Histoire de Jawaharlal, jeune Trykette (Background)

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naiceaa
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Histoire de Jawaharlal, jeune Trykette (Background)

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Chapitre 1

*Fatiguée d'avoir tant nagé jusqu'à Windermeer, elle s'assit face à la belle cascade, ses orteils effleurant à peine la surface brillante de l'eau. Son regard devint un peu vague, essayant de percer le mur d'eau…perdue dans ses souvenirs…Que de souvenirs malgré son jeune âge !... Le grognement d'un mektoub derrière elle, la fit sursauter. Après avoir jeté un coup d'œil autour d'elle, se leva et couru vers les marchands…acheta une liasse de parchemin et une belle plume de javing bien taillée ainsi qu'un flacon d'encre puis retourna s'asseoir face à la cascade. Tirant la langue, de son écriture maladroite, elle commença à noircir son premier parchemin…*

Je m'appelle Jawaharlal, O'Shompie Jawaharlal. Mais tout le monde m'appelle Jawa ou même Jaw tout court. Je suis née au cours d'un exode, mes parents et quelques voisins fuyant le village attaqué par une horde de kitins jaillis de nulle part… Nous nous installâmes sur le sommet d'une falaise, dans un autre village, près d'une cascade. Je grandis donc bercée par le grondement perpétuel de la chute d'eau. Au cours de mon 2ème cycle, une sœur naquit dans notre humble demeure.
A nous quatre, la vie semblait simple et joyeuse. Mon père chassait et pêchait beaucoup. Ma mère était une foreuse et une crafteuse hors paire. Je me souviendrais toujours combien j'étais émerveillée de voir jaillir de ses mains bijoux, armures de toutes sortes et même des longues épées brillantes, vivantes.
Mais ce bonheur fut de courte durée. Ma sœur, Kawina, grandit et ses traits ressemblaient de moins en moins à ceux des Trykers que nous sommes. Un soir, lors de mon 8ème cycle, le chef de notre village vint chez nous. J'étais sensée être au lit mais la curiosité fut plus forte et, cachée derrière le tonneau de bière de shooki dans la cuisine, je pus écouter la conversation qui resta à jamais gravée dans ma mémoire.

- Bonsoir O'Shompie. Que Jena te salue.
- Bonsoir Mac'Neppy.
- O'Shompie, tu sais pourquoi je viens te voir?
- Je devine…C'est au sujet de Kawina?
- Oui… Elle ne nous ressemble pas.
- Et alors? C'est ma fille !
- Tu es sûr? C'est une Fyros.
- Ma mère est Fyros ! Je suis un sang mêlé.
- Quoi ? Tu ne nous l'as jamais dit ! Tu fais donc partie de nos ennemis !
- Mac'Neppy, nous sommes les ennemis de personne !
- Je regrette, O'Shompie mais vous ne pouvez plus rester parmi nous. Il faut que demain soir, vous soyez partis. Vous avez toute la journée demain pour préparer vos affaires ! J'ai dit ! Que Jena vous garde et guide vos pas.

Je restais terrée derrière le tonneau, trop stupéfaite pour bouger. Nous étions de sang mêlé !

*Des larmes perlèrent au bord de ses cils, brouillant sa vue. Elle leva son visage, goûtant le plaisir de sentir sur sa peau les fines gouttelettes venant de la cascade. Tout en roulant son parchemin, elle se redressa et se dirigea vers le bar… La suite, elle l'écrira plus tard.*
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Chapitre 2

*Elle se releva et rangea sa pioche après une dure journée de forage au alentour de Fairhaven. Se massant les reins, elle se dirigea vers l'étable pour ranger les récoltes sur ses mektoubs. Puis, en courant vers le bord de l'eau, elle se déshabilla et piqua une tête dans les flots. Elle adorait le contact du frais liquide sur sa peau, surtout après toute une journée de travail ! Quand elle eut fini de se baigner et mis sa nouvelle tenue blanche toute neuve, elle se dirigea vers le bar où elle s'assit à une table éloignée du comptoir. Elle sortit son rouleau de parchemin et sa plume, alluma la bougie que le barman venait de lui apporter avec son verre de bière et commença à écrire…*

Nous étions de sang mêlé !.... je n'en revenais pas !
Mon père me découvrit derrière le tonneau en voulant se verser une bière. Jamais je n'oublierais son regard, son visage ! Il pleurait en silence. Je rejoignis doucement ma mère, assise à la table de la cuisine et me blottis dans ses bras. Mon père me regarda tristement.
- Ma petite Jawa chérie, il faudra être forte, tu sais. Nous aurons beaucoup de travail demain.
- Papa…
- Chut, tais toi… Assieds toi près du feu. Voilà, tu as entendu ce que je voulais te dire que plus tard, à ton dixième cycle… Mais les faits sont là… Alors, écoute moi bien…

Huit cycles se sont écoulés depuis que j'ai entendu l'histoire de notre famille mais j'ai toujours l'impression que c'était hier.
Mon grand-père, O'Shompie Keffan, un brave Tryker, était un homin qui aimait rire, toujours prêt à aider les autres. Il était foreur de métier mais savait manier l'épée si besoin est.
Un jour, il rejoignit une troupe qui partait en expédition dans le désert, chez les Fyros. Arrivé à Pyr, il fut ébloui par la beauté de cette ville et décida de rester.
Un matin d'été, pendant qu'il forait tranquillement, il entendit des cris et vit un mektoub entouré de gingos. Et il vit la plus belle des Fyros qu'il n'ait jamais vu ! Il accourut à son secours avec sa grande épée qui ne le quittait jamais. Une fois les trois gingos tués, il ramena la Fyros qui était mal en point chez un guérisseur.
Il s'avérait que Mekian, cette demoiselle était la fille d'un riche notable de la ville. Et elle tomba amoureuse de son sauveur ! Elle aimait ses rires, ses airs coquins, ses façons d'imiter les gens, sa tendresse surtout...
Au bout d'un cycle, elle tomba enceinte. Mais son père refusa qu'ils se marient. Ils durent fuir et se réfugièrent au pays des Lacs, au village où mon grand-père avait vu le jour. Et quelques mois plus tard naquit mon père qui fut nommé Aeddan. Keffan était le plus heureux des homins. Mekian était une magicienne accomplie. On venait de loin pour bénéficier de ses soins. Keffan, lui, continuait ses forages.
Un jour, dix cycles plus tard, il avait emmené son fils avec lui, laissant au village, sa femme et leurs trois autres enfants… trois filles… pour forer et chasser un peu quand soudain le pays fut envahi d'hurlements, de tremblements… Keffan et Aeddan essayèrent de rejoindre le village mais ils tombèrent sur une horde de kitins. Sans trop savoir comment, ils réussirent à s'échapper. Là où ils trouvèrent refuge, ils rencontrèrent une étrange créature. Bizarrement, la vue de cette créature les rassura. C'était un Kami.
Deux jours plus tard, les deux Trykers retournèrent au village. Il était saccagé, il n'existait plus rien de vivant. En fouillant les décombres, ils trouvèrent les corps des trois petites sœurs d'Aeddan mais point de Mekian…

