Elle marchait dans un champ de ruines.
Sous un ciel effacé et dévoré par tant de fumée que le soleil nen traversait plus les miasmes, le sol était jonché de morts. Tant de morts, en un seul lieu, à perte de vue. Plus aucunes autres couleurs que les ocres et les bruns dune aube déjà morte.
Elle tourna la tête.
Au sommet de la première colline à portée de vue, les Kamis, par centaines, immenses et monstrueux de colère et de rage, le corps rouge de sève, flamboyant de fureur magique, avançaient inexorablement en écrasant cadavres et décombres.
Un réflexe, ou linstinct, et elle savait ce quelle verrait en tournant le regarde de lautre coté de ce champ de bataille.
La Karavan avançait, ses agents en rang serrés, leurs terribles armes en mains, et au dessus deux leurs énormes machines hurlantes.
Chacun des pas des deux armées devenait inexorable. Le ciel se couvrait et pleurait comme Atys tandis que saccélérait la marche des belligérants. Elle réalisa soudain quelle était devant les Kamis, quils lignoraient. Elle réalisa quelle était en armes, quelle était couverte de sève, quelle était dévorée de rage et quelle attendait son ennemi
Les deux armées se ruèrent lune sur lautre dans un fracas de fin du monde. Et Atys hurla de souffrance, tandis quen chargeant la Karavan elle soulevait son épée et labattait sur le premier homin.
Psychée se réveilla en réprimant un hurlement. Pas loin, sa mère dormait, encore ivre morte. Elle fondit en larmes, le corps tremblant. Ce cauchemar avait fait partie de ses trois années de rêve, et depuis son réveil, il navait cessé de la hanter. Désormais, il prenait un autre sens.
Elle narrivait pas à cesser de pleurer, tandis que défilaient ses souvenirs. Elle avait évité de dire à tous quelle se rappelait de tout. Quelle se souvenait de son passé clairement, et de ses sentiments passés. A part sa mère, peu de monde le savait.
Peu de monde savait quelle avait en mémoire toute la tendresse et lamoure des plus beaux moments de son passé, aussi présents que les pires et les plus cruels. Quelle se rappelait que sa propre mère fut sa tortionnaire, ou quelle fut la sur aimée et respectée de tout Zora.
Mais désormais, tout cela avait un goût amer. Lhomme quelle avait aimé et respecté comme son père lavait trahie dès le début. Thun, le Maître des Gardiens de la Sève était depuis le début frère, ami, et complice de Leto, complice du monstre qui lavait tant torturé, en mit en danger tout les peuples dAtys dans sa folie de haine. Les Gardiens savaient la vérité, d »une manière ou dune autre, et elle navait été quun instrument pour que Leto parvienne à son ignoble plan : gagner la confiance des Matis, de la Karavan, et, de lintérieur, sattaquer à détruire les Matis quil haïssait tant.
Désormais, les Gardiens de la Sève montraient leur véritable visage, oubliant les promesses de paix, dunion, de liberté et dhominité quils avaient tant servi, pour devenir un clan Kamiste extrémiste. Sa sur fyros, Adfael, était elle-même devenue une furie tuant aveuglement tout serviteur de Jena quelle pouvait croiser.
Et sa chère Melowen avait offert sa confiance et son affection à
Leto, qui était revenu dans son pays et le clan qui avait été son complice.
La Zoraï Blanche avait aimé et servit les Kamis, était devenue membre du peuple des sages, car elle croyait en eux depuis lenfance, depuis sa rencontre avec Pieds-Bleus, seul homin à sêtre rapproché de cette orpheline rejetée. Elle avait tout offert pour ce peuple, et pour les Gardiens. Elle avait pris tous les risques sans compter pour ses chers Kamis.
Et voilà que les kamistes devenaient de plus en plus des fous meurtriers, que sa propre famille prônait la colère et la guerre, que ceux quelle avait aimé nétaient plus désormais que des monstres qui sétaient juste servi delle.
Liandra lui avait dit tout cela en la serrant contre elle. Elle ne pouvait pas avoir menti. Le plus atroce est sans doute que Psychée savait pertinemment que Liandra ne pouvait pas mentir. Quelle ne sache pas tout, que cela soit plus compliqué, était évident, mais dentendre ça
Elle seffondra encore sur le lit, étouffant ses larmes. Elle avait été un jouet alors quelle avait cru de toutes ses forces en sa foi, en son amour, en ceux qui furent sa famille. Liandra voulait faire de lObsidienne sa famille, elle y croyait de toutes ses forces « tu es notre âme ». Mais elle navait rien à voir avec eux, rien de commun avec leur idéal. Elle nosait même pas leur parler, malgré son bonheur à retrouver ces murs, ces lieux, la chapelle, les appartements de sa mère.
Elle était désormais seule, et le passé, pire queffacé, la trahissait.
Ses souffrances la hantaient. Elle navait cessé de douter depuis son réveil. Non
bien plus loin
Depuis ce jour à ses huit ans, où les kittins avaient achevés le travail commencé par la Karavan. Elle avait cherché des réponses toute sa courte vite, et navait couru que pour cela, au prix des rares moments de bonheur quelle pu trouver. Elle navait jamais trouvé sa place, avait perdue la conscience même quelle en avait eue. Sa résolution à changer le monde avait été une résolution à se trouver une raison dexister, et rien dautre. Si elle devenait une personne qui ai une importance pour tous, elle deviendrait peut-être assez importante pour elle-même pour arriver à vivre.
La Zoraï Blanche avait fait quelque chose pour avoir ses réponses. Quelque chose que Psychée ne comprenait que de manière parcellaire et bien trop floue. Mais ces rêves et ces voix ne cesseraient pas de la hanter si elle ne faisait rien.
Elle avait été un jouet, elle savait comment était écrit son destin, et refusait quil le soit ; elle voulait croire quelle avait le choix, en sachant quelle ne lavait jamais eu et que cest la vie qui la conduisait, pas le contraire. Elle navait été quun jouet, ou un esquif soufflé par les vents. Jamais elle navait pu faire un choix qui ai pu modifier ce fait.
Mais elle pouvait réessayer. Peut-être essayer de savoir si son passé navait réellement été quune trahison, peut-être comprendre, ou, au moins avoir essayé, et se débarrasser de cette souffrance, de ces rêves, de ces douleurs. Elle avait pleuré des jours dêtre sans mémoire, et pleurait maintenant den avoir une.
Il fallait que cela cesse
Pour sa mère, pour elle
pour vivre.
Elle se leva, et fit une toilette rapide avant de shabiller. Sa mère nentendrait rien. Elle alla fouiller dans les placards, à la recherche des herbes que sa mère conservait précieusement.
Elle y trouva le vieux bocal quelle cherchait. Des champignons hallucinogènes, ceux de Leto, employés pour faciliter la transe. Elle en prit trois, referma le bocal, et sortit de lappartement sans bruits
Elle traversa le manoir, sans rien montrer, dit bonjour, souria, et sortit en ville devant les gardes. Si tout se passait bien, elle pourrait prévenir sa mère par elle-même. Elle alla quand même jusquà lhôtel des postes, et écrivit une courte lettre pour sa mère. Celle-ci ne lui arriverait pas avant plusieurs heures, sans doutes un jour ; cétait suffisant.
« Bonjour, maman.
Comme toujours, je vais faire une folie. Comme toujours, je vais la faire sans rien te dire ou te demander, comme jai toujours agi, sans jamais rien demander aux autres, sans jamais vouloir me laisser aider.
Tu aurais su ce que je vais faire, tu ty serai opposé. Mais je dois savoir. Je perd tout ce que jai aimé, il ne reste que toi, mais mes croyances, ma foi, vacillent. Il y a longtemps, Elle a fait quelque chose pour savoir. Je veux faire de même. Si elle a pu parler à Atys et la voir, je peux faire la même chose. Tu dis que Jena est au dessus de tout, mais même si jy crois, même si jy ai toujours cru, jamais je nai senti sa présence, jamais je nai pu savoir.
Les kamis mont-ils trahis ?
Ou ai-je juste été le jouet dune poignée de Zoraï ?
Je veux savoir, je veux cesser de faire cauchemar sur cauchemar.
Je veux tourner la page. Si je dois être votre âme, je dois avant tout retrouver la mienne, maman.
Tu me trouveras dans le Cercle des Kamis, dans le Jardin Fugace. La lettre narrivera pas de suite, je sais trop bien que tu serai la première à courir men empêcher. Je veux croire, maman, et pour cela, il me faut savoir.
Je taime.
Ne craint rien pour moi, et ne va pas remuer encore ciel et terre.
A très vite. »
Psychée sortit son ticket. Elle avait été emmenée là-bas la veille même, cela tombait bien. Pour le reste, elle
non, pas elle, lancienne elle connaissait les lieux, elle retrouverait lendroit sans mal, et serait assez isolée pour ne pas être dérangée.
Elle brisa le pacte.
