Reculer pour mieux sauter.
Posted: Sun Dec 19, 2004 6:03 pm
Skarn se redressa brusquement, trempé de sueur.
Désorienté, il tentait d'accommoder ses yeux à la pénombre environnante en cherchant un objet familier auquel accrocher son esprit. Son regard balaya frénétiquement les environs immédiats et il avisa enfin la forme rassurante de son épée rangée le long du grand lit sur lequel il s'était assis.
Soupirant de soulagement, il entreprit de débarrasser ses jambes du drap qui s'était entortillé autour dans sa nuit mouvementée. Elle se retourna et il suspendit son geste en attendant quelle se rendorme. Il remonta alors létoffe sur son corps blanc. Les nuits étaient fraîches dans les Jardins Majestueux
Il sortit de létrange appartement en forme de bourgeon et sarrêta en haut de lescalier qui le conduirai dans les rues de la belle Yrkanis. Cétait le printemps et les fragrances douceâtres de cette aube Matisienne emplissaient ses narines. Une brume légère flottait ça et là laissant parfois de petits flocons neigeux accrochés aux barrières et aux arbres.
Tout était calme, la cité encore endormie allait séveiller bientôt et Skarn voulait partir avant dêtre pris dans les préparatifs affairés des commerçants de la capitale Matis. Il descendit les marches et se dirigea lentement vers les Portes de la ville.
Il sentit les regards suspicieux des gardes lorsquil passa auprès deux, mais ny accorda aucune importance. Les Fyros étaient pour le moment en paix avec les Matis. Le roi Yrkanis avait apposé sa signature à côté de celle de Dexton sur le traité de Fairhaven et Skarn navait donc rien à craindre. Tout ce quil risquait cétait un duel en bonne et due forme avec un mari jaloux
Il sentit le pouvoir du Kami avant de le voir Depuis sa tendre enfance, Skarn possédait un étrange lien avec ces créatures. Une légende familiale racontait quun Kami était apparu devant Magda Dyntheus au moment où elle accouchait et que l'esprit d'Atys avait murmuré quelque chose à son oreille.Le Fyros ne croyait pas trop à cette histoire et pensait plutôt que son grand-père avait voulu donner une légitimité à cet enfant né hors mariage.Toujours est-il qu'il avait vu le jour avec un don, mais qu'il ne savait absolument pas à quoi cela pouvait servir Il ressentait quelque chose, cétait tout.
Le Kami, comme dhabitude, ne leva pas les yeux vers lui. Skarn sentait cependant que son esprit était sondé et sabandonna à cette fouille pénible à laquelle il ne shabituait pas. Chaque fois cétait le même rituel, quand il avait à utiliser un ticket de téléportation, il le faisait en présence dun Kami Cela le rassurait. Parfois il ne pouvait pas le faire et il était invariablement pris dune panique ancestrale au moment de briser la fine feuille décorce.
Cette fois pourtant, le voyage ne se déroula pas comme prévu. Lorsque le Fyros cassa le ticket en deux, il eut la désagréable impression de se désintégrer. Dordinaire, tout se passait très vite et il réapparaissait en un clin dil, entier de corps et desprit, à destination, mais cette fois son esprit sembla séchapper, comme emporté par un vent plus violent que celui du Désert.
Il courait. Il courait à perdre haleine. Les branches des arbres griffaient son visage et les hautes herbes cinglaient ses mollets. Son cur allait bondir hors de sa poitrine, il en était persuadé. Le grondement sétait soudain tu et il sécroula sans force au milieu des fougères.
Il ne pouvait croire quil avait échappé aussi facilement à ses poursuivants. Leur puissance était sans faille, il le savait au plus profond de lui-même, ils finiraient par le retrouver, où quil aille
Une image fugitive passa devant ses yeux rougis, son père, Tyrenus Abygrian, les mains sur ses épaules, le regardait dans les yeux et lui disait quelque chose quil ne parvenait pas à entendre.
Soudain un sifflement aigu retentit au-dessus de lui, Skarn se releva péniblement et repris sa course, senfonçant encore plus profondément dans la jungle impénétrable.
