…A peine Liashu arriva-t-elle aux environs de la place des entraîneurs située en contrebas des écuries de Zora, qu’une voie l’interpella. Liashu pivota dans la direction de l’appel. Une grande zoraï chauve lui faisait signe d’approcher.
Tu es nouvelle dans la capitale, jeune homine ? lui demanda-t-elle.
Oui, je suis arrivée ce matin par la grâce des Kamis, en provenance de l’île de Silan
Cela se voit à ta tenue, continua la zoraï chauve en la regardant ostensiblement de haut en bas.Et je suis prête à parier que tu me cherches. Je suis Fai-Cu Fung, la tenancière de la taverne de Zora et une des gardiennes du savoir. Et toi comment t’appelles-tu ?
Mon nom est Liashu Wo-Ataa. C’est Nomis Merclao qui m’envoie auprès de vous.
Ah tiens… comme c’est original…répondit Fai-Cu en souriant. Tous les jeunes réfugiés qui portent ta tenue viennent me voir de la part de Nomis. Le vieux sage a décidé que tous ces disciples devaient au moins m’entendre une fois, avant de poursuivre leurs aventures. Comment va-t-il ?
Il allait bien quand je l’ai quitté, entouré d’une horde de jeune homins avides de ses enseignements, comme chaque jour sur l’île de Silan.
Tant mieux, le travail qu’il accomplit là-bas au sein des rangers est essentiel pour Atys, et pour l’équilibre. Mais assez parlé de lui, venons-en toi*: racontes-moi un peu qui tu es…
Finissant sa phrase Fai-Cu se dirigea vers un des murs de la place. Une ouverture apparut, et elle revint vers Liashu avec deux verres et une bouteille emplie d’un liquide verre. S’asseyant, elle signe à la jeune réfugiée de l’imiter. La conversation dura une bonne partie de la nuit, souvent interrompue par les clients qui venaient s’enquérir de la santé de Fai-Cu et lui passer commande. Liashu raconta toute son histoire, des moments les plus joyeux de son enfance aux épisodes les plus horribles de sa fuite vers l’île de Silan. Les deux zoraïs rirent beaucoup, pleurèrent aussi… et dans le brouillard de cette étrange liqueur verte, Liashu finit par s’endormir, sereine, alors que l’aube teintait d’ocre les murs de Zora, la ville dressée à la gloire de Ma’Duk.
Liashu Wo Ataa, Réfugiée de Silan,
Disciple de Nomis Merclao, sage Zoraï des rangers d’Atys
Last edited by nechao on Thu Jul 13, 2006 12:04 pm, edited 1 time in total.
HRP/ Félicitations pour ces récits et Bienvenue à toi parmis les tiens, soeur de la Jungle !
Viens donc faire un détour à la Maison des Cercles Zorais à Zora. Il s'agit de l'Assemblée répresentative du Peuple Zorai, lieu d'échanges et de débats pour notre NAtion.
A bientôt !
/HRP
Yi Shin Cho - Ma Da Kwai du Gong-Kwai, la Confrérie du Temple des Masques
"Pour Ma Duk, pour les miens et pour le Temple !!!"
Un hiver à Zora (suite)
Elle s’éveilla dans la matinée. Fai-Cu était déjà au travail et discutait avec un autre réfugié qui avait sans doute débarqué peu de temps auparavant à Zora. S’apercevant que Liashu était debout, elle lui tendit un bol contenant une mixture brune à l'odeur assez forte.
Bois ça, tu retrouveras tes forces plus rapidement. Et puis tu as beaucoup de choses à faire aujourd’hui, tu n’as pas de temps à perdre avec une gueule de bois. Va trouver Shua-Lao Zhuangi de ma part. Il pourra te confier quelques missions pour te permettre de gagner quelques dappers. En attendant d’avoir ton chez-toi, tu pourras demander asile au temple Kami. A cette saison, c’est toujours sympathique d’avoir un endroit pour dormir au sec. Ah oui… j’oubliais… Si tu veux aussi en apprendre plus sur notre peuple, tu devrais également parler au Chef des Gardes de Zora. Tu le trouveras sur la place. Allez bonne route à toi, jeune Liashu, Ma’Duk veille sur toi.
Un peu déboussolée, Liashu se mit en route et quitta la taverne de Fai-Cu. Elle marchait tranquillement, essayant d’ordonner un peu ses pensées. L’air vif de ce matin d’hiver lui faisait du bien, ainsi que la mixture de Fai-Cu.