[nemesis] Le chant des larmes
Moderator: Chroniques d'Atys
[nemesis] Le chant des larmes
"La Vie est un cadeau"
Psychée Aquilon Alanowë, la Zoraï Blanche, Fille de Liandra d'Alanowë
Membre des Libres Frontaliers
Sites persos:
www.psychee.org
Artbook Psychee
Artbook Ryzom comic project
Psychée Aquilon Alanowë, la Zoraï Blanche, Fille de Liandra d'Alanowë
Membre des Libres Frontaliers
Sites persos:
www.psychee.org
Artbook Psychee
Artbook Ryzom comic project
Re: [nemesis] Le chant des larmes
Le silence semblait la regarder.
Elle été arrivée en pleine nuit, et avait marché, une petite poignée dheures. Le chemin lui était revenu à lesprit comme si elle ne lavait jamais oublié.
Sa première rencontre avec Leoll avait eu lieu ici.
Déesse lui aussi il y avait combien ?... Quatre ans... cinq? Tant de disparus
Elle avait installé un petit camp, fait de la lumière, posé une couverture, et avait sorti et mâché les champignons, calmement.
Sans empressement, elle sétait assise, et respirait doucement. Florimelle, et Thun avait elle, lui avaient appris la méditation, un art quelle pratiquait peu. Mais cette fois, elle en aurait besoin.
Elle chercha dans la mémoire de la Zoraï Blanche le moment qui avait servit de déclic, lémotion qui avait provoqué sa vision la clef du seuil entre ce petit bout de clairière, et lunivers entier.
Elle avala enfin les champignons quil lui avait fallu mâcher longuement. Une sorte de léger tournis la prit, elle sy attendait. Elle explorait toujours ses souvenirs à la fois si intimes et si étrangers, toujours plus proches du lieu que la Zoraï Blanche avait tant cherché. La sensation de flottement devint plus forte, elle oubliait lentement que ce fussent des souvenirs quelle regardait ainsi.
Une prière lui vint aux lèvres, une prière à Jena. Elle navait jamais salué, vénéré, ou remercié la Karavan. Et les imprécations populaires pour demander leur secours lui étaient étrangères. Mais ce poème vint facilement impossible de savoir où elle lavait entendu
O JENA, dont l'Ange insaisissable échappe à ma prière,
Réveille l'aube ardente qui réchauffe les coeurs,
De ta Lumière éclaire nos âmes héritières,
De tes Lois, de ta foi, fais-nous les défenseurs.
Source de vie suprême, nous qui vivons par toi,
Guide-nous vers les terres où toute crainte expire,
Montre-nous le chemin qui mène à ton empire,
Et fortifie nos bras quand vient l'heure du combat.
Entends, divine Mère, entends, Reine adorée,
La plainte de ta fille qu'elle élève vers toi,
Exauce sa prière, éclaire-lui la voie,
Afin que l'Ange enfin demeure à ses côtés.
Sa voix tremblait, et au fur à mesure que ségrenaient les mots, quelle répétait la prière, elle perdait tout contrôle sur son corps, sur ses gestes, sur ses pensées. Devant elle, les herbes se levaient, le sol seffondrait, le ciel se déchirait, tandis quun énorme gouffre fissurait le voile du réel comme on déchire de la soie. Elle essaya de prier encore, mais sa voix sétait tue, et son corps basculait sur le coté, tandis que le gouffre grandissait en dévorant ciel, arbres, écorce, herbes, couleurs, tout ce quelle pouvait encore voir.
Elle continuait sa prière, mais les mots étaient silencieux dans lair hurlant aussi bien que dans ses pensées chaotiques. Elle voyait vivre devant elle limage de ces tout ces « moi » quelle avait été, failli être, et craignait dêtre, une multitude de Psychée tour à tour tueuse sans âme au service des Matis, courtisane de haute noblesse, héritière, enfant des rues errante, magicienne froide comme la mort, guérisseuse et prêtresse des kamis, cadavre vivant dévoré par la Goo, fille sans mémoire de Liandra, étendard de paix et de colère .
Elle commençait à étouffer, avait limpression que son crâne allait exploser avec son âme, et soudain, elle ne fut plus rien .
Et soudain tout.
Un hurlement de douleur et de terreur tandis que chaque cellule de son corps hurlait le chant de la renaissance de la mort et de la vie. Elle était tout ce qui pouvait être, et vivait, et en partageait la terreur de mourir, la rage de vivre, les hurlements de douleur et les plaintes dagonie, du nouveau-né recevant lair dans ses poumons au vieillard respirant pour la dernière fois. Du brin dherbe aux plus grands kittins, elle entendait leur rage devenir un immense bruit, un souffle, un croassement aux accents indicibles, un vacarme où tout, sens, esprit, corps, et âme se perdait. Le hurlement était souffrance et vie, les churs étaient els voix de toutes choses, les sens devenaient la perception de tout un monde, le youbo était aussi assourdissant que les plus grands kinchers. Terreurs, angoisses, tensions, souffrances, révoltes, haines, colères, rages, égoïsmes, amertumes, regrets, hontes, dédains amour, espoirs, bonté, sourires, chaleur, paix Tout nétait plus quun flot immense roulant sans trêve, et elle sentendit penser au milieu de millions dâmes quainsi cétait le secret de Leto
Elle retrouva la vue, pour la perdre aussitôt. Elle mourut mille fois pour naître autant de fois, et réalisa quelle allait perdre la raison.
DEEEEEESSSSSSSE !!!! Elle hurla, et un Izam effrayé prit son envol tandis quun ragus dans le lointain hurlait comme en réponse.
Elle était étendue sur le sol, le corps secoué de soubresauts, tandis que le poison des champignons envahissait son corps. Elle bavait, et se mit à vomir dans de terribles convulsions, mais rien ne la fit sortir de sa transe. Elle pouvait savoir que son corps souffrait, mais ne pouvait le déconnecter de la souffrance du Tout.
Elle releva la tête, à genoux, et hurla encore les yeux exorbités
MAINTENANT, MERE!!!!!!!
Lécho de sa voix franchit les collines, tandis quelle hurlait encore pour échapper à la folie, pour revenir elle, échapper à la sensation de vivre au travers dun monde. Lécho se propagea au-delà des collines, oubliant quil portait un bruit, pour porter une âme. Lécho était une détresse, une question, et elle courut le long des plaines, sauta par dessus les arbres en fleurs, bondit sur les torrents, et senfonça dans les vallées. Plus lécho avançait, plus la petite homine hurlait, et plus lécho courait, et plus elle hurlait.
Lécho portait toute son âme, et contenait tout sa question.
Il franchit bientôt tout le Jardin Fugace, et à travers les cieux alla chercher tous les amours, toutes les amitiés, toutes les tendresses passées. Il toucha tous ce quelle avait elle-même un jour touché, tous les sourires, toutes les larmes Etes vous vivants, où êtes-vous, pourquoi suis-je toujours restée en vie, pourquoi dois-je vivre, quel est mon choix, quelle est la voie que le destin a choisi ?
Le choc quand les premières âmes furent touchées impact sensation La réalité revenait, à chaque vie quelle retrouvait. Des fils se nouèrent dans les ethers du réel pour la relier aux siens. Elle entendit le sommeil de sa mère, les larmes de Melowen, les doutes de Thanys, les pensées infinies de Leto et lagonie dElesias. Elle les sentit tous Linlin, Adfael, Kaithlin, Harmonie, et sentit la fin de ceux qui manquaient : Harmonie, Thun, Yavin, Leoll
Elle entendit pendant une seconde éternelle leur voix devenir une seule et unique réponse, quelle ne put jamais formuler, une image
Elle marchait sur un champ de ruine, kamis et Karavan face à face. Et faisait le choix de refuser, de choisir un sourire, celui dune image floue qui ne veut être vue, un spectre, une fée, une éclipse
« Tu nes pas un jouet, Elenaa, tu es juste lun des instruments du Destin. Tu as déjà choisi, tu choisiras encore. Tes pas te portent vers moi. Ne renie jamais ce que tu as fais, ce que tua s été, ne le renie jamais nie devant eux, ni devant quiconque »
La voix sembla navoir jamais existé et le champ de ruines seffaça, pour céder à une ombre complète. Elle sentait son corps lutter contre le poison, et souria intérieurement en se disant quelle était bien cruelle avec elle-même
Elle ouvrit les yeux Des sentiments confus lui parvenaient Elle pensa à trois personnes Liandra Melowen Elesias
Elesias !
Elle cria son nom, plutôt que de le penser. Elle se leva, et chuta dans la seconde, le corps vaincu.
« Déesse, il meurt ! »
Elle ferma les yeux. Si elle avait retrouvé les liens avec les êtres quelle chérissait, ils pourraient entendre, ou au moins sentir quelque chose
« Maman, Harmonie, Thanys entendez-moi Elesias se meurt Elesias se meurt ! »
Elle le voyait, agonisant, quelque part dans les Jungles Zoraï. Il navait pas lutté, et ne luttait plus « Maitre Elesias non non, je vous en prie ! Venez, Où que vous soyez, allez le chercher !!! Je vous en prie !!!! » Elle avait crié cette dernière phrase, et cria encore, en pleurant : « Ne le laissez pas mourir ! Je ne veux plus voir mourir ceux que jaime ! Ne le laissez pas mourir ! »
Elle été arrivée en pleine nuit, et avait marché, une petite poignée dheures. Le chemin lui était revenu à lesprit comme si elle ne lavait jamais oublié.
