[Zoraï] Une rencontre peu agréable....

[ombrehr]

La journée de travail s'achevait presque.

Neigee s'étira, les muscles endoloris par les efforts répétés depuis le matin. Elle se sentait fatiguée mais heureuse de la production de l'atelier de bijouterie...
«*Je ne suis pas encore arrivée au but que je me suis fixée, mais j'avance..*»

Le brouhaha de la rue la fit émerger de ses pensées... On parlait fort là-bas, on parlait haut...

Elle sortit sur le pas de la porte et son regard se dirigea vers un goupe d'homins qui se tenait tout proche. Elle faillit leur demander d'aller continuer leur discussion plus loin, elle ne se sentait pas d'humeur à supporter les jacasseries de wombaïs ce soir...

Une phrase cependant, qui jaillit du groupe, la fit tendre l'oreille plus attentivement. Un homin qui semblait passablement émêché ne cessait de répéter les mêmes mots :
«*Morte, j'vous dis! Elle est morte ... paraît qu'elle a été assassinée.. c'est comme j'vous l'dis*»

Un mauvais pressentiment jaillit alors dans le coeur de Neigee... L'homin était un marchand fyros qu'elle avait souvent vue à Pyr et même s'il semblait apprécier l'alcool de shooki plus que de raison, quelquechose dans le ton de l'homin disait que ses paroles rapportaient des faits exacts. Manquait juste le nom de la personne dont il parlait...

«*De qui parles-tu donc ?*»

L'homin interpellé se retourna, fixa Neigee. Il tituba vers elle et, dans un effort évident pour rassembler ses pensées, il éructa :
«*Liandra, pardi !! C'est elle qu'est morte... Z'ont arraché la graine ....T'écoutes donc pas ce que je dis ..Pff c'est pourtant clair, c'est pas des éculub..ébrul..

-*«..élucubrations*» murmura Neigee dans un souffle, comme pour elle-même.

L'ivrogne ne l'écoutait pas, il avait glissé lentement le long du mur et ronflait maintenant comme un sonneur. Le groupe s'était retiré petit à petit...
Neigee resta immobile sur le pas de la porte puis, comme se réveillant, rentra lentement dans son atelier.

«Morte... La vieille Matis est morte... Mais qui ? Qui avait osé arracher une graine de vie ?*»

«*Vous parlez à vous-même, Dame Neigee... Est-ce là une technique Zorai de méditation ?*» glissa alors une voix ironique

Neigee sursauta.. ses yeux ne s'étaient pas encore réhabitués à la pénombre de l'atelier et elle n'arrivait pas à discerner celui qui s'était ainsi adressé à elle.

«*Il est étonnant de vous voir visiblement si contrariée par la mort de Liandra, vous qui ne lui aviez pas spécialement souhaitée la bienvenue lors de sa venue à Zora...c'est le moins qu'on puise dire...*»
«*Son intrusion, elle n'était pas la bienvenue.... Et qui êtes-vous, monsieur qui commentez si bien ce que vous imaginez de mes pensées ?*»
«*Voilà qui n'a aucune importance, Zorai !*» gronda la voix de l'homin que Neigee pouvait maintenant identifier comme étant Matis.

Neigee ne connaissait pas cet homin, mais elle percevait émanant de lui une violence peu commune. Une grande force aussi... L'examinant plus en détail, elle se dit que l'allure de l'homin et la richesse de ses vêtements trahissaient l'appartenance à une strate élevée de la société Matis. L'autorité de sa voix démontrait par ailleurs une habitude et une naturelle aisance au commandement....
«*Vous aussi, Monsieur l'inconnu, semblez ignorer que vous n'êtes pas ici en vos terres.. si vous désirez vous entretenir avec moi, changez de ton... ou quittez mon atelier à l'instant avant que je n'appelle la Garde.*»

Le Matis éclata de rire, semblant s'amuser follement des propos de Neigee.

«*Par Jena, tu as le caractère d'un ocyx du Bosquet et j'aurais du plaisir à te mater si j'en avais le temps.. hahaha...*»
«*Ma-Duk m'en soit témoin, Matis... tu sembles penser que j'éprouve du plaisir à l'annonce de la mort de Liandra, il n'en est rien.... mais sois sûr que je n'ai pas pour elle plus de considération que je n'en avais avant. Morte, elle ne vaut pas plus pour moi que vivante...
Par contre, ceux qui ont osé arracher la graine de vie de son corps, ceux-là oui je les hais... car ils ont outragé Ma-Duk..*»

Le Matis se taisait, songeur... il jaugeait la Zorai, furibonde, qui se dressait devant lui..

«*Tu devras choisir tes amis dans peu de temps, Zorai.... pèse le pour et le contre.. révise même tes croyances.. renie, s'il le faut tes attachements (oui nous savons que tu te bats pour le retour de Leto le traitre..)*»

«*Je suis Zorai, définitivement amoureuse de la Jungle et de mon peuple... j'aime mes Frères et mes Soeurs, j'ai un profond respect pour le peuple Fyros... je ne suis pas politicienne et peu m'importe vos querelles de guildes ... mais ne venez jamais insulter devant moi aucun de mes Freres, aucune de mes Soeurs, aucun de mes amis Fyros.. ou , les Kamis brisent ma graine à la minute si je manque à mon engagement, je prendrai les armes contre vous, Etres Blêmes, adorateurs d'une deesse de fibre machée...*
Quant à Leto, je vous prie, monsieur l'inconnu, de ne point vous en mêler...*»

Le Matis ne dit mot.. il blémit juste..
Neigee était résolue à mourir dans la seconde, tant elle sentait la haine de l'homin se concentrer vers elle.. Qu'importe ! Elle n'avait toujours pas compris pourquoi il etait venu ce soir dans son atelier, mais elle était prête à mourir pour défendre ce en quoi elle croyait, ce dans quoi ses parents adoptifs l'avaient élevée, ce pour quoi tout servant des Kamis et de Ma-Duk se devait de combattre....

L'homin disparut.... seul un nuage leger trahissait encore sa présence il y a quelques minutes...

Neigee était désarçonnée...
La mort de la vieille Liandra, ce Matis qui semblait penser qu'elle avait quelque accointance avec les commanditaires de la mort de la femelle... et Leto dont on disait qu'il revenait..

«*Oh Leto, mon frère Zorai... ta sagesse manque en ce moment.... rejoins nous vite...*»
Elle savait que seul le vent pourrait porter ce message a Leto, le Sage bien aimé... elle savait aussi que le peuple Zorai allait avoir besoin de lui, tres vite..
Elle pensa :
«*Il est si facile de penser que Leto est coupable de tous les maux d'Atys.. !! les faibles d'esprits n'ont pas a chercher plus loin..
Reviens nous vite , mon frère... l'Ecorce devient folle..*»


Elle prit la clef de l'atelier, ferma la porte a simple tour, comme toujours... et prit tranquillement le chemin de la maison Xiang Ai....

[kalibarr]

Le grand homin marche dans le désert, défiant la nature inhospitalière par son pas décidé. Il est venu désarmé, porteur du deuil, mais ces yubos dégénérés ne savent qu’aboyer et trembler. L’insulte qu’on lui a faite en lui interdisant de présenter ses respects à la dépouille de son ennemie le cuit plus que le soleil de Pyr.
La sérénité de la jungle lui manque, et sa détermination à guider son peuple sur le chemin de la tradition n’a jamais été aussi forte. A la prochaine saison il sera jugé par les Cercles… l’attente est un supplice.