*Elle sursauta brusquement. On lui secouait l'épaule. Elle se rendit compte qu'elle s'était endormie sur son parchemin. Contrite, elle se leva et rangea ses affaires. Le sourire du barman la rassura et elle lui sourit à son tour. Elle alla rejoindre ses mektoubs et prenant une couverture, se blottit contre eux et s'endormit…*
Moonaya Ibiraan-Zhuangi
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naiceaa
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Re: Histoire de Jawaharlal, jeune Trykette

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Chapitre 3

*Elle fut réveillée par un rayon de soleil ricochant sur l’eau. Son mektoub préféré mâchouillait tranquillement son fourrage. Elle lui caressa affectueusement la trompe puis se dirigea vers le bord de l’eau. Après une brève toilette, elle sortit sa pioche de son sac. Son dos se mit à hurler… Non, décidément, pas de forage aujourd’hui, pensa t’elle.
Elle plongea et nagea vers une île, non loin de Fairhaven. Et là, sous un cocotier, elle prit son rouleau de parchemin et continua son récit.*

Point de Mekian…Toute une semaine entière, Keffan et Aeddan fouillèrent les décombres du village et ses alentours. Ils trouvèrent Darra, une petite voisine de 8 cycles, terrorisée, cachée sous une pile de peaux de yubos prêtes à être tannées. Ils la recueillirent. Puis ayant enterré tous les morts, ils partirent tous les trois sans trop savoir où aller.
Darra restait muette, criant toutes les nuits. Aeddan la prenait dans ses bras, la rassurant comme il pouvait. Un jour, ils tombèrent sur un cadavre de kitin. La fillette se mit à trembler de toutes ses forces et commença à parler.
- Les kitins… ils sont pas venus tout seul !... D’abord, on a vu un groupe d’homins… des Fyros, je crois…Ils étaient armés jusqu’aux dents ! Ils ont visité le village, parlé à beaucoup de monde. J’étais dans l’eau avec les copains, j’ai pas entendu ce qu’ils disaient. Ensuite, ils sont repartis. Et environ trois heures après, on les a vu revenir en courrant. Ils sont allés directement dans votre maison. Mekian hurlait… Puis les kitins sont arrivés… Les Fyros, eux… sont vite repartis avec Mekian, nous laissant les kitins…
Keffan serra les poings, s’empêchant d’hurler.
- Ils étaient comment, ces Fyros ?
Darra se mit à les décrire, n’omettant aucun détail, si bien que Keffan les reconnut.
- Des Eyes of the Dragon! Des bandits! Mais pourquoi sont-ils venus jusqu’ici ?... Bon, nous allons à Pyr. On demandera de l’aide. On retrouvera ta mère, Aeddan !
- A qui demander de l’aide ? Papa…
- On verra sur place. Le voyage est assez périlleux. Ne vous éloignez pas de moi, compris ?
Durant quatre mois, le trio marcha. Qu’il pleuve ou qu’il vente, rien ne les ralentissait. Ils se nourrissaient des produits de chasse d’Aeddan. Darra révéla ses dons de crafteuse en fabriquant des bijoux et des armures. Et Keffan forait pour lui fournir les matières premières qu’elle avait besoin. Avec la vente de ses fabrications, ils finirent par pouvoir s’acheter des mektoubs. Aeddan et Darra découvrirent le pays des Zoraïs. Ils furent impressionnés par la grande taille des habitants mais surtout par le masque qu’ils portaient. Partout, ils furent bien accueillis.
Un soir, alors qu’ils faisaient halte près de la frontière du pays des Fyros, un groupe de gros kinchers surgit. Keffan prit son épée et essaya de lutter, criant aux enfants de fuir. De loin, Aeddan vit son père tomber, son épée brisée. Il hurla. Il alla courir vers lui quand il sentit une main le retenir. Un immense Zoraï, tenant Darra dans les bras, lui montra un groupe d’homins qui prenait la relève contre les kinchers. Une fois ces monstres à terre, le garçon s’agenouilla devant le corps de son père. Il portait une large entaille sur son front. Le grand Zoraï se pencha sur lui.
- Je suis désolé, les enfants... La graine de vie de votre père est brisée… Je ne peux le soigner.
Aeddan s’écroula, sanglotant, sur le corps. Darra, l’enlaçait, tentant de le consoler.
Sun Lo-Kaio, le Zoraï, les recueillit dans sa famille. Ils restèrent chez lui durant 5 cycles…

*Zut ! La plume est cassée ! Elle retourna à Fairhaven et alla au bar. Là, elle commanda un plat de ragoût de yubo avec du riz bien épicé. La suite, elle l’écrira demain… *
Moonaya Ibiraan-Zhuangi
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Re: Histoire de Jawaharlal, jeune Trykette

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Chapitre 4

*Elle pleura toutes les larmes de son corps quand elle retrouva son mektoub déchiqueté par une meute de ragus. C’est de ma faute, pensa t’elle, j’aurais du demander une escorte. Après l’avoir recouvert d’une couche de sable, elle se téléporta à Avendale et racheta un autre mektoub. Jamais, celui là ne remplacera son cher Darro… mais elle avait trop besoin d’un autre animal de bât. Avec Wouchi et un de ses amis, elle put l’amener au lac du Vent des Songes. Après avoir foré un peu, elle se réfugia près de Darro II. Tout en mangeant son sandwich au jambon de capriny, à la lueur du feu de camp, elle écrivit, de sa plume neuve, la suite de son récit.*

