Un jour parmi d'autres
Posted: Wed Jan 28, 2009 6:24 pm
Les premiers rayons du soleil teintaient d'or pâle le ciel bleu matinal. Une petite brise lacustre balayait les pontons et effleura de ses caresses fraîches le visage de Tomelin. Le tryker se tenait immobile devant l'immeuble de la Façade des Vents, goûtant avec plaisir le paysage aquatique qui s'offrait à lui.
Soudain la vie s'anima derrière lui. Les bruits d'une bousculade et un concert de piaillements se firent entendre, le silence brisé par des rires enfantins. Quatre jeunes trykers déboulèrent de l'immeuble pour s'agripper aux jambes de leur père.
Eleyna, Mell, Tuatha, sa progéniture...et Varixia, la gamine sauvage, recueillie.
- « Popa, je pourrais tenir les rênes du mektoub ? Diiis... », demanda Eleyna.
- « Oy El... »
- « Y'aura des grubos à miam Popa? Ronron faim ! », fit Varixia en grognant.
- « Oy Ro... »
- « On pourra se baigner, Popa ? Hein on pourra ? », questionna Mell.
- « Oy Me... »
- « Popa, on part bientôt ? », fit Tuatha, tirant sur le pantalon du tryker.
- « Oy Tua... »
Le tryker se retrouva pris dans un maelström de tiraillements, de mouvements et de questions.
- « Ooooh la marmaille... On se calme... On dirait un nid de matis devant le dernier catalyseur de l'écorce... », grogna Tomelin en souriant.
Varixia pencha la tête en le fixant.
Un rire cristallin éclata et il leva les yeux. Sa guerrière riait de bon coeur en haut des marches, à la vue du spectacle désolant du tryker encombré de ses enfants.
Shellyna était magnifique, habillée de sa jupe fyros et de son haut zorai blancs. Son coeur cogna plus vite dans sa poitrine et sa sève bouillonna dans ses veines. Ses yeux caressèrent lentement les courbes douces et pleines de l'homine.
Elle sentit son regard et le sourire qu'elle lui décocha le mit à la torture. Il était la promesse éloignée d'un corps langoureux, de baisers brûlants et de soupirs passionnés.
- « Popa ?... »
Tomelin sortit de sa rêverie extatique.
- « Popa, les natichs y font des nids ? Comme les moniaux ? », demanda Varixia, en le fixant encore.
La pensée littérale de la petite ne cessait de l'étonner et il en jouait souvent, non pas qu'il cherchât à se moquer de sa fille, mais cela attirait son goût de l'ironie et du sarcasme comme le cuissot d'un yubo attire les pinces d'un clopper.
- « Oy Ronron ! Et au printemps ils prennent leur env... », commença Tomelin.
- « Hummm... Tom », fit Shellyna, souriante.
- « Oh...euh... an la Ptiote ! C'est juste une manière de parler Ronron ! », dit-il, s'éloignant déjà sur le ponton.
Il se retourna.
- « Ceci dit, ils aiment bien couver... », dit-il en regardant du coin de l'oeil Shellyna.
Celle-ci lui décocha un coup de coude dans les côtes, tout en pouffant de rire.
La petite famille prit le chemin de l'étable, salua Ba'Naer affairé dans son bar et arriva enfin à destination, non sans avoir fait quelques emplettes sur le chemin. Une dizaine de minutes plus tard
plusieurs mektoubs partaient en promenade dans les Lacs, accompagnés par les cris de joies retentissants des plus jeunes de la famille.
La balade dura une bonne partie de la journée, entrecoupée de flâneries et d'une chasse au yubo vivant pour Ronron. Ils arrivèrent enfin à l'endroit voulu par Tomelin.
Une cuvette dans le dédale des racines formait un large bassin, dont l'un des bords finissait en une pente douce. Sortant de l'eau, une petite plage menait vers un promontoire. Ce dernier surplombait d'autres lacs en contrebas et au milieu de ceux-ci, des nuées d'ybers, semblables à de petits moustiques, voletaient au-dessus d'une île, flottant comme un radeau entre l'eau claire et le ciel pâle. Le grondement d'une cascade murmurait son fracas au-delà d'une petite bande de terre, sur laquelle quelques olansis, penchés au dessus de la plage, dispensaient une ombre rafraîchissante et bienvenue.
Un endroit calme, quelque peu retiré et peu connu.
