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[bg Chance] Ne jamais forcer le destin avec son nom

Posted: Wed Dec 08, 2004 5:32 pm
by wahou
La soirée de cet été était douce dans le lac de la liberté. Une partie des Spirals étaient réunie autour d'un feu où grillaient des pinces de cloppers. Les discussions allaient bon train sur des sujets aussi divers que les chasses de Shyriah, la cuisson du clopper, le conseil de Crystabell ou la coiffure de Caym.
"Au fait Prysma, tu voulais savoir pourquoi je me considérais comme un réfugié ici, non ?" demanda Chance alors que le repas se terminait, et que les étoiles faisaient une à une leur apparition dans le ciel d'Atys.
"Tiens, j'ai cru que tu avais oublié cette promesse, Chance," répondit la tryker aux cheveux roses en se retournant
"Et bien tu ne le sauras pas," annonça Chance en provoquant les rires de l'assemblée. "Sérieusement, c'est une assez longue histoire. Je ne suis pas sur de pouvoir parler de tout ce soir."
"Prête mon ton journal intime alors" intima Prysma faisant redoubler les rires de la petite famille. "Non, plus sérieusement, ça doit être dur de quitter son pays," reprit avec plus de sérieux la tryker.
"Ce n'est pas vraiment mon pays : j'ai grandi près de Crystabell avec mon oncle." La voix calme et posée de Chance couvrait maintenant les craquements des bûches qui brûlaient encore. La famille, à nouveau réunie autour d'un feu, s'était calmée pour écouter cette histoire que plusieurs connaissait déjà. Qu'importe l'interlocuteur et l'histoire : ce qui compte, c'est que tout le monde soit réuni. "Je ne sais pas vraiment ce qui est arrivé à mes parents."
"J'ai plus de chance que toi alors." répondit Prysma
"Bah... J'ai toujours dit que mon nom était une blague d'un goût douteux." plaisanta Chance
Prysma reprit la parole pour relancer l'histoire. "Et comment va ton oncle ?
Après un soupir, "Il est mort dans son lit, de vieillesse." Dit Chance
La tryker, gênée, détourna un instant le regard avant de reposer des yeux emplis de compassion sur le matis."Oh ! Désolée."
"Ce n'est pas grave, Prysma. Tu ne pouvais pas deviner. Maintenant, tu sais, comme tous les autres, que les Spirals sont ma seule famille."

Caym, qui s'était retirée quelques instants en direction des maisons, revint avec un grand plat contenant de la compote. Il n'en fallait pas plus pour détourner l'attention des trykers. Les quelques minutes qui suivirent furent une joyeuse bataille autour du plat. Après que tous les spirals aient repris leur place autour du feu, un silence quasi-religieux s'installa, entrecoupé seulement par le bruit des cuillères tapant contre les bols de bois.

Prysma reprit la parole un peu plus tard. "Tu dis que tu n'as pas grandi dans les sommets verdoyants. Tu es venu directement ici ?"
Chance, qui se dirigeait discrètement vers le plat pour se resservir, releva la tête, et reprit avec le sourire, l'air de rien. "Oui. Enfin, ce n'est pas moi qui ai choisi. J'étais trop petit lorsque nous sommes arrivés pour m'en souvenir. En recoupant avec ce qui s'est passé dans les sommets, le départ de mon oncle correspond approximativement à la prise du pouvoir par Jinovitch, et aux purges qui ont suivie."

Yshaelle tenta de profiter du moment ou le matis reprenait la parole pour vider le reste de compote. Elle laissa échapper un petit cri de dépit lorsqu'elle se rendit compte que Nog, malgré sa réputation de paresseux, l'avait devancée pour finir le plat.

"Euh, je dois dire que je n'ai pas connu cette époque. J'étais tellement loin de toute civilisation il y a encore deux ans." répondit Prysma
"Pour simplifier, Yasson était roi des Matis il y a une vingtaine d'années. Jinovitch l'a empoisonné et a pris la couronne. Il a exilé ou éliminé pas mal de matis pour différentes raisons. Puis, le neveu de Yasson, Yrkanis, a repris le pouvoir il y a quelques années. En théorie, c'est toujours lui qui règne." Les trykers semblaient assez loin de ces préoccupations, mais une bonne partie d'entre eux ne perdaient pas une miette de ce qui se disait.
"Donc tu as grandi parmi les trykers. Tu n'as pas été trop exclu ?" Plusieurs spirals pouffèrent de rire en entendant la question. Des coups de coude et des discussions à voix basse se lancèrent.
La réponse du matis était un peu couverte par le brouhaha. "Caym était ma petite grande sœur, et Tao la teigne qui me collait régulièrement un oeil au beurre noir."

Les rires redoublèrent et le matis se joignit à eux. "Dans l'ensemble, ça reste de bons souvenirs."

Le matis reprit la parole quelques instants plus tard. "Tout ça a changé lorsque mon oncle est mort. Il a laissé une dernière volonté." L'assemblée devint un peu plus tendue. La majorité des Spirals connaissait déjà la suite, et n'aimaient pas cette partie de l'histoire.
"Ah bon ? Raconte." Demanda Prysma alors que le silence commençait à durer.
Dans un soupir, Chance annonça : "il m'a demandé d'entrer dans le cercle de Sokkarie." Devant l'air d'incompréhension de Prysma, le matis cru bon d'ajouter "je ne sait pas si tu en as entendu parler..."
Passé le premier instant de stupeur, la tryker répondit simplement "Oui."

Un silence un peu tendu s'installa.

