Le cinquième peuple.
Posted: Mon Jun 30, 2008 1:04 pm
Le soleil était à son zénith.
A travers les grands déserts annexés par l’Empire Fyros de Dexton, les dunes muaient imperceptiblement leur vertigineuse hauteur au rythme des vents chauds.
Regroupés au sommet de l’une d’entre-elles, dans leur campement de tentes dressées la veille, la troupe des foreurs Fyros attendaient dans une sorte d’impatience bon enfant le signal du départ. Les plus jeunes échangeaient plaisanteries et taquineries sur le dos des anciens qui leur retournaient des grondements félins faussement menaçants.
Dregan Bulx, une des proies favorite de la meute, se contentait d’un regard noir rehaussé d’un rictus vorace révélant son unique grosse canine, prêt à « dévorer » l’impudent qui s’aventurerait un peu trop près de lui…
… Ce qui faisait hurler de rires la bande « d’ados gingos » qui le harcelait sans cesse, repoussant peu à peu la frontière entre leur hardiesse couarde et l’imprévisibilité d’une attaque imparable de la part du vieux fyros…
« Hey pépé ! T’as les pieds enracinés ?! Ou bien tu tentes de te camoufler ?
- Attends… le camouflage il est raté, même les bolobis sont plus discrets que le gros papi Dreg et ses trois cannes…
- Trois cannes ?
- Ben, le manche de sa pioche et ses deux moignons de genou aux vues de la vitesse à laquelle il s’enfonce dans l’sab…HIIIIRRKKKK !!!!!!!!! »
Le vétéran s’était arc-bouté d’un coup ! Toute sa musculature avait semblé jaillir sous les replis de ses vêtements…
Tels des mulots des sables, tous les « ados gingos fyros» s’éparpillèrent en trombe, roulant au bas de la dune, sautant par dessus des ballots de vivres du campement, s’enfouissant dans la pénombre des tentes…
Mais tous ne furent point aussi rapides…
Hécate, sifflante et grondante, tenta des ruades furieuses pour se défaire de la poigne d’acier qui retenait sa cheville prisonnière. Dyx son frère, la tête retenue par la large paume du « pépé », feulait face contre terre et goûtait à pleine bouchée l’âpreté du sable en poussière d’écorce du désert.
« Joli coup Dreg ! T’as chopé les deux fourrures blanches ! »
D’une traction, pépé Dreg assura un peu mieux sa prise sur la jambe de la féline sœur de Dyx…
- Noooonnn, pas le sable… !
Dyx fut relâché, et à son tour Hécate, la tête la première, vint partager la même pitance sablonneuse que son frère.
- Herf ! Kof ! Kof ! Pé… Pitié !!! Herrrkk ! kof… !
Hécate griffait le sol, tentant de s’extirper du supplice, mais l’addition rituelle était trois pelletés d’embruns ni plus ni moins...et inexorablement, rituel fut rendu.
Puis elle fut délivrée à son tour.
Les autres vétérans échangeaient des rires gras se complaisant du spectacle de la face barbouillée des deux enquiquineurs de première.
Le frère et la soeur frictionnaient leur fourrure et le duvet de leur visage, tout en crachant des particules agglomérées de salive et de sable d’écorce.
- Il n’y a rien de plus nourrissant les petiots !
- Hé bé ! Va en falloir des bains pour retrouver vos couleurs blanches les siamois ! Hahaha !
- Dregan a gagné son shooky ce soir !
D’autres rires vinrent relayer ceux des anciens : les jeunes se moquèrent à leur tour du mauvais sort de leurs infortunés compères, bienheureux qu'il ne fut pas le leur.
Parmis les rigolards, s’en tenait un en particulier qui eut le don d’ajouter la cerise sur le gateau.
Hécate lança un regard noir à son amoureux-soupirant Argran Texen. Celui-ci, fusillé droit au cœur, se reprit et s’accroupissant auprès d’elle, il tenta maladroitement de lui épousseter le visage.
Elle montra les crocs… il eut un mouvement de recul et tomba à la renverse.
- Toi t’es jamais là pour me défendre ! Kof…kof…
- Mais… C’est Dreg !
- Lâche !
- Ha non ! Je ne suis pas lâche !
- Lâche ma main, crétin !