Ils restèrent chez Sun durant 5 cycles… Aeddan, au début, ne voulait pas rester, il voulait continuer le voyage jusqu’à Pyr. Sun le convainquit d’attendre encore un peu, après avoir entendu son histoire.
- Tu n’as que 10 cycles. Je pense qu’il vaudrait mieux que tu continues à appendre le maniement des armes, voire même de la magie, si tu veux. Tu seras plus fort. Pendant ce temps, j’enverrai des messagers partout pour rechercher ta mère. Ce n’est pas la peine de mourir avant de la retrouver!
Sun était un prêtre des Kamis, un guérisseur. Il enseigna durant ces 5 cycles, les préceptes de Ma-Duk aux deux enfants.
Darra apprenait auprès de Taola, la femme de Sun, comment fabriquer des armures de toutes sortes et même des longues épées. Elle peaufina aussi la fabrication de bijoux. Elle était très douée et finit même par dépasser sa maîtresse. Aeddan, lui, fut pris en charge par maître Cho-Link, un solide guerrier à la retraite et ami de Sun. Il apprit ainsi à manier toutes sortes d’armes existant sur Atys. Les deux enfants apprirent aussi la magie avec Sun.
Au fur et à mesure que les cycles passaient, les deux enfants devenaient maîtres dans l’art qu’ils avaient choisi.
Darra, en grandissant, devenait de plus en plus jolie. Une nuit, elle se mit à gémir dans son lit. Aeddan accourut et rassuré de voir qu’elle rêvait seulement, il s’apprêtait à se recoucher quand le drap glissa du corps de l’adolescente. Il en fut tellement troublé que plusieurs jours durant, il ne put être attentif aux leçons de maître Cho-Link. Il comprit qu’il était amoureux de Darra !
Régulièrement, Sun les informait des résultats de ses recherches pour retrouver Mekian. Un après-midi d’été, il les appela et, le regard à la fois triste et rieur, il leur montra un parchemin.
- Un de mes enquêteurs a trouvé la trace de ta mère, Aeddan ! Elle est bien à Pyr. En fait, c’était son père qui avait payé les Eyes of the Dragon pour l’enlever. Je suppose que tu voudras partir, maintenant. Ce qui sera normal. Je ne t’en empêcherai pas. Même, je t’accompagnerai là-bas.
Les deux adolescents, juchés sur des mektoubs de monte, accompagnés de Sun et d’une escorte de dix Zoraïs, reprirent donc le chemin de Pyr. Le voyage était bien sûr plus facile et surtout plus rapide. Il ne leur fallut même pas deux semaines pour atteindre l’immense ville perdue au milieu du désert. Aeddan fut ébloui comme l’a été son père, 16 cycles auparavant.
Quand ils arrivèrent devant la porte d’une belle maison, il sentit son cœur battre à tout rompre. Tremblant, il la cogna et attendit. Darra et Sun restèrent derrière lui. Un cliquetis se fit entendre et le lourd panneau de bois s’entrouvrit sur le visage sévère d’un vieux Fyros.
- Oui ? Vous désirez ?
- Euh… Est-ce bien ici que Mekian habite ?
Soudain la porte s’ouvrit et une main repoussa le vieux Fyros. Mekian était là, devant son fils qu’elle croyait mort. Elle l’enlaça et tout deux sanglotèrent longuement.
Le soir, devant la cheminée, leurs mains enlacées, il raconta à sa mère son histoire depuis sa disparition. Ils pleurèrent la mort de Keffan, de Jawaharlal, Kawina et Delvina, les trois petites sœurs.
- Maman, si je t’ai retrouvée, c’est grâce à Sun !
Sun s’agita dans son fauteuil, gêné.
- Mais non ! Je n’ai fait que mon devoir. J’avoue que je vais beaucoup regretter Aeddan et Darra. Ils sont comme mes enfants.
- Vous pourrez toujours venir nous voir ! Et nous aussi, on pourra venir chez vous… Je vous serais éternellement reconnaissant de m’avoir amené mon fils, Sire Sun.
- Oh ! Ne m’appelez pas Sire ! Appelez moi Sun, tout court.
Les 4 cycles qui suivirent virent l’amour qu’Aeddan éprouvait pour Darra grandir. Mais il n’osait toujours pas se dévoiler. Ce fut Mekian qui, par hasard, le découvrit. Aeddan écrivait des poèmes enflammés pour sa bien-aimée mais il les cachait dans un trou dans le mur, au dessus de son lit. En faisant le ménage, sa mère heurta la pierre qui bouchait le trou. Amusée, elle décida de faire tout pour que ces deux jeunes s’avouent leur amour car elle était persuadée que c’était réciproque. Et ce qui devait arriver, arriva. Aeddan et Darra se marièrent le jour du 19ème cycle du garçon. Darra n’avait pas encore 17 cycles.
Mais le pays des Lacs manquait terriblement à la jeune femme. Ils décidèrent d’y retourner tous les trois.

*Darro II se mit à grogner. Elle releva la tête et vit un ragus s’approcher au loin. Tranquillement, elle rangea son parchemin et sa plume et prit sa pique. Elle se dirigea carrément vers la bête qu’elle tua rapidement puis retourna vers son mektoub. Après l’avoir caressé affectueusement, … décidément, je l’aime bien, celui là aussi, pensa t’elle…. elle prit sa couverture, se blottit près du feu et s’endormit d’un sommeil sans rêves.*
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Moonaya Ibiraan-Zhuangi
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Chapitre 5

*Pique à la main, elle courait, suivant ses compagnons de chasse, à travers la région du Vent des Songes. C’était toujours une excitation pour elle, de chasser toutes sortes de kitins. La haine aidant, elle ne sentait pas les coups qu’elle recevait. Heureusement pour elle que son soigneur était bon. Le soir arrivait. Ils installèrent leur campement dans les ruines d’un village. Après s’être gavés de pattes de kipees grillées, après avoir bu, plus que raison, de la bière de shooki et chanté autour du feu, ses compagnons s’enroulèrent dans leur couverture et partirent dans le pays des songes. Elle était encore trop excitée pour pouvoir dormir. Elle prit donc ses parchemins et se rapprochant du feu, commença à écrire…*

