[Nemesis] Le Reveil

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psychee
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[Nemesis] Le Reveil

Post by psychee »

Psychée regardait le madakam brouter tranquillement, avec les siens indifférent à cette présence incongrue sur les terres les plus sauvages du Pays Malade. L’attente avait commencé…
Une attente dont elle ignorait la durée. Leto avait dit « des semaines ».
Il ne s’était passé que deux jours.
Deux jours à parvenir à se souvenir de comment elle avait, autrefois, vécu ici, comment trouver de l’eau, et comment creuser le sol, pour des racines, et chercher les arbustes pour des fruits. Elle n’avait que peu d’affaires. Une tunique et une jupe zoraï, et son uniforme de l’Etoile, déchiré, qu’elle avait renoncé à réparer, sans aucun matériel de couture. Et un sac contenant quelques provisions, dont elle avait jeté la viande au loin, pour ne pas attirer les gingos. De toute façon elle ne la mangerait pas. Et le reste ne représentait au mieux qu’une semaine de subsistance. Enfin, une gourde avec une liqueur fraîche, alcoolisée, qu’elle destinait à l’aider à tenir le coup de cette solitude qu’elle ne supportait déjà plus.

Ca ne faisait pas beaucoup de chose. Restait une couverture, et elle était heureuse que l’été soit là, et qu’elle ne meurt pas de froid la nuit.

Tenir une promesse à un être qu’elle aurait du détester.
Cette pensée ne cessait de la hanter. Tout la mémoire de la Zoraï Blanche était désormais la sienne. Y compris ses ombres, ses doutes, ses certitudes et ses questions. Comme on lit un livre, elle avait tout vu, et tout réappris. Sans qu’elle puisse dire si cela lui avait jamais appartenu un jour. Ses propres sentiments, les choix que celle qu’elle avait été avait fait, elle les regardait de l’extérieur, essayant de comprendre ce qu’elle avait pu être. Et revivant, encore, comme le regard sur un film, les colères et les amertumes qu’elle avait pu vivre, les souffrances consécutives au jour où Leto avait décidé de se servir cette homine qu’elle avait été et n’était plus. Elle aurait du le haïr. Mais elle en était encore moins capable que l’aurait été la Zoraï Blanche.
Tenir une promesse à un être qu’elle aurait du détester.
Mais tenir la promesse qui garderait sa mère en vie.
Elle réalisa que la grande différence avec son passé est qu’elle n’avait plus d’illusions, ou de rêves. Juste l’espoir de vivre en paix, enfin. Mais pas de continuer ce combat perdu d’avance qui était la seule raison de vivre de la Zoraï Blanche.
Cette vie passée, racontée par une autre, n’avait été qu’une longue suite de larmes, de morts, et de souffrance. Les gens qu’elle avait aimés avaient, pour beaucoup, péris, ou disparus, et ses combats ne l’avaient menée qu’à mourir lentement, empoisonnée par Leto… Ou d’autres. Peut-être bien que Leto n’avait jamais tenu cette lance. Il y avait deux souvenirs. Un flou où elle abattait l’homin qui lui perçait le ventre, et c’était un matis. Et un autre, la même scène, revécue plus tard sous l’influence d’une drogue, où elle voyait Leto lui-même enfoncer la lance, avant qu’elle ne chute dans le torrent. Mais il était venu, et l’avait soigné. Elle comprenait à présent qu’il avait pris ce jour là la meilleure décision qui soit à ses buts. Trouver, et appliquer un remède à l’inguérissable. Au risque de se dévoiler, il avait décidé de prendre tous les risques pour rassembler tout ce que tous savaient sur la Goo, sur les remèdes passés, sur la graine de Kata.
Il voulait vaincre la Goo. Comme tant de zoraï. Comme tout les homins. A quelque prix que ce soit. Qu’il l’est choisie elle pour mener ses expérience… Après tout, elle lui était accessible, plus qu’un autre, et il avait ainsi épargné un cobaye. Et surtout… elle survivait à la Goo… Tous ses précédents patients avaient du périr. Sauf elle.
Après… les conséquences… étaient juste celles d’une expérience dont il ne savait sans doutes rien.
Conséquences qui l’obligeaient à éviter tout contact physique avec les êtres vivants, pour ne pas les tuer ou les rendre malades. Conséquences qui, pour arriver à en soigner les effets, avaient conduit sa mère à devenir un nouveau cobaye pour Leto. Conséquences qui amenaient la plus farouche et terrible des guerrières Matis à risquer sa vie face à un médecin expérimentateur sachant à peine ce qu’il fait. Et conséquences qui la réduisaient à devoir fuir sa mère, sous peine de la contaminer encore plus par sa simple présence.
Elle ne pu s’empêcher de frissonner au souvenir de Liandra retirant le gant qui couvrait en permanence sa main, pour la prendre dans la sienne. Une geste d’affection, maternel, tendre, auquel ni l’une nu l’autre n’avaient jamais pu céder. Un geste dont le dernier souvenir remontait aux heures qui avaient suivi son réveil, quand personne encore ne savait qu’elle deviendrait un jour comme ces animaux mutés par la Goo.
La Zoraï Blanche espérait un jour trouver un remède à la Goo. Elle voulait unir les homins, pour qu’ils cessent leur rage, et cherchent ensembles. Désormais, Psychée la propageait, comme les animaux infectés et mutés. Elle était le mal que les Gardiensde la Sève, les zoraï, et elle-même avaient tenté de combattre.
Et pour essayer d’arrêter ça, Leto avait pris le risque fou de demander à Liandra d’accepter qu’il soigne sa fille. Il avait exigé un cobaye, des choses qu’il faudrait voler, un prix exorbitant, pour soigner l’insoignable. Pour modifier un organisme muté. Bien sûr, il ne dirait jamais pourquoi.
La jeune albinos continuait encore à se demander pourquoi il avait pris un tel risque. Peut-être pour ne pas réussir, après tout ?... Ou torturer celle qu’il admirait et aimer, faire souffrir Liandra, et en même temps se rapprocher de son égérie, de la dernière chose pour qui il ai le moindre sentiment. La lier à lui, par la force. Et peut-être même l’isoler de tout ce qu’elle pouvait chérir, pour ne la garder pour lui. Ou encore, sauver ce qu’il voulait sauver d’elle. La guerrière sans pitié, la guerrière parfait…
Ce que l’arrivée de Psychée dans sa vie avait changé. L’arrivée d’une fille…