Sa première rencontre avec Leoll avait eu lieu ici.
Déesse lui aussi il y avait combien ?... Quatre ans... cinq? Tant de disparus
Elle avait installé un petit camp, fait de la lumière, posé une couverture, et avait sorti et mâché les champignons, calmement.
Sans empressement, elle sétait assise, et respirait doucement. Florimelle, et Thun avait elle, lui avaient appris la méditation, un art quelle pratiquait peu. Mais cette fois, elle en aurait besoin.
Elle chercha dans la mémoire de la Zoraï Blanche le moment qui avait servit de déclic, lémotion qui avait provoqué sa vision la clef du seuil entre ce petit bout de clairière, et lunivers entier.
Elle avala enfin les champignons quil lui avait fallu mâcher longuement. Une sorte de léger tournis la prit, elle sy attendait. Elle explorait toujours ses souvenirs à la fois si intimes et si étrangers, toujours plus proches du lieu que la Zoraï Blanche avait tant cherché. La sensation de flottement devint plus forte, elle oubliait lentement que ce fussent des souvenirs quelle regardait ainsi.
Une prière lui vint aux lèvres, une prière à Jena. Elle navait jamais salué, vénéré, ou remercié la Karavan. Et les imprécations populaires pour demander leur secours lui étaient étrangères. Mais ce poème vint facilement impossible de savoir où elle lavait entendu
O JENA, dont l'Ange insaisissable échappe à ma prière,
Réveille l'aube ardente qui réchauffe les coeurs,
De ta Lumière éclaire nos âmes héritières,
De tes Lois, de ta foi, fais-nous les défenseurs.
Source de vie suprême, nous qui vivons par toi,
Guide-nous vers les terres où toute crainte expire,
Montre-nous le chemin qui mène à ton empire,
Et fortifie nos bras quand vient l'heure du combat.
Entends, divine Mère, entends, Reine adorée,
La plainte de ta fille qu'elle élève vers toi,
Exauce sa prière, éclaire-lui la voie,
Afin que l'Ange enfin demeure à ses côtés.
Sa voix tremblait, et au fur à mesure que ségrenaient les mots, quelle répétait la prière, elle perdait tout contrôle sur son corps, sur ses gestes, sur ses pensées. Devant elle, les herbes se levaient, le sol seffondrait, le ciel se déchirait, tandis quun énorme gouffre fissurait le voile du réel comme on déchire de la soie. Elle essaya de prier encore, mais sa voix sétait tue, et son corps basculait sur le coté, tandis que le gouffre grandissait en dévorant ciel, arbres, écorce, herbes, couleurs, tout ce quelle pouvait encore voir.
Elle continuait sa prière, mais les mots étaient silencieux dans lair hurlant aussi bien que dans ses pensées chaotiques. Elle voyait vivre devant elle limage de ces tout ces « moi » quelle avait été, failli être, et craignait dêtre, une multitude de Psychée tour à tour tueuse sans âme au service des Matis, courtisane de haute noblesse, héritière, enfant des rues errante, magicienne froide comme la mort, guérisseuse et prêtresse des kamis, cadavre vivant dévoré par la Goo, fille sans mémoire de Liandra, étendard de paix et de colère .
Elle commençait à étouffer, avait limpression que son crâne allait exploser avec son âme, et soudain, elle ne fut plus rien .
Et soudain tout.
Un hurlement de douleur et de terreur tandis que chaque cellule de son corps hurlait le chant de la renaissance de la mort et de la vie. Elle était tout ce qui pouvait être, et vivait, et en partageait la terreur de mourir, la rage de vivre, les hurlements de douleur et les plaintes dagonie, du nouveau-né recevant lair dans ses poumons au vieillard respirant pour la dernière fois. Du brin dherbe aux plus grands kittins, elle entendait leur rage devenir un immense bruit, un souffle, un croassement aux accents indicibles, un vacarme où tout, sens, esprit, corps, et âme se perdait. Le hurlement était souffrance et vie, les churs étaient els voix de toutes choses, les sens devenaient la perception de tout un monde, le youbo était aussi assourdissant que les plus grands kinchers. Terreurs, angoisses, tensions, souffrances, révoltes, haines, colères, rages, égoïsmes, amertumes, regrets, hontes, dédains amour, espoirs, bonté, sourires, chaleur, paix Tout nétait plus quun flot immense roulant sans trêve, et elle sentendit penser au milieu de millions dâmes quainsi cétait le secret de Leto
Elle retrouva la vue, pour la perdre aussitôt. Elle mourut mille fois pour naître autant de fois, et réalisa quelle allait perdre la raison.
DEEEEEESSSSSSSE !!!! Elle hurla, et un Izam effrayé prit son envol tandis quun ragus dans le lointain hurlait comme en réponse.
Elle était étendue sur le sol, le corps secoué de soubresauts, tandis que le poison des champignons envahissait son corps. Elle bavait, et se mit à vomir dans de terribles convulsions, mais rien ne la fit sortir de sa transe. Elle pouvait savoir que son corps souffrait, mais ne pouvait le déconnecter de la souffrance du Tout.
Elle releva la tête, à genoux, et hurla encore les yeux exorbités
MAINTENANT, MERE!!!!!!!
Lécho de sa voix franchit les collines, tandis quelle hurlait encore pour échapper à la folie, pour revenir elle, échapper à la sensation de vivre au travers dun monde. Lécho se propagea au-delà des collines, oubliant quil portait un bruit, pour porter une âme. Lécho était une détresse, une question, et elle courut le long des plaines, sauta par dessus les arbres en fleurs, bondit sur les torrents, et senfonça dans les vallées. Plus lécho avançait, plus la petite homine hurlait, et plus lécho courait, et plus elle hurlait.
Lécho portait toute son âme, et contenait tout sa question.
Il franchit bientôt tout le Jardin Fugace, et à travers les cieux alla chercher tous les amours, toutes les amitiés, toutes les tendresses passées. Il toucha tous ce quelle avait elle-même un jour touché, tous les sourires, toutes les larmes Etes vous vivants, où êtes-vous, pourquoi suis-je toujours restée en vie, pourquoi dois-je vivre, quel est mon choix, quelle est la voie que le destin a choisi ?
Le choc quand les premières âmes furent touchées impact sensation La réalité revenait, à chaque vie quelle retrouvait. Des fils se nouèrent dans les ethers du réel pour la relier aux siens. Elle entendit le sommeil de sa mère, les larmes de Melowen, les doutes de Thanys, les pensées infinies de Leto et lagonie dElesias. Elle les sentit tous Linlin, Adfael, Kaithlin, Harmonie, et sentit la fin de ceux qui manquaient : Harmonie, Thun, Yavin, Leoll
Elle entendit pendant une seconde éternelle leur voix devenir une seule et unique réponse, quelle ne put jamais formuler, une image
Elle marchait sur un champ de ruine, kamis et Karavan face à face. Et faisait le choix de refuser, de choisir un sourire, celui dune image floue qui ne veut être vue, un spectre, une fée, une éclipse
« Tu nes pas un jouet, Elenaa, tu es juste lun des instruments du Destin. Tu as déjà choisi, tu choisiras encore. Tes pas te portent vers moi. Ne renie jamais ce que tu as fais, ce que tua s été, ne le renie jamais nie devant eux, ni devant quiconque »
La voix sembla navoir jamais existé et le champ de ruines seffaça, pour céder à une ombre complète. Elle sentait son corps lutter contre le poison, et souria intérieurement en se disant quelle était bien cruelle avec elle-même
Elle ouvrit les yeux Des sentiments confus lui parvenaient Elle pensa à trois personnes Liandra Melowen Elesias
Elesias !
Elle cria son nom, plutôt que de le penser. Elle se leva, et chuta dans la seconde, le corps vaincu.
« Déesse, il meurt ! »
Elle ferma les yeux. Si elle avait retrouvé les liens avec les êtres quelle chérissait, ils pourraient entendre, ou au moins sentir quelque chose
« Maman, Harmonie, Thanys entendez-moi Elesias se meurt Elesias se meurt ! »
Elle le voyait, agonisant, quelque part dans les Jungles Zoraï. Il navait pas lutté, et ne luttait plus « Maitre Elesias non non, je vous en prie ! Venez, Où que vous soyez, allez le chercher !!! Je vous en prie !!!! » Elle avait crié cette dernière phrase, et cria encore, en pleurant : « Ne le laissez pas mourir ! Je ne veux plus voir mourir ceux que jaime ! Ne le laissez pas mourir ! »
Last edited by psychee on Sun May 01, 2005 9:20 am, edited 1 time in total.
