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Le Foreur

Posted: Fri May 08, 2009 5:12 pm
by liverdan
Partie I

Avant de s’engouffrer dans les obscures profondeurs d’Atys ce matis, au teint blafard, aimait lancer un regard vers la canopée. Par temps clair, on pouvait apercevoir la végétation florissante et le havre de paix qui devait y régner. Le temps avait fait de lui un homin fourbu et usé par l’âge. Il savait que désormais le rêve de fouler cette canopée devenait chaque jour un peu plus inaccessible.

N’ayant pas su garder celles qu’il avait aimées. Au fil des années qui s’écoulent, il avait brisé l’espoir de voir marcher ses propres enfants sur cet Eden qui le surplombait.

C’était peu être bien là son plus grand regret, ne pas apercevoir l’admiration dans les yeux d’un fils comme lui-même avait jadis pu deviner l’éclat dans le regard de son propre père, qui avait fait de lui l’accomplissement d’une vie.

Amertume des histoire révolues, il devait laisser derrière lui ses rêves d’enfants et de canopée.

Sur l’écorce, les homins avaient perdu la raison, se déchirant au nom de leur patriotisme exacerbé, beaucoup avaient oublié l’essence même de leur vie. Obsédés par cette soif de pouvoir ou aveuglés par leur icône, peu, comme par le passé prenaient le temps de grandir, obnubilés par cette course effrénée vers le savoir, bon nombre avaient égaré le goût d’apprendre.

Lasse de ces tumultes, approchant les mains du vortex, il aimait sentir l’égrainement de ses particules dans ce tourbillon qui le transporterait vers les primes.

Freeze se sentait en paix, dans cette pénombre où règne l’insécurité. Ici sa vie n’avait gère plus de valeur que celle d’un yelk ou d’un lumper. Dans cette obscurité, il avait apprit à écouter, à observer, à contempler, à ressentir les battements du monde qui l’entourait.

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Re: Le Foreur

Posted: Sat May 09, 2009 5:57 pm
by liverdan
Partie II

Jeune foreur, il avait souvent parcouru ou foré avec cette peur au ventre, de cette angoisse qui vous tenaille. De l’éveil de ses sens dépendait sa simple survie. Ici régnaient en maître les kitins, pas d’imposants herbivores, aucun oiseau ne venait rivaliser d’un battement d’aile face aux vrombissements des kizoars. Mais le sol des profondeurs, par son humidité et sa consistance, offrait un confort que bien des foreurs de surface ne connaissaient pas. Etant suffisamment ferme, contrairement aux surfaces sablonneuses présentent dans le désert ou la région des lacs, suffisamment tendre pour biner en profondeur, chose impossible en hiver dans la foret ou l’humide jungle sans risquer de briser les plus solides pioches, Freeze aimait, malgré l’hostilité de ces profondeurs forer de longues heures ici, en compagnie des curieux Mektoubs qui n’hésitaient pas à ce remplir la trompe des émanations issues de son forage. Parfois, il surprit même, certains Lumpers venir s’endormir, dans un ronflement rauque et paisible, prêt de lui comme bercé par le tempo de sa pioche.

La flore, que ce soit la Dziku, le Plun, le Cocoa ou l’éblouissant Plumash, avait su se vêtir, durant les siècles de son évolution, des plus étranges artifices de lumières, de couleurs, de formes, de timbres ou d’odeurs.

Aujourd’hui maîtrisant cet art du forage, Freeze avait étudié de prêt chacune des matières premières de son artisanat. Profitant de ces longues journées de forage. Il avait apprit à reconnaître chacune d’entre elles par leur odeur. Les ambres Zun et Hash dégageaient un gaz méthanal assez désagréable, mais aux vertus conservatrices assez puissantes. Des ambres Beng et Sha émanaient une odeur toute particulière de cendres ou de charbon, tandis que l’ambre de Pha et de Soo sentaient à si méprendre à de la laine de roche. En revanche les graines ne se distinguaient pas autant les unes des autres que les ambres par leur parfum. Même si on pouvait deviner les arômes boisés que l’on retrouve dans la jungle ou la foret après l’orage. La Sarina et la Silvio étaient tout de même plus sucrées que la Caprice ou la Saurona qui se caractérisaient par une fragrance plus poivrée.

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Re: Le Foreur

Posted: Sun May 10, 2009 10:47 am
by liverdan
Parie III

Mais c’est en ces sombres lieux, à l’instant où le silence se fait, avant que l’orage de sève ne parvienne à nos oreilles, que…

Chut l’entendez-vous, cette petite boite à musique.
Elle fredonne cette chansonnette comme une écolière insouciante. Ecoutez-la jouer des notes comme une feuille virevolte au vent d’automne de son rire cristallin. Puis tentez l’oreille, douce mélodie de son souffle, comme un papillon je perçois le battement de ses ailes aux couleurs éclatantes, tout prêt de mes joues. Elle est là légère et fragile, la bise nous apporte le plus enivrant de ses parfums. Défiant les carnassiers, la voyez-vous de ses pas exaltants au cœur de cette pluie de lucioles, venue m’offrir cette joie qui bien souvent m’a fait sourire quand nous étions l’étincelle et la flamme, l’oiseau et le vent, la perle et le coquillage, la glace et le feu, le printemps et le ruisseau.
Que la lueur
Perdure et demeure,
Que l’ombre meurt
De ce simple rayon
Je ferai mon chemin
A tort ou à raison
Je dissipe mes chagrins
Je dresserai ma vérité
Face à toi pour ta liberté
Petit corps de tentation
Comment pourrai-je sans passion
Une minute oublier ce frisson.
Qui vînt habiter ma raison.
De mon destin devenu divin
D’avoir une nuit goûté ce festin.
De ma pauvre mémoire
Ces images en sont devenues le grimoire.
Non bien sûr, je divague, je m’enflamme, vous ne voyez rien.

Je relève la tête lourde de mes délires, Raj n’est qu’à quelques mètres. D’un rythme lourd, voilà bien longtemps que tu ne me surprends plus puissant molosse, tes pas te trahissent !

Nous nous observons méfiant l’un de l’autre, comme toi majestueux Vorax, j’erre dans cette pâle nuit, quel est donc ce fantôme qui hante ton parcours, mon ami. Nous jouerons un autre soir, mon sac est plein, je te laisse à ta solitude. Je m’en vais retrouver les miens, peut être réapprendrai-je à vivre parmi eux ce soir.

Le crépuscule sonne la fin de cet anniversaire où il y a 120 saisons de cela, Atys entendait son premier cri, et dans ma tête résonne encore son rire.

Harassé par cette journée de labeur, je rentrai chez moi. Elle était là assise sur le perron de la porte, un papier à la main. Elle ne savait rien de tout cela. « Bon anniversaire ptit ange ». Elle me répondit d’un regard tendre, accompagné d’un sourire rayonnant dont elle seul avait le secret. Lui tendant l’une de ces magnifiques fleurs venues des entrailles d’Atys. Elle esquissa un « tsss… » gêné, et me donna, dans un frôlement de main, le papier qu’elle tenait contre elle.

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Spéciale dédicace pour un anniversaire
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