[BG Tarakhan] Chroniques de la Phalange Noire, Tome IV : la guerre des Clans (2)

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island97
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[BG Tarakhan] Chroniques de la Phalange Noire, Tome IV : la guerre des Clans (2)

Post by island97 »

Tome IV : la guerre des clans (partie II)

Anting et Barzung étaient étendus au milieu du cercle, sans vie, couverts de plaies et de brûlures. Ils étaient presque méconnaissables tant ils étaient mutilés. Seuls leurs masques permettaient encore de les identifier. Ne pouvant accepter cette réalité, je sombrai dans un océan des souvenirs du Karkonis. Du fond de mon désespoir, une nouvelle flamme naquit en moi et se mua vite en feu de broussaille consumant rapidement tout mon être : la rage de la vengeance.
Retrouvant un semblant de calme, je reportai mon attention sur les corps de mes amis. Les brûlures étaient caractéristiques des attaques de feu des magos et le regard d’Ekos examinant Anting et Barzung me le confirma. Je m’enquis ensuite du motif de l’absence de notre chef. Ekos m’expliqua que ce fut Rakh qui les avait trouvés à la sortie de Pyr, derrière l’étable est. Après avoir ramené nos amis, il était reparti chercher des indices pour déterminer ce qui s’était passé.

Au bout de deux heures interminables, Rakh reparût et nous donna simplement l’ordre d’emballer nos affaires pour nous mettre en route. Malgré notre étonnement, nous obéîmes sans dire un mot. Nous repartîmes vers notre campement en repassant par les primes racines. La nuit de notre retour, notre chef convoqua toute la troupe devant le feu central du camp. Il nous apprit ce que ses contacts lui avaient raconté. Alors qu’ils sortaient de la ville, les jumeaux furent bousculés par trois homins qui les attendaient à la sortie. Se rendant compte qu’ils avaient été volés, Anting et Barzung se lancèrent à leur poursuite. Les homins dépassèrent l’étable est et disparurent dans la pente de la colline qui borde la route. Leur emboîtant le pas, nos compagnons se retrouvèrent encerclés par un groupe d’homins dissimulé dans la pente et derrière l’étable. Ils étaient quinze : sept guerriers reconnaissables à leurs armes de mêlée et huit magos dans leur tenue traditionnelle. Des mots furent échangés mais les témoins ne purent entendre que les imitations de hurlements de varinx émis par les nouveaux venus. S’armant de leurs piques, les zoraïs s’apprêtaient à charger pour créer une brèche pour s’enfuir. Malheureusement, ceux-ci furent arrêtés par les incantations de quatre magos. C’est alors que les guerriers entrèrent en action, attaquant nos amis dont les mouvements étaient ralentis par les sortilèges. Ils se contentèrent de harceler et d’entailler sans chercher à tuer mais plutôt à affaiblir leurs adversaires. Au milieu de cette agitation, les jumeaux ne prirent pas garde au bruit sourd qui s’amplifiait autour d’eux. Tout d’un coup, l’air se mit à onduler sous l’effet d’une brusque chaleur, les guerriers s’écartèrent rapidement. Anting et Barzung voulurent profiter de ce moment pour reprendre des forces. Ils furent brusquement enveloppés par une énorme boule de flammes projetée par les huit magos restés en retrait. Les hurlements de douleur de nos amis, brûlés vifs, effrayèrent les témoins qui s’enfuirent ou se barricadèrent dans leurs demeures.