"La Vie est un cadeau"
Psychée Aquilon Alanowë, la Zoraï Blanche, Fille de Liandra d'Alanowë
Membre des Libres Frontaliers
Sites persos:
www.psychee.org
Artbook Psychee
Artbook Ryzom comic project
Psychée Aquilon Alanowë, la Zoraï Blanche, Fille de Liandra d'Alanowë
Membre des Libres Frontaliers
Sites persos:
www.psychee.org
Artbook Psychee
Artbook Ryzom comic project
Re: [nemesis] Le chant des larmes
[HRP] La suite sera sur nos forums:
http://etoile.obsidienne.free.fr/forum- ... .php?t=363 [/HRP]
http://etoile.obsidienne.free.fr/forum- ... .php?t=363 [/HRP]
"La Vie est un cadeau"
Psychée Aquilon Alanowë, la Zoraï Blanche, Fille de Liandra d'Alanowë
Membre des Libres Frontaliers
Sites persos:
www.psychee.org
Artbook Psychee
Artbook Ryzom comic project
Psychée Aquilon Alanowë, la Zoraï Blanche, Fille de Liandra d'Alanowë
Membre des Libres Frontaliers
Sites persos:
www.psychee.org
Artbook Psychee
Artbook Ryzom comic project
Re: [nemesis] Le chant des larmes
Laube nait, le soleil sinfiltre doucement dans la grotte et le vent fait bouger les bambous suspendus. Sur le visage de Melowen les larmes ne coulent plus, mais elle est plus pâle que la mort et son souffle parait si léger quon pourrait craindre quil sinterrompe à tout moment. La tache de lumière éclaire la partie opposée de la grotte où Melowen sest tapie.
La lumière se déplaçe lentement. Elle éclaire maintenant le centre de la grotte, puis lentement elle gagne lespace où est allongée la petite tryker. Son sommeil parait ne pas vouloir sinterrompre. Bientôt lintensité de la lumière baisse, la tache vient lécher les pieds de Melowen, le vent du soir se leve, sengouffrant dans louverture de la grotte et faisant chanter tristement son plafond curieusement sculpté. Dans son sommeil Melowen geint, elle remue, ses yeux souvrent, elle ne sait plus où elle est, ses souvenirs sont vagues, elle connaît cet endroit, mais ne le reconnaît pourtant pas. Ses vêtements sont déchirés et sales, comme si elle avait fuit.
Puis les images de la veille, mais était-ce bien la veille lui reviennent, il lui semble entendre dans ses oreilles les paroles de Psychée, alors elle se bouche les oreilles, se recroqueville de nouveau, et sombre dans une semi-inconscience.
Dans la lumière du crépuscule, elle ne reconnaît plus la grotte, dans le bruit du vent elle croit entendre des enfants et des femmes geindre, les bambous qui sentrechoquent sont le fracas des armes, et sur la paroi, le visage sculpté prends lallure dune face terrifiante de kittin. Tremblante de fièvre, elle voit de nouveau se dérouler la fuite éperdue dans la forêt Matis, elle revoit Elenaa face aux kittins, et elle Shinyu qui fuit éperdument le massacre. Elle senfuit, trébuche et dans un buisson tombe. Devant elle, un jeune tryker aux cheveux roses et aux yeux mauves est allongé, horriblement blessé, il a une jambe fracturé, elle saccroupit près de lui pour le soigner.
Le kami alors arrive, il ne semble pas voir le jeune tryker, le kami lui prends la main et l'entraîne, elle séloigne à regrets et lorsquelle se retourne un kincher dresse son dard au-dessus du tryker, elle hurle.
Il fait maintenant nuit dans la grotte, Melowen est brulante de fièvre, elle voit savancer une grande silhouette qui se découpe sur lovale plus clair de lentrée. Cette silhouette, elle la reconnaitrait entre mille, elle appelle : « Grand Frère » mais de sa bouche sèche ne sort quun couinement. La silhouette savance impassible, mais elle sest trompée ce nest pas Leto, et lorsque lombre laisse tomber sa cape, terrifiée elle reconnaît Liandra qui hurle « va t en tryker, va t en à jamais ». La matis
brandit sa terrible épée qui sabat sur la tête de Melowen. En criant, la petite Tryker se réveille de nouveau, la grotte est vide, tout est calme. Elle retombe sur le dos, et se rendort de nouveau. Son sommeil parait maintenant plus paisible.
Les cauchemars reprennent, elle se revoit dans le cercle Kamic, létrange et terrible cérémonie dirigée par Léto se mélange avec une autre cérémonie survenue il y a bien plus longtemps, lorsquelle était Shinyu. Et puis soudain la terrible vision.
Elle marche dans un champ de ruines.
Sous un ciel effacé et dévoré par la fumée, le sol est jonché de morts. Tant de morts, en un seul lieu, à perte de vue. Plus aucune autre couleur que les ocres et les bruns dune aube déjà morte.
Elle tourne la tête :
Au sommet de la première colline à portée de vue, les Kamis, par centaines, immenses et monstrueux de colère et de rage, le corps rouge de sève, flamboyant de fureur magique, avancent inexorablement en écrasant cadavres et décombres.
Et de lautre côté elle voit la Karavan avançer, ses agents en rang serrés, leurs terribles armes en mains, et au dessus deux leurs énormes machines hurlantes.
Et devant les kamis Psychée en armes, couverte de sève, le visage déformé par la rage
Les deux armées se ruent lune sur lautre dans un fracas de fin du monde. Et Atys hurle de souffrance, tandis quen chargeant la Karavan, Psychée soulève son épée et labat sur le premier homin.
Melowen se réveille de nouveau, tremblante, son cur bat à tout rompre. Le lien, le lien sest réveillé
La lumière se déplaçe lentement. Elle éclaire maintenant le centre de la grotte, puis lentement elle gagne lespace où est allongée la petite tryker. Son sommeil parait ne pas vouloir sinterrompre. Bientôt lintensité de la lumière baisse, la tache vient lécher les pieds de Melowen, le vent du soir se leve, sengouffrant dans louverture de la grotte et faisant chanter tristement son plafond curieusement sculpté. Dans son sommeil Melowen geint, elle remue, ses yeux souvrent, elle ne sait plus où elle est, ses souvenirs sont vagues, elle connaît cet endroit, mais ne le reconnaît pourtant pas. Ses vêtements sont déchirés et sales, comme si elle avait fuit.
Puis les images de la veille, mais était-ce bien la veille lui reviennent, il lui semble entendre dans ses oreilles les paroles de Psychée, alors elle se bouche les oreilles, se recroqueville de nouveau, et sombre dans une semi-inconscience.
Dans la lumière du crépuscule, elle ne reconnaît plus la grotte, dans le bruit du vent elle croit entendre des enfants et des femmes geindre, les bambous qui sentrechoquent sont le fracas des armes, et sur la paroi, le visage sculpté prends lallure dune face terrifiante de kittin. Tremblante de fièvre, elle voit de nouveau se dérouler la fuite éperdue dans la forêt Matis, elle revoit Elenaa face aux kittins, et elle Shinyu qui fuit éperdument le massacre. Elle senfuit, trébuche et dans un buisson tombe. Devant elle, un jeune tryker aux cheveux roses et aux yeux mauves est allongé, horriblement blessé, il a une jambe fracturé, elle saccroupit près de lui pour le soigner.
Le kami alors arrive, il ne semble pas voir le jeune tryker, le kami lui prends la main et l'entraîne, elle séloigne à regrets et lorsquelle se retourne un kincher dresse son dard au-dessus du tryker, elle hurle.
Il fait maintenant nuit dans la grotte, Melowen est brulante de fièvre, elle voit savancer une grande silhouette qui se découpe sur lovale plus clair de lentrée. Cette silhouette, elle la reconnaitrait entre mille, elle appelle : « Grand Frère » mais de sa bouche sèche ne sort quun couinement. La silhouette savance impassible, mais elle sest trompée ce nest pas Leto, et lorsque lombre laisse tomber sa cape, terrifiée elle reconnaît Liandra qui hurle « va t en tryker, va t en à jamais ». La matis
brandit sa terrible épée qui sabat sur la tête de Melowen. En criant, la petite Tryker se réveille de nouveau, la grotte est vide, tout est calme. Elle retombe sur le dos, et se rendort de nouveau. Son sommeil parait maintenant plus paisible.
Les cauchemars reprennent, elle se revoit dans le cercle Kamic, létrange et terrible cérémonie dirigée par Léto se mélange avec une autre cérémonie survenue il y a bien plus longtemps, lorsquelle était Shinyu. Et puis soudain la terrible vision.
Elle marche dans un champ de ruines.
Sous un ciel effacé et dévoré par la fumée, le sol est jonché de morts. Tant de morts, en un seul lieu, à perte de vue. Plus aucune autre couleur que les ocres et les bruns dune aube déjà morte.
Elle tourne la tête :
Au sommet de la première colline à portée de vue, les Kamis, par centaines, immenses et monstrueux de colère et de rage, le corps rouge de sève, flamboyant de fureur magique, avancent inexorablement en écrasant cadavres et décombres.
Et de lautre côté elle voit la Karavan avançer, ses agents en rang serrés, leurs terribles armes en mains, et au dessus deux leurs énormes machines hurlantes.
Et devant les kamis Psychée en armes, couverte de sève, le visage déformé par la rage
Les deux armées se ruent lune sur lautre dans un fracas de fin du monde. Et Atys hurle de souffrance, tandis quen chargeant la Karavan, Psychée soulève son épée et labat sur le premier homin.
