Chroniques de la Phalange Noire, Tome I : la Marche du Solitaire

Moderator: Chroniques d'Atys

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island97
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[BG Tarakhan] Chroniques de la Phalange Noire, Tome I : la Marche du Solitaire

Post by island97 »

Dans sa quête de ses origines, Tarakhan parcourant Atys, de taverne en échoppe, de ville en campament, rassemblait avec persévérence et détermination, l'histoire de ses aïeuls.

Le tome I est l'aboutissement d'une partie de sa quête.

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Tome I : la Marche du Solitaire

Retirant son épée ondulante de Goaketh, le guerrier fyros se releva et embrassa l'horizon de son regard furieux. Abandonné par sa troupe, il avait dû batailler contre l'escorte de Goaketh pour rester en vie. Son ultime salut face au crustacé géant avait été l'utilisation du terrain à son profit : grâce à un coup circulaire sur les pattes avant de Goaketh, il avait réussi à ralentir ses mouvements suffisamment pour en faire le tour et le précipiter du haut de la falaise. Dans une ultime rage, il s'était jeté à la suite du goari et profité de la chute pour transpercer le monstre sous l'effet de son propre poids. Inconscient pendant près de quatre heures, il s'était réveillé à près de la dépouille de Goaketh, les côtes gauches meurtries. Une heure après la tombée de la nuit, il décida de se mettre en marche pour rejoindre Dyron, point civilisé le plus proche du couloir brûlé. Sans monture, il fallait prévoir au moins trois jours de marche en prenant toutes les précautions nécessaires pour arriver sain et sauf.

La première nuit se passa sans incident notable : ce fut une longue marche durant laquelle il ne dut affronter qu'un kincher affamé qui passa trop près de lui pour qu'il ne le remarqua pas. Au lever du jour, il chercha un recoin dans la falaise pour se reposer à l'ombre, le temps de récupérer. Alors qu’il somnolait, un léger craquement le tira de son sommeil. Se camouflant parmi les rares herbes et arbustes, il rampa en direction du son continu porté par le vent. A une centaine de mètres, il remarqua une troupe de cuttlers agglutinés autour de carcasses. Au moment où il se détournait de la curée, un cri le stoppa net. Fixant la scène, il se rendit compte que les carcasses étaient les restes des homins de sa troupe. Le cri émanait du dernier survivant : ce dernier avait survécu, à l’abri des cadavres, jusqu’au moment où l’une des bêtes l’avait mordu. La douleur des crocs déchirant sa chair l'avait fait hurler, rameutant les autres cuttlers qui le déchiquetèrent aussitôt. Impuissant, le guerrier s’en retourna à sa cachette pour récupérer son épée et s’éloigner de la meute.

Au bout de deux heures, le soleil atteignit son zénith, le forçant à chercher un autre abri pour attendre la nuit. Trente minutes plus tard, il trouva une cavité rocheuse à trois mètres au-dessus du sol et s’y glissa pour s’y reposer. Bien qu’exiguë, elle était fraîche et présentait l’avantage de le placer hors d’atteinte de beaucoup de dangers. A l’issu d’un sommeil sans rêves, il s’éveilla reposé et déterminé à reprendre sa route pour Dyron. Déployant tous ses talents de chasseurs acquis lors des quinze dernières années, il voyagea encore une fois sans rencontrer de difficultés. C’est ainsi qu’à l’aube du troisième jour il arriva au pied du plateau des Dunes de l’Exil. Quoique Dyron n’était plus très loin, le danger était plus grand car le terrain de dunes n’offrait que peu de possibilités de se dissimuler du soleil mais aussi des kitins qui rôdaient en nombre en ces temps de guerre. Avant que l’œil du dragon ne soit trop haut dans le ciel, il se mit en quête de divers matériaux et se fabriqua un masque de fortune. Grâce à celui-ci et son armure lourde, il serait à même de supporter la chaleur, le temps de se réfugier à l’ombre d’une des tours de gardes disséminées dans le désert.

Après une heure et demi de marche, il atteignit une première tour abandonnée. En s’en appro-chant, il aperçut dans l’entrée des silhouettes se déplaçant à quatre pattes. La forme de leurs têtes indiquait qu’il s’agissait de frahars. Se lancer dans une bataille contre un nombre inconnu d’ennemi relevant de la bêtise plus que de la bravoure, le guerrier se remit en quête d’une autre tour, se rapprochant par la même occasion de Dyron. C’est ainsi que quatre cents mètres plus loin, il trouva une nouvelle tour qui semblait aussi déserte que la première. Prudemment, il en fit le tour jusqu’à ce qu’il fut sous le vent et remonta alors vers elle. Aucun signe ne laissait paraître une quelconque présence. Accroupi et adossé au mur, il se dirigea vers l’entrée et, après une pause pour déceler d’éventuels signes de présence, passa la tête dans l’entrée pour inspecter l’intérieur de la tour. Là encore, il n’y trouva aucun indice, concluant que celle-ci était définitivement abandonnée.

Il gravit l’échelle qui menait au poste de garde et vérifia les alentours depuis le haut de la tour : vers le sud, on pouvait apercevoir des essaims de kipestas patrouillant dans les dunes tandis qu’au sol, des kinchers les quadrillaient par groupe de cinq. Se tournant vers le nord-est, il pouvait voir le haut des bâtiments de Dyron ainsi que la végétation qui poussait autour du lac. Impatient de retrouver l’abri de la ville, il chassa de son esprit l’idée de se remettre en route sans attendre, ce qui serait risquer s’exposer au piège le plus mortel du désert : la chaleur. Profitant de la sûreté relative de l’enceinte, il s’endormit l’épée à la main, prêt à réagir comme son entraînement martial le lui avait appris. Une heure après la tombée de la nuit, il fut réveillé par le hurlement lointain de varinx. A en juger par la force et la direction du vent et l’intervalle entre chaque hurlement, ils devaient se trouver à un kilomètre de là. Après s’être assuré qu’aucune surprise ne l’attendait à la base de la tour, il descendit et se remit en marche en direction de son salut. Afin d’éviter des patrouilles de kitins, il dût effectuer trois bifurcations avant d’atteindre l’étable de Dyron.

Les gardes en faction l’aperçurent et vinrent à sa rencontre. Il leurs donna son nom et son uni-té d’appartenance afin de s’identifier et être conduit au chef des gardes de Dyron, le Capitaine Draxius, pour lui faire son rapport. Son audition étant prévue dans l’après-midi, il rejoignit le reste du corps et se restaura avant de prendre un peu de repos sur les bords du lac. A l’heure de son audition, il fut amené à l’étage au-dessus de l’auberge. Là, pendant une heure, il relata dans les détails les évènements qui l’avait conduit à cette marche solitaire. Le chef de garde resta impassible face à son exploit puis fit un signe de la tête aux gardes à proximité. Ceux-ci avancèrent à hauteur du guerrier et lui empoignèrent les bras. Abasourdi, il resta immobile dans l’attente d’une explication. Ce fut alors que le chef de garde prononça ces paroles : « Sergent Tarakh, vous êtes mis aux arrêts de rigueur pour désertion. Vous serez jugé dès demain par vos pairs qui décideront de votre sort. » Ces mots, plus tranchants que n’importe quelle arme, annihilèrent sa volonté. Encore sous le coup de l’étonnement, il suivit l’escorte jusqu’à l’extérieur où il fut ligoté. Sous bonne garde, il se laissa aller à ses pensées, essayant de comprendre pourquoi il se retrouvait dans cette situation.

Tarakh se réveilla avec les poignets endoloris par la corde qui lui cisaillaient les poignets. Se remémorant les événements de la veille, il ne comprenait toujours pas la raison pour laquelle il avait été arrêté et accusé de désertion. En quoi le fait d’être l’unique survivant de sa troupe constituait-il une faute ? Etait-il considéré comme un déserteur parce qu’il avait la charge de la troupe décimée ? Ou ne l’avait-il simplement pas cru ? Autant de questions sans réponses qui valsaient dans sa tête, lui donnant le tournis. Il passa en revue chacun des vingt membres de sa troupe. La plupart étaient des artisans ou des récolteurs qui s’étaient engagés pour dé-fendre l’Empire fyros contre les envahisseurs kitins. En fait tous étaient de classe modeste sauf un, Liusirus. Liusirus ! Il était la raison de ses ennuis. Ce soldat apparemment comme les autres était le fils d’un des plus riches commerçants de Pyr, Abaxan Yrakyan. Ce dernier avait ses entrées au Palais et était l’un des plus grands soutiens de la Garde Impériale. Il avait eu cinq enfants, quatre filles et un fils, Liusirus. Il désirait probablement que Liusirus reprît sa succession, assurant la continuité de la Maison Yrakyan. Avec sa mort, tous ces projets étaient finis.

Maintenant, Abaxan voudrait probablement retirer son soutien à cette armée qui avait causé la mort de son unique fils. Pour atténuer la situation, les généraux auront probablement décidé d’instituer Liusirus en martyr et héros de guerre, et lui, Tarakh, en responsable déshonoré de sa mort. Il était aussi clair qu’il ne lui restait aucune issue et que son sort était déjà scellé. Lors de son procès, il serait chassé de la Garde et, dans tous les cas, mourrait exécuté soit par la Garde, soit par un assassin commandité par Abaxan. Face à ces perspectives d’avenir, Tarakh n’avait que peu de choix : il devait s’exiler, disparaître au moins le temps d’échafauder un plan pour s’échapper. S’attaquer à ses gardiens avec les mains liés n’était pas envisageable pas plus que d’essayer de s’éloigner furtivement au beau milieu du camp. Il fallait trouver autre chose, mais quoi. C’est alors qu’il aperçut sa bourse non loin de là. Avec un peu de chance, son contenu était toujours intact. Se levant, il demanda à ses gardiens de l’aider à s’éloigner le temps pour qu’il pût satisfaire un besoin pressant. Ils l’aidèrent à se lever et le suivirent. Se dirigeant vers les abris de mektoubs, il écrasa de son pied le contenu de sa bourse et continua jusqu’à l’arrière des abris. Un liquide verdâtre filtra de la bourse se répandit sur le sable répandant un léger parfum âcre dans l’air. Emporté par le vent, celui-ci toucha tout d’abord l’abri des mektoubs. Ceux-ci devinrent nerveux, s’agitant beaucoup et mobilisant une partie de l’attention. Tarakh, satisfait de ce premier effet, attendit que les phéromones de Goaketh qu’il avait libérés en écrasant la glande dans la bourse, furent diffusées dans les environs.

Non loin de là, sous le vent, deux patrouilles kinchers perçurent les phéromones. Ceux-ci poussèrent un hurlement de rappel. Deux minutes plus tard, deux autres patrouilles se joigni-rent à eux ainsi que trois groupes de kipestas. Ils fondirent alors en direction de Dyron, remontant à l’origine de la piste olfactive. Pendant ce temps, Tarakh retournait à sa place toujours sous bonne escorte. Comme il s’asseyait, l’alerte retentit dans le camp, les sentinelles ayant repéré les attaquants kitins. Une violente explosion avec une odeur de pollen brûlé, fit voler en éclat l’une des tours de garde de la ville. Les gardes de Tarakh se ruèrent vers les kitins et le laissèrent toujours ligoté. Se relevant, il se dirigea vers les abris des mektoubs et attendit qu’une opportunité se présentât. Sur les bords sud et ouest de Dyron, la bataille faisait rage. La Garde luttait pour contenir les kinchers, excités par les phéromones et l’odeur du sang. Les kipestas, qui bombardaient méthodiquement les tours de garde, furent vite éliminés par les tirs des artilleurs. Tandis que les unités perçaient les rangs kitins, l’attention de Tarakh fut attirée par un léger grattement sur sa gauche. De l’obscurité sortirent une dizaine de goaris qui se dirigèrent droit sur la bourse. Arrivés à sa hauteur et ne trouvant pas Goaketh, ils devinrent furieux et lancèrent leurs boules d'énergie sur l’arrière-garde. Une vingtaine d’homins périrent sur le coup, surpris par l’attaque arrière. Les artilleurs se mirent alors à pilonner les goaris tandis que des défenseurs faisaient barrière pour les contenir. Le conflit arrière se régla en quelques minutes grâce à l’efficacité des artilleurs qui reportèrent de nouveau leur attention sur le front principal.

Profitant de la confusion, Tarakh se dirigea vers le cadavre d’un soldat brûlé par les boules électriques des goaris. Saisissant la garde de son épée, il la dégagea de son fourreau et trancha ses liens. Puis, s’allongeant sur le sable, il rampa jusqu’à une tente. Là, il revêtit une armure moyenne et ramassa quelques provisions qu’il fourra dans un sac de toile. Il attrapa une corde similaire celle qu’il avait aux poignets et sortit en rampant de la tente. Il se dirigea vers un cadavre à la limite du camp. Profitant de l’obscurité, il habilla le cadavre totalement défiguré avec ses anciens habits et lui ligotant les poignets. Espérant que ce subterfuge fonctionnerait, il se dirigea vers un mektoub de monte, en détacha les rênes et s’enfonça dans l’obscurité à l’opposé du champ de bataille où la Garde triomphait des derniers assaillants.

Ce fut cette nuit là que Tarakh le Lâche fut déclaré mort, tué par les ennemis qu’il n’avait pas su affronter. Encore aujourd’hui, les enfants rient au coin du feu de l’ironie de Tarakh le Lâche qui a survécu aux kitins dans le désert pour mourir sous leurs coups, ligoté dans l’enceinte même de Dyron, comme un bon repas attendant d’être savouré.

(Fin du Tome I, récit tiré des propos de l'Ixaus, fils de Tarakh, an 2490)

Tome II : la Troupe d'Eferit

Tome III : La Guerre des Clans (partie 1)
Last edited by island97 on Wed Aug 17, 2005 1:28 pm, edited 1 time in total.
Tarakhan,

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monwalker
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Re: [BG Tarakhan] Chroniques de la Phalange Noire, Tome I : la Marche du Solitaire

Post by monwalker »

(HRP) J'avais manqué ce texte. Superbe ! Bravo à l'auteur.
Vivement la suite... :)
Oscar de l'Ormeray
* L'Art et la matière *
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island97
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Re: [BG Tarakhan] Chroniques de la Phalange Noire, Tome I : la Marche du Solitaire

Post by island97 »

monwalker wrote:(HRP) J'avais manqué ce texte. Superbe ! Bravo à l'auteur.
Vivement la suite... :)
Merci : voici le lien vers le tome II
Tarakhan,

Maître d'armes de la Phalange Noire.

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