Sa longue visite de la ville, la veille, lui avait permis de mieux la connaître. Elle retrouva sans peine la grande Place, prit son courage à deux mains et alla engager la conversation avec le chef des Gardes. Il portait l’uniforme de Zora, une armure lourde rouge, avec un masque qui cachait son visage. Malgré son physique imposant, l’homme était sympathique et lui apprit comment progresser sur la voie de la sagesse et obtenir un de ces fameux cubes d’ambre dont lui avait parlé la barman durant la nuit. Tout allait pour le mieux, puisqu’il lui faisait de remplir des missions pour les officiels de Zora. Peu tentée par la chasse, et n’ayant pas encore un niveau suffisant, malgré son entraînement pour répondre aux demandes des contremaîtres, elle se mit ensuite en quête du messager local Shua-Lao. L’homme ne manquait pas de travaux pour les jeunes zoraïs. Il confia plusieurs tâches à Liashu, qui tâcha de s’en acquitter rapidement.
Plusieurs jours, puis semaines passèrent, Liashu avait pris l’habitude de courir d’un village à l’autre pour porter les nouvelles, les rapports et les commandes. Profitant de ses allées et venus incessantes dans la jungle des cités de l’Intuition, elle apprit à mieux connaître son nouvel environnement et reprit à ses heures perdues la chasse et le forage. La nuit, quand elle le pouvait, elle rentrait à Zora et allait dormir au temple Kami. Peu à peu son pécule augmenta. Elle passait aussi beaucoup de temps à l’étable. Installée dans un coin, elle fabriquait de menus objets pour les revendre et écoutaient les conversations incessantes de vieux Zoraïs venus négocier l’achat ou la vente de mektoubs.
Peu à peu, un projet naquit dans son esprit. En travaillant dur, elle pourrait peut-être devenir une artisane et s’installer dans un des villages des Cités de l’Intuition. Elle aimait particulièrement Hoï-Cho. La première chose à faire serait d’avoir un mektoub. Bien sûr, elle ne pourrait que se payer un pauvre animal, mais déjà, elle avait repéré celui qui lui plairait. C’était un vieux mâle. S’il pouvait parler, il aurait sans doute beaucoup de chose à raconter, sur les paysages qu’il avait vu. La bête était placide et fort sympathique, mais personne ne voulait s’encombrer d’un animal qui marchait si doucement, et risquait à tout moment de passer de vie à trépas. Quand elle venait à l’étable, Liashu lui apportait toujours quelque chose à manger, et la vieille bête avait bien vite appris à la reconnaître. Après plusieurs semaines de travail acharné, Liashu avait assez d’argent pour acheter la bête. Le cœur battant, elle marchait donc vers le palefrenier, lorsqu’elle aperçut deux zoraïs en grande tenue devant elle.
Liashu était là, debout avec une bourse pleine de dappers en main, les yeux fixée sur les nobles visiteurs de létable. La pluie froide, typique de lhiver au Pays Malade, qui tombait sans discontinuer depuis son retour de Jen-Laï, ruisselait sur son masque et trempait les vêtements Matis quelle avait gagnés à Silan.
Se sentant sans doute observés, les deux compères interrompirent leur conversation. Se tournant vers la jeune réfugiée, lhomine sinclina poliment, suivi par son compagnon.
« Kami aata, jeune réfugiée. Pourquoi nous regardes-tu ainsi ? »
Gênée par son incroyable manque de politesse, Liashu baissa la tête. « Elle ma lair bien timide, reprit lhomin. Je mappelle Evanok et voici Lohah. Et toi qui es-tu ? »
« Liashu Wo Ataa, je suis arrivée il y a peu. Pardonnez mon incorrection, mais jadmirais vos tenues. »
« Ce sont des tenues fabriquées selon lart ancestral de notre peuple. Trop de gens à Zora portent les fabrications des autres nations homines. Si nous ny prenons garde, un jour, le peuple Zoraï perdra ses antiques savoirs dans lartisanat.»
« Calmes-toi Eva, elle ny est pour rien si elle porte des ouvrages matis. Sur lîle de Silan, jai entendu dire que le maître artisan en était un. Pardonnes Eva, Liashu, il a toujours eu le sang un peu bouillonnant. Ainsi donc tu tintéresse à lartisanat ? »
« Oui je compte bien en faire mon métier. Je viens souvent ici pour travailler en écoutant les conversations et en regardant les Mektoubs. Aujourdhui, je dois ailleurs acheter ma première bête. Cest utile lorsque que lon collecte beaucoup de matières.»