Melowen se réveille de nouveau, tremblante, son cur bat à tout rompre. Le lien, le lien sest réveillé
Melowen , Capitaine de la Garde Noire
Guilde Roleplay et Multiraciale Les Libres Frontaliers
Les Libres sur ryzom.fr
"Je vais où mon coeur me porte"
Guilde Roleplay et Multiraciale Les Libres Frontaliers
Les Libres sur ryzom.fr
"Je vais où mon coeur me porte"
Re: [nemesis] Le chant des larmes
Leto le traitre :
Le choix...
Un geste, un pas, un mouvement, un geste, un autre pas
Au même rythme que le maître darme, elle faisait glisser son si fin sabre matis qui fendait lair.
Son corps ne répondait pas ? Tant pis, il accepterait bien assez tôt de se réveiller.
Encore la même séquences, geste, pas, mouvement, encore un geste, un autre pas.
Dans limmense cour, quarante gardes noirs, dans le même cri, au son du même effort, exécutaient la même danse rituelle. Quarante sabres sifflaient, et allaient chercher le ciel, quarante lames mordaient le vent, quarante thorax répétaient les mêmes Atas, quarante voix suivaient la même cadence.
Le soleil atteint les murs du manoir, et éclaira quarante reflets de chitine, de bois, et dambre, quarantes armures et quarantes sabres,tandis que quarante corps et quarante âmes dans la même communion répétaient les mêmes gestes avec une perfection telle que lon ne pu voir dans ces quarante ombre pas le moindre signe qui les différencia.
Dos à eux le maître darme répétait les gestes, encore et encore, donnait ton et cadence.
HYHA!!
SYHIAAA!!
HIA!!
SYHIA!!
SEYA!!!
Un cri, un souffle de la sève, un mouvement, un geste, tous ensembles, un pas, un cri, un mouvement, la danse navait pas de fin.
Dans lombre du porche, sur limmense place, une homine albinos répétait les mêmes gestes et se mêlait à la même danse de mort.
Que le corps de Psychée protesta, que ses muscles et ses articulations grommèlent sous leffort, cela lui importait peu. Sa mère lui avait appris le chant des sabres, et celui-ci se nommait lAta du Varynx, que tout les gardes formés, lélite de lEtoile, de la même façon que tout ses académiciens, ses stratèges, ses terribles guerrier, connaissaient par cur.
Quil neige, vente ou pleuve, les quarante meilleurs gardes, chaque matin, venaient lexécuter. Et bien souvent les académiciens en passaient par là, parfois sous lil impitoyable de la Maîtresse des Lames, et bien souvent seuls, venant partager la communion de quarante âmes unis dans le même sang, la même sueur, le même cri de vie.
HYHA!!
SYHIAAA!!
HIA!!
SYHIA!!
SEYA!!!
Rien ne sarrêtait, le geste se poursuivait, la poussière se levait, dessinant un voile dor autour des guerriers.
Plus son corps souffrait, plus elle le sentait vivre.
Plus elle en sentait la vie, plus elle se rappelait du miracle qui lui permettait cet incroyable privilège.
La Maison était endeuillée, depuis la veille. Le Maître des Feuilles, le maître des Académiciens, c'est-à-dire pour eux tous leur second père, parfois pour dautre même le seul, gisait sans conscience, entouré de sa femme et de ses proches. Lécho de son âme ne résonnait pas.
Psychée faillit perdre le geste, mais se reprit dans la seconde, berçant son âme aux cris des homins. Elle nentendait plus lécho de lâme de son Maître, à peine retrouvé, elle perdait celui qui avait été si facilement vers elle avec tendresse à son retour.
Elle serra le sabre, mais ne baissa pas sa concentration. Elle eut voulu crier de rage, mais scanda lAta en chur sans en briser le chant. Les liens quelle avait retrouvé aux proches la reliait à lui, mais nen répondait que le vide. Si son corps était allongé dans les appartements du Maître, lesprit de celui-ci était perdu.
Et pas plus quelle navait osé le dire à qui que ce soit dans lEtoile - de toute façon, qui leut cru, et comment avouer une chose pareille ?- elle nosait remonter le fil ténu de cet écho pour retrouver lesprit de son Maître. Pas encore
Les trames des toiles filées par la Tisseuse devenaient trop compliquées.
Mais désormais, au moins, elle savait. Elle savait ce quelle avait toujours su. Chaque voix, chaque visage, chaque rencontre et chaque blessure lui avaient fait parcourir une route tracée avant linstant même de sa conception.
Finir dans lEtoile auprès de sa mère adoptive était la résultante dactions où les protagonistes navaient été que des instruments manipulés en manipulant un autre.
Elle pensait parfois avoir choisi, était sûr souvent du contraire, mais savait que le chemin avait été tracé depuis le début, et que tout ces acteurs, dans leur lutte pour le changer, navaient que participé à filer la trame.
Et Liandra désormais nétait plus un instrument aveugle, mais en pleine conscience de ces faits Comme Leto lavait toujours été.
Psychée avait cessé de se demander pourquoi, quoi, ou comment tant de souffrances passés, tant de cruauté, pour quel plan ? Ceux qui lavaient écrit étaient tous morts ou disparus, et avec eux tout les êtres aimés de son passé. Parfois de faibles échos, la nuit dernière, lui avaient dit que certains étaient là Mais si loin.
Tourner la page dun livre, cest commencer à écrire la suivante
HYHA!!
SYHIAAA!!
HIA!!
SYHIA!!
SEYA!!!
Le soleil du printemps dardait ses rayons, le manoir se réveillait, les mektoubs appelaient les palefreniers à les soigner, lodeur du kawa montait dans la cour, lAta allait prendre fin.
Elle savait que la route commençait. Elle serait ce que les trames du destin avaient prévu delle, mais elle le serait comme elle avait choisi. Si elle ne pouvait vivre et grandir en paix, alors elle deviendrait larme quils attendaient, elle dépasserait ce corps chétif et épuisé, les doutes et les terreurs de son âme, et le jour venu, elle regarderait la plaine sans se retourner ou fuir.
Un dernier geste, un dernier pas
Et quarante voix, suivant celle du maître darme, reprises par tout les gens de la cour
« Nos vies pour notre honneur !
Nos âmes pour notre peuple !
Notre sang pour notre famille !
Nos lames pour nos ennemis !
Notre parole pour promesse !
Obsidiens !
Gloire et Honneur ! »
Psychée les regarda séparpiller. Ils couraient, marchaient, riaient, se tapaient sur lépaule, malgré près dune demi-heure ininterrompue dAtas. Elle sappuya contre le mur, souria et rassura un garde qui vint prendre des nouvelles de la fille de la Maîtresse des Lames, et essaya de calmer son cur malmené et ses poumons en feu. Le temps était venu. Mais pour tourner la page, il lui restait à remplir deux dettes. Une pour Melowen, pour la protectrice qui avait tout enduré pour elle Et une pour Leto, au nom de son honneur.
Elle traversa la cour, calmement Jamais elle ne sétait sentie si calme, et si sûr delle.
Liandra dAlanowë :Une goutte de sang éclata sur le goban, tache rouge au milieu dun univers noir et blanc. Leto poussa un juron « Evidemment quil meurt... javais prévenu que Ma Duk ne permettrai pas une telle chose... mais quand le Zoraï montre la lune, les matis regardent le doigt. » Il maugréa en essuyant le plateau, cette mort prématurée narrangeait pas ses affaires...
Psychée :Elle ne bougea pas quand elle l'entendit se levée discrètement, gardant la pose, les yeux fermés, attendant qu'elle finisse ses préparatifs. Ce n'est qu'une fois qu'elle fut sortie qu'elle ouvrit ses paupières, découvrant ses grands yeux verts qui en cette nuit semblaient luire.
C'était arrivé tôt, mais sans doute les révélations de la journée y étaient pour quelque chose. Se relevant doucement, avec cette lenteur gracieuse qu'on croit n'appartenir qu'aux félins, elle allât ouvrir son placard...des champignons manquaient. Jena, quand apprendras tu que tu n'as nul besoin de ces artifices pour cela...
Elle retourna à son lit, s'y allongea et attendit, les yeux grands ouverts, n'étant plus tout à fait là.
Le lien n'était jamais mort, mis à part dans ton esprit qui refusait, refuse encore, les évidences. Elle se contenta quand même de ne la suivre que sur la Trame, surveillant celle ci en même temps sa progression. Au loin, elle vit une anicroche se formée, incohérence du Destin...Elesias...mais les instruments étaient déja en route, peut être arriveraient-ils à Tisser, peut être pas...
Mais cela n'était pas à elle de le faire pour l'instant, toute son énergie devait être concentrée en un seul effort, car si cela se passe mal, l'incohérence créée serait bien plus grave.
Sa fille arrivât au lieu dit. Elle attendit qu'elle entame sa route, et l'observât...peut être après tout n'aurait elle pas à intervenir. Mais elle sentit sa détresse, ses peurs, puis se rendit compte que l'anicroche empêchait la Trame de se tisser. Elle soupirât...Elesias...
Usant du lien, elle s'approchant de sa fille à genoux, et la prit au creux de ses bras, lumineuse, chaleureuse, maternelle.
Elle posât sa tête sur une de ses épaules, parlant doucement au creux de l'oreille de son enfant non née...