Hécate se rinça la bouche avec l’outre que lui tendait Dyx.
« Pépé » Dregan, un sourire narquois aux lèvres, leur asséna deux tapes paternelles sur l’épaule.
- Quand vous voulez les jeunes… On remet ça quand vous voudrez…
Hécate redressa la tête, fière, la fourrure échevelée, ignorante de cette dernière bravade de la part de l’ancien.
Dyx eut un sourire complice à l’attention de Dregan.
- Tu nous as eus, on se vengera tu sais…
- Mais j’y compte bien les siamois, j’y compte bien…
L’atmosphère d’Atys changea subtilement.
Tout à coups, plusieurs foreurs se mirent à humer l’air.
Par endroits, de grandes nappes brunes de sable se mirent à s’étendre et à se rétracter lentement. Un phénomène quasi invisible pour celui qui était étranger aux facéties d’Atys en cette partie du continent.
Les sources de Mitexi bouillonnaient à quelques centimètres sous la surface du désert. Et cela courait le long des veines de sève que drainait la planète.
Orthien Texen, le chef du campement, donna le signal :
- C’est l’heure, nous avons tout l’après-midi devant nous. Éparpillez-vous aux points de forage, chaque groupe doit avoir rempli ce soir cinq sacs de mitexi. Une prime pour les sacs de matière pure.
Tous les foreurs ramassèrent leurs effets. Les mektoubs de bât suivirent docilement leurs maîtres au son des clapotis que ceux-ci émettaient avec leur bouche. Et chaque groupe entreprit de rejoindre son emplacement de travail.
Dyx, Hécate et Argran furent les derniers à partir. Leur emplacement de forage était à vingt minutes du campement de base.
Orthien retint son fils par la manche :
« Vous rentrez deux heures avant le crépuscule Argran. Vous êtes de corvée de chasse ce soir vous trois, alors ne lambinez pas.
Argran eut un pincement de lèvre et hocha brièvement la tête.
- Oui papa, on le sait.
Le chef des foreurs ajouta :
- Il y a des Yber pas loin de votre poste, tentez-les et surtout, surtout ne vous essayez pas comme la dernière fois sur un Timari. Promis ?
- Oui, papa…
Hécate, impatiente, machouillait les rênes de son mektoub « Bilboquet ». Elle se mit à soupirer un peu fort.
Dyx gardait sa propre bête et celle plus massive d’Argran, une créature élevée dans les jungles Zoraïs.
En attendant, les siamois lissaient mutuellement la soie blanche de leur crinière. Une habitude singulière qui les caractérisait autant que l'opalin rare de leurs atours félins. Les gestes étaient précis, nets et si parfois ils étaient sans douceur, la minutie était le métronome de leur cérémonial.
... Toutefois, la soeur jetait des oeillades pressantes au fils du chef.
Orthien eut ces derniers mots à voix basse :
- Laisse-la grogner un peu dans son coin. Ta mère avait ces mêmes humeurs inapaisables dans l’immédiat, mais comme toute féline compagne, elle revenait adoucie avec une petite requête au bout des lèvres en guise de réconciliation. Hécate est pareille…
- Papa ! C’est bon, on y va ! Je sais comment faire avec elle…
- Oui, oui… tu apprendras, comme nous tous durent apprendre à les connaître et encore après toutes ces années, ta mère est un mystère…
Argran haussa les épaules et tourna les talons. Il rejoignit Hécate et Dyx dont la toilette commune avait viré à une chamaillerie de mains qui menaçait de passer du stade de jeu à règlement de compte...
Un "t'as qu'à te brosser" de la part de Dyx lui valu un coup de pied vengeur de la part d'Hécate qui au regard fulminant de son frère alla se réfugier en grimpant tel un chat fou sur le dos d'Argran.
Ils dévalèrent la dune en cavalant et en riant les uns derrière les autres, les mektoubs se bousculant et suivant tantôt l'un des jeunes foreurs, tantôt un autre...
Orthien les suivit du regard jusqu’au bas de la pente sabloneuse. Le père vit son fils reprendre les rênes du mektoub d’Hécate qui avait gesticulé furieusement des bras une fois arrivée en bas et son fils avait promptement dodeliné de la tête alors que Dyx avait relevé ses mains en l’air dans une expression incapable du style « que veux-tu que j’y fasse ? ».
