[BG Tarakhan] Chroniques de la Phalange Noire, Tome III : la guerre des Clans (1)

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island97
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[BG Tarakhan] Chroniques de la Phalange Noire, Tome III : la guerre des Clans (1)

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Tome III : la guerre des Clans (partie 1)


« Huit mois après mon intégration dans la Troupe d’Eferit, j’en étais devenu un élément à part entière. Au milieu du Nexus, nous jouissions d’une vie joyeuse, faite des joies simples de l'amitié, de la chasse et des tournois. Je m’acoquinai rapidement aux jumeaux zoraïs, Anting et Barzung. Nous passions notre temps à nous défier dans des joutes hargneuses, toujours prêts à repousser nos limites. Grâce à l’émulation guerrière intense des deux piquiers, je progressai rapidement dans le maniement simultané de la masse et de la dague.

Tout ceci n’avait pas échappé à Rakh. Par un matin d’automne, il me convia à une ballade avec lui. Après avoir discuté de ma perception de ma place au sein de la Troupe, il me confia avoir décelé chez moi les qualités d’un bon lieutenant. Il me proposa de m’enseigner certains aspects de la stratégie militaire et d’autres empruntés à l’observation de la faune atysienne. J’acceptai ce qui allait changer le cours de mon destin. Ainsi, nous commençâmes les leçons dès le lendemain. L’enseignement de Rakh se voulait pratique plutôt que théorique : il me conduisait dans différentes chasses et concours homins qui mettaient en pratique toutes mes notions tactiques. Au-delà de la mise à la vérification de mes acquis, tout ceci avait aussi pour but de me pousser à développer mes propres stratégies, aiguisant ainsi mon instinct de meneur. Au bout d’un an, les jumeaux me reconnurent naturellement comme le chef de notre trio. Grâce à notre entente parfaite, nous constituions une équipe sans nulle autre pareille, agissant comme un seul être. Du fait de cette osmose, Rakh baptisa notre trio du nom de «Karkonis», en référence au monstre du même nom. Selon la légende populaire, c’était un gibbai géant dont l’esprit était formé par la fusion de trois entités élémentales : Huma, l’être de Terre, Uy, l’être d’Air et J’Re, l’être issu d’Eau.

Le reste de la Troupe aussi, à sa manière, s’entraînait et progressait. Au milieu de cette vie paisible, Rakh et Karanis passaient davantage de temps ensemble. Nous ne nous rendîmes pas compte du changement qui s’opérait chez Karanis jusqu’à ce qu’il devint évident : elle attendait un heureux évènement. Rakh, était plus attentif que jamais aux attentes de sa compagne. La grossesse de Karanis fut l’une des rares occasions, en dehors de la fureur des batailles, où je le vis souriant. Un mois avant la délivrance, nous préparâmes la venue du bébé en construisant une hutte pour protéger la mère et son enfant des intempéries. Une excitation et une joie grandissantes s’installaient parmi nous. Par une nuit noire, les cris de Karanis retentirent lorsque le travail commença. Je me souviendrais toujours de ce sentiment d’impuissance qui nous étouffait. A la mi-journée, le silence était revenu, nous plongeant dans un calme inquiétant. Après quelques minutes, nous vîmes notre chef, portant le corps de Karanis, sortir de la hutte et s’enfoncer dans la forêt. Ekos, qui faisait office d’accoucheur, sortit à son tour de la hutte, épuisé et livide. Son expression nous laissâmes présager que quelque chose n’allait pas. Comme il s’approchait, nous remarquâmes que des larmes mouillaient ses joues ridées. Il nous annonça que Karanis était morte avant que le bébé ne vit le jour. Rakh, sous le coup du chagrin, n’avait rien voulut entendre et avait emporté avec lui le corps de sa compagne. Nous restâmes un long moment sans rien dire, chacun essayant à sa manière d’accepter ce malheur. Un silence sinistre enveloppait notre camp comme si la faune environnante supportait notre peine. Au bout d’une heure, les jumeaux se levèrent et partirent vers l’aire de repos des meutes de cuttlers, armés de leur pique. Allongé sur le dos, je plongeai dans une profonde mélancolie, me rappelant ma mère. A la tombée de la nuit, les jumeaux revinrent couverts de sève après avoir décimé quatre meutes et nous rejoignirent autour du feu. N’ayant pas d’appétit, nous restâmes côte à côte à contempler les braises rougeoyantes. Ne pouvant plus supporter cette ambiance, je décidai de partir à la recherche de Rakh. Les jumeaux se levèrent instantanément à ma suite.

Les traces de notre ami ne furent pas difficiles à suivre, celui-ci ne cherchant pas à se cacher. Au bout de trois kilomètres, nous vîmes des lueurs voisines. Nous nous approchâmes prudemment jusqu’à parvenir à cinq mètres d’un feu devant lequel était assis Rakh, dont nous distinguions le dos. Sans se retourner, celui-ci nous fit signe d’avancer. Nous nous exécutâmes et arrivâmes à ses côtés. Quelle ne fut pas notre surprise ! Rakh berçait un bébé blotti dans ses bras. Continuant à le bercer, il leva vers nous ses yeux qui exprimaient la joie d’un père contenue par le chagrin de la mort de son homine. Il avait baptisé son fils Ixaus, le Dormeur. Après nous l’avoir présenté, il nous expliqua qu’il avait emporté le corps de Karanis pour lui faire ses adieux et pour qu’elle reposât au pied d’un grand arbre qu’elle affectionnait. Au moment où il s’apprêtait à mettre Karanis en terre, il perçut un léger mouvement de l’abdomen de l’homine. Sans se poser de question, Rakh s’était emparé de sa dague et avait pratiqué une incision juste au-dessus du bassin. Puis, il en avait extrait un petit garçon d’un teint bleuâtre. Il ne savait pas par quel prodige son corps était encore chaud mais force était de constater qu’il était. Après avoir massé délicatement le petit corps, il avait attrapé par les chevilles et donné une tape sur les fesses comme il l’avait vu faire auparavant. Au bout de la deuxième tentative, l’enfant s’éveilla et se mit à pleurer. Maintenant, chaudement enveloppé dans le gilet de son père, Ixaus demeurait silencieux dans les bras de ce dernier dont les yeux brillaient de fierté. La venue de ce petit homin effaça une partie de notre chagrin et nous aida à nous remettre de la mort de Karanis. Rakh, en père attentionné, se consacra essentiellement à son fils. Ekos et moi fûmes chargés de la gestion de notre groupe, ne sollicitant notre chef que pour les arbitrages importants. C'est ainsi que je devins Lieutenant de la Troupe, responsable des aspects martiaux, tandis qu'Ekos, prit la charge d'Intendant de notre camp, assurant l'organisation du camp et de la vie au quotidien.

Pendant les cinq années qui suivirent, nous prîmes part à plusieurs batailles pour assurer la paix et la sécurité sur les nouvelles terres qui étaient offertes à l'Hominité. La préserver de la menace kitin était notre credo, même si cela s'accompagnait très souvent d'une rémunération matérielle substantielle de nos services. C'est ainsi que notre notoriété et notre influence s'étendirent bien au-delà de ce que nous avions escompté. Toujours basés dans le Nexus, nous ne jouissions plus de l'anonymat qui nous protégeait jusqu'alors des influences externes. Seul la difficulté d'accès de la région garantissait notre sécurité.

Chaque mois, lors de nos incursions dans les cités pour notre approvisionnement un nombre croissant de messages nous étaient laissés. Il s'agissait de proposition de contrat et autres réquisitions de notre troupe pour des quêtes non officielles et, dans certains cas, à la limite de la légalité. Nous avions aussi à cette époque, un certain nombre de sollicitations pour des recrutements mais parfois des défis destinés à 'endiguer notre influence'. Ce fut l'une de ces missions qui nous entraîna dans un conflit sanglant. Nous avions accepté de convoyer secrètement une relique des Primes Racines vers Pyr pour le compte de l'Empire fyros. Du fait de l'hostilité de la région, nous contactâmes les Ombres Rouges, une bande de mercenaires avec qui nous avions combattu par le passé. Leur chef, Malr, accepta à condition que nous les acceptions dans nos rangs. Rakh refusa de les intégrer dans leur globalité mais uniquement ceux qui s'en montreraient dignes. Ce fût l'occasion d'un tournoi visant à déceler les meilleurs éléments des Ombres Rouges. Sur un total de quinze homins, six furent acceptés dans la troupe dont Malr. Les autres restèrent Ombres Rouges pendant encore quelques temps avant d'être exterminés dans une embuscade d'une bande de bandits.

La traversée de la Route des Ombres se passa bien. Hormis, quelques perturbations vite réglées causées par la faune locale, nous avançâmes sans difficultés. A trois cents mètres du vortex nord menant aux terres fyros. Rakh nous fit signe de nous arrêter. Il m'indiqua un point sur la droite vers lequel je me dirigeai tandis qu'il postait Malr à l'arrière du convoi. Alors que je scrutai les alentours j'aperçus des silhouettes se déplaçant sur le flanc gauche du convoi, le long de la falaise. Je me précipitai vers Rakh lui faisant signe de regarder vers la falaise. Ayant perçu mon agitation, il donna l'alerte. Nous formâmes une ligne de défense tandis qu'une partie du convoi se dirigeait de vers le vortex. Un affrontement aussi brutal que rapide s'en suivit : une vingtaine d'individus nous chargèrent en imitant des hurlements de varinx, caractéristique des Noriths, un ramassis d'homins mercenaires et d'assassins notoires à la solde du plus offrant.

Craignant une diversion, Rakh avait gardé cinq homins en retrait, prêts à intervenir sur toute brèche qui se formait dans notre défense. Le choc brutal des armes emplit les vastes cavernes où nous nous trouvions. Tailladant, écrasant, éviscérant nos adversaires, nous prîmes rapidement l'avantage, faisant peu à peu faiblir la hardiesse de nos assaillants. Sentant leur défaite proche, les derniers mercenaires survivants s'enfuirent vers le sud, s'enfonçant sans précautions dans les profondeurs des primes racines. Il ne fallut pas longtemps pour entendre retentir des hurlements homins qui se mariaient de manière morbide aux rugissements d'une meute de varinx que nous avions évitée un peu plus tôt. L'ironie de la situation nous amusâmes et nous nous mîmes à rire à gorge déployée tout en regagnant le vortex. De l'autre côté, le deuxième groupe, conduit par Malr, nous attendait à côté de six cadavres d'homins. Ceux-ci étaient restés de ce côté du vortex pour surprendre et éliminer d'éventuels fuyards. En guise de surprise, ils étaient tombés nez à nez avec les jumeaux zoraïs. Ils les avaient massacrés, n'en laissant échapper qu'un seul qui avait évité de justesse les énormes lances qu'Anting et Barzung leurs avaient lancées, contrairement à son infortuné compagnon de fuite dont la poitrine déchiquetée se répandait sur le sable.

Le reste du trajet jusqu'à Pyr se déroula sans encombre. Cependant, elle fit remonter l'amertume de Rakh qui repensait aux terribles évènements qui s'étaient déroulés quelques années auparavant dans cette région. Nous campâmes aux Quatre Chemins, pour les besoins de la livraison qui devaient s'opérer en pleine nuit pour plus de discrétion. Vers minuit, nous vîmes arriver des gardes impériaux menant une charrette de caisses tirée par un mektoub. Rakh, connu ici sous le nom d'Eferit, échangea quelques mots avec le chef du bataillon. Les gardes déchargèrent une caisse dissimulée sous les autres, l'ouvrirent, y placèrent le coffret que nous transportions et la replacèrent à son emplacement d'origine. Le chef produisit deux cassettes noires qu'il donna à Rakh. Nous regardâmes les gardes s'en aller sans un bruit puis nous nous mîmes en route et rejoignîmes Pyr. Nous y passâmes deux jours, jouissant des charmes divers de la ville et profitant de l'occasion pour faire quelques provisions. A l'heure de notre départ, aux quatre chemins, Anting et Barzung manquaient toujours à l'appel. Au bout d'une heure, nous nous séparâmes et partîmes à l'heure recherche. Au bout d'une heure, j'étais de retour bredouille à notre point de rendez-vous initial. Là, je trouvai la troupe assis en cercle sur la colline surplombant la route. En m'approchant d'eux, je remarquai un silence inhabituel ainsi que l'absence des jumeaux et de Rakh. Arrivé à leur hauteur, je tombai à genoux devant la scène que je découvris et hurlai de douleur sans pouvoir me retenir.

(Fin du tome III, extrait des Mémoires de Sirbas-Joli-Coeur, lieutenant d'Eferit, an 2492)

Aussi disponibles :
Last edited by island97 on Wed Aug 24, 2005 4:20 pm, edited 1 time in total.
Tarakhan,

Maître d'armes de la Phalange Noire.

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