfugiés sur Silan, et les frayeurs nombreuses. Loulhy traversa beaucoup de territoires marqués à jamais par le passage des kitins, déserts et désespérés, où elle ne rencontra pas âme qui y vivaient. Elle rencontra aussi des homins installés dans des campements de fortune, qui lui racontaient leurs histoires, à qui elle aurait voulu raconter la sienne, si elle avait pu. Mais cela lui était encore trop douloureux et les mots ne pouvaient pas sortir. Seules ses larmes témoignaient de ce qu'elle avait pu vivre. Malgré les invitations à rester avec eux, Loulhy les quittaient toujours pour poursuivre sa route. Elle aurait bien aimer qu'ils se rallient à elle pour rejoindre Silan, mais personne ne voulait prendre de tels risques. «Le chemin est dangereux», disaient-ils, «Les kitins sont partout», «Si nous devons mourir, autant mourir près de nos proches». Et Loulhy de se souvenir des discussions animées dans son village autour de cette question : rester ou partir.
Et puis, par un beau matin de printemps, épuisée mais saine et sauve, Loulhy arriva aux portes de Silan. Elle était fière d'elle, la petite Loulhy, elle avait réussi.
Eh bien voilà une journée qui se termine bien ! Bon je suis pleine de bleus, à peine remise de mes frayeurs et de mes émotions, mais entière ! Un bon feu m'attend tout près de ma tente au camp Tryker. Je suis totalement épuisée
je n'ai même pas la force de raconter toutes ces missions que j'ai vaillamment remplies.. Tous mes entraîneurs m'ont félicitée ! Leurs compliments me vont droit au cur
Ils m'ont dit aussi qu'ils ont fondé beaucoup d'espoir en moi parce que je réussis tout très bien ! Hihi !
Dans le calme paisible de la nuit, Loulhy s'endort le cur tranquille. Elle n'a rien oublié de son passé mais ce nouveau but donné à sa vie, cette vengeance qu'elle prépare contre les kitins, devenus ses ennemis juré, lui a redonné vigueur et espoir.
Elle se réveille au petit matin avec dans le cur une sensation étrange et dans la tête l'image persistante de sa grande sur Syrcée.
Ooh Syrcée, ma grande sur
Chaque nuit je rêve de toi, de te retrouver
Je ne cesserai jamais de te chercher tant que je ne saurais pas ce que tu es devenue
Loulhy se prépare. Elle enfile sa jolie armure et prend sa grande épée tryker à deux mains. Son journal de mission la conduit aux Ruines de Silan
spectacle de désolation
Là, elle doit tuer des yelks.
Brrrr
je n'aime vraiment pas cet endroit
et ces yelks, beurk, qu'est-ce qu'ils sentent mauvais ! Oh la la ! en plus la zone est pleine de prédateurs
Loulhy a peur
mais elle sert les dents et chasse les yelks. Le combat n'est pas facile, elle manque souvent d'être terrassée mais elle s'en sort de justesse.
Alors qu'elle récupère un peu, son regard est attiré par une silhouette lointaine
Loulhy sursaute
cette manière de se déplacer lui paraît familière.
Peut-être que je me suis endormie et que je rêve ? ou bien je suis morte ? C'est ça je suis morte
Non, Loulhy n'est pas morte, pas plus qu'elle ne s'est endormie
La silhouette s'approche plus près, encore plus près, au point que tout doute est effacé.
Syr
Syrcée ? SYRCEE ??? Syrcée, c'est toi ? Ma grande sur, oooh !!!
Loulhy se jette dans les bras de sa grande sur retrouvée. Elle pleure de bonheur. Bien qu'elle l'espérait, qu'elle l'attendait plus que tout au monde, Loulhy avait du mal à croire en la réalité de cet instant.
Mais non ma crevette, ma petite sur chérie, non tu ne rêves pas. C'est bien moi devant toi. C'est bien toi devant moi.
Syrcée prend sa petite sur dans ses bras, la cajole et sèche les larmes qui inondent son visage. Elle aussi est si heureuse, elle avait envisager le pire.
oh Syrcée, Syrcée je.. le village
Papa...
Loulhy ne pouvait finir aucune de ses phrases. L'émotion était trop forte
Syrcée n'insista pas. Elles auraient bien le temps de parler de tout cela. Et puis elle se doutait, elle savait une partie de ce que sa sur ne parvenait pas à lui dire. Quel bonheur inespéré, pensa Syrcée
Elle qui croyait Loulhy morte comme tous les autres
Depuis quand es-tu ici Syrcée ?
Et Syrcée de raconter à Loulhy comment elle avait trouvé Silan et entreprit de s'entraîner pour venir en aide à leur village.
«Moi aussi ma grande sur je m'entraîne beaucoup pour devenir très forte, pour pouvoir rallier les troupes sur le continent et combattre le fléau kitin. On pourra se battre en ensemble hein ma grande sur ?»
«Je ne vais pas partir sur le continent Loulhy. J'ai décidé de rester ici sur Silan pour aider les nouveaux réfugiés à s'entraîner. Pour les préparer et les aider à apprendre à combattre les kintins.»
«Tu vas rester ici
Mais alors
si je pars
on ne se verra plus
Oooh non
oh non pas question ! Pas question que je te perde encore
Je vais rester ici, près de toi, avec toi ! Et je vais t'aider à
à aider !!!»
Syrcée est amusée
Elle imagine sa petite trouillarde de sur, sa crevette, en train d'aider les nouveaux réfugiés
Elle aimerait voir ça !
Mais la détermination qu'elle peut lire quand le regard de Loulhy lui montre à quel point celle-ci semble avoir grandit et mûrit
enfin par certains côtés comme le lui montrera l'avenir.
Syrcée accepte la proposition de sa petite sur, à la condition que celle-ci suive son enseignement et son l'entraînement intensif auquel elle compte la soumettre. Son idée n'est pas tant qu'elle l'aide mais bien plutôt qu'elle sache se défendre, qu'elle devienne plus forte dans sa tête et dans son corps. Même si elle a bien changé, Loulhy semble encore tellement vulnérable et fragile.
Le temps passe sur Silan, avec son lot de joies et de peines, amours déçus amours perdus, amis partis sur le continent, amis toujours présents
Les deux surs s'entraînent aussi souvent que possible, aidant comme elles le peuvent les nouveaux réfugiés qu'elles rencontrent. Et puis de ces rencontres naît une idée qui devient un projet commun mûrement réfléchit. Enfin, avec l'aide, l'appui et le soutien de nombreux amis, Syrcée et Loulhy donnent naissance à l'École de Silan.
[Bg - Loulhy 2] Les retrouvailles de Loulhy Mac'Einan et de sa sur Syrcée sur Silan
Moderator: Chroniques d'Atys
[Bg - Loulhy 2] Les retrouvailles de Loulhy Mac'Einan et de sa sur Syrcée sur Silan
"La meilleure défense c'est la fuite !! hihi"
Loulhy Mac'Einan
Loulhy Mac'Einan
Re: [Bg - Loulhy 2] Les retrouvailles de Loulhy Mac'Einan et de sa sur Syrcée sur Si
[HRP]
C'est toujours un plaisir de lire tes aventures.
Bonne chance pour l'ecole de Silan.
[/HRP]
C'est toujours un plaisir de lire tes aventures.
Bonne chance pour l'ecole de Silan.
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Re: [Bg - Loulhy 2] Les retrouvailles de Loulhy Mac'Einan et de sa sur Syrcée sur Silan
Bravo Loulhy tu est tjr aussi super dans tes romans que sur Silan ! Moi je suis parti en vous laissent tous, mes amis et meme ma guilde sur Silan mais sache que je t'oublierai jamais et j'espere te voir sur le continent quand meme ! Je t'adore, t'est trop simpa !!!!
Nucleotom, tryker, futur kamiste et amoureux de Metrui !
Nucleotom, tryker, futur kamiste et amoureux de Metrui !