[BG] Naissance d'une guerrière
Posted: Thu Oct 28, 2004 12:48 pm
Bonjour, je suis Sylve, Tryker appartenant à la Légion Etrangère, commandée par Meedrish, section faisant partie des Légions Fyros. Je souhaite vous narrer ici l'événement qui marqua ma vie, un fait parmi tant d'autres, trop banal, puisqu'il est marqué par ce conflit incessant que nous subissons tous et que j'ai décidé de mener en tant que guerrière.
De l'eau, des plages à perte de vue, un ciel bleu et des maisons sur pilotis, voilà le paradis dans lequel j'ai grandi. Un paradis pour moi jusqu'à ce jour où, jeune et totalement insouciante, je demandais à mon Papa chéri :
- Papa, ze peux aller sur la plaze pour zouer avec les Yubos ?
Mon père était alors en train d'aiguiser des épées et comme la tâche demandait beaucoup d'attention, il répondit :
- Demande à ta mère, je n'ai pas le temps de m'en occuper.
J'allais donc voir ma Maman chérie.
- Maman, ze peux aller zouer avec les yubos sur la plaze ?
Ma mère s'échinait à faire le tri entre les différentes qualités de ressources, ce qui devait être très important comparé aux yubos, donc elle répondit :
- Vois ça avec ton père.
Ayant déjà vu Papa, il était inutile d'y retourner. J'avais demandé la permission comme il se devait et mes parents ne me l'avaient pas interdit, donc rien ne m'empêchait d'y aller, et encore moins ma conscience ou mes scrupules en léthargie. Je passais alors un petit moment à jouer sur la plage, à courir avec les yubos et à arroser ceux qui passaient trop près de l'eau. Mais pour une fille turbulente comme moi, ce genre d'activité devient vite lassant et on finit toujours par regarder au loin jusqu'à ce que la curiosité l'emporte sur les risques de se faire gronder.
C'est ainsi que, prenant un air décidé et responsable au cas où on m'observerait, je m'éloignai du camp en compagnie de mon fidèle couteau tout neuf offert par Papa. Mais dans un tel paradis, il faut parfois s'éloigner bien plus qu'on ne croît pour voir quelque chose qui sorte de l'ordinaire, comme par exemple les gros kipees verts au bord d'un lac qui poussent des cris effrayants ou les troupeaux de messabs encore plus bruyants quand on s'approche, voire les goaris à l'affût de la moindre petite proix inconsciente du danger qui la guette. Voire... et l'un d'eux me voyait bien, contrairement à moi qui découvrait trop de choses nouvelles pour distinguer l'anomalie mortelle qui se ruait sur moi.
C'est le bruit des pattes frappant le sol qui me fît tourner la tête vers l'horreur qui se précipitait. Et comme dans tous les cas pour lesquels on n'est pas encore préparée, on fait forcément quelque chose qui ne convient pas à la situation urgente, comme par exemple rester éberluée pendant une longue et précieuse fraction de seconde, puis pousser un long cri strident interrompu net par le premier bon réflexe qui est de se jeter sur le côté. Armée d'un simple couteau face à deux énormes pinces claquantes, je fis face à l'attaque suivante. Et même, je me jetai sous les pattes en évitant à nouveau les pinces tout en pointant le couteau vers le ventre. Et là, n'allez pas croire que j'ai atteint un organe vital sous prétexte que le ventre serait plus fragile et moins protégé, car à part une longue estafilade, je n'obtenais comme résultat que d'enrager la créature, des fois qu'elle ne le soit pas encore...
Enragée, je l'étais aussi, car ne nous trompons pas sur les apparences de petite fille mignonne, j'avais un fichu caractère qui désespérait parfois mes parents. Donc au lieu de fuir alors que j'en avais l'occasion, je cherchais tant bien que mal à blesser le goari. Pas longtemps, juste ce qu'il faut pour tenter de le toucher et recevoir un coup de pince en travers de la jambe. Pliée par la douleur, je ne pus empêcher ensuite les deux pinces de me saisir les bras et le torse en même temps afin de me couper en morceaux ou de m'écraser. L'univers se transforma alors en une douleur indescriptible. Je ne voyais rien, n'entendais rien, ne pensais rien, mon petit corps ne ressentant plus que la torture jusqu'au tréfond des os. Même le temps n'avait plus de consistence.
Je pousse soudain un hurlement et me redresse les yeux complètement affolés incapables de reconnaître ce qui m'entoure. Mais je ne ressens rien de douloureux à part la lumière qui me blesse les yeux et le souvenir des pinces s'enfonçant lentement ma chair et écrasant mes os. Petit à petit, je prends conscience de ce qui m'entoure et reconnais des visages de trykers, en particulier ceux de mes parents. Et je reste là sans rien dire comme une marionnette que ma mère prend dans ses bras, me rappelant mon aventure, ma douleur cuisante, me demandant si c'était un cauchemar.
Par quel miracle je fus sauvée, je ne le sus jamais. Probablement la chance que quelqu'un intervienne juste avant que je succombe tout à fait. Les blessures avaient été si bien soignées par un mage soigneur que je n'ai conservé que de fines lignes blanches à peine visibles comme cicatrices sur le corps. Mais mon esprit mît plus de temps à guérir et ce n'est que bien des jours de silence plus tard que mes larmes me ramenèrent pour de bon à la vie.
Et la vie put reprendre ses droits. La leçon fût bien retenue, toute réprimande était inutile, puisque la punition avait été bien infligée. La petite famille poursuivit donc son existence comme s'il ne s'était rien passé. A part que je devins sage et obéissante. J'avais compris que le monde était dangereux, bien plus que tout ce que mes parents m'avaient raconté. Mais je n'ai pas peur, je ne crains même plus rien, persuadée que je ne pourrai jamais subir pareille douleur, ce qui n'empêche pas d'avoir une certaine forme de respect pour le danger.