Il fut brisé quelques instants plus tard par un soupir de Chance, avant que la tryker ne demande "Et... tu l'as fait ?"
Mal à l'aise, le matis, se leva, puis fit un geste de dépit. "Oui. Je n'allais pas bafouer les dernières volontés de mon oncle. C'est lui qui m'a élevé. C'est lui qui a fait de moi ce que je suis."
Une question brûlait les lèvres de Prysma. "Et tu as été accepté, la bas ?"
"Oui, sans aucun problème. Pour beaucoup de matis, la dernière volonté d'un membre de la famille a une grande importance. La lettre de recommandation que j'ai rédigée sur la demande de mon oncle a peut être joué aussi." Répondit le matis

Chance fit une pause pour regarder son auditoire. Tout le monde attendait la suite, mais le matis n'était pas sur de vouloir continuer. Deux printemps sont passés depuis son départ, mais les souvenirs restaient vifs dans son esprit. Après avoir regardé ses frères et sœurs trykers, il continua son histoire, persuadé de leur devoir à tous la vérité, et espérant que cela l'aiderait à se remettre de ce passé.

"Beaucoup de choses ont été dites sur le cercle. Certaines sont vraies, d'autres sont exagérées, et les dernières ne sont que des rumeurs." Annonça-t-il, sans trop savoir par où commencer
Prysma n'avait pas besoin de parler pour répondre. Le visage de la tryker montrait le peu de foi qu'elle mettait dans les paroles de Chance.
Le matis reprit, en se tournant vers Caym. "Caym a croisé des membres du cercle, et ils étaient loin d'être les monstres que l'on imagine souvent."
Caym, gênée d'être prise à témoin dans la conversation répondit "C'est vrai. Certains sont mêmes sympa."
"Comme quoi un homin est un homin." Répondit Prysma après quelques instants à regarder Caym et Chance. Elle ajouta "Malgré certaines opinions..."

Le feu se mourrait petit à petit. L'obscurité gagnait petit à petit l'assemblée. Les visages des autres homins se faisaient progressivement plus lointains. Alors que son auditoire disparaissait, le matis gagnait de l'assurance dans ses paroles. Il continua de parler sans être interrompu pendant un moment.
"J'ai côtoyé des Matis qui étaient effectivement des monstres. Sokkar était peut être l'un de ceux la. Il était un homin qui aimait son pays, et qui avait une haute estime des matis. Il était persuadé que Atys se porterai mieux si l'on donnait le pouvoir sans partage aux matis. Et pour cela, il était prêt à aller loin. Trop loin. Mais lors de l'invasion kittin des sommets verdoyants, il y a quelques années, les sokkariens étaient en première ligne. Nous avons lancé l'assaut victorieux contre le commandant de cette invasion. Le temps que les autres homins arrivent, nous avions décimé sa garde, et blessé gravement ce monstre. Peut être que la Sokkarie était un mal, mais sans ses soldats à ce moment pour attaquer intelligemment l'ennemi, beaucoup d'homins seraient mort."

Les flammes du feu s'étaient éteintes, laissant la place à des braises. Le cercle des trykers s'était petit à petit resserré. Un silence pesant s'installa alors que Chance se rendait compte du temps qu'il avait passé à monologuer. Prysma brisa ce nouveau silence "Je comprends. Et tu as fini par les quitter ?"
"Chaque chose en son temps, Prysma" répondit le matis. "Je suis d'abord monté petit à petit en grade. Je n'approuvais pas tous les idéaux du cercle, mais j'essayais de bien faire ce que j'avais à faire. Puis tout a périclité. Rongé de l'intérieur par l'ambition, et de l'extérieur par la haine, le cercle s'est affaissé petit à petit. Je l'ai quitté lorsque ma fiancée a été menacée de mort par les légions fyros pour avoir récolté à coté de Pyr. Elle n'a reçu aucun soutien des sokkariens disponibles à ce moment."
"Eh ! Mais tu ne nous l'as pas présentée !" s'exclama Prysma.
Le matis brisa le silence gêné qui s'installait. "Non. Elle n'est plus parmi nous."

Prysma mit une main devant sa bouche, peinée par cette déclaration. Chance prit la parole avant que la tryker ne puisse dire quoi que ce soit. "Quand je parlais de plaisanterie de mauvais goût pour mon nom..." Il essaya de détendre l'atmosphère en souriant.
Le matis continua : "Quelques jours plus tard, le palais arbre de la Sokkarie brûlait. Les quelques fidèles restants avaient le choix entre la fuite, et la garde drakarys de Saganael de Kormalys."
La tryker avec un petit sourire gêné, demanda "Et te voila ? De retour parmi tes amis ?"
"Non. Parmi ma famille, Prysma." Le matis se releva puis annonça "Bon, il se fait tard, et ces histoires ne sont pas à leur place lorsqu'il fait trop sombre. On en reparlera peut-être un autre jour. "

HRP
Merci à Prysma et à Caym pour la discussion en jeu qui a doné la base de ce texte.
Merci à Prysma pour avior corrigé les tonnes de fotes d'ortographe et de frappes qui s'était glissées dans le texte :D
/HRP

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Chance - membre de la tribu des Spirals

Re: [bg Chance] Ne jamais forcer le destin avec son nom

Posted: Wed Dec 08, 2004 5:46 pm
by ikkyezel
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Tres joli texte Chance
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Re: [bg Chance] Ne jamais forcer le destin avec son nom

Posted: Wed Dec 08, 2004 8:41 pm
by psychee
[HRP] Magnifique texte, j'ai pris plaisir et émotion à le lire, sincèrement, j'espère en lire mille et mille fois d'autres ainsi écrits, Chance. ON ne peut qu'être ému par ce matis devenu tellement, tellement humain à travers cette simple histoire...
Merci...

EDIT: encore une fois, mon ennemi préféré et moi nous retrouvons tout les deux admirant et appréciant les mêmes choses. Que ferais-je et serai-je sans Saganael, moi...[/HRP]