Ryzom

Caché dans les herbes hautes. Tremblant de froid et de faim, le Kami se trainait vers le canyon à proximité.

Sa toison noire comme la nuit rapait la neige fraîche, laissant un sillon grisâtre. Ses deux yeux ronds et blancs comme deux lunes brillaient d'un éclat inquiétant pour un Kami.

Il avait fui les "Mauvaises Choses" qui voulaient le faire disparaître. Il avait réussi à les distancer. Il s'était échappé.
Il avait vu. Mais ne pouvait parler.

Alors qu'il visitait un village ami, il avait senti l'energie malfaisante se répandre aux alentours. Il s'était éloigné sur les ailes du vent, en utilisant la magie invisible, le plus rapidement qu'il pouvait. L'Ambassadeur Kami qui fesait cinq fois sa taille et gardait le lien du village n'avait pas les mêmes pouvoirs que lui. Il ne pouvait sentir le chaos qui approchait comme Kami-Gentil le pouvait. Le domaine de l'Ambassadeur était la magie de Puissance, pas celle des Visions.

- Pauvre Ambassadeur, pensa Kami-Gentil.

Il s'arrêta sur une colline à distance, lorsque les émanations faiblissaient.
De loin il pu assister à la scène...

Le petit Kami noir aux yeux ronds et blancs se traînait. Sa magie avait été aspirée presque entièrement par les forces qui avaient attaquées le village. Hors, pour les Kamis, la magie est leur substance, leur vie.
Kami-Gentil se mourrait.
Nul ne s'en soucierait.
Pourtant, pourtant lui seul savait...

Kami-Gentil ouvrit un oeil dans un brouillard dû à sa grande faiblesse.
Il avait senti une présence.

Rassemblant le peu de forces qui lui restaient, il se leva, fesant tomber l'épaisse couche de neige qui l'avait recouvert durant la nuit.
Un Homin, grand et bleu, le regardait, armé d'une chose coupante et dorée qui brillait et protégé d'une carapace de bambous.
Le petit Kami poilu soupira. Il était trop tard. Et si ce Grandes-Jambes voulait l'achever, il ne pouvait l'en empêcher.
Mais l'Homin semblait amical.

Il s'approcha lentement et s'assit en face de Kami-Gentil.
Puis il ouvrit un grand sac, si grand que le petit être magique eut peur qu'il veuille l'enfermer dedans.
Mais non.

Il en sorti quelques herbes, des feuilles, des morceaux d'écorce et...
Des ailes de Papillons rouge !
Kami-Gentil avanca maladroitement sa petite main griffue et se saisi avidement d'une poignée d'ailes dont la poudre pourpre s'éparpillait alentour comme une traîne brillante et colorée. Puis il avala goulûment.
Aussitôt il ressenti une chaleur bienfaisante se répandre en lui et de toute sa force tenta d'envoyer une onde d'amour envers ce Grandes-Jambes pour le remercier.

Celui-ci sembla satisfait car il ramassa son sac, prononca quelque chose d'incompréhensible, puis s'en retourna par où il était venu, non sans se retourner fréquemment et en lui fesant des gestes du bras.

Le petit Kami noir et poilu pouffa joyeusement et lui fit un clin d'oeil ainsi qu'un salut de sa petite main griffue.

Kami-Gentil se sentait mieux.
Il guérirait si on lui apportait encore de ces bonnes ailes de papillons.
Le Zorai reviendrait,
il le savait.

Le petit être sauta en l'air quand un cri de Torbak résonna dans la nuit et, du mieux qu'il pu, il commenca à se creuser un trou pour la nuit. Il lui faudrait longtemps avant de pouvoir à nouveau se déplacer. Mais l'espoir était revenu.