Il ne savait même pas pourquoi ils le poursuivaient exactement. Il avait entrepris seul le grand voyage qui le conduirait vers les nouvelles terres de son peuple. Il avait certes cheminé avec dautres réfugiés parfois mais la majeure partie de son périple, il lavait fait seul. Désespérément seul. Alors, lorsquau terme dune journée de marche harassante et semée dembuches, il avait trouvé les signes dune activité homine, il fut soulagé.
Mais son répit fut de courte durée. Emergeant dun bosquet il était tombé nez à nez avec un étrange appareil. Posée au beau milieu dune clairière, la machine semblait tombée du ciel. Elle paraissait abîmée. Lavant était disloqué et une fumée noire séchappait de larrière.
Skarn sapprocha, scrutant les environs. Personne. Pas âme qui vive. Le Fyros rassembla son courage et savança au plus près de lobjet.
Tout alla ensuite très vite. Il aperçut dabord une forme vaguement homine assise dans lhabitacle. Collant son visage sur la vitre il vit que la silhouette était immobile. Un liquide rouge et épais sécoulait dune déchirure dans le vêtement. Soudain la créature tressaillit et tourna sa tête casquée dor et de noir vers lui. Skarn poussa un cri et tomba en arrière.
Un grondement sourd suivit dun sifflement aigu emplit lair tout autour et une énorme machine volante apparue au-dessus de lui. Une vive lumière verdâtre illumina la clairière et le Fyros terrorisé senfuit à travers la forêt.
Tout en courant, Skarn songeait à la dernière vision quil avait eu. Les yeux de la créature Son regard Des yeux bleus Des yeux écarquillés par la douleur et la peur Des yeux de Homin
Il courut encore et encore, trébuchant parfois sur des racines traîtresses, se relevant chaque fois, poursuivant sa fuite vers un lieu quil ne connaissait pas. « Pourquoi fuir ? » se demandait-il alors, et aussitôt, « Parce que je dois réussir ».
Il entrevit soudain une éclaircie parmi les arbres, trop tard pour sarrêter. La forêt se terminait laissant la place à une herbe rase et déssèchée qui courait jusquau bout du monde lui semblait-il. La lumière verte lentoura, il se sentait pris au piège, comme un Izam attrapé au vol
Il stoppa net sa course au bord de la falaise en battant lair de ses bras décharnés. La machine savança à sa verticale et un halo verdâtre lillumina tout entier. Il ferma les yeux.
Et cest là quil le sentit Ce pouvoir Cette énergie réparatrice et bienfaisante quil avait parfois ressentie au cours de son enfance Son grand-père lui avait dit un jour quil le questionnait à ce sujet : « Quand tu sentiras cela, tu seras en sécurité mon enfant »
Skarn ouvrit les yeux et fixa la machine dun air décidé. Il se tourna vers le précipice et après sêtre reculé de quelques pas sélança vers le vide
Il se réveilla soudain au beau milieu de la place du Kami de Pyr. Pyr, la fière capitale de son peuple. Que de chemin il avait parcouru pour y parvenir
Il était maintenant lambassadeur des Samourails. Les Samourails Cétait sa nouvelle famille, sa seule famille. Il avait rencontré leur chef peu après sa chute dans le précipice. Il sétait réveillé au milieu dun désert inconnu avec limpression évanescente du pouvoir quil avait ressenti au sommet de la falaise avant de sauter. Il avait réussi ! Il avait atteint les refuges !
Quelques jours plus tard Samouraii laccueillait avec un : « Bonjour mon ami ! ». Quel bonheur dentendre à nouveau ce mot Skarn savait dorénavant quil était arrivé à bon port. Il avait à nouveau un « ami ».
Tout en se dirigeant vers le hall de la guilde, Skarn songeait à son père Que lui avait-il dit avant de partir ?
Les mots résonnèrent soudain dans son esprit : «Kaun es tu mi ! »
Quelle était cette langue étrange ? Quavait donc bien voulu dire son père ? Il lui fallait maintenant le découvrir
Désorienté, il tentait d'accommoder ses yeux à la pénombre environnante en cherchant un objet familier auquel accrocher son esprit. Son regard balaya frénétiquement les environs immédiats et il avisa enfin la forme rassurante de son épée rangée le long du grand lit sur lequel il s'était assis.
Soupirant de soulagement, il entreprit de débarrasser ses jambes du drap qui s'était entortillé autour dans sa nuit mouvementée. Elle se retourna et il suspendit son geste en attendant quelle se rendorme. Il remonta alors létoffe sur son corps blanc. Les nuits étaient fraîches dans les Jardins Majestueux
Il sortit de létrange appartement en forme de bourgeon et sarrêta en haut de lescalier qui le conduirai dans les rues de la belle Yrkanis. Cétait le printemps et les fragrances douceâtres de cette aube Matisienne emplissaient ses narines. Une brume légère flottait ça et là laissant parfois de petits flocons neigeux accrochés aux barrières et aux arbres.
Tout était calme, la cité encore endormie allait séveiller bientôt et Skarn voulait partir avant dêtre pris dans les préparatifs affairés des commerçants de la capitale Matis. Il descendit les marches et se dirigea lentement vers les Portes de la ville.
Il sentit les regards suspicieux des gardes lorsquil passa auprès deux, mais ny accorda aucune importance. Les Fyros étaient pour le moment en paix avec les Matis. Le roi Yrkanis avait apposé sa signature à côté de celle de Dexton sur le traité de Fairhaven et Skarn navait donc rien à craindre. Tout ce quil risquait cétait un duel en bonne et due forme avec un mari jaloux
Il sentit le pouvoir du Kami avant de le voir Depuis sa tendre enfance, Skarn possédait un étrange lien avec ces créatures. Une légende familiale racontait quun Kami était apparu devant Magda Dyntheus au moment où elle accouchait et que l'esprit d'Atys avait murmuré quelque chose à son oreille.Le Fyros ne croyait pas trop à cette histoire et pensait plutôt que son grand-père avait voulu donner une légitimité à cet enfant né hors mariage.Toujours est-il qu'il avait vu le jour avec un don, mais qu'il ne savait absolument pas à quoi cela pouvait servir Il ressentait quelque chose, cétait tout.
Le Kami, comme dhabitude, ne leva pas les yeux vers lui. Skarn sentait cependant que son esprit était sondé et sabandonna à cette fouille pénible à laquelle il ne shabituait pas. Chaque fois cétait le même rituel, quand il avait à utiliser un ticket de téléportation, il le faisait en présence dun Kami Cela le rassurait. Parfois il ne pouvait pas le faire et il était invariablement pris dune panique ancestrale au moment de briser la fine feuille décorce.
Cette fois pourtant, le voyage ne se déroula pas comme prévu. Lorsque le Fyros cassa le ticket en deux, il eut la désagréable impression de se désintégrer. Dordinaire, tout se passait très vite et il réapparaissait en un clin dil, entier de corps et desprit, à destination, mais cette fois son esprit sembla séchapper, comme emporté par un vent plus violent que celui du Désert.
Il courait. Il courait à perdre haleine. Les branches des arbres griffaient son visage et les hautes herbes cinglaient ses mollets. Son cur allait bondir hors de sa poitrine, il en était persuadé. Le grondement sétait soudain tu et il sécroula sans force au milieu des fougères.
Il ne pouvait croire quil avait échappé aussi facilement à ses poursuivants. Leur puissance était sans faille, il le savait au plus profond de lui-même, ils finiraient par le retrouver, où quil aille
Une image fugitive passa devant ses yeux rougis, son père, Tyrenus Abygrian, les mains sur ses épaules, le regardait dans les yeux et lui disait quelque chose quil ne parvenait pas à entendre.
Soudain un sifflement aigu retentit au-dessus de lui, Skarn se releva péniblement et repris sa course, senfonçant encore plus profondément dans la jungle impénétrable.