La petite troupe repartie en file indienne, Argran ouvrant la marche deux mektoubs en main, Hécate sur ses talons encadrée par les deux jeunes homins. Elle trottinait et jouait avec sa pique. Sa pioche tomba sur le sol et se fut son frère qui la ramassa derrière elle. La troupe s’arrêta quelques mètres plus loin et Argran attacha la pioche de sa dulcinée au flanc de « Bilboquet » après que celle-ci eusse encore fait forces moulinets menaçants…
Le père eut ces mots pour lui-même :
- Oui mon fils, pour sûr, tu sais comment y faire… J’admire ta maîtrise du sujet ! Hoho ! on dirait moi à ton âge…
Orthien les laissa à leur pérégrination et regarda en direction des autres colonnes de foreurs ; certains étaient déjà loin, les vétérans marchaient vite et avaient les points de forage les plus éloignés. Des groupes avaient atteint aussi les deux premiers points encore visibles du campement : ils commençaient à déballer leur attirail des mektoubs.
Orthien s’attacha à son propre départ.
Le vent soufflait de plus en plus fort mais rien ne présageait que celui-ci forcisse au point de se retrouver empêtrer dans une probable tempête.
Il se faisait la réflexion que si les rafales montaient en régime, on remettrait à demain le manque de forage de ce jour. Il ferait le tour des campements et il rappellerait les troupes avant l’heure.
Il harnacha « Vatyk » son mektoub de monte.
En tant que chef, son rôle consistait à s’assurer du bon déroulement de la vaste opération de forage en ralliant les différents sites de travail au fur et à mesure de la journée.
Il déplacerait les équipes en fonction des mouvements des sources de Mitexi.
Vatyk, renâcla et ne voulut pas se laisser passer le mors de ses rênes.
« Allons, tu vas pas avoir peur de ces bourrasques mon ami … »
L’animal recula, peu coopératif. Orthien tenta une saisie rapide de sa mâchoire mais il ne captura que le vide.
- Qu’est ce qui te rend nerveux l’ami…
Le mektoub se déplaça entre deux tentes et s’arrêta en grattant le sol puis il se releva sur ses deux pattes arrière reniflant bruyamment l’air.
Ses yeux s'équarquillèrent, Orthien venait de voir la raison de l'énervement de son mektoub.
Son cœur se mit à battre très fort.
Il étreignit la garde de sa lourde épée.
Cela avait surgi de nulle part…
… Mais le nuage de poussière soulevée par un foisonnement de pattes fonçait droit vers sa position... Et cela avançait vite, trop vite...
(à Suivre)
A travers les grands déserts annexés par l’Empire Fyros de Dexton, les dunes muaient imperceptiblement leur vertigineuse hauteur au rythme des vents chauds.
Regroupés au sommet de l’une d’entre-elles, dans leur campement de tentes dressées la veille, la troupe des foreurs Fyros attendaient dans une sorte d’impatience bon enfant le signal du départ. Les plus jeunes échangeaient plaisanteries et taquineries sur le dos des anciens qui leur retournaient des grondements félins faussement menaçants.
Dregan Bulx, une des proies favorite de la meute, se contentait d’un regard noir rehaussé d’un rictus vorace révélant son unique grosse canine, prêt à « dévorer » l’impudent qui s’aventurerait un peu trop près de lui…
… Ce qui faisait hurler de rires la bande « d’ados gingos » qui le harcelait sans cesse, repoussant peu à peu la frontière entre leur hardiesse couarde et l’imprévisibilité d’une attaque imparable de la part du vieux fyros…
« Hey pépé ! T’as les pieds enracinés ?! Ou bien tu tentes de te camoufler ?
- Attends… le camouflage il est raté, même les bolobis sont plus discrets que le gros papi Dreg et ses trois cannes…
- Trois cannes ?
- Ben, le manche de sa pioche et ses deux moignons de genou aux vues de la vitesse à laquelle il s’enfonce dans l’sab…HIIIIRRKKKK !!!!!!!!! »
Le vétéran s’était arc-bouté d’un coup ! Toute sa musculature avait semblé jaillir sous les replis de ses vêtements…
Tels des mulots des sables, tous les « ados gingos fyros» s’éparpillèrent en trombe, roulant au bas de la dune, sautant par dessus des ballots de vivres du campement, s’enfouissant dans la pénombre des tentes…
Mais tous ne furent point aussi rapides…
Hécate, sifflante et grondante, tenta des ruades furieuses pour se défaire de la poigne d’acier qui retenait sa cheville prisonnière. Dyx son frère, la tête retenue par la large paume du « pépé », feulait face contre terre et goûtait à pleine bouchée l’âpreté du sable en poussière d’écorce du désert.