A peine descendus des mektoubs, les enfants quittèrent leurs vêtements et se jetèrent à l'eau en riant. Varixia préféra rester dans les jambes de ses parents, regardant l'eau en grognant de temps en temps.
- « Vas te détendre avec eux yem skaya ! Je vais m'occuper du reste et je vous rejoindrais après! », dit-il.
Shellyna s'éloigna un peu et s'allongea près de l'eau, un oeil sur la marmaille qui s'ébattait avec bruit dans l'eau.
- « Rejoins ta mère la Ptiote ! », lâcha-t-il en ébouriffant les cheveux de la jeune fille.
- « Miou ... », grogna Varixia inquiète, partagée entre l'idée de rester avec Tomelin et de suivre sa mère près de l'eau.
Varixia courut vers l'homine en évitant avec soin les vaguelettes qui venaient lécher la plage, puis elle se roula en boule à côté de Shellyna, tremblant légèrement, un regard de yubo battu fixant l'homine.
Tomelin attacha les mektoubs dans un coin, déchargea quelques affaires et installa rapidement un petit camp pour le repas et la nuit. Puis il s'affaira pendant de longues minutes autour du feu et, une petite heure après, des odeurs délicates de viande grillée et de légumes mijotés venaient flirter avec les narines de tout le monde.
Le soleil déclinait et le ciel se voilait d'orange pâle. Un magnifique coucher de soleil se préparait, comme seule l'écorce savait les faire.
Comme à chaque fois, l'émotion le prit à la gorge.
Le tryker se dirigea vers le surplomb et contempla les lacs en dessous de lui. Ces derniers prenaient une couleur d'ambre liquide alors que le paysage et les animaux se fondaient dans une brume diffuse orangée. Le soleil s'enfonçait doucement entre les racines et l'orange devenait de plus en plus intense et sombre, un passage coloré de la lumière du jour à la noirceur de la nuit.
Tomelin frissonna malgré la chaleur des derniers rayons.
Une sensation bizarre ou un pressentiment étrange lui vrilla le cerveau. Il se mit à espérer que la mort ressemblait à cela, une idée folle, aussi incongrue dans l'optimisme ambiant de cette fin de journée qu'un abécédaire dans une maison fyros.
On effleura sa main.
Ce grain de peau.... un souffle de joie emporta la brume funeste de son esprit. Il quitta l'or des lacs pour plonger dans celui des yeux de sa belle. Sans un mot, elle se blottit contre lui avec un large sourire.
- « Tu voulais en profiter seul ? », le gourmanda-t-elle doucement.
Il la serra un peu plus contre lui et ils restèrent un instant ainsi, silencieux, chacun semblant éviter les paroles à venir, redoutant certainement ce qui pourrait être dit, perdus dans le spectacle du crépuscule.
Derrière eux, les bruits et rire liés au bain cessèrent. Tomelin se retourna vivement.
- « Qui veut de bonnes tranches de viandes juteuses ? », fit-il en retournant vers le feu.
Un concert de « moi » monta dans le ciel à part Ronron qui fit la grimace.
Il prit un sac sur un mektoub, l'ouvrit et un yubo en jaillit, s'éloignant autant que possible du feu et des homins. Varixia bondit aussitôt à sa suite, un sourire carnassier sur le visage, et commença à le chasser. Une bref couinement et elle revint avec le yubo mort. Elle s'installa à côté du feu et entreprit de dévorer sa proie pendant que le reste de la famille tendait les écuelles pour avoir de la viande et des légumes.
Plus personne ne s'étonnait du comportement si particulier de la Ptiote. Shellyna et Tomelin avait délibérément renoncé à vouloir faire de Varixia une gamine civilisée. L'hominité étant ce qu'elle était, ils avaient préféré la laisser évoluer parmi les homins avec ses réactions de petite sauvage plutôt qu'essayer de lui faire comprendre la convoitise, l'égoïsme, l'avarice, le fanatisme, l'intolérance et la traîtrise. Ses instincts animaux étaient le meilleur bouclier dont elle pouvait disposer. Les occasions d'apprendre ne manqueraient pas et cela lui aurait fait connaître trop de monde et qui dit trop de monde, dit trop de questions sans réponse. Ils lui avaient plutôt montré l'amitié, le partage, le respect d'autrui, la tolérance et surtout la liberté de penser différemment.
Certes cela apportait quelques inconvénients, comme un nettoyage complet de l'appartement à grand coup de baquets d'eau chaude de temps en temps ou le fait de se retrouver souvent seule, mais dans l'ensemble son attachement au clan, sa meute comme elle disait, était une source de satisfaction pour le couple.