Il ne savait même pas pourquoi ils le poursuivaient exactement. Il avait entrepris seul le grand voyage qui le conduirait vers les nouvelles terres de son peuple. Il avait certes cheminé avec dautres réfugiés parfois mais la majeure partie de son périple, il lavait fait seul. Désespérément seul. Alors, lorsquau terme dune journée de marche harassante et semée dembuches, il avait trouvé les signes dune activité homine, il fut soulagé.
Mais son répit fut de courte durée. Emergeant dun bosquet il était tombé nez à nez avec un étrange appareil. Posée au beau milieu dune clairière, la machine semblait tombée du ciel. Elle paraissait abîmée. Lavant était disloqué et une fumée noire séchappait de larrière.
Skarn sapprocha, scrutant les environs. Personne. Pas âme qui vive. Le Fyros rassembla son courage et savança au plus près de lobjet.
Tout alla ensuite très vite. Il aperçut dabord une forme vaguement homine assise dans lhabitacle. Collant son visage sur la vitre il vit que la silhouette était immobile. Un liquide rouge et épais sécoulait dune déchirure dans le vêtement. Soudain la créature tressaillit et tourna sa tête casquée dor et de noir vers lui. Skarn poussa un cri et tomba en arrière.
Un grondement sourd suivit dun sifflement aigu emplit lair tout autour et une énorme machine volante apparue au-dessus de lui. Une vive lumière verdâtre illumina la clairière et le Fyros terrorisé senfuit à travers la forêt.
Tout en courant, Skarn songeait à la dernière vision quil avait eu. Les yeux de la créature Son regard Des yeux bleus Des yeux écarquillés par la douleur et la peur Des yeux de Homin
Il courut encore et encore, trébuchant parfois sur des racines traîtresses, se relevant chaque fois, poursuivant sa fuite vers un lieu quil ne connaissait pas. « Pourquoi fuir ? » se demandait-il alors, et aussitôt, « Parce que je dois réussir ».
Il entrevit soudain une éclaircie parmi les arbres, trop tard pour sarrêter. La forêt se terminait laissant la place à une herbe rase et déssèchée qui courait jusquau bout du monde lui semblait-il. La lumière verte lentoura, il se sentait pris au piège, comme un Izam attrapé au vol
Il stoppa net sa course au bord de la falaise en battant lair de ses bras décharnés. La machine savança à sa verticale et un halo verdâtre lillumina tout entier. Il ferma les yeux.
Et cest là quil le sentit Ce pouvoir Cette énergie réparatrice et bienfaisante quil avait parfois ressentie au cours de son enfance Son grand-père lui avait dit un jour quil le questionnait à ce sujet : « Quand tu sentiras cela, tu seras en sécurité mon enfant »
Skarn ouvrit les yeux et fixa la machine dun air décidé. Il se tourna vers le précipice et après sêtre reculé de quelques pas sélança vers le vide
Il se réveilla soudain au beau milieu de la place du Kami de Pyr. Pyr, la fière capitale de son peuple. Que de chemin il avait parcouru pour y parvenir
Il était maintenant lambassadeur des Samourails. Les Samourails Cétait sa nouvelle famille, sa seule famille. Il avait rencontré leur chef peu après sa chute dans le précipice. Il sétait réveillé au milieu dun désert inconnu avec limpression évanescente du pouvoir quil avait ressenti au sommet de la falaise avant de sauter. Il avait réussi ! Il avait atteint les refuges !
Quelques jours plus tard Samouraii laccueillait avec un : « Bonjour mon ami ! ». Quel bonheur dentendre à nouveau ce mot Skarn savait dorénavant quil était arrivé à bon port. Il avait à nouveau un « ami ».
Tout en se dirigeant vers le hall de la guilde, Skarn songeait à son père Que lui avait-il dit avant de partir ?
Les mots résonnèrent soudain dans son esprit : «Kaun es tu mi ! »
Quelle était cette langue étrange ? Quavait donc bien voulu dire son père ? Il lui fallait maintenant le découvrir