Psychée se demanda si Leto savait que c’était la Zoraï Blanche qui avait réussit à sauver l’âme démente de Liandra des horreurs de son passé ?... Que Psychée se rappelait clairement qu’elle avait touché du doigt et de l’esprit la haine de la machine à tuer que pouvait être, et avait été, Liandra. Quelque part, il devait le savoir, sans doutes. Comme le reste, il en savait beaucoup. Encore plus qu’elle ne pouvait le suspecter.
Il avait même crée un lien, avec elle. Un lien qu’elle ressentait désormais. Frôler, même de loin, son âme vide et sans émotions était effrayant. Et il lui avait montré son véritable visage de mécanique, d’esprit mû uniquement par la survie et une logique sans faille. Colère, esprit, amitié, il les simulait tous. Il était déjà mort, déjà mort depuis longtemps, et n’aspirait à rien. Sauf à ses objectifs, si difficiles à concevoir. Elle avait pitié de lui, et songea que la plus belle chose que Liandra pourrait faire serait de le tuer proprement. Il avait dépassé le stade où on méritait de souffrir de son existence.

Penser, se souvenir, lui permettait de voir le soleil avancer dans le ciel. Le temps ne pouvait plus passer qu’au travers des souvenirs de la Zoraï Blanche qu’elle ne cessait de décortiquer, essayant de recoudre les morceaux perdus de l’étoffe déchirée qu’étaient ses souvenirs.

Elle s’allongea dans l’herbe. Quelques brins d’herbe se mirent lentement à mourir, une fleur se fanât doucement. Sa sueur commençait à infecter ses vêtements, il faudrait qu’elle trouve une source isolée, où les bêtes ne venaient pas boire, pour les laver. Ici, elle ne pouvait plus, comme chez elle à Yrkanis, se changer et se laver cinq fois par jour. Ses pensées dérivaient systématiquement vers sa mère. Etait-elle en bonne santé ? Guérissait-elle ? Elle lui manquait horriblement.
Elle essaya de se consoler en songeant que si Leto n’avait pas menti, elle pourrait un jour s’endormir dans les bras de sa mère, la toucher, lui tenir la main, caresser un yubo, de nouveau s’occuper elle-même de ses chers mektoubs, sentir le vent sur sa peau, pouvoir de nouveau se baigner dans les lacs et les sources et cesser de s’habiller de la tête aux pieds, avoir peur d’empoisonner les gens. Liandra avait été prête à payer le pire prix pour cela. Mais le prix avait dépassé ce qu’elle pouvait supporter : être séparée de sa fille.

Psychée songea à sa propre mère, à sa tendresse, à ses souvenirs perdus, puis revenus comme la seule chose qui pouvait constituer son histoire depuis son réveil. Elle s’appelait Alissa, et son mari l’appelait souvent ange. Elle en était un, pour sa fille. Elle avait élevé ses trois enfants avec passion, tendresse, et rigueur. Et quand Psychée était resté sa dernière enfant, elle l’avait protégée et aimé de toutes ses forces. Que sa sœur soit devenue ce qu’elle savait d’elle, après cela… elle frissonna. Elle frissonna en songeant à ce que la Zoraï Blanche elle-même était devenue, oubliant cette enfance. Les mauvais traitements de l’orphelinat, la solitude, les regards de crainte et de mépris, les enfants qui retrouvaient des familles, et elle qui restait seule. Elle eu des larmes aux yeux en songeant à la peur de cette jeune matis qu’elle avait été, à ses amertumes. On l’avait dit traîtresse. Mais personne, parmi les Matis, une vie d’enfant durant, n’avait fait un seul geste pour l’aimer. Seul ce zoraï, dont la Zoraï Blanche n’avait qu’un souvenir flou, Pieds-Bleus, lui avait montré tendresse et attention, sept semaines durant, lui racontant tout des Kamis, du Pays Malade, de son peuple, lui enseignant comment les zoraï parlaient leurs sentiments en gestes.
Mais Psychée savait ce qui avait décidé la Zoraï Blanche. La rencontre avec Xerius, le noble Matis qui avait, par amour, et par fois, embrassé la cause des kamis pour sa chère Zortine. Et celle de ce marchand aux propos terribles… que bien des choses avait appuyées, plus tard, sans jamais rien confirmer. De quoi fuir vite… et elle savait désormais à quel point cette Zoraï Blanche avait eu raison, à ce moment, de fuir ainsi son peuple et son monde.
Mais désormais, elle était Matis, d’une Maison dont elle savait l’intégrisme religieux et culturel. Qu’importait ?... Elle aurait une chance un jour de les convaincre d’une vue plus paisible. Et de toute façon, elle croyait à bien assez de choses qui leur étaient communs pour accepter leurs errances. Elle avait bien erré, elle-même. Si les Matis pouvaient un jour retrouver leur fierté, ils pouvaient bien un jour guider les homins à une union auquel la Zoraï Blanche avait revé.
Mais elle ne voulait pas y penser. Elle ne voulait que sa mère, et ce lieu où elle pouvait vivre en paix, à ses cotés.
Elle avait deux familles séparées par un mur idéologique que rien ne briserait jamais. Sa mère zoraï était ici, de même que ceux qui furent ses frères et sœurs. Mais elle ne pourrait jamais revenir vivre ici. Elle n’en avait plus la force. Son monde, son peuple, sa ville et sa maison lui manquaient trop. Elle pensa à son page, elle espérait qu’il n’aurait pas d’ennuis.
Et elle repensa encore à sa mère. Elle ne pouvait plus ne pas y penser.

Des larmes vinrent à ses yeux.
Il n’y avait que deux jours…
Elle ne tiendrait jamais, jamais comme ça.
Il fallait attendre et attendre encore. Des semaines durant, avait-il dit.
Elle ne tiendrait jamais.