Tout le monde mangea de bon appétit et les discussions allaient bon train. La lueur du feu éclairait les visages et les yeux de chacun brillaient avec intensité.
- « Popa tu pourrais nous raconter une histoire ? », demanda Eleyna à la fin du repas.
- « Et pourquoi pas une chanson sur nos amis de toujours, les karas ? », répondit Tomelin.
Les enfants battirent des mains tandis que Shellyna le regardait avec de grands yeux ahuris.
Tomelin mimait les personnages, exagérant le trait par moment et provoquant l'hilarité générale. Shellyna pleurait de rire et les enfants battaient toujours des mains redemandant encore telle pitrerie ou tel passage.
- « Tom .... », grimaça sa belle en resserrant son étreinte autour du torse du tryker.
- « Pourtant il y a autant de comportement que d'homins et leur diversité en fait une richesse, mais du haut de leur arrogance crasse et de leur morgue, ils nient jusqu'à ta présence, refusant le droit d'exister à tous ceux qui ne pensent pas comme eux ! »
- « Ils sont tellement sûrs d'avoir raison qu'ils t'assènent de beaux conseils comme si c'était la sagesse absolue et qu'ils oublient ouvertement de se les appliquer eux-mêmes ! Cela me fait rire... ou plutôt non... je n'arrive même plus à sourire !! »
- « Quand je pense qu'ils crachent à la face de ce monde que c'est notre attitude qui nuit à l'écorce sans se rendre compte, pauvres aveugles imbus de leur suffisance, que c'est eux qui la mènent à sa perte ! J'en viens à préférer les kitins, yem skaya ! Avec eux au moins c'est simple, mortel et sans ambiguïté ! »
- « Tom... pacty ! Ne dis plus de choses pareilles ! », répondit-elle sans grande conviction, « Tu me fais peur....je ne t'ai jamais entendu parler comme cela. »
Tomelin adressa à Shellyna un sourire emplit d'une tendresse inaccoutumée et l'embrassa délicatement, essayant de cacher le sombre pressentiment qui lui taraudait les tripes depuis quelques heures déjà.
Elle se leva, prit sa main et l'attira loin du feu, des enfants, les yeux brillants. La suite ne fut que volupté et plaisir et pour un temps les sombres appréhensions de Tomelin disparurent pour laisser place au désir de deux trykers.
Mais pour un temps....
Hrp/la chanson est adaptée de la marche barbare de Naheulbeuk/hrp
Soudain la vie s'anima derrière lui. Les bruits d'une bousculade et un concert de piaillements se firent entendre, le silence brisé par des rires enfantins. Quatre jeunes trykers déboulèrent de l'immeuble pour s'agripper aux jambes de leur père.
Eleyna, Mell, Tuatha, sa progéniture...et Varixia, la gamine sauvage, recueillie.
- « Popa, je pourrais tenir les rênes du mektoub ? Diiis... », demanda Eleyna.
- « Oy El... »
- « Y'aura des grubos à miam Popa? Ronron faim ! », fit Varixia en grognant.
- « Oy Ro... »
- « On pourra se baigner, Popa ? Hein on pourra ? », questionna Mell.
- « Oy Me... »
- « Popa, on part bientôt ? », fit Tuatha, tirant sur le pantalon du tryker.
- « Oy Tua... »
Le tryker se retrouva pris dans un maelström de tiraillements, de mouvements et de questions.
- « Ooooh la marmaille... On se calme... On dirait un nid de matis devant le dernier catalyseur de l'écorce... », grogna Tomelin en souriant.
Varixia pencha la tête en le fixant.
Un rire cristallin éclata et il leva les yeux. Sa guerrière riait de bon coeur en haut des marches, à la vue du spectacle désolant du tryker encombré de ses enfants.
Shellyna était magnifique, habillée de sa jupe fyros et de son haut zorai blancs. Son coeur cogna plus vite dans sa poitrine et sa sève bouillonna dans ses veines. Ses yeux caressèrent lentement les courbes douces et pleines de l'homine.
Elle sentit son regard et le sourire qu'elle lui décocha le mit à la torture. Il était la promesse éloignée d'un corps langoureux, de baisers brûlants et de soupirs passionnés.
- « Popa ?... »
Tomelin sortit de sa rêverie extatique.
- « Popa, les natichs y font des nids ? Comme les moniaux ? », demanda Varixia, en le fixant encore.
