Le rite du vieux (journal d'un questeur).

[azazer]

Je m’avance dans la jungle. L’hiver, encore cet hiver, la jungle est recouverte de son blanc manteau, et le vent qui me glace. Je regarde les ploderos, ils ont l’air paisible, tant mieux c’est qu’il ne doit pas y avoir de prédateur. Je m’installe sous un doreo, il me protègera si il commence à pleuvoir.
D’un geste de la main, j’enlève la neige qui recouvre la sol, je regroupe quelques branches et feuilles mortes qui étaient au sec. Avec une pierre aiguisée, un briquet d’amadou qu’ils appellent cela les fyros, j’allume un feu.

Un peu de chaud, tant mieux. Nos vêtements ne sont décidément pas fait pour lutter contre le froid. J’enlève mes gants, et rapproche mes mains du feu. J’observe les mes mains. Usées, fatiguées par des années de forage et de chasse pour nourrir les miens. Mais c’est une bonne usure. Je souris, mais aussitôt, un voile sombre tombe sur mes yeux éternellement cachés. Non une mauvaise usure ! Les années de combat, voilà pourquoi elles sont aussi laides mes mains.

Je détourne la tête et regarde de nouveau le troupeau de ploderos. Le froid ne les dérange pas, la nature est bien faite, Ma-Duk a été généreux pour eux. Nous autres homins sommes si mal préparés à vivre sur l’écorce. Sommes nous réellement à notre place d’ailleurs ? L’on dirait que nous avons été placés pour perturber le fragile équilibre d’Atys. Nos guerres sans sens. Nos forages qui vident la vie de cette terre. Nos chasses a l’excès. Tout cela dans un seul but survivre, alors même que nous ne sommes pas fait pour vivre ici, incapable d’être autonome, incapable d’avoir une place dans l’écosystème. Ni proie, ni prédateur, nous ne sommes que des parasites ! De vulgaire poux, tout juste bon à obéir… Pitoyable hominité.

Le vieux tarde à venir. Pourquoi m’avoir fait venir ici par un temps aussi exécrable ? Enfin l’on dit de lui qu’il est l’un de nos plus sages, l’un de ceux qui ne font qu’un avec Atys. Qu’au travers de ces yeux, l’ont peut y déceler l’infini de l’âge kami. Mouais…En tout cas il n’est pas à l’heure et moi j’ai froid.

Le troupeau commence à bouger, je scrute. Surement un prédateur, je rapproche mon épée. On ne sait jamais.

[azazer]

Trois jours, trois jours que je vis avec lui. Le vieux parle pas beaucoup, juste des ordres et quelques conseils sur la nature et ces dangers. Comme si je ne les connaissais pas. Enfin, au moins il vit dans une petite cahutte, on est à l’abris de ce temps de fripo.

Aujourd’hui je dois partir seul vers un lac pas naturel, qu’il m’a dit. Il entend quoi par pas naturel ? Je dois lui trouver de l’écorce spéciale, pour un des ces rituels, un rituel qu’il m’enseignera. Bref, toujours aussi peu d’explication et pas la peine de lui poser des questions, il est du genre muet quand il s’y met, ce qui m’énerve assez d’ailleurs.

Je prends mon équipement, amplificateur, épée et ration de nourriture supplémentaire au cas où je serais retenu plus longtemps que prévu. J’enfile ma couverture en poil de shalah, cadeau d’une veille connaissance et j’y vais.

Le périple fut plus long que prévu. Presque une semaine maintenant que je suis partie. Ce fut long mais riche en enseignement. Tout d’abord son lac. Oui pour sur qu’il n’était pas naturel. Un lac ce truc ? Non plutôt un trou, comme si une étoile avait percuté le sol avec une extrême violence. Ensuite son lac il était au bord de la goo, alors forcement pour s’en approcher, avec les créatures dégénérées et agressives qui rodaient autour de ce lieu, bonjour l’angoisse.

Enfin une fois sur place, j’ai pu étudier la flore et la faune, m’imprégner de ce lieu et ces habitudes. Alors déjà il n’y avait que des créatures qui se comportaient comme des prédateurs, normal en même temps vu l’herbe et les plantes qui y poussent. Rien de bon à manger. Ensuite j’ai pu y apercevoir d’assez loin quelques plantes, mais à la différence de nos slavenis, elles étaient aussi carnivores et fort dangereuse. La magie qu’elles utilisaient été extérieur et différente de la magie de l’écorce. Une magie liée à la goo, j’en ai encore froid dans le dos. Un lieu de désolation et de peur. Pourquoi voulait-il, ce vieux fou, de l’écorce dans ce coin ? Comment je pouvais forer dans une zone aussi dangereuse et pour mon corps et pour mon esprit ? Enfin à force d’étudier et de prospecter, au bout de trois jours, j’ai enfin réussi à trouver ce qu’il voulait. Tant mieux je pense que je ne serais pas resté encore très longtemps dans le coin.

Alors j’ai creusé, et j’ai sortie les matières. Puis je m’en suis retourné à la cahutte. Du coup j’ai pas mal réfléchi, sur tout ça, la goo, les créatures perverties, toutes ces choses qui de tout évidence transforment de manière irréversible notre environnement. Puis j’ai pensé au fou qui vénéré Jena et surtout la Karavan. Comment pouvaient ils être à ce point aveugle du mal qu’ils font à notre planète ? Et là je me suis rendu compte que nous ne valions guère mieux, nous les soit disant kamistes avec notre manie de surexploiter les ressources, avec nos manies pour nous battre pour trois fois rien, à ravager les lieux que nous appelons ensuite cité. Que des fous, que des fous...

Il arrive. Je me suis mis une tenue traditionnelle, ce soir je vais toucher, m’a-t-il affirmé, le nirvana Kami. Je suis assez impatient.

(à suivre)