Ils décidèrent de retourner chez les Trykers. En passant à Zora, ils firent halte chez Sun qui les accueillit avec joie. Après être restés deux semaines chez lui, ils reprirent le chemin, toujours aux aguets.
Aeddan portait une fière et lourde armure Fyros blanche faite par sa jeune épousée et une superbe épée ondulante que Sun venait de lui offrir en cadeau de mariage.
Le voyage se déroula sans trop d’incidents. Juste quelques petits kinchers ou des gingos qui sont venus perturber leur tranquillité et qu’ils eurent aucun mal à tuer.
Au bout de trois semaines, ils trouvèrent un village non loin de la frontière. La plupart de ses habitants étant kamistes comme eux, ils s’installèrent là. Aeddan surprit ses femmes en révélant ses dons de menuisier et charpentier. Très vite, leur maison s’éleva, simple mais confortable.
Mekian reprit avec bonheur son métier de guérisseuse, Darra, celui de crafteuse d’armures, de bijoux et d’épées. Aeddan se proposa pour fournir le village en nourriture et matières premières.
Quatre mois plus tard, Darra fut prise de nausées. Radieuse, elle annonça la venue prochaine d’un nouveau membre de la famille. Son ventre s’arrondissait de jour en jour. Aeddan était à ses petits soins, refusant qu’elle se fatigue. Ce qui faisait rire Mekian qui en a eu quatre.
- Mais Aeddan ! Darra est solide, va ! Ne t’inquiètes pas… On est tous là autour pour l’aider. Tu sais, c’est dur de faire partir un bébé s’il est bien accroché.
A trois semaines avant la date prévue pour la naissance, ils reçurent une lettre de Sun. Taola, sa femme, venait de mourir. Elle avait été contaminée par la goo qui ravageait le pays. Darra ne pouvant se déplacer, seule Mekian alla à la cérémonie funèbre à Zora.
Huit jours plus tard, à l’aube, tout le village fut réveillé par des bruits étranges. Darra hurla, reconnaissant là, les sons que faisaient les kitins. Aeddan enfila rapidement son armure et rejoignit la garde qui tentait de combattre les monstres. Mais très vite, les homins tombèrent les uns après les autres. Aeddan fut même blessé, un kitin lui ayant salement entaillé la cuisse malgré l’armure. Il s’écroula et ne dut la vie sauve que grâce au sacrifice du chef du village qui détourna le kitin de sa proie et qui fut transpercé de part en part. On ramena Aeddan chez lui où on lui fit un bandage sommaire.
Voyant qu’il arrivait encore des kitins, tout le monde décida de fuir. Ce fut la débandade ! On mit Darra et les blessés sur des mektoubs et tous plongèrent dans l’eau. Ils nagèrent presque jusqu’à épuisement. Le soir, ils trouvèrent une grotte où ils purent s’abriter de la pluie qui avait commencé à tomber. Les guerriers et ceux qui avaient des armes se relayaient à l’entrée de la caverne. Aeddan refusait de rester allongé et voulu participer à la garde. C’était son tour de veille quand Lixie, une vieille Trykette vint le trouver.
- Aeddan… Aeddan… Vite ! Viens vite ! Ta femme va accoucher, là ! Elle a déjà perdu les eaux !
Jusqu’au matin, Darra serrait les dents, n’osant pas crier. Boitant, Aeddan tournait autour, inquiet de lire tant de souffrances sur le visage de sa femme. Lixie et Eksie, une autre voisine, aidèrent la jeune future accouchée à mettre au monde une tout petite Trykette qui se mit à hurler. Aeddan manqua de s’évanouir, tellement il était fou de bonheur. Il prit le bébé dans ses bras et regardant amoureusement sa femme, dit solennellement :
- On l’appellera Jawaharlal. Comme ma petite sœur.
Ce bébé, c’était moi.
Bien que je sois née avec un peu d’avance, j’étais déjà vigoureuse. Mes cris emplissaient la grotte. Les seuls moments de silence furent quand je tétais goulûment les seins de ma mère ou le doigt de mon père. Mes parents ayant tout laissé dans le village, toutes les homines se dépêchèrent de me coudre une layette. Les enfants, curieux comme toujours, s’agglutinaient autour de moi.
Nous repartîmes dès que Darra put se lever. On erra sur les lacs durant près de trois semaines avant de trouver un village juché au sommet d’une falaise, près d’une chute d’eau.

*L’éclatement d’une branche dans le feu la fit sursauter. Elle leva les yeux et vit à l’horizon, l’aurore qui arrivait… Ouh là*! Faut que je dorme un peu, pensa t’elle. Elle rangea ses affaires, s’enroula dans sa couverture et attendit un moment avant de finir par s’endormir.*
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Moonaya Ibiraan-Zhuangi
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Chapitre 6

*Tard dans la soirée, dans son appartement nouvellement acquis, elle pansa ses blessures gagnées lors d’une bataille contre Ragukin et ses gardes - bataille qui avait failli être fatale à ses compagnons et elle - et se dirigea vers son bureau. Elle resta là, assise sans rien faire d’autre que regarder les évolutions des poissons multicolores par la fenêtre. Ses bras étaient encore tremblants d’effort d’avoir tant manié la lourde hache. Elle ouvrit un tiroir, sortit le dernier parchemin qu’elle avait noirci la veille et lut…*

