Page 1 of 1

[promethée] Le Manoir de l'Etoile d'Obsidienne

Posted: Thu Apr 30, 2009 2:32 pm
by psychee
Partie 1.

La porte du manoir grinça sur ses gonds, d’où tombèrent une fine poussière de bois et de nacre. Le temps avait commencé à prendre ses droits, et l’arbre-forteresse avait déjà décidé de retourner à sa nature, son écorce venant refermer les accès et les chambranles des portes qu’il avait accepté autrefois de supporter en son sein… tant que les botaniste matis avaient su le lui demander.

D’autres diraient le lui imposer.

Mais pour la matis aux cheveux noirs de jais qui entra dans la cour, piétinant les dernières fleurs de karoo, et le tapis de feuilles mortes amoncelé, le terme « demander » était plus juste. L’arbre qui avait accueilli le manoir de l’Ecole de l’Etoile d’Obsidienne avait été patient et compréhensif avec ses habitants, il avait poussé du mieux possible pour satisfaire à leurs attentes, et ceux-ci lui avaient rendu sa générosité en nourrissant ses racines, et en prenant soin de son tronc, et de sa sève.

Avec l’abandon de la Maison… Jena… cela faisait combien de temps ?... l’arbre avait décidé qu’il n’avait plus de pacte à respecter.

D’un pas lent, la matis s’avança jusqu’à la chapelle, son regard se posant sur les signes de la dégradation et de l’abandon. Ce qui avait été il y a si longtemps la plus prestigieuse maison de formation de la noblesse matis, et le lieu de vie de quelque uns des plus grandes figures de leur époque et de leur monde, était aussi oublié que s’il avait été la dernière des fermes.

Elle avait ressenti le même abandon dans les rues, derrière la façade d’une ville majestueuse voulant toujours s’accrocher à ses principes, à son honneur. Mais il n’y semblait plus avoir beaucoup de matis à respecter cet honneur. Et si peu d’étendards des Maisons flottant encore sur la place de la ville… si peu de Maisons encore actives ou qui avaient ressenti le besoin et la fierté de clamer leur appartenance au royaume et au Roi !

- Ma vieille, tu va avoir du boulot.

Sa voix chaude résonna un moment dans la cour, comme si le Manoir lui-même acquiesçait. Elle du dégager l’entrée de la chapelle, bloqué par des gravats d’écorces, et l’accumulation des feuilles, et put enfin faire jouer les doubles portes de bois fin et de feuilles d’ailes de papillon, par miracle presque intactes.

Puis elle retira ses souliers, et pieds nus, s’avança sur le dallage poussiéreux, dans un silence presque doux.

L’orchidée était là, poussant dans le bassin, au bout de la chapelle. Et penchée sur elle, une sillouette nue et douce, taillée dans l’écorce la plus parfaite et la plus blanche, semblait pleurer et veiller à la fois sur ce petit sanctuaire, éclairée par les vitraux d’ambre en couronne autour d’elle…

- Voilà… tu es chez toi, maintenant.

Pour la première fois depuis longtemps, Promethée laissa naître à ses lèvres un véritable sourire.