« Joli coup Dreg ! T’as chopé les deux fourrures blanches ! »
D’une traction, pépé Dreg assura un peu mieux sa prise sur la jambe de la féline sœur de Dyx…
- Noooonnn, pas le sable… !
Dyx fut relâché, et à son tour Hécate, la tête la première, vint partager la même pitance sablonneuse que son frère.
- Herf ! Kof ! Kof ! Pé… Pitié !!! Herrrkk ! kof… !
Hécate griffait le sol, tentant de s’extirper du supplice, mais l’addition rituelle était trois pelletés d’embruns ni plus ni moins...et inexorablement, rituel fut rendu.
Puis elle fut délivrée à son tour.
Les autres vétérans échangeaient des rires gras se complaisant du spectacle de la face barbouillée des deux enquiquineurs de première.
Le frère et la soeur frictionnaient leur fourrure et le duvet de leur visage, tout en crachant des particules agglomérées de salive et de sable d’écorce.
- Il n’y a rien de plus nourrissant les petiots !
- Hé bé ! Va en falloir des bains pour retrouver vos couleurs blanches les siamois ! Hahaha !
- Dregan a gagné son shooky ce soir !
D’autres rires vinrent relayer ceux des anciens : les jeunes se moquèrent à leur tour du mauvais sort de leurs infortunés compères, bienheureux qu'il ne fut pas le leur.
Parmis les rigolards, s’en tenait un en particulier qui eut le don d’ajouter la cerise sur le gateau.
Hécate lança un regard noir à son amoureux-soupirant Argran Texen. Celui-ci, fusillé droit au cœur, se reprit et s’accroupissant auprès d’elle, il tenta maladroitement de lui épousseter le visage.
Elle montra les crocs… il eut un mouvement de recul et tomba à la renverse.
- Toi t’es jamais là pour me défendre ! Kof…kof…
- Mais… C’est Dreg !
- Lâche !
- Ha non ! Je ne suis pas lâche !
- Lâche ma main, crétin !
Hécate se rinça la bouche avec l’outre que lui tendait Dyx.
« Pépé » Dregan, un sourire narquois aux lèvres, leur asséna deux tapes paternelles sur l’épaule.
- Quand vous voulez les jeunes… On remet ça quand vous voudrez…
Hécate redressa la tête, fière, la fourrure échevelée, ignorante de cette dernière bravade de la part de l’ancien.
Dyx eut un sourire complice à l’attention de Dregan.
- Tu nous as eus, on se vengera tu sais…
- Mais j’y compte bien les siamois, j’y compte bien…
L’atmosphère d’Atys changea subtilement.
Tout à coups, plusieurs foreurs se mirent à humer l’air.
Par endroits, de grandes nappes brunes de sable se mirent à s’étendre et à se rétracter lentement. Un phénomène quasi invisible pour celui qui était étranger aux facéties d’Atys en cette partie du continent.
Les sources de Mitexi bouillonnaient à quelques centimètres sous la surface du désert. Et cela courait le long des veines de sève que drainait la planète.
Orthien Texen, le chef du campement, donna le signal :
- C’est l’heure, nous avons tout l’après-midi devant nous. Éparpillez-vous aux points de forage, chaque groupe doit avoir rempli ce soir cinq sacs de mitexi. Une prime pour les sacs de matière pure.
Tous les foreurs ramassèrent leurs effets. Les mektoubs de bât suivirent docilement leurs maîtres au son des clapotis que ceux-ci émettaient avec leur bouche. Et chaque groupe entreprit de rejoindre son emplacement de travail.
Dyx, Hécate et Argran furent les derniers à partir. Leur emplacement de forage était à vingt minutes du campement de base.
Orthien retint son fils par la manche :
« Vous rentrez deux heures avant le crépuscule Argran. Vous êtes de corvée de chasse ce soir vous trois, alors ne lambