L'au revoir d'un pirate

Moderator: Chroniques d'Atys

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glubglub
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L'au revoir d'un pirate

Post by glubglub »

Suivant les dernières instructions de son capitaine, Arkueid publia la lettre que Kalean lui avait remis peu avant son départ.

Chers amis,

Ce n’est pas sans un pincement au cœur que je rédige cette lettre.
Mais désormais tout est prêt, et rien ne pourra plus retarder mon départ.
Le prototype que je fabriquais en cachette, dans une grotte des Landes Obscures, est désormais achevé.

La construction de cet engin m’aura demandé de nombreux cernes d’efforts, d’échecs, de mise au point, de tests…
Jusqu’à obtenir enfin ce que je cherchais à mettre au point : un appareil volant.

Oh bien sûr, c’est un véhicule modeste qui n’a rien de comparable avec les navettes de la Karavan. Mais le prototype est suffisamment stable pour me conduire à bon port : vers la Canopée d’Atys.

Pourquoi ce voyage ?
Tout a commencé avec une étrange vision que je fis suite à un combat éprouvant.
En voici le récit, à travers un extrait de mon journal:
(…)
Les kamis m’avaient demandé de traquer un kirosta et d’en venir à bout. Cela m’étonna beaucoup, cette tâche dépassait mes compétences de chasse et les kamis le savaient.
Avaient-ils décidé de m’envoyer à la mort ? Voulaient-ils me tester ?
Je m’exécutais donc, et dénichais un de ces affreux monstres. Après un combat acharné, où je dus user de toutes mes bottes secrètes pour survivre, je finis par prendre l’avantage.
Dans un ultime effort, ma masse électrique s’écrasa avec fracas contre la carapace du kirosta, qui s’affaissa sous le choc. Le kitin chancelant dévorait ses dernières secondes de vie.
C’est alors que, dans un dernier soubresaut, l’immonde créature me transperça la cuisse de son dard, avant de s’écrouler. La douleur provoquée par le poison du kitin se propagea instantanément dans tout mon corps, me foudroyant sur place. Mes dernières forces m’abandonnant, je m’effondrais aux cotés de la carcasse puante de la bête.

Allongé sur le sol, je sentais la sève s’écouler de mes membres tandis que la vie m’échappait. Tout me semblait soudainement si lointain, je percevais à peine ma propre douleur. Les yeux rivés au ciel, mon regard se perdait dans l’infini.
Le poison qui s’écoulait dans mes veines semblait m’ouvrir les portes d’un autre monde. Je sentis mon esprit se libérer de son carcan de chair, s’élever au dessus de ce corps inanimé pour entamer un long voyage vers le firmament.
J’eus alors le sentiment d’entrer en communion avec la planète-arbre.

Je ressentais une profonde paix intérieure, pourtant tout autour de moi s’agitait avec une frénésie indescriptible. Les arbres surgissaient du sol, puis dépérissaient plus vite que les champignons les plus éphémères. Les astres traversaient le ciel comme des bolides, voltigeant en un ballet de traînées lumineuses.
Je vis alors les branches de la canopée croître et se déployer au dessus de la région des Lacs.
Semblables à d’immenses tentacules, les branchages s’étendaient au dessus de nos terres, resserrant leur étreinte mortelle comme un piège qui se referme sur sa proie.
Les rameaux de cette couverture végétale s’entremêlaient inexorablement, occultant chaque recoin du ciel.
Aeden Aqueous plongeait dans un crépuscule sans retour. Je vis ses étendues fertiles s’étioler, ses eaux limpides se ternir à jamais. Tout n’était plus que désolation, à l’image des Landes Obscures. La lumière du jour, qui se frayait à grand-peine un passage vers le sol, délaissa peu à peu ces terres condamnées.
Les énormes branchages avaient enserré notre écorce natale jusqu’à former une voûte opaque, emprisonnant la Terre des Lacs dans une obscurité sans fin.

Je flottais dans la pénombre de ce qui fut jadis la terre des Trykers. Ses lacs azurés avaient cédé place à quelques nappes de sève et autres marais sordides. Ses villes prospères n’étaient plus que ruines assiégées par les kitins. Sa faune et sa flore luxuriante avaient disparues au profit des créatures étranges qui peuplent les mondes souterrains.

C’est alors que je ressentis un appel, à la fois vague et irrésistible.
Une force instinctive me conduisit au travers des dédales obscurs de la strate, jusqu’à ce qu’apparaisse au loin une fine colonne lumineuse. Au pied de ce puit de lumière se tenait une entité merveilleuse, au corps fin et translucide. Un kami. Les rayons irisés qui irradiaient de son corps formaient un halo féerique, qui semblait propager des ondes d’une puissance infinie.
Sans mot dire, le kami m’indiqua une fissure de la voûte qui laissait filtrer la lueur du jour.
Alors que mon attention était captivée par cette source de lumière, je me sentis guidé vers elle. Mon être était soudainement transporté, comme happé par ce flot lumineux et propulsé vers la surface. Je m’élevais dans les airs à une vitesse prodigieuse, traversant la faille qui s’ouvrait à moi comme une porte vers un monde nouveau, rempli d’espoir. Franchissant les derniers obstacles, j’atteignais enfin la couche supérieure de l’écorce…

Lorsqu’une clarté éblouissante m’aveugla.

C’est alors que je sentis la vie et la souffrance renaître en moi, par vagues successives, comme une complainte lancinante. Mes compagnons entouraient ma dépouille, me priant de renaître à la vie. Lorsque j’ouvris les yeux, j’aperçus leurs visages inquiets. La carcasse du kirosta gisait à coté de moi.
(…)
Je ne saurai dire ce que signifie exactement cette vison. Est-ce un message que les kamis ont essayé de me faire parvenir ? Est-ce un délire dû au poison du kirosta ?
Mais depuis cet événement j’ai une intime conviction :
Ma-Duk m’a permis d’entrevoir une part du Grand Tout.
Si nos terres sont condamnées à disparaître, et que la Canopée d’Atys formera un jour la nouvelle écorce, il faut ouvrir un passage vers ces terres nouvelles. Sans quoi notre civilisation sera engloutie.

Quand j’étais plus jeune, mon ami Takeo me parlait sans cesse de la Canopée. Selon lui, c’était un lieu paradisiaque, préservé de la goo et des kitins. Il avait la ferme intention de visiter les branches supérieures et avait mis au point les plans d’une étrange machine volante.
Cela fait bien des cernes que Takeo a disparu mystérieusement…
A-t-il réalisé son projet d’atteindre la Canopée? Je ne saurai le dire.
Pourtant j’ai la conviction qu’il est en vie, quelque part…

Voilà pourquoi j’ai repris ses plans, les améliorant au gré de mes découvertes, afin de fabriquer un nouveau prototype.

Pour pouvoir m’élever dans les airs, j’ai confectionné un énorme ballon de toile, maintenu à une sorte de barque par un ancien filet de pêche. J’utiliserai l’air réchauffé par un brasier fyros pour gonfler le ballon et le maintenir en vol. J’ai conscience qu’il n’est pas chose facile de maîtriser le feu et de s’en faire un allié, surtout dans une telle embarcation. Cependant, lors de mes nombreux voyages dans le désert, un vieux chasseur fyros m’a enseigné quelques techniques secrètes permettant de contenir la véhémence du feu. J’ai donc espoir que le ballon ne finisse pas en torche.
Une fois dans les airs, le plus dur sera de dompter les vents afin de se diriger dans la bonne direction. C’est là que ma connaissance des bateaux et de la navigation se révélera fort utile, pour maintenir un cap et voguer sur les vents comme mes ancêtres l’ont fait sur les courants marins. Histoire de ne pas être le jouet des vents, j’ai adjoint un système de propulsion inspiré des éoliennes qui parsèment la terre des Lacs. Des pédales reliées à un ingénieux mécanisme permettront d’actionner les hélices qui feront avancer l’appareil dans la bonne direction. Lorsque les vents seront favorables, je pourrai même me reposer un peu.
Enfin, afin d’éviter que l’atterrissage ne soit trop brusque et n’endommage irrémédiablement l’appareil, j’ai enchâssé plusieurs blocs d’ambre sous la nacelle.
Mes connaissances en artisanat zorai me permettent aujourd’hui de maîtriser les propriétés de lévitation de l’ambre. Le champ de force ainsi créé permettra une approche en douceur de la zone d’atterrissage. De plus, l’ambre zorai possède la faculté unique de repousser la foudre, ce qui peut s’avérer un atout précieux au cas où un orage éclate et menace le succès du vol.
Le véhicule achevé, je l’ai béni selon les rites kami, le baptisant du nom de Melowen, ma bien-aimée.

J’aurai tant de chose à vous dire, mais l’aube approchant je dois écourter cette lettre pour m’apprêter au départ. Lorsque j’aurai confié ce message à l’izam voyageur, il ne me restera plus qu’à gonfler le ballon et m’élever dans les airs en quête de terres inconnues. J’emporte avec moi d'autres izams, qui j’espère, me permettront de vous donner des nouvelles en cas de succès de l’expédition.

Amis, priez pour que les vents me portent dans la bonne direction, et pour qu’aucun vaisseau karavan ne me remarque et me détruise en vol.
Votre amitié me guidera dans ce périlleux voyage.


A bientôt,
Kalean
valgar
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Joined: Tue Sep 21, 2004 2:26 am

Re: L'au revoir d'un pirate

Post by valgar »

Bon voyage mon vieil ami, puissent les vents t'être favorables et te ramener un jour dans nos Lacs ;)

Valgar,
la Tribu Talodi
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cinven
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Re: L'au revoir d'un pirate

Post by cinven »

Que ton voyage se déroule sans encombre cher ami :)

J'espere qu'un jour tu pourras revenir sur notre ecorse pour nous raconter cet aventure :)
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