La pensée littérale de la petite ne cessait de l'étonner et il en jouait souvent, non pas qu'il cherchât à se moquer de sa fille, mais cela attirait son goût de l'ironie et du sarcasme comme le cuissot d'un yubo attire les pinces d'un clopper.
- « Oy Ronron ! Et au printemps ils prennent leur env... », commença Tomelin.
- « Hummm... Tom », fit Shellyna, souriante.
- « Oh...euh... an la Ptiote ! C'est juste une manière de parler Ronron ! », dit-il, s'éloignant déjà sur le ponton.
Il se retourna.
- « Ceci dit, ils aiment bien couver... », dit-il en regardant du coin de l'oeil Shellyna.
Celle-ci lui décocha un coup de coude dans les côtes, tout en pouffant de rire.
La petite famille prit le chemin de l'étable, salua Ba'Naer affairé dans son bar et arriva enfin à destination, non sans avoir fait quelques emplettes sur le chemin. Une dizaine de minutes plus tard
plusieurs mektoubs partaient en promenade dans les Lacs, accompagnés par les cris de joies retentissants des plus jeunes de la famille.
La balade dura une bonne partie de la journée, entrecoupée de flâneries et d'une chasse au yubo vivant pour Ronron. Ils arrivèrent enfin à l'endroit voulu par Tomelin.
Une cuvette dans le dédale des racines formait un large bassin, dont l'un des bords finissait en une pente douce. Sortant de l'eau, une petite plage menait vers un promontoire. Ce dernier surplombait d'autres lacs en contrebas et au milieu de ceux-ci, des nuées d'ybers, semblables à de petits moustiques, voletaient au-dessus d'une île, flottant comme un radeau entre l'eau claire et le ciel pâle. Le grondement d'une cascade murmurait son fracas au-delà d'une petite bande de terre, sur laquelle quelques olansis, penchés au dessus de la plage, dispensaient une ombre rafraîchissante et bienvenue.
Un endroit calme, quelque peu retiré et peu connu.
A peine descendus des mektoubs, les enfants quittèrent leurs vêtements et se jetèrent à l'eau en riant. Varixia préféra rester dans les jambes de ses parents, regardant l'eau en grognant de temps en temps.
- « Vas te détendre avec eux yem skaya ! Je vais m'occuper du reste et je vous rejoindrais après! », dit-il.
Shellyna s'éloigna un peu et s'allongea près de l'eau, un oeil sur la marmaille qui s'ébattait avec bruit dans l'eau.
- « Rejoins ta mère la Ptiote ! », lâcha-t-il en ébouriffant les cheveux de la jeune fille.
- « Miou ... », grogna Varixia inquiète, partagée entre l'idée de rester avec Tomelin et de suivre sa mère près de l'eau.
Varixia courut vers l'homine en évitant avec soin les vaguelettes qui venaient lécher la plage, puis elle se roula en boule à côté de Shellyna, tremblant légèrement, un regard de yubo battu fixant l'homine.
Tomelin attacha les mektoubs dans un coin, déchargea quelques affaires et installa rapidement un petit camp pour le repas et la nuit. Puis il s'affaira pendant de longues minutes autour du feu et, une petite heure après, des odeurs délicates de viande grillée et de légumes mijotés venaient flirter avec les narines de tout le monde.
Le soleil déclinait et le ciel se voilait d'orange pâle. Un magnifique coucher de soleil se préparait, comme seule l'écorce savait les faire.
Comme à chaque fois, l'émotion le prit à la gorge.
Le tryker se dirigea vers le surplomb et contempla les lacs en dessous de lui. Ces derniers prenaient une couleur d'ambre liquide alors que le paysage et les animaux se fondaient dans une brume diffuse orangée. Le soleil s'enfonçait doucement entre les racines et l'orange devenait de plus en plus intense et sombre, un passage coloré de la lumière du jour à la noirceur de la nuit.
Tomelin frissonna malgré la chaleur des derniers rayons.
Une sensation bizarre ou un pressentiment étrange lui vrilla le cerveau. Il se mit à espérer que la mort ressemblait à cela, une idée folle, aussi incongrue dans l'optimisme ambiant de cette fin de journée qu'un abécédaire dans une maison fyros.
On effleura sa main.
Ce grain de peau.... un souffle de joie emporta la brume funeste de son esprit. Il quitta l'or des lacs pour plonger dans celui des yeux de sa belle. Sans un mot, elle se blottit contre lui avec un large sourire.