Nous sommes à une bifurcation, des voix s'offrent à toi..
Devant leurs yeux apparurent deux chemins, tous deux sombres.
Viens, explorons les...commençons par celui des antagonistes, celui des ennemis, car ils sont une seule et même route...
Elles arrivèrent à un champ de ruines sur lequel deux camps se faisaient face, karavaniers en rangs sombres et serrés, kamis flamboyants en une meute sauvage et pleine de colère.
Voit...
Elle pointât du doigt une des silhouettes sombres, Elenaa, froide, déterminée, maniant des armes de mort, source de colère et de haine.
Puis elle pointât une des silhouettes flamboyantes: Psychée, pleine de sève et de fureur, les mains étincelantes prêtes à détruire, source de colère et de haine.
Les deux camps chargèrent...en un seul instant, des milliers de voix s'élevèrent dans un seul grand Cri puis moururent. Et plus rien, le néant, mort absolue de toute existence.
Telle est leur voie...
Retour à la bifurcation.
Maintenant suivons cet autre chemin...celui qui consiste reste sur le fil, ne rien faire, ne pas choisir, ne pas passé de frontière...
Elles arrivèrent à un champ de ruines sur lequel deux camps se faisaient face, karavaniers en rangs sombres et serrés, kamis flamboyants en une meute sauvage et pleine de colère.
Mais cette fois elles étaient au milieu de ce champ. Elle se levât et, reculant, laissa son enfant seule, source de colère et de haine.
Les deux camps chargèrent...en un seul instant, des milliers de voix s'élevèrent dans un seul grand Cri puis moururent. Et plus rien, le néant, mort absolue de toute existence.
Telle est cette voie...
Retour à la bifurcation.
Toutes deux nous mène au néant...il n'y a pas d'équilibre. Il n'y là aucun choix, ce sont des non choix...A moins que...
Entre les deux routes commençât à se former un sentier, vie et lumière.
A moins que nous attendions que ne se forme un choix réel...celui de la Déesse Mère...
Autour d'eux des silhouettes innombrables avançaient, bifurquant pour suivre une des routes. Mais quelques unes s'arrêtaient. Elle tournât la tête et souriat à Harmonie puis revient se lover sur l'épaule de sa fille.
Voilà le seul réel choix...attendre ensembles que ce petit sentier se fasse route et nous mène au Renouveau...
Elle cessa alors d'étreindre son enfant, à regrets, une larme cristalline coulant de l'un de ses grands yeux verts et reculât, les bras ouverts prêts à la recevoir en son sein.
Mais toi seule peut en décider...
Melowen :Elle se retourna encore .
Elle se savait à la fois ici et là-bas, maintenant, et si loin après. La transe ne sétait pas achevée. Elle gisait contre ses affaires, le corps vaincu par les drogues et lépuisement. Mais le rêve se poursuivait
Le murmure de Liandra avait répondu à lécho.
Devant les yeux de Psychée gisait comme un linceul le champ de ruine. Les Deux Armées attendait leur héros en silence
Karavan
Kamis
Kamis Karavan
Le même bain de sang. Quelle choisisse ou non , cela finirait en désolation et mort. Les ombres se répandraient sur le monde et lagonie prendrait fin sur ces ruines.
Sauf quelle pouvait refuser.
« Par la Déesse, jamais Elle naurait voulu ça ! Et jamais je ne vous laisserai faire !
Jena, esprit dAtys, monde, et âme, qui ne cessez de me parlez, je refuse de fermer les yeux ! Ni Karavan ni Kami, je vous affronterais, tous, jaffronterais toutes les folies et les haines que vous vomissez ! »
Elle leva la main, une épée sy lova, un gant de mage vint habiller lautre. Elle les défiait, tous, et autour delle, ceux qui refusaient de choisir la mort se rassemblaient. Elle devînt un point au milieu deux, un repère, et sa lumière devînt un phare.
« Vous aviez peur dune Nemesis vous aurez peur. Jamais je ne vous laisserai détruire notre monde ! Jena, jai prié pour rien trop de temps ! »
Elle regardait limmense champ de ruines. Le vent se leva Une odeur, derrière le soufre et la poix Comme un parfum despoir, une odeur verte comme les forêts. Elle se retourna, voyant sa mère pleurer, les bras ouvert. Plus de lame, plus de gants de magie, plus de colère.
Elle se lova entre ces bras qui lappelaient
Murmure
« Jai choisi »
Aucuns autres mots ne pourraient en dire plus
...Le jour se lève, jémerge du délire dans lequel la fièvre ma plongée. Je suis encore brûlante, tous mes muscles sont douloureux et la gorge me brûle affreusement. Je rampe vers la petite source, et là tel un animal blessé, jessaie détancher ma soif. Jessaie de ne pas penser, jessaie de ne penser quà survivre. Il faut que je me soigne, que je mange, il faut que je me relève Penser, cest aller vers la mort.
Je regarde autour de moi, dans laube naissante, je maperçois que la grotte a été habitée sans doute récemment. Les cendres dun foyer, des bambous secoués par le vent, une paillasse faite de roseaux et sur la paroi une étrange sculpture. Je me mets debout difficilement, et péniblement je me dirige vers le masque. Mes mains parcourent malhabilement la surface de la pierre. Puis je souris en pensant à celui que jappelle maintenant « Grand-Frère ». Ainsi donc Leto était ici
Mais il ne faut pas penser, pas encore. Dans un coin une réserve de bois, jallume un feu. Je cherche mon sac qui gît abandonné sur le sol, en sort une casserole et des ingrédients. Je fais bouillir de leau et prépare une décoction. Javale le liquide encore brulant. Bientôt la fièvre va descendre. Ma gorge me brûle toujours, je bois de nouveau, et essaie davaler un peu de nourriture.
Mon esprit devient plus clair, curieusement tout mon délire est clairement présent, je me rappelle de tout. La peine est immense et en pensant à Psychée, les larmes me viennent. Mais je me retiens de pleurer. Pourquoi faut-il que les coups les plus rudes me viennent de celle pour qui je donnerais ma vie sans hésiter ? De nouveau jai failli lâcher prise, mais je me suis relevée, je me relève toujours. Jaime trop la vie, jaime trop Atys pour avoir envie de mourir.
Langoisse métreint en pensant à Kalean, il lui est arrivé quelque chose, jen suis sûre. Je lai vu blessé, vivant mais blessé. Où est il maintenant ? A t il atteint tout de même la canopée ? Est il retombé sur le sol, où il gît maintenant blessé à la merci des prédateurs ? Il faut que je prévienne les Pirates, il faut quon se mette à sa recherche.
Puis je repense à lultime vision, celle dont Psychée ma protégée longtemps, cette vision quelle peut faire partager à dautres homins, au risque de bouleverser leur vie, comme ce Matis que nous avions rencontré autrefois dans le temple de Jena. Mais moi cette vision ne bouleverse rien en moi, car cette vision, je le sais je lai déjà eu, il y a longtemps, très longtemps, alors que jétais Shinyu. Mais tout est encore flou, il faudra que Leto maide à retrouver mes souvenirs denfance, je veux comprendre, comprendre et savoir. Leto, je dois retourner à Zorai et demander à Thorukai sil a retrouvé les documents. Ensuite, ensuite et bien je verrai .
La fièvre commence à tomber. Il fait maintenant totalement jour. La gorge me brûle moins et jarrive à mâcher un peu de ces galettes Zorai. Le lien est de nouveau bien présent, je peux le parcourir, le remonter, mais je ne vais pas jusquau bout, jai peur que Psychée ne me repousse, mais je sais où elle est allée. Elle est retournée au Cercle Kamic
Notre destin est-il inscrit de façon définitive ? Pouvons-nous nous écarter du chemin qui semble t il a été tracé ? Je ne veux pas de cet avenir de feu et de cendres. Pourtant je le sens, tout nous conduit vers cela, dans les primes les homins se massacrent au nom de la Karavan et au nom des Kamis et même les Gardiens me paraissent menacés par cette folie. Si la voix des kamis me commande de tuer, alors je me boucherais les oreilles, alors je ne lécouterais pas Jamais je ne tuerais un homin au nom de qui que ce soit.
« Jamais »
Jai crié et lécho de ma voix résonne dans la grotte.
La fièvre est maintenant totalement tombée, mais je me sens très faible, je fais quelques pas vers la sortie et meffondre à genoux. Je dois encore me reposer. Je me couche sur le lit de roseaux, menveloppe dans ma couverture. A la tombée de la nuit je me mettrais en route.
Le choix...
Un geste, un pas, un mouvement, un geste, un autre pas
Au même rythme que le maître darme, elle faisait glisser son si fin sabre matis qui fendait lair.
Son corps ne répondait pas ? Tant pis, il accepterait bien assez tôt de se réveiller.
Encore la même séquences, geste, pas, mouvement, encore un geste, un autre pas.
Dans limmense cour, quarante gardes noirs, dans le même cri, au son du même effort, exécutaient la même danse rituelle. Quarante sabres sifflaient, et allaient chercher le ciel, quarante lames mordaient le vent, quarante thorax répétaient les mêmes Atas, quarante voix suivaient la même cadence.