Je suis maintenant prête à affronter une existence des plus risquées et par la Déesse, je mourrai au combat en riant de mon ennemi !
De l'eau, des plages à perte de vue, un ciel bleu et des maisons sur pilotis, voilà le paradis dans lequel j'ai grandi. Un paradis pour moi jusqu'à ce jour où, jeune et totalement insouciante, je demandais à mon Papa chéri :
- Papa, ze peux aller sur la plaze pour zouer avec les Yubos ?
Mon père était alors en train d'aiguiser des épées et comme la tâche demandait beaucoup d'attention, il répondit :
- Demande à ta mère, je n'ai pas le temps de m'en occuper.
J'allais donc voir ma Maman chérie.
- Maman, ze peux aller zouer avec les yubos sur la plaze ?
Ma mère s'échinait à faire le tri entre les différentes qualités de ressources, ce qui devait être très important comparé aux yubos, donc elle répondit :
- Vois ça avec ton père.
Ayant déjà vu Papa, il était inutile d'y retourner. J'avais demandé la permission comme il se devait et mes parents ne me l'avaient pas interdit, donc rien ne m'empêchait d'y aller, et encore moins ma conscience ou mes scrupules en léthargie. Je passais alors un petit moment à jouer sur la plage, à courir avec les yubos et à arroser ceux qui passaient trop près de l'eau. Mais pour une fille turbulente comme moi, ce genre d'activité devient vite lassant et on finit toujours par regarder au loin jusqu'à ce que la curiosité l'emporte sur les risques de se faire gronder.
C'est ainsi que, prenant un air décidé et responsable au cas où on m'observerait, je m'éloignai du camp en compagnie de mon fidèle couteau tout neuf offert par Papa. Mais dans un tel paradis, il faut parfois s'éloigner bien plus qu'on ne croît pour voir quelque chose qui sorte de l'ordinaire, comme par exemple les gros kipees verts au bord d'un lac qui poussent des cris effrayants ou les troupeaux de messabs encore plus bruyants quand on s'approche, voire les goaris à l'affût de la moindre petite proix inconsciente du danger qui la guette. Voire... et l'un d'eux me voyait bien, contrairement à moi qui découvrait trop de choses nouvelles pour distinguer l'anomalie mortelle qui se ruait sur moi.
C'est le bruit des pattes frappant le sol qui me fît tourner la tête vers l'horreur qui se précipitait. Et comme dans tous les cas pour lesquels on n'est pas encore préparée, on fait forcément quelque chose qui ne convient pas à la situation urgente, comme par exemple rester éberluée pendant une longue et précieuse fraction de seconde, puis pousser un long cri strident interrompu net par le premier bon réflexe qui est de se jeter sur le côté. Armée d'un simple couteau face à deux énormes pinces claquantes, je fis face à l'attaque suivante. Et même, je me jetai sous les pattes en évitant à nouveau les pinces tout en pointant le couteau vers le ventre. Et là, n'allez pas croire que j'ai atteint un organe vital sous prétexte que le ventre serait plus fragile et moins protégé, car à part une longue estafilade, je n'obtenais comme résultat que d'enrager la créature, des fois qu'elle ne le soit pas encore...
Enragée, je l'étais aussi, car ne nous trompons pas sur les apparences de petite fille mignonne, j'avais un fichu caractère qui désespérait parfois mes parents. Donc au lieu de fuir alors que j'en avais l'occasion, je cherchais tant bien que mal à blesser le goari. Pas longtemps, juste ce qu'il faut pour tenter de le toucher et recevoir un coup de pince en travers de la jambe. Pliée par la douleur, je ne pus empêcher ensuite les deux pinces de me saisir les bras et le torse en même temps afin de me couper en morceaux ou de m'écraser. L'univers se transforma alors en une douleur indescriptible. Je ne voyais rien, n'entendais rien, ne pensais rien, mon petit corps ne ressentant plus que la torture jusqu'au tréfond des os. Même le temps n'avait plus de consistence.
Je pousse soudain un hurlement et me redresse les yeux complètement affolés incapables de reconnaître ce qui m'entoure. Mais je ne ressens rien de douloureux à part la lumière qui me blesse les yeux et le souvenir des pinces s'enfonçant lentement ma chair et écrasant mes os. Petit à petit, je prends conscience de ce qui m'entoure et reconnais des visages de trykers, en particulier ceux de mes parents. Et je reste là sans rien dire comme une marionnette que ma mère prend dans ses bras, me rappelant mon aventure, ma douleur cuisante, me demandant si c'était un cauchemar.
Par quel miracle je fus sauvée, je ne le sus jamais. Probablement la chance que quelqu'un intervienne juste avant que je succombe tout à fait. Les blessures avaient été si bien soignées par un mage soigneur que je n'ai conservé que de fines lignes blanches à peine visibles comme cicatrices sur le corps. Mais mon esprit mît plus de temps à guérir et ce n'est que bien des jours de silence plus tard que mes larmes me ramenèrent pour de bon à la vie.
Et la vie put reprendre ses droits. La leçon fût bien retenue, toute réprimande était inutile, puisque la punition avait été bien infligée. La petite famille poursuivit donc son existence comme s'il ne s'était rien passé. A part que je devins sage et obéissante. J'avais compris que le monde était dangereux, bien plus que tout ce que mes parents m'avaient raconté. Mais je n'ai pas peur, je ne crains même plus rien, persuadée que je ne pourrai jamais subir pareille douleur, ce qui n'empêche pas d'avoir une certaine forme de respect pour le danger.
Je suis maintenant prête à affronter une existence des plus risquées et par la Déesse, je mourrai au combat en riant de mon ennemi !