- « Tu voulais en profiter seul ? », le gourmanda-t-elle doucement.
Il la serra un peu plus contre lui et ils restèrent un instant ainsi, silencieux, chacun semblant éviter les paroles à venir, redoutant certainement ce qui pourrait être dit, perdus dans le spectacle du crépuscule.
Derrière eux, les bruits et rire liés au bain cessèrent. Tomelin se retourna vivement.
- « Qui veut de bonnes tranches de viandes juteuses ? », fit-il en retournant vers le feu.
Un concert de « moi » monta dans le ciel à part Ronron qui fit la grimace.
Il prit un sac sur un mektoub, l'ouvrit et un yubo en jaillit, s'éloignant autant que possible du feu et des homins. Varixia bondit aussitôt à sa suite, un sourire carnassier sur le visage, et commença à le chasser. Une bref couinement et elle revint avec le yubo mort. Elle s'installa à côté du feu et entreprit de dévorer sa proie pendant que le reste de la famille tendait les écuelles pour avoir de la viande et des légumes.
Plus personne ne s'étonnait du comportement si particulier de la Ptiote. Shellyna et Tomelin avait délibérément renoncé à vouloir faire de Varixia une gamine civilisée. L'hominité étant ce qu'elle était, ils avaient préféré la laisser évoluer parmi les homins avec ses réactions de petite sauvage plutôt qu'essayer de lui faire comprendre la convoitise, l'égoïsme, l'avarice, le fanatisme, l'intolérance et la traîtrise. Ses instincts animaux étaient le meilleur bouclier dont elle pouvait disposer. Les occasions d'apprendre ne manqueraient pas et cela lui aurait fait connaître trop de monde et qui dit trop de monde, dit trop de questions sans réponse. Ils lui avaient plutôt montré l'amitié, le partage, le respect d'autrui, la tolérance et surtout la liberté de penser différemment.
Certes cela apportait quelques inconvénients, comme un nettoyage complet de l'appartement à grand coup de baquets d'eau chaude de temps en temps ou le fait de se retrouver souvent seule, mais dans l'ensemble son attachement au clan, sa meute comme elle disait, était une source de satisfaction pour le couple.
Tout le monde mangea de bon appétit et les discussions allaient bon train. La lueur du feu éclairait les visages et les yeux de chacun brillaient avec intensité.
- « Popa tu pourrais nous raconter une histoire ? », demanda Eleyna à la fin du repas.
- « Et pourquoi pas une chanson sur nos amis de toujours, les karas ? », répondit Tomelin.
Les enfants battirent des mains tandis que Shellyna le regardait avec de grands yeux ahuris.
Dans l'agora on a grandi
Depuis tout jeune on prend des gnons
Une arme tranchante c'est notre vie
Et nos loisirs c'est la baston
Bero le Bourrin était un rustre
Il frappait fort et trop souvent
C'est a quatre ans, avec un lustre
Qu'il avait tué ses deux parents
Depuis tout jeune on prend des gnons
Une arme tranchante c'est notre vie
Et nos loisirs c'est la baston
Bero le Bourrin était un rustre
Il frappait fort et trop souvent
C'est a quatre ans, avec un lustre
Qu'il avait tué ses deux parents
Fresse le Massif était balèze
Il tuait les bodocs à mains nues
Il aimait jouer avec les kamis
En lançant des kipuckas dessus
Il tuait les bodocs à mains nues
Il aimait jouer avec les kamis
En lançant des kipuckas dessus
REFRAIN
C'est en marchant dans les entrailles
Que les karas vont à l'assaut
Par le tranchant des haches de bataille
Tailler la chair et broyer les os
C'est en marchant dans les entrailles
Que les karas vont à l'assaut
Par le tranchant des haches de bataille
Tailler la chair et broyer les os
Sirgia le Haut était immense
Il cassait les bamboos en toussant
Il sautait par-dessus les granges
En piétinant les fyros c'était marrant
Il cassait les bamboos en toussant
Il sautait par-dessus les granges
En piétinant les fyros c'était marrant
Lini le Véloce était rapide
Il doublait les kinchers en courant
Il parcourait les plaines du Vide
En cinq minutes, et encore y'avait du vent
Il doublait les kinchers en courant
Il parcourait les plaines du Vide
En cinq minutes, et encore y'avait du vent
REFRAIN
C'est en marchant dans les entrailles
Que les karas vont à l'assaut
Par le tranchant des haches de bataille
Tailler la chair et broyer les os
C'est en marchant dans les entrailles
Que les karas vont à l'assaut
Par le tranchant des haches de bataille
Tailler la chair et broyer les os
Gichi le Berserk était un abruti
Il s'énervait quand on pillait
Il frappait aussi bien sur les amis
Mais c'est pas grave on lui rendait
Il s'énervait quand on pillait
Il frappait aussi bien sur les amis
Mais c'est pas grave on lui rendait
Liccio le Sage savait écrire
Il ne s'entraînait pas souvent
Et bien sûr il s'est fait pourrir
Il n'était pas très utile au clan !
Il ne s'entraînait pas souvent
Et bien sûr il s'est fait pourrir
Il n'était pas très utile au clan !
Cailiis était bien trop gentille
Elle fut virée du clan dix fois
Mais comme elle fait bien la tarte aux myrtilles
Quand elle revient on l'engueule pas
Elle fut virée du clan dix fois
Mais comme elle fait bien la tarte aux myrtilles
Quand elle revient on l'engueule pas
REFRAIN
C'est en marchant dans les entrailles
Que les karas vont à l'assaut
Par le tranchant des haches de bataille
Tailler la chair et broyer les os
C'est en marchant dans les entrailles
Que les karas vont à l'assaut
Par le tranchant des haches de bataille
Tailler la chair et broyer les os
Tomelin mimait les personnages, exagérant le trait par moment et provoquant l'hilarité générale. Shellyna pleurait de rire et les enfants battaient toujours des mains redemandant encore telle pitrerie ou tel passage.
Entendre les cris de joies et les rires des uns et des autres apportaient un peu de réconfort à son coeur embrumé depuis le coucher du soleil.
Puis les rires s'envolèrent dans le ciel étoilé et, petit à petit, firent place aux bâillements. Chacun fut allongé près du feu, Varixia se couchant en boule au milieu de tous les autres non sans avoir réclamé une dernière léchouille à Shellyna.
L'homine se coula contre Tomelin. Sa sève bouillonna mais le coeur n'y était pas. Il jeta quelques morceaux d'écorce dans le feu et suivit d'un regard vague les étincelles rougeoyantes.
- « Ny-amn !! », fit Shellyna en caressant la joue de son homin, « Je sens que cela ne va pas !! Qu'est ce qui se passe ? »
- « Je suis las yem skaya ! L'écorce est toujours aussi superbe à mes yeux mais ce qui grouille dessus devient vraiment laid. Et je ne parle pas des kitins. Je me demande avec quels yeux Elias pouvait regarder l'hominité et y trouver autant de vertus. Moi je n'y vois plus que des êtres hideux, sans saveur et sans forme ! »- « Tom .... », grimaça sa belle en resserrant son étreinte autour du torse du tryker.
- « Pourtant il y a autant de comportement que d'homins et leur diversité en fait une richesse, mais du haut de leur arrogance crasse et de leur morgue, ils nient jusqu'à ta présence, refusant le droit d'exister à tous ceux qui ne pensent pas comme eux ! »
- « Ils sont tellement sûrs d'avoir raison qu'ils t'assènent de beaux conseils comme si c'était la sagesse absolue et qu'ils oublient ouvertement de se les appliquer eux-mêmes ! Cela me fait rire... ou plutôt non... je n'arrive même plus à sourire !! »
- « Quand je pense qu'ils crachent à la face de ce monde que c'est notre attitude qui nuit à l'écorce sans se rendre compte, pauvres aveugles imbus de leur suffisance, que c'est eux qui la mènent à sa perte ! J'en viens à préférer les kitins, yem skaya ! Avec eux au moins c'est simple, mortel et sans ambiguïté ! »
- « Tom... pacty ! Ne dis plus de choses pareilles ! », répondit-elle sans grande conviction, « Tu me fais peur....je ne t'ai jamais entendu parler comme cela. »
Tomelin adressa à Shellyna un sourire emplit d'une tendresse inaccoutumée et l'embrassa délicatement, essayant de cacher le sombre pressentiment qui lui taraudait les tripes depuis quelques heures déjà.
Elle se leva, prit sa main et l'attira loin du feu, des enfants, les yeux brillants. La suite ne fut que volupté et plaisir et pour un temps les sombres appréhensions de Tomelin disparurent pour laisser place au désir de deux trykers.
Mais pour un temps....
Hrp/la chanson est adaptée de la marche barbare de Naheulbeuk/hrp