Le récit de Rakh raviva notre douleur et beaucoup d’entre nous furent secoués par des sanglots qu’ils essayaient de réprimer. Gagné par une fureur glacée, je réalisai que la signification du récit m’avait échappé : les Noriths étaient les responsables de la mort des jumeaux. D’un signe de la tête, Rakh fit venir Ekos et s’entretint quelques instants avec lui. Ce dernier hocha de la tête et retourna à sa place, le visage légèrement crispé. Peu de temps après, le piétinement régulier d’une monture mektoub se fit entendre. Nous nous fîmes mine de nous lever pour voir quelle en était l’origine quand Ekos nous ordonna de rester assis. Il nous indiqua alors que Rakh était parti seul pour une chasse aux « Faux Varinx » et lui avait confié le commandement du camp. La plupart des nôtres réagirent violemment, laissant s’exprimer leur frustration due à la soif de vengeance qu’ils ne pourraient pas assouvir eux-mêmes. Profitant de l’agitation, je m’éclipsai vers le parc des montures, détachai les brides de mon grand mektoub sombre et me dirigeai à pied vers les bois sur les traces de Rakh. Au bout d’un kilomètre, j’enfourchai ma monture et partit au trot vers le vortex le plus proche. J’avais à peine parcouru un kilomètre lorsque je fus désarçonné par un choc sur mon flanc gauche. Me réceptionnant en effectuant une roulade, je me redressai d’un bond tout en brandissant ma masse et ma dague, prêt au combat. Scrutant l’obscurité, je n’arrivais pas à repérer mon ennemi.
_ Tu ne peux pas suivre un ordre simple, Sirbas ? me demanda la voix familière de Rakh tandis qu’il émergeait de la pénombre, derrière moi.
_ Non, répondis-je. Je ne puis rester sans ne rien faire : ils étaient mes frères.
_ Je le sais mais si je n’ai pas voulu que tu viennes c’était pour protéger le camp en cas d’attaque de nos ennemis. Marquant une pause, il jaugea mon expression. De toutes façons, quoique je dise, tu serais venu. Autant que nous y allions ensemble.

Sans dire un mot de plus, nous remontâmes en selle et partîmes en direction de Pyr. Deux jours, plus tard, nous étions à Pyr. Nous allâmes à l’auberge écouter les ragots et glaner des informations sur les Noriths. C’est ainsi que nous apprîmes d’un vieux guerrier fyros ivre mort, qu’ils avaient établi leur campement au nord du Canyon Interdit, contre la falaise.

Sans délai, nous guidâmes nos montures vers Thesos avant d’obliquer vers les profondeurs du Canyon. A la fin de la journée, nous atteignîmes le bord des falaises qui surplombaient le petit camp des bandits. Leurs tentes formaient des cercles concentriques au milieu desquelles se dressait une tente plus grosse arborant une peau de varinx en guise de drapeau. A la faveur de la nuit, nous descendîmes la pente qui débouchait dans le Canyon. Nous nous séparâmes afin de les attaquer simultanément sur les côtés. Les premières sentinelles furent égorgées sans bruit. Nous revêtirent leurs manteaux et les remplacèrent à leur position. Les trois quarts des guerriers partirent se coucher dans leurs tentes tandis que six sentinelles se rassemblaient autour d’un feu de camp, pariant furieusement sur des lancers d’osselets. Je vis Rakh marcher vers eux portant distraitement la main dans son dos. Je l’imitai, dissimulant ma masse et ma dague dans mes manches. Lorsque nous les rejoignîmes, l’éclair bleuté de l’épée ondulante mon équipier s’abattit sur la nuque de trois des Noriths dont les têtes roulèrent dans le feu devant eux. Dans le même temps, je plantai ma lame dans la gorge d’un homin et fracassai le crâne de son voisin. Stupéfaite, la dernière sentinelle demeura immobile me donna le temps de lui briser la nuque d’un violent coup de botte sur l’oreille. M’apprêtant à partir vers les tentes à l’est, Rakh m’empoigna le bras et me ramena vers lui. Il me chuchota alors un ordre qui resterait à jamais dans ma mémoire : « Tu tueras homins, homines et enfants. Il ne doit en rester aucun ou nos descendants respectifs perpétueront à l’infini cet affrontement . » Dans la rage de la vengeance attisée par la vision de mes amis torturés et brûlés, j’approuvai d’un hochement de tête et me dirigeai lentement vers les tentes les plus proches. Ce fut une nuit de massacre où périrent des familles entières. Aujourd’hui encore, je suis hanté par la vision du sang s’écoulant de la poitrine des enfants que j’ai exécuté cette nuit-là. Une heure avant l’aube, Rakh réapparut avec deux prisonniers, Yursa, le chef des Noriths et sa femme, Hi. Yursa avait de multiples blessures et une bosse grosse comme un œuf de clopper sur le front. Celui-ci semblait visiblement en proie à la terreur tant il tremblait. Le petit groupe me rejoignit près du feu central qui s’éteignait progressivement. Rakh fit agenouiller le couple face à face.
_ Qui t’a envoyé nous attaquer ? demanda simplement Rakh en posant sa lame sur l’épaule d’Hi.
_ Je ne sais pas : j’ai simplement rencontré une homine masquée qui m’a remis un parchemin avec des instructions à suivre, bredouilla Yursa qui fixait les yeux apeurés de sa compagne.
_ Pourquoi avoir fait tué mes amis ? reprit Rakh sur le même ton glacé et monocorde.
A cet instant, Yursa devint livide et urina dans son pantalon. N’osant plus regarder Hi, il se mit à sangloter.
_ Je ne le répèterai pas deux fois, Norith. Le tranchant de la lame s’insinua légèrement dans la peau d’Hi lui arrachant un gémissement.
_ Parce que vous avez tué mon frère lors du raid, cria-t-il. L’écho se répandit dans le Canyon comme une accusation répétée par des procureurs invisibles.
_ Retiens bien ceci : c’est ton sens de la ‘justice’ qui aura causé la perte de ton clan.
Je contemplai la scène qui me semblait irréelle. A cet instant, je vis alors celui que l’on appelait Eferit : un seigneur de guerre implacable, ne connaissant aucune pitié. Opérant une fente rapide à droite, Rakh décapita Hi d’un coup. Yursa hurla en se jetant vers le corps sans vie de son homine. Rakh s’écarta, laissant sa soif de vengeance s’abreuver de la douleur de Yursa.