Le village où nous avions trouvé refuge, près d’une cascade, ne contenait qu’une poignée de maisons… de maisonnettes, plutôt… Nous installâmes donc un campement sommaire, le temps de construire de quoi nous loger tous. Tous participaient. Même les blessés, dont mon père, jusqu’à leur rétablissement, et selon leurs possibilités, faisaient de légers travaux.
Il fallut tout de même presque un cycle entier avant que tout soit fini.
Mac'Neppy, le chef du village, était un homin assez bedonnant, et chose curieuse pour un Tryker, ayant peu d’humour. Mais c’était quelqu’un de juste et honnête. C’était aussi un Karavaniste comme les autres villageois. Mais ils nous acceptèrent sans problème. On nous demanda seulement de ne pas pratiquer notre religion au village même. Nous avons donc construit un autel dédié à Ma-Duk, deux kilomètres plus loin.
Aeddan, très vite, envoya un courrier à sa mère pour la prévenir et lui dire où nous étions. Il recommença un mois après, n’ayant reçu aucune réponse. Mais Mekian ne répondait toujours pas. Inquiet, il partit donc, une fois rétabli de sa blessure, à sa recherche avec deux de ses amis, à Zora. Mais Sun lui dit que Mekian était repartie depuis belle lurette et toute seule : elle avait refusé qu’on l’escorte. Durant 3 mois, mon père chercha, en vain, sa mère sur le chemin qu’elle aurait du prendre. Las, Mekian avait bel et bien disparu. A jamais, cette fois.
Mes parents la pleurèrent. Mais la vie continuait.
De mon côté, je grandissais, ignorante du chagrin de mon père. Quand j’eus deux cycles environ, ma mère donna naissance à une nouvelle petite Trykette nommée Kawina.
Dans le village, je m’étais fait beaucoup de copains. J’étais un véritable homin manqué. Combien de fois ma mère fut obligée de me gronder pour que je cesse de semer la panique dans les troupeaux de caprinys de père O’Daxie ou de taquiner la vieille mère Mac’Jorn en lui chipant le linge qu’elle étendait. Mais j’aimais quand elle pansait affectueusement mes genoux écorchés ou me passait doucement de la pommade sur mes bosses ou mes bleus.
Ma petite sœur était plutôt délicate, avec ses grands yeux verts et ses cheveux bonds. J’étais surtout jalouse de ses belles mèches argentées, moi qui avait que de banals cheveux châtains comme ceux de ma mère.
Nous grandissions dans un bonheur simple. Ma mère m’initia au craft d’épées dès que j’eus 7 cycles. Je rêvais déjà pouvoir les utiliser un jour.
Un cycle plus tard, Maman nous annonça qu’il y aurait un nouveau venu au sein de notre famille. En effet, son ventre s’arrondissait. J’étais folle de joie. J’espérais cette fois avoir un petit frère pour pouvoir l’initier à mes bêtises.
Las, quelques jours plus tard, un soir, Mac’Neppy vint nous voir.
Le village ayant déjà subi trois fois des attaques de la part des Légions Fyros, ne put tolérer que nous soyons de sang mêlé. Nous fûmes donc chassés.
Toute la journée, nous rangeâmes tout ce qu’on pouvait sur deux mektoubs et en fin d’après-midi, nous partîmes. Nous devions remonter toute la rue principale du village. Jamais je n’oublierais le regard hostile que certains nous jetaient. Ni les airs compatissants de nos anciens voisins. Dexan, mon meilleur copain, courut vers moi et me donna un joli coquillage dans lequel il avait mis un collier qu’il avait fait maladroitement avec des cailloux et des graines. Il avait des larmes aux yeux. Son cadeau, je l’ai toujours. C’est mon bien le plus précieux.
Mes parents avaient décidé de revenir à Pyr. Nous marchâmes souvent le matin de bonne heure et en fin d’après-midi. Nous étions en plein été et cette année là, la chaleur était difficilement supportable, surtout pour ma mère qui souffrait énormément avec son gros ventre. Le reste du temps, nous restions à l’abri sous des cocotiers quand nous en trouvions, sinon, sous une bâche que mon père montait. Le voyage s’éternisait donc.
Un matin, cela faisait déjà presque deux mois que nous étions partis, ma mère fut prise de douleurs. Mon petit frère arrivait. Mais l’accouchement se passa mal, Maman souffrait énormément. Mon père était inquiet. Cela dura toute la journée et la nuit suivante. Kawina pleurait, ma mère hurlait. Ce fut un moment terrible. Et le matin suivant, nous entendîmes des pleurs. Ma mère tenait dans ses bras deux petits Trykers. Des jumeaux ! Ma-Duk avait exaucé mes prières au-delà de mes espérances : ce n’était pas un mais deux petits frères que j’avais ! Ils furent nommés Dexan (à ma demande) et Danian. Il fut évident que Dexan serait Fyros. Ses cheveux portaient déjà des traces argentées et il était nettement plus grand.
Nous restâmes sur place durant près d’un cycle. Mais ma mère ne se remit jamais vraiment complètement de son terrible accouchement. Jamais plus, je ne la revis manipuler ses outils pour fabriquer ses si belles épées ou ses armures. Elle marchait lentement. Elle dépérissait de plus en plus.
-Il faut absolument aller à Zora. Et retrouver Sun, dit un soir, mon père. Il saura la soigner. Il n’y a pas meilleur soigneur, à part ma mère, que lui sur Atys ! Demain, on lève le camp ! Jawa, viens m’aider. Et toi, Kawina, occupe toi de tes frères. Chérie, reste couchée ! On s’occupe de tout.
Et le lendemain, nous revoilà à nouveau sur les routes.

*Ses yeux brûlaient, pleins de larmes. Elle renifla, refusant de se laisser aller. Elle rangea son parchemin et se dirigea vers son hamac. Après un dernier regard vers les poissons derrière la fenêtre, elle s’endormit d’un sommeil agité…*
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Moonaya Ibiraan-Zhuangi
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Chapitre 7

*Epuisée, elle se laissa tomber sur le sable tiède, à l’ombre des palmiers. Elle avait tant marché sous le soleil brûlant du désert, évitant les ocyx et autres monstres. Après une heure de repos et une baignade dans l’eau fraîche, elle prépara un feu et sortit de son sac, un morceau de pain et de fromage de lait de bodoc bien enveloppé dans des feuilles de palmiers. Le repas frugal englouti, elle prit son parchemin et continua…*