« Figures-toi que nous sommes au courant, jeune homine, répondit Lohah en riant Peut-être que nous devrions en parler au vieux Wan, quen penses-tu Eva ? »
« Oui peut-être »
« Liashu, nous serons sans doute amenés à nous revoir, mais en attendant, prends donc cette armure légère, elle te sera utile si tu quittes les alentours des Cités. Cest Evanok qui la fabriquée. Tu devras peut-être attendre les jours chauds du printemps pour la porter. Moi, je vais te donner des bijoux. Ce sont des ornements, mais ils augmenteront aussi ta résistance. Quand tu les porteras, tu sentiras la vitalité dAtys couler en toi. »
Derrière son masque, Liashu rougit en effet en constatant à quel point le pantalon fabriqué par le Zoraï était court. « Merci à vous, mais je nai pas les moyens de me payer un équipement pareil. »
« Cest un cadeau. Notre guilde milite activement pour défendre lartisanat Zoraï. Et comme tu portes encore des vêtements de fabrication Matis, cest notre devoir de ten donner dautres, plus en phase avec la culture de notre peuple. »
« Alors, merci de tout cur. »
« Nous devons te laisser, nous sommes attendus par les nôtres. A bientôt sans doute »
Les deux zoraïs séloignèrent dun pas tranquille sous la pluie, se tenant par la main. Un peu abasourdie par le cadeau quelle venait de recevoir, Liashu faillit en oublier la raison de sa visite. Reprenant ses esprits, elle avança dun pas décidé vers le palefrenier Vao Pa-Sang, et après les salutations dusage, demanda à voir le troupeau. Avec le mauvais temps, Vao avait rentré ses bêtes. Dans létable régnait lodeur de la paille mouillé. Les mektoubs se serraient les uns contre les autres, se communiquant leur chaleur. De la vapeur sortaient de leur trompe.
Le vieux Mektoub que Liashu avait repéré depuis plusieurs mois était toujours là. Alors que Vao lui vantait la qualité dune autre bête, bien plus jeune, Liashu sapprocha du vieil animal pour le flatter. Le vieux toub la reconnut immédiatement. Inclinant sa tête couverte dun poil déjà blanc et clairsemé, il accepta calmement les caresses de la jeune Zoraï. Se tournant vers Vao : « Cest celui-là que je veux. »
« Tu es sûre, tu sais cest une vieille bête. Je lai racheté à un tryker de passage, qui ne voulait pas lui imposer un nouveau voyage vers le Pays des Lacs. Ce toub-là ne te sera guère utile. »
« Je compte bien rester aux alentours de Zora dans les temps à venir. Et puis je laime bien. Je ne le ferai pas porter trop de charge et le ramènerai à létable de temps à autre pour quil se repose. »
« Bien, alors si tu y tiens il est à toi. Je ne pensais pas vraiment lui trouver un nouveau propriétaire, je vais te faire un bon prix. Suis-moi dans mon bureau que lon signe lacte et que tu règles ce que tu me dois. »
« Je te suis, les bons comptes font les bons amis. »
« Sage parole »
Une demi-heure plus tard, Liashu était lheureuse propriétaire de Trompe-lil, un vieux toub fatigué, mais qui allait se révéler plus tard sacrément malin. Il ne lui avait pas coûté très cher, et comme il lui restait pas mal de dappers en poche, Liashu décida daller voir Fai-Cu la barman pour boire un coup en lhonneur de cette belle journée.
Alors quelle était tranquillement assise, appuyée contre le mur dambre et quelle papotait avec Fai-Cu de ces découvertes et des dernières nouvelles de Jen-Laï, un izam arriva dans dans lamphithéâtre. Son vol était hasardeux, et la pauvre bête rata son atterrissage sur lépaule de Liashu, pour aller semplafonner dans le mur derrière elle. Tombé à terre, il émit un faible cri en tendant sa patte à laquelle était accrochée un message.
« Je parie que cest lyzam du vieux Wan ! Presque aussi saoul que son maître cet oiseau »dit Fai-Cu.
Elle remplit une écuelle dun peu de liqueur et deau, et alla la déposer près du volatile. Liashu aurait juré voir une lueur de désir dans lil noir de lizam avant que celui ne se rétablisse avec agilité et ne plonge son bec dans lécuelle.
« Quest-ce que je disais ? Regardes-le ça cest un sacré piaf Je suis sûre quil ny a pas deux comme lui sur tout Atys Gloire à Ma-Duk davoir créé pareil oiseau. Mais bon que te veut le vieux Wan ? »
Liashu déroula le papier, et le lut rapidement. « Je crois quil minvite à rejoindre les Combattants de la Vente. »
« Ah bon, et bien toi qui veux devenir artisan, on peut dire que tu as de la chance. Les Combattants de la Vente sont installés depuis des lustres à Zora, ce sont dexcellents artisans, ils veillent même sur un avant-poste. »
« Tu crois que je devrais y aller ?
« Un peu oui que je crois que tu devrais y aller. Tiens prends ça et signe ton accord. »
Attrapant le signet que Fai lui tendait, Liashu parapha le message. Fai-Cu lui prit des mains et avec lhabitude des années, lattacha à la jambe du volatile. Ce dernier qui avait toujours le bec dans lécuelle se dodelina un peu, mécontent dêtre dérangé. Mais constatant quil ny avait plus rien dans le récipient de bois, il agita les ailes frénétiquement. Lentement et avec une trajectoire indescriptible loiseau prit son vol et regagna le ciel
Et cest ainsi :
« Quun beau jour ou peut-être une nuit
près de Fai-Cu bien assise,
Liashu rejoignit les Combattants de la Vente Zoraï »
Liashu Wo Ataa, Réfugiée de Silan,
Disciple de Nomis Merclao, sage Zoraï des rangers dAtys