Au bout d’une minute, il ramassa une dague qu’il lança au chef des Noriths :
_ Tu as maintenant l’occasion de te venger de l’assassin de ton clan, lui dit Rakh qui replaçait son épée ondulante dans son fourreau dorsal.
_ Merci, marmonna Yursa.
Incrédule, je vis mon ami se diriger vers la pente au sommet de laquelle nous attendaient nos montures, sans se soucier davantage de l’homin à genoux. Abasourdi, je restai près de Yursa : une partie de moi ne comprenait pas l’attitude de Rakh tandis que l’autre souhaitait ardemment voir mourir le responsable de la mort de mes frères. Je m’apprêtai à brandir ma masse pour l’exécuter. C’est alors que celui-ci saisit la dague et se trancha la gorge d’un geste vif. Il mourut sans un mot, allongé à côté de son homine. De retour sur le haut plateau, je remontai sur le dos de mon mektoub tandis qu’une grande tristesse m’envahit. Au-delà de la vengeance qui laissait un grand vide, j’avais aperçu le côté le plus sombre de mon mentor. Nous passâmes la nuit suivante à Thesos. J’y dormis très mal en proie aux images de la tuerie qui revenaient sans cesse. Je me réveillai en sueur et grelottant malgré la proximité de notre feu. Une couverture enroulée autour des épaules, je m’assis à côté du feu et ressassai les dernières paroles de Rakh : « Retiens bien ceci : c’est ton sens de la ‘justice’ qui aura causé la perte de ton clan. Tu as maintenant l’occasion de te venger de l’assassin de ton clan. » C’était une façon quelque peu inhabituelle de rendre la justice : il avait rendu Yursa responsable du massacre de ses proches et, par là même, lui avait indiqué de s’exécuter.

L’extermination des Noriths ne fut officielle qu’un mois après les faits. Ils furent purement et simplement oubliés dans les affres de la petite Histoire. Rakh et moi regagnâmes notre camp sans encombre. A notre arrivée, nos amis organisèrent une fête pour fêter notre retour victorieux. Aucun d’entre eux ne sut ce qui s’était réellement passé ce fameux soir. Mais, à partir de ce jour, pour moi tout fut différent : j’avais perdu toute innocence et Rakh avait disparu devant celui que l’on nommait Eferit.


(Fin du tome IV, extrait des Mémoires de Sirbas-Joli-Coeur, lieutenant d'Eferit, an 2492)


Autres tomes disponibles :
Tarakhan,

Maître d'armes de la Phalange Noire.

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