Elle se leva, et prit ses affaires, qu’elle rassembla en un sac, lentement, essayant de ne pas penser à ses larmes. Elle n’avait jamais osé visiter le Pays Malade seule. Elle allait en avoir le temps, désormais. Elle se mit en route, vers l’Ouest.
"La Vie est un cadeau"
Psychée Aquilon Alanowë, la Zoraï Blanche, Fille de Liandra d'Alanowë
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ptidemon
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Re: [Nemesis] Le Reveil

Post by ptidemon »

[HRP] En ben !... je prend toujours autant de plaisirs à lire les aventures de Psychée... Quelle destinée ! [/HRP]
Caylis Amnell
Ex Tryker Officier supérieur de La Nébuleuse Atyssienne
...A combattre sans périls on finit par vaincre sans gloire...
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psychee
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Re: [Nemesis] Le Reveil

Post by psychee »

Liandra avait étouffé un cri, dans son bureau, avant de tout laisser sur l'instant, fourbir ses armes et disparaître.
Elle nétait revenue que des heures plus tard, avec celle qu'elle disait sa fille, ensanglantée, dans ses bras. Elle n'avait fait prévenir aucun médecin, et ne l'avait pas ramené dans ses appartements de l'Etoile, mais son petit domaine en ville.

Seule Florimelle, la prêtresse et médecin de la Maison des Eclats de Lune avait pu entrer dans la chambre.

Un jour plus tard, la fille de Liandra pouvait sortir, et se promener dans les jardins du domaine de sa mère. Elle avait disparu pendant 8 jours entiers, et n'avait dit à personne où elle était.
Des dirs de Dame Harmonie, Liandra était bel et bien guérie. Liandra agissait comme si elle le confiirmait. Elle interrogeait Leto, lui volant secret après secoret, nuit par nuit.
Elle ne le laisserait que quand elle en aurait fait une coquille vide, pour le murer jusqu'à la fin de ses jours. Ainsi avait-elle parlé devant Florimelle, devant sa fille, devant Melowen.
Jamais, avait-elle dit, elle ne laisserait ce monstre avoir une chance de s'en sortir sans payer les crimes commis à sa fille. Les deux homines, les deux amies de Psychée avaient soutenues sa mère.
Quel que fut l'horreur de ce que faisait Leto, rien ne dépassait l'horreur de ce qu'il avait commis.

Psychée n'eut pas le droit de le voir, le refus de Liandra fut catégorique. Elle donnait rarement d'ordres à sa fille, ou même levait un tant soit peu le ton, mais elle le fit cette fois.

Psychée avait tenu sa promesse, y compris devant la mort. Elle avait tenté de fuir, sans jamais revenir à Yrkanis. Mais Liandra avait été soigné, Jena seule savait comme, en fait. Leto était prisonnier... torturé, devrait-on dire.

Elle avait retrouvé en Florimelle la reine qu'elle aimait. Même si leur premier et unique contact avait mis la prêtresse au lit, malade, pour au moins quelques jours. La faiblesse l'avait empéché de laisser Florimelle essayer de l'embrasser. Mais on n'embrasse pas une plante empoisonnée.
Florimelle se remettrait, malgré tout.
Liandra semblait guérie, et elle restait la mère, le cocon et l'abri où se réfugiait Psychée. Son amour de mère était un manteau, et sa mémoire revenue, elle savait encore plus le précieux de ces moments et de cet amour. Elle s'y abritait sans rien demander d'autre.
Elle reprendrait, quand Liandra le déciderait, sa place d'élève dans l'Etoile. De nouveaux membres étaient arrivés, dont son cher chevalier Kelebdel. Elle voulait prouver à l'Etoile qu'elle méritait sa place. Longtemps, elle s'était demandé ce qu'elle avait de commun avec eux. Plus encore maintenant. Ils reniaient la plupart des choses qu'elle aimait, la paix pour commencer.
Mais elle frissona en songeant aux morts et au feu, à la guerre. Défendre son monde était la seule chose qu'elle souhaitait pour le moment. Etre à l'abri, et près de Liandra. Si les choses devaient changer, elle ferait ce qu'elle pourrait.
Mais la zoraï blanche est morte, ses combats aussi...
Elle n'aspire qu'à la paix.
"La Vie est un cadeau"
Psychée Aquilon Alanowë, la Zoraï Blanche, Fille de Liandra d'Alanowë
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