Le cauchemar d'Aby

[fraudex]

Le bruit était infernal, une grande ombre menaçait la petite fyros du doigt, et une voix grondait de toute sa puissance.

- Ils partent tous à cause de toi !!!! Tu ne fais que des bêtises et c'est par ta faute si tous disparaissent d'Atys !

Aby était recroquevillée sur elle-même et tremblait de tout son corps. Ses yeux étaient écarquillés de terreur devant l'homin qui la menaçait. Elle savait qu'il ne la toucherait pas, mais chaque mot était pire qu'un coup de poignard en plein coeur.

- Tu as désobéi à ton frère Bloudi en rejoignant des Légionnaires… et il a disparu !

- Tu as trompé le grand chef Ufo et il a disparu !

- Tu as menti sur ton âge à ta marraine Gozmoth et à son tour elle a disparu !

- Tous partent par ta faute !

Aby était tétanisée et n'arrivait pas à prononcer une seule parole pour se défendre. Mais sans pitié la voix continuait.

- Tous ceux qui t'aiment partent ! Regarde autour de toi, depuis que tu t'es enfuie des Légionnaires !

- Nynaeva a disparu ! Elle a même interdi à Mahea de te causer tellement tu fais des bêtises !

- Et celui dont tu étais amoureuse ! Celui que tu voulais épouser quand tu serais grande !

La voix gronda encore plus fort.

- Keyrons, tu le sais bien ! Lui aussi il a disparu !

- Et ton amie la petite trykette Sylve ! Tu lui as fait quoi à elle pour qu'elle disparaisse ?

- Et maintenant c'est ton ami Xaneos qui a disparu !

- Ils partent tous à cause de toi ! Parce que tu n'es pas une gentille petite fyros comme tu devrais être ! Ils disparaissent à cause de toi !

- Nannnnn c'est pas vrai ! C'est pas de ma fauteeeee, nannnn z'ai zamais voulu qu'ils partent ! Moi ze les aime ! Moi ze veux pas qu'ils partent ! Moi ze veux qu'ils reviennent !

- Ils ne reviendront pas ! Tonna la voix. Et tu le sais bien ! Ils ne reviendront jamais parce que tu es une sale gamine !

- Nannnn ze suis pas missante ! C'est pas ma faute s'ils partent tous !

Aby se mit à hurler dans son sommeil. Le bruit autour d'elle se faisait plus fort. La main de l'homin lui serrait l'épaule comme un étau. La petite fyros se débattit de toutes ses forces lançant ses poings en avant et donnant des coups de pieds dans tous les sens.



- Hé sale gosse ! Ça suffit ! Réveille-toi !


Aby ouvrit les yeux avec stupeur. Tout son corps tremblait et les larmes coulaient de ses yeux. Elle regardait avec terreur l'homin qui s'était accroupi à côté d'elle. Le grand matis essuyait du revers de sa main les quelques gouttes de sève s'échappaient de sa lèvre inférieur, là où elle avait dû le frapper dans sa panique. Son regard était doux comparé à ses paroles.


- Calme-toi petite, c'est fini… c'est fini…

- Il a dit que c'est de ma faute s'ils partent tous ! Que c'est à cause de moi ! Tous ceux que z'aime, ils disparaissent parce que ze suis mauvaise !

Le grand matis s'assit à côté de la petite fyros qui tremblait et la prit dans ses bras.

- Mais non petite, ce n'est pas de ta faute ! Ainsi va Atys, les homins viennent, les homins s'en vont, ils ne disparaissent jamais vraiment… ils finissent toujours par revenir… ou pas, murmura-t-il pour lui-même.


Les tremblements d'Aby se firent moins forts, elle se pelotonna dans les bras du matis, qui mal à l'aise lui caressa la tête. Il n'avait qu'une envie, se débarrasser de cette enfant trop encombrante et quitter Pyr le plus rapidement possible avant d'être vu. Mais il n'avait pas pu laisser la gamine se débattre toute seule dans son cauchemar.

- Allez, rendors-toi petite peste. Murmura-t-il en continuant à lui caresser la tête pour l'apaiser.

Aby finit par se calmer, elle sentait que la puissance du matis la protégerait de la terreur qui l'avait envahie pendant son sommeil. Elle se blottit dans ses bras et se rendormit.


Le grand matis resta assis sur le sol devant la porte du bar de Pyr, il n'osait reposer l'enfant de peur de la réveiller ou de voir ses cauchemars reprendre. Son visage était sombre et il se demandait comment il en était arrivé là ! Déjà plusieurs fois il l'avait épargnée, et maintenant il l'a consolait et la berçait ! Comment avait-il fait pour s'attacher à une enfant... kamiste en plus !

Un peu plus tard, alors qu'il sortait de son bar pour prendre l'air, Lydix regarda avec stupeur sa petite protégée pelotonnée dans les bras du grand Matis qui dormait à poings fermés.