Nous revoilà donc à nouveau sur les routes.
Ma mère restait sur un des mektoubs, les jumeaux bien calés près d’elle. Mon père ouvrait la marche et moi, avec ma minuscule épée, je restais derrière. Kawina trottinait à côté des mektoubs.
Notre voyage fut lent mais sans incident jusqu’à la frontière. De hautes falaises nous barraient le passage. Nous mîmes une semaine avant de trouver un tunnel qui nous permit d’entrer chez les Zoraïs.
Ma mère s’affaiblissait de plus en plus. Elle finit par ne plus pouvoir se relever.
Un soir, alors que notre père était parti chasser, Danian, l’un des jumeaux, qui commençait déjà à marcher, trottina vers un yubo. Il poussa des petits cris de rage quand il vit que celui-ci s’éloignait au lieu de se rapprocher. Continuant sa poursuite maladroite, il ne vit pas le petit kincher arriver. Kawina hurla et courut vers notre frère. Je pris ma ridicule épée et me lançai, moi aussi, à son secours. J’eus juste le temps de voir le kitin arracher la tête de Danian et se jeter sur ma sœur. J’hurlais de toutes mes forces. J’essayai de lui donner des coups pour lui faire lâcher prise. Soudain, je vis ma mère, tenant la dernière épée qu’elle avait fabriquée, se précipiter sur le monstre. Je ne sais si c’est son instinct maternel, mais elle trouva assez de forces pour lutter et tuer le prédateur. Tombant à genoux, elle prit dans ses bras le corps mutilé de Danian et se dirigea vers Kawina. Elle gisait dans une mare de sang, une large plaie sur sa poitrine. Elle souriait malgré tout.
- Maman, tu vas mieux ! Tu as réussi à te lever !
Ses yeux devenaient de plus en plus flous, sa respiration de plus en plus faible. Je courus chercher notre trousse de secours. Mais quand je revins, Kawina avait cessé de vivre. Ma mère gémissait, berçant les deux corps dans ses bras. Je pris Dexan qui dormait encore dans les miens et m’assis près de Maman, pleurant toutes les deux.
Notre père nous retrouva ainsi, nous balançant, gémissant. Il hurla et se mit à massacrer les pauvres yubos et les messabs qui paissaient tranquillement autour de nous, son épée tournoyant à grande vitesse. Dexan pleurait. J’étais pétrifiée. Je n’avais jamais vu mon père ainsi.
Après avoir prié et enterré Kawina et Danian, nous reprîmes le chemin.
Ma mère ne parla plus jamais. Elle restait continuellement assise, les yeux dans le vide, berçant machinalement Dexan. Enfin, nous arrivâmes à Zora, chez Sun. Bouleversé par ce qui nous est arrivé, il ordonna à ses serviteurs de nous choyer le plus possible.
Il essaya de soigner ma mère, en vain.
-Darra est déjà morte dans son cœur, Aeddan. Elle ne veut plus vivre, je crois. Il faudrait quelque chose, une étincelle pour lui redonner l’envie de vivre...
Même si ma mère se rétablissait, peu à peu, physiquement, elle restait toujours catatonique.
On resta chez Sun durant 2 cycles. Un jour, alors que je venais tout juste d’avoir 11 cycles, Sun nous dit avoir trouvé un guérisseur pour ma mère. C’était un vieux Matis, très beau avec ses tatouages bleus et orange sur son visage. Chiaccio Concini était son nom, il s’était spécialisé dans les soins plutôt psychiques. Il avait ouvert plusieurs petites cliniques dont une à Min-Cho.
- J’ai quatre malades à Min-Cho, trois homins et une homine. Cette dernière, une Fyros, est là depuis plus de 10 cycles. On l’avait retrouvé dans le coma, victime d’un kipesta. Elle a perdu la mémoire depuis. J’essaie de la soigner mais en vain. Je vous dis cela pour que vous ne vous fassiez pas d’illusions sur mes capacités. Je peux essayer mais je ne vous garantis rien.
Séduit par sa franchise, on amena donc ma mère chez lui.
La Fyros que nous montra le guérisseur…

*Se réveillant en sursaut, elle regarda autour d’elle. Elle se rendit compte qu’elle s’était endormie. Un long trait partait du dernier mot qu’elle avait écrit. Maladroitement, avec un coin de sa jupe mouillé de salive, elle essaya de l’effacer. …Tant pis, je vais laisser comme ça, pensa t’elle… Elle s’enroula dans sa nouvelle couverture en peau de bodoc toute soyeuse et s’endormit.*
Moonaya Ibiraan-Zhuangi
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Re: Histoire de Jawaharlal, jeune Trykette

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Chapitre 8

*Clignant les yeux, elle se demanda où elle se trouvait. Au dessus d'elle, elle vit un plafond richement décoré... Où est-ce que j'ai déjà vu ce plafond ?, pensa t'elle... Elle tenta de se redresser mais retomba sur l'épais oreiller. Soudain un visage Zoraï se profila devant. Sun !
- Eh ben dis donc ! Tu nous as fait une de ces frayeurs ! Voilà plus d'un mois déjà qu'on t'a amenée chez moi. Et dans un état épouvantable !
- Sun ! Mais que s'est-il passé ?
- Tu as été attaquée par des varynx, une nuit. Tu devais dormir à ce moment là et tu ne devais pas avoir eu le temps de prendre ton épée. C'est risqué de se balader toute seule, tu sais !
Se souvenant soudain de cette terrible nuit, elle comprit. Ces quatres varynx qui passaient tout près du campement, cette tentative malheureuse pour saisir son épée, ce combat déséspéré...
- Tu vas encore rester ici tant que ta jambe n'a pas fini de cicatriser... Tu sais, on a failli te la couper. Une chance qu'un de mes amis qui passait par là, t'aie reconnue et t'aie amenée chez moi. Heureusement que ton joli visage n'a pas été touché, continua le vieux Zoraï, souriant malicieusement.
Elle resta encore un bon mois avant de pouvoir repartir sur les routes. Durant les longues soirées sur la terrasse, elle raconta ses aventures à Sun et Mékian. Sa grand-mère qui s'était remariée avec le Zoraï, ne se lassait pas de l'écouter, lui posant sans cesse des questions, surtout sur la guilde.
Un après-midi, elle s'installa sur la terrasse, sortit son rouleau de parchemin et se mit à écrire...*

La Fyros que nous montra le guérisseur était une vieille femme recroquevillée sur elle-même. Ses cheveux étaient tout blancs. Une large cicatrice lui barrait le visage, écrasant son nez au passage. Un de ses yeux était vitreux. Aeddan qui nourrissait un secret espoir que cette femme fût sa mère disparue, ne put cacher sa deception. Cette femme n'était pas Mékian.
Nous installâmes notre mère dans cette clinique et le coeur lourd malgré cette pointe d'espoir, nous repartîmes.
Chiaccio Concini nous déconseilla fortement de venir la voir avant qu'il nous le permette. Je ne vis donc plus ma mère durant 2 cycles entiers.
Durant ce temps, j'accompagnais mon père sur les routes avec Dexan. Nous sillonnions tous les pays à la recherche de Mékian.
Mon frère grandissait. À 5 cycles, il en paraissait 8. Il était déjà presque aussi grand que moi. C'était un enfant Fyros, vigoureux, espiègle et surtout rebelle. Mon père ne comptait plus les fois où il dut le corriger, lui qui n'aimait pas lever la main sur un autre homin !
Père avait beaucoup changé. Il ne riait plus, se contentant d'esquisser un petit sourire face à nos facéties. Il nous enseignait l'art du combat, réprimant sévèrement nos erreurs. Et pendant les moments de repos, il restait assis, les yeux dans le vague, fumant sa pipe bourrée de shooki ou bien, avec son couteau, sculptait dans un bloc de bois à la lueur du feu. Ce ne fut que longtemps après que je compris qu'il sculptait les visages de Kawina et Danian. Quand il eut fini, je fus frappée par l'exactitude, la finesse des traits des portraits. Ensuite, il se mit à faire celui de Dexan et moi. Je lui demandai de m'apprendre. Et je pus, avec fierté, montrer mon premier chef d'oeuvre: un yubo couché. Depuis ce temps, lors de mes soirées solitaires, je m'amuse souvent à faire pleuvoir des petits copeaux de bois à mes pieds. Mais je suis incontestablement moins douée que mon père !
Tous les soirs, enroulés dans nos couvertures près du feu de camp, nous inventions, Dexan et moi, des histoires où il était question de héros, de combats mais surtout de tendresse, de rires. On étouffait nos fous rires, de peur de réveiller notre père.
Partout où nous allions, nous demandâmes si on avait vu ma grand-mère. Mais nul ne put nous répondre. Mais un jour, un vieux Zoraï nous parla des Heathens of the Hovel, des bandits qui n'hésitaient pas à enlever des homines et nous conseilla de nous renseigner.
Pendant un mois, Aeddan réussit à recruter huit homins courageux et après nous avoir laissés, Dexan et moi, chez Sun, il alla faire un raid chez ces bandits. J'étais frustrée. Je m'imaginais fonçant, l'épée à la main, délivrer ma grand-mère.
Nous fûmes sans nouvelle de l'expédition depuis presque un mois déjà quand, ne tenant plus, je reveillai mon frère, une nuit, et ensemble, nous partîmes la rejoindre... Enfin, nous nous croyons assez forts pour réussir.
Au troisième jour de notre fugue, Dexan se mit à pleurer. J'avais oublié son jeune âge. Il n'avait que 5 cycles. La mort dans l'âme, je décidai de faire demi-tour. On avait fait à peine 100 mètres que nous vîmes Sun assis près d'un mektoub, souriant, deux de ses gardes à ses côtés.
- Vous ne croyez pas que j'allais vous laisser partir comme ça ?
- Sun ! Mais... mais... Tu nous suivais ?
- Bien sûr ! Mais te connaissant, Jawa, il fallait que tu reviennes par toi-même. Je me suis contenté de veiller à ce qu'il ne vous arrive rien.
- Ben... je me suis débrouillée, tu vois. Je connais le pays, je sais par où il faut passer pour éviter les mauvaises rencontres !
- Tu le crois ?
- Que veux-tu dire ?
Sun souriait, une étincelle de malice dans ses yeux.
- Par 3 fois, mes gardes ont du tuer. Hier matin, un grand yetin qui vous a vus. Hier soir, pendant que vous mangiez, un kincher et là, tout à l'heure, encore un kincher.
Le mektoub se déplaça un peu et, effectivement, je pus voir le cadavre d'un grand kincher. Je baissai la tête, honteuse. Dexian grimpa dans les bras du grand Zoraï et nous repartîmes à Zora.
- Si tu avais attendu, tu aurais vu le messager. Ton père arrive. Avec ta grand-mère. J'ai envoyé une escorte au devant d'eux.
Mon coeur s'enfla de bonheur. Enfin, j'allais connaître Mékian !

*Mékian appela...Jawa, on va manger, viens... Elle se leva et après avoir roulé ses parchemins, entra en boitillant encore un peu dans la salle à manger... Humm! La bonne odeur ! Du gigot de messab rôti! Miam...*
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Moonaya Ibiraan-Zhuangi
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Re: Histoire de Jawaharlal, jeune Trykette (Background)

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Chapitre 9

*Assaillie de toutes parts par les odeurs : aromes poivrées des épices, effluves alléchants émanant des rôtisseries, subtiles fragrances au passage d’élégantes homines, âpre exhalaison des armures trempées de sueur, …elle déambula parmi les homins, sur la grande place du marché de Pyr. Ses pas, petit à petit, la menèrent vers le hall de sa guilde. Devant la grande porte, elle hésita. Cela faisait si longtemps… Fermant les yeux, elle l’ouvrit. Une bouffée de chaleur l’enveloppa. Le lieu était resté tel qu’il était dans ses souvenirs. Elle se dirigea vers le sous-sol où était le bureau. Tout le monde était parti vaquer à ses occupations, à cette heure-ci. Soulagée, elle s’assit devant la grande cheminée et sortit son rouleau de parchemin…*


J’allais enfin connaître Mékian…
J’étais excitée… inquiète, aussi… Allais-je l’aimer ? Va-t-elle m’aimer aussi ?
Durant une semaine, ne tenant plus, je partais chasser les messabs aux alentours de la ville. Si bien que je pus fournir l’étal du boucher du marché. Je refusais toutefois les dappers qu’il me proposa.
Un matin, hélas, Sun me prit à part, loin des oreilles de Dexan.
- J’ai une mauvaise nouvelle, Jawa. Sois forte.
Mon cœur se serra.
- L’escorte que j’ai envoyée au devant de ton père vient de rentrer. Elle est arrivée trop tard. Ton père a voulu prendre un raccourci. Leur troupe est tombée sur des kinchers.
- Nooooon !!!!! Dis moi que c’est pas vrai ! Dis moi que tu te trompes !
- J’aimerais bien, ma petite Jawa, j’aimerais bien… Mes gardes n’ont trouvé que deux survivants : ta grand-mère et un des compagnons de ton père.
Je me laissai tomber au sol, recroquevillée, sanglotant, hurlant. Sun s’agenouilla près de moi, caressant mes cheveux. Des larmes coulaient sur son masque.
Après plusieurs minutes, je me redressai brusquement, reniflant.
- Et ma grand-mère ? Elle est où ?
- Viens, suis moi.
Jamais, je n’oublierai cet instant. Mékian était allongée dans le grand lit de la chambre d’amis. Zhia, une des servantes de Sun était en train de laver ses blessures. Les linges dans la bassine, étaient rouges de sang.
Sans un mot, je m’assis sur le lit, à ses pieds. La Fyros entrouvrit ses paupières doucement et leva sa main vers moi, souriant faiblement. La saisissant, je me mis à pleurer.
- Ainsi, c’est toi, la petite Jawa…
Zhia ayant fini, Sun me repoussa doucement et mis ses mains au dessus de la blessée. Il prononça d’une voix douce et grave des paroles teintées de mystères. Ses mains s’enveloppèrent d’un halo lumineux qui, petit à petit, engloba Mékian. Celle-ci se mit à trembler. Mais son visage s’apaisa. Elle ferma les yeux.
Le Zoraï se redressa, souriant.
- Viens, Jawa. Laissons la dormir. Il faut maintenant prévenir ton frère.
Dexan pleura longuement dans mes bras. Nous passâmes la nuit au chevet de notre grand-mère.
Elle dormit trois jours durant.
Hon Shu-Quan, le compagnon Zoraï de mon père, moins atteint que Mékian, fut vite debout.
- Nous étions 9 comme vous devez le savoir. Quand nous sommes arrivés au camp des bandits, nous avons vu Mékian. C’est elle, la première à nous avoir vu nous approcher. Heureusement pour nous, d’ailleurs. Elle a su convaincre les bandits de ne pas nous attaquer. Nous avons passé 3 jours chez eux. 3 jours pour qu’Aeddan puisse convaincre le chef à laisser partir sa mère. Mékian n’était pas maltraitée, loin de là. Mais elle était leur prisonnière. Ces bandits lui avaient sauvée la vie et estimaient qu’elle avait une dette envers eux. On voyait bien qu’elle était aimée chez eux… surtout les enfants. C’était même parfois drôle. Toute cette marmaille accrochée à ses basques. Ensuite, nous sommes repartis. Les bandits nous ont escortés jusqu’à la sortie du Lagon de la Loria. De là, on a envoyé un message à vous, Sire Sun. Nous avons traversé rapidement Aeden Aqueous et c’est en arrivant au Pays Malade que nous sommes tombés sur ces kinchers.
Le jeune homin se crispa. Baissant la tête, il continua.
- Aeddan a été très courageux. Il y avait 5 grands kinchers. Il m’a crié de prendre sa mère et nous réfugier en hauteur, sur un rocher. J’ai pu assister au massacre. Mékian, de là où nous étions, essayait de leur lancer des sorts de soins. De mon côté, je faisais de même avec des sorts de magie élémentaire contre nos assaillants. Mais un des kinchers s’est retourné et nous a attaqués. Aeddan a essayé de l’attirer sur lui. Et cela lui a été fatal. Tous mes compagnons sont tombés les uns après les autres. J’ai pris Mékian et j’ai filé comme j’ai pu vers une mare que j’avais vu plus loin. Je sais que les kitins ont horreur de l’eau. Nous sommes restés dedans presque toute la journée. Ces satanés kinchers restaient autour. C’est alors que votre escorte est arrivée. Il était temps car j’avais de plus en plus de mal à garder la tête de Mékian hors de l’eau. Et elle perdait beaucoup de sang.
Hon mit sa main devant les yeux, essayant maladroitement de cacher ses larmes.
Le lendemain de ce récit, ma grand-mère put se lever. Elle était encore faible mais se rétablissait rapidement. Mon frère et moi ne la quittions pas d’une semelle. Dexan s’asseyait tous les soirs sur ses genoux, devant la cheminée. Et nous restions là, à l’écouter nous raconter son histoire. Elle pleurait souvent avec nous.
Un matin, elle nous appela.
- Les enfants, il faut absolument aller chercher votre mère. Sa place est ici, pas là bas !
- Mais, Grand-mère, Chiaccio Concini a dit qu’il…
- Je m’en fiche de ce qu’a dit ce Matis ! Votre mère doit être ici, point final.
Et nous voilà partis vers Min-Cho. Sun sut convaincre le guérisseur de nous laisser voir Darra.
Maman était là, toujours pareille, assise sur une chaise, les yeux dans le vide.
Mékian s’approcha d’elle doucement. La prenant par les épaules, elle lui parla. J’étais trop loin pour l’entendre. Mais je ne pus voir aucune étincelle dans les yeux de ma mère. Dexan se serra contre moi.
Soudain Grand-mère se redressa et la gifla à plusieurs reprises. Je criai. Sun me retint d’une poigne ferme. Maman glissa de son siège et resta recroquevillée au sol. A notre plus grande surprise, nous l’entendîmes pleurer. Mékian s’agenouilla et l’enlaça, la berçant doucement.
Darra leva les yeux sur nous et tendit les bras. Nous nous précipitâmes vers elle, sanglotant.
Notre mère était guérie.


*Entendant un bruit de pas dans les escaliers, elle rangea ses parchemins dans son sac. Stratovarius marqua un temps d’arrêt en la voyant. Puis, avec un grand sourire, il la prit maladroitement par les épaules.
- Jawa, enfin ! Tu es de retour ! On s’inquiétait, tu sais…
Souriant, la jeune Trykette inclina la tête.
- Je sais, c’est une longue histoire…*
Moonaya Ibiraan-Zhuangi
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