Le soleil atteint les murs du manoir, et éclaira quarante reflets de chitine, de bois, et dambre, quarantes armures et quarantes sabres,tandis que quarante corps et quarante âmes dans la même communion répétaient les mêmes gestes avec une perfection telle que lon ne pu voir dans ces quarante ombre pas le moindre signe qui les différencia.
Dos à eux le maître darme répétait les gestes, encore et encore, donnait ton et cadence.
HYHA!!
SYHIAAA!!
HIA!!
SYHIA!!
SEYA!!!
Un cri, un souffle de la sève, un mouvement, un geste, tous ensembles, un pas, un cri, un mouvement, la danse navait pas de fin.
Dans lombre du porche, sur limmense place, une homine albinos répétait les mêmes gestes et se mêlait à la même danse de mort.
Que le corps de Psychée protesta, que ses muscles et ses articulations grommèlent sous leffort, cela lui importait peu. Sa mère lui avait appris le chant des sabres, et celui-ci se nommait lAta du Varynx, que tout les gardes formés, lélite de lEtoile, de la même façon que tout ses académiciens, ses stratèges, ses terribles guerrier, connaissaient par cur.
Quil neige, vente ou pleuve, les quarante meilleurs gardes, chaque matin, venaient lexécuter. Et bien souvent les académiciens en passaient par là, parfois sous lil impitoyable de la Maîtresse des Lames, et bien souvent seuls, venant partager la communion de quarante âmes unis dans le même sang, la même sueur, le même cri de vie.
HYHA!!
SYHIAAA!!
HIA!!
SYHIA!!
SEYA!!!
Rien ne sarrêtait, le geste se poursuivait, la poussière se levait, dessinant un voile dor autour des guerriers.
Plus son corps souffrait, plus elle le sentait vivre.
Plus elle en sentait la vie, plus elle se rappelait du miracle qui lui permettait cet incroyable privilège.
La Maison était endeuillée, depuis la veille. Le Maître des Feuilles, le maître des Académiciens, c'est-à-dire pour eux tous leur second père, parfois pour dautre même le seul, gisait sans conscience, entouré de sa femme et de ses proches. Lécho de son âme ne résonnait pas.
Psychée faillit perdre le geste, mais se reprit dans la seconde, berçant son âme aux cris des homins. Elle nentendait plus lécho de lâme de son Maître, à peine retrouvé, elle perdait celui qui avait été si facilement vers elle avec tendresse à son retour.
Elle serra le sabre, mais ne baissa pas sa concentration. Elle eut voulu crier de rage, mais scanda lAta en chur sans en briser le chant. Les liens quelle avait retrouvé aux proches la reliait à lui, mais nen répondait que le vide. Si son corps était allongé dans les appartements du Maître, lesprit de celui-ci était perdu.
Et pas plus quelle navait osé le dire à qui que ce soit dans lEtoile - de toute façon, qui leut cru, et comment avouer une chose pareille ?- elle nosait remonter le fil ténu de cet écho pour retrouver lesprit de son Maître. Pas encore
Les trames des toiles filées par la Tisseuse devenaient trop compliquées.
Mais désormais, au moins, elle savait. Elle savait ce quelle avait toujours su. Chaque voix, chaque visage, chaque rencontre et chaque blessure lui avaient fait parcourir une route tracée avant linstant même de sa conception.
Finir dans lEtoile auprès de sa mère adoptive était la résultante dactions où les protagonistes navaient été que des instruments manipulés en manipulant un autre.
Elle pensait parfois avoir choisi, était sûr souvent du contraire, mais savait que le chemin avait été tracé depuis le début, et que tout ces acteurs, dans leur lutte pour le changer, navaient que participé à filer la trame.
Et Liandra désormais nétait plus un instrument aveugle, mais en pleine conscience de ces faits Comme Leto lavait toujours été.
Psychée avait cessé de se demander pourquoi, quoi, ou comment tant de souffrances passés, tant de cruauté, pour quel plan ? Ceux qui lavaient écrit étaient tous morts ou disparus, et avec eux tout les êtres aimés de son passé. Parfois de faibles échos, la nuit dernière, lui avaient dit que certains étaient là Mais si loin.
Tourner la page dun livre, cest commencer à écrire la suivante
HYHA!!
SYHIAAA!!
HIA!!
SYHIA!!
SEYA!!!
Le soleil du printemps dardait ses rayons, le manoir se réveillait, les mektoubs appelaient les palefreniers à les soigner, lodeur du kawa montait dans la cour, lAta allait prendre fin.
Elle savait que la route commençait. Elle serait ce que les trames du destin avaient prévu delle, mais elle le serait comme elle avait choisi. Si elle ne pouvait vivre et grandir en paix, alors elle deviendrait larme quils attendaient, elle dépasserait ce corps chétif et épuisé, les doutes et les terreurs de son âme, et le jour venu, elle regarderait la plaine sans se retourner ou fuir.
Un dernier geste, un dernier pas
Et quarante voix, suivant celle du maître darme, reprises par tout les gens de la cour
« Nos vies pour notre honneur !
Nos âmes pour notre peuple !
Notre sang pour notre famille !
Nos lames pour nos ennemis !
Notre parole pour promesse !
Obsidiens !
Gloire et Honneur ! »
Psychée les regarda séparpiller. Ils couraient, marchaient, riaient, se tapaient sur lépaule, malgré près dune demi-heure ininterrompue dAtas. Elle sappuya contre le mur, souria et rassura un garde qui vint prendre des nouvelles de la fille de la Maîtresse des Lames, et essaya de calmer son cur malmené et ses poumons en feu. Le temps était venu. Mais pour tourner la page, il lui restait à remplir deux dettes. Une pour Melowen, pour la protectrice qui avait tout enduré pour elle Et une pour Leto, au nom de son honneur.
Elle traversa la cour, calmement Jamais elle ne sétait sentie si calme, et si sûr delle.
"La Vie est un cadeau"
Psychée Aquilon Alanowë, la Zoraï Blanche, Fille de Liandra d'Alanowë
Membre des Libres Frontaliers
Sites persos:
www.psychee.org
Artbook Psychee
Artbook Ryzom comic project
Psychée Aquilon Alanowë, la Zoraï Blanche, Fille de Liandra d'Alanowë
Membre des Libres Frontaliers
Sites persos:
www.psychee.org
Artbook Psychee
Artbook Ryzom comic project
Re: [nemesis] Le chant des larmes
Léchafaud était prêt, et les cordes attendaient de faire par trois fois leur office. Il était orienté face aux appartements des invités. Chance, le matis amnésique, ne pourrait manquer le macabre spectacle qui lattendait au matin.
Psychée frémit. Le choc était passé mais pas lamertume. Qui était coupable ?... La Gardienne du Savoir, Kaithlin, qui avait avoué son mépris complet de la vie de ces gardes malheureux ?... Ou sa mère, capable, pour asseoir son autorité sur lEtoile de sacrifier trois vies après tout remplaçables ?
Elle murmura : « La vie est un cadeau »
LEtoile dObsidienne ignorait cette phrase, lun des premiers aphorismes employé par Pieds-Bleus pour enseigner sa si jeune élève il y avait une telle éternité. A linstant de la sentence, même la si douce Maîtresse Harmonie navait pas une seconde montré la moindre émotion. Une salle entière qui avait gardé le visage neutre, à deux personnes près
Kaithlin, bouillant de colère à lentente de la sentence: « ils seront pendus devant vos fenêtres, Ser Chance, et sachez quà chacune de vos fugues, je ferais pendre les gardes ».
Et Psychée, qui ne put retenir son air horrifiée, le visage épouvanté des gardes qui allaient mourir naillant plus voulu quitter ses yeux depuis.
Lhorreur poursuivait son chemin Elle pensa à Tsurani, avant de balayer cette pensée. Loublier Tout oublier. Surtout ne pas reculer ; elle avait déjà trop de faiblesses.
Le soleil se leva, dardant des feux qui brûlèrent le ciel dorangés, frappant la canopée en ombres mauves. Elle plaça son regard devant la boule de feu, et le fixa comme un défi. IL montait dans les cieux comme chaque jour, avec la majesté dont rêverait en vain tout homin, et ses feux lui firent venir des larmes.
« Déesse Il est lheure, la route doit reprendre. Il faut tisser le destin. »
Elle ouvrit ses perceptions aux liens, et sauta dun fil à un autre, jusquà Leto. Il était là. Emprisonné dans les geôles de lEtoile ; traité avec dignité. Il pensait au Go, sa façon de dissimuler la complexité des pensées du plus brillant et insondable homins que portât jamais lEcorce. Elle ne voulut pas quil le ressente, mais un tressaillement imperceptible de sa carcasse lui indiqua quil savait.
Elle souria. Il le saurait Il était temps.
Elle pensa une seconde à Melowen sa petit sur et toucha le fil de leur lien si intime.
Elle souria, cette fois-ci, de tout son amour, de tout ses regrets. « Je taime petite sur, je taimerai toujours ». Elle lentendrait, daussi loin quelles soient, elle lentendrait. « je taime, je ne tabandonnerai jamais. Noublie pas »
Aller dans les cuisines, trouver un plat, quelques bonnes vivres, une serviette de drap, et aller dans les géôles. Si elle y parvenait, elle acceptait de mettre dans la balance deux vies homines pour en sauver une. Soit elle allait jusquau bout, soit elle reculait maintenant.
Elle se dirigea, trop, bien trop lentement, vers la prison. Peur Tellement peur.
« Deux vies pour une vie. Non Deux vies pour le destin. Que fait-tu ? Es-tu sûr ? Jai promis, je dois payer ma dette ! Mais ce sont deux vies ! Déesse Déesse, comment fait-elle pour sacrifier ainsi des vies ?! Comment puis-je accepter de faire de même !
Ho Déesse, je ne pourrai pas, je ne pourrai pas ! »
Elle pénétra dans la prison, les gardes nétaient quà quelques pas.
« Je ne pourrai pas ! »
Mais le choix avait été fait avant elle. Elle devait le faire, et devait tout faire pour cela, et sans hésiter. Ils narrêteraient pas la fille de la Maîtresse des Lames, comment mettre en doute sa parole, comment au risque de finir comme les autres ?...
Elle les ferait mourir de leur peur de sa propre mère, et mourraient davoir eu peur. Elle se mit à se haïr, et leur fit face.
Les dés étaient jetés
Psychée frémit. Le choc était passé mais pas lamertume. Qui était coupable ?... La Gardienne du Savoir, Kaithlin, qui avait avoué son mépris complet de la vie de ces gardes malheureux ?... Ou sa mère, capable, pour asseoir son autorité sur lEtoile de sacrifier trois vies après tout remplaçables ?
Elle murmura : « La vie est un cadeau »
LEtoile dObsidienne ignorait cette phrase, lun des premiers aphorismes employé par Pieds-Bleus pour enseigner sa si jeune élève il y avait une telle éternité. A linstant de la sentence, même la si douce Maîtresse Harmonie navait pas une seconde montré la moindre émotion. Une salle entière qui avait gardé le visage neutre, à deux personnes près
Kaithlin, bouillant de colère à lentente de la sentence: « ils seront pendus devant vos fenêtres, Ser Chance, et sachez quà chacune de vos fugues, je ferais pendre les gardes ».
Et Psychée, qui ne put retenir son air horrifiée, le visage épouvanté des gardes qui allaient mourir naillant plus voulu quitter ses yeux depuis.
Lhorreur poursuivait son chemin Elle pensa à Tsurani, avant de balayer cette pensée. Loublier Tout oublier. Surtout ne pas reculer ; elle avait déjà trop de faiblesses.
Le soleil se leva, dardant des feux qui brûlèrent le ciel dorangés, frappant la canopée en ombres mauves. Elle plaça son regard devant la boule de feu, et le fixa comme un défi. IL montait dans les cieux comme chaque jour, avec la majesté dont rêverait en vain tout homin, et ses feux lui firent venir des larmes.
« Déesse Il est lheure, la route doit reprendre. Il faut tisser le destin. »
Elle ouvrit ses perceptions aux liens, et sauta dun fil à un autre, jusquà Leto. Il était là. Emprisonné dans les geôles de lEtoile ; traité avec dignité. Il pensait au Go, sa façon de dissimuler la complexité des pensées du plus brillant et insondable homins que portât jamais lEcorce. Elle ne voulut pas quil le ressente, mais un tressaillement imperceptible de sa carcasse lui indiqua quil savait.
Elle souria. Il le saurait Il était temps.
Elle pensa une seconde à Melowen sa petit sur et toucha le fil de leur lien si intime.
Elle souria, cette fois-ci, de tout son amour, de tout ses regrets. « Je taime petite sur, je taimerai toujours ». Elle lentendrait, daussi loin quelles soient, elle lentendrait. « je taime, je ne tabandonnerai jamais. Noublie pas »
Aller dans les cuisines, trouver un plat, quelques bonnes vivres, une serviette de drap, et aller dans les géôles. Si elle y parvenait, elle acceptait de mettre dans la balance deux vies homines pour en sauver une. Soit elle allait jusquau bout, soit elle reculait maintenant.
Elle se dirigea, trop, bien trop lentement, vers la prison. Peur Tellement peur.
« Deux vies pour une vie. Non Deux vies pour le destin. Que fait-tu ? Es-tu sûr ? Jai promis, je dois payer ma dette ! Mais ce sont deux vies ! Déesse Déesse, comment fait-elle pour sacrifier ainsi des vies ?! Comment puis-je accepter de faire de même !
Ho Déesse, je ne pourrai pas, je ne pourrai pas ! »
Elle pénétra dans la prison, les gardes nétaient quà quelques pas.
« Je ne pourrai pas ! »
Mais le choix avait été fait avant elle. Elle devait le faire, et devait tout faire pour cela, et sans hésiter. Ils narrêteraient pas la fille de la Maîtresse des Lames, comment mettre en doute sa parole, comment au risque de finir comme les autres ?...
Elle les ferait mourir de leur peur de sa propre mère, et mourraient davoir eu peur. Elle se mit à se haïr, et leur fit face.
Les dés étaient jetés
"La Vie est un cadeau"
Psychée Aquilon Alanowë, la Zoraï Blanche, Fille de Liandra d'Alanowë
Membre des Libres Frontaliers
Sites persos:
www.psychee.org
Artbook Psychee
Artbook Ryzom comic project
Psychée Aquilon Alanowë, la Zoraï Blanche, Fille de Liandra d'Alanowë
Membre des Libres Frontaliers
Sites persos:
www.psychee.org
Artbook Psychee
Artbook Ryzom comic project
Re: [nemesis] Le chant des larmes
Calemus Di Rialto
Lhomin leva la plume de son parchemin, soudainement inspiré. Il inspira, longuement, et reprit sa rédaction.
Il était dans un salon immense, une bibliothèque riche et chargée. Sa fierté personnelle. Il achetait et vendrait tout ce quil est possible dacheter et vendre, mais ce qui avait le plus de valeur à son esprit était le savoir. Non pas la connaissance, pour lélévation de lesprit et autres niaiseries pour adolescents, mais le savoir comme source de pouvoir infini.
Et il savait tout sur un nombre incroyable de gens, aussi bien de la Karavan que des Kamis ; Son apparente neutralité et sa bonhomie constante étaient un masque parfait, le voile où cacher son mépris profond pour les uns comme les autres. Son aspect rondouillard, noble mais souriant, toujours richement vétu mais sans parures ou effets lui attirait toujours la sympathie de ses relations et clients.
Et il en avait un grand nombre.
Des jouets.
Tous des jouets !
Des jouets des puissants, des jouets des Puissances, des jouets de leur stupidité ou de leur ignorance
Tous des sots, à part quelques érudits du même rang que lui, passionnés de livres, mais incapable de comprendre que le savoir doit être utilisé. Rendus timorés par ces faux dieux que sont la Karavan ou les Kamis.
Il souria. Il en savait tant que le mot hérétique aurait pu être son plus parfait manteau. Et sa fierté. Mais il savait faire ses génuflexions devant ces marionnettes en noir, et courber léchine devant les autels de la Sainte Karavan. Il connaissait même deux ou trois mots sacrés de prières Kamistes.
Juste un jeu dont il était le maître, un voile pour ne rien montrer.
Il réfléchit aux derniers événements. Il était clair que la guerre entre ces faux-dieux et leurs adorateurs était bel et bien commencée. Ils se déchiraient, et en étaient à lobservation et au fourbissement des armes, au milieu des imprécations bêlantes à la paix des plus imbéciles dentre eux. Quelle paix attendre de ceux qui de toute façon étaient encore plus aveugles que leurs serviteurs. Par le grand Mentor, la farce prenait tour. Il était temps de lui donner la dimension dun drame, désormais.
Il reprit sa lettre, et esquissa encore un sourire. Il en savait tant quil pouvait faire tomber des seigneurs de toutes les Maisons dAtys. Mais le jeu navait pas dintérêt. Ce qui en avait un est quil savait surtout ce que tout le monde avait oublié, ce que la Karavan, et les Kamistes avaient délibérément effacé de lhistoire. Mais à linstar de la liberté, on efface jamais la vérité, on la couvre juste de mensonges.
Et ce savoir avait un pouvoir immense. Celui de créer le plus grand désordre qui se puisse imaginer.
« Petite fille, tu as suivi ton chemin à la perfection. Tu es toujours en vie, tu es à la place que je me doutais que tu prendrais et tu sais sans doutes déjà une évidence qui échappe à ce ramassis daveugles. Il est donc temps de te donner ton rôle, faiseuse de chaos. »
La plume crissa sur le papier. Dehors lété se préparait. Lhiver sur lécorce serait rouge
"La Vie est un cadeau"
Psychée Aquilon Alanowë, la Zoraï Blanche, Fille de Liandra d'Alanowë
Membre des Libres Frontaliers
Sites persos:
www.psychee.org
Artbook Psychee
Artbook Ryzom comic project
Psychée Aquilon Alanowë, la Zoraï Blanche, Fille de Liandra d'Alanowë
Membre des Libres Frontaliers
Sites persos:
www.psychee.org
Artbook Psychee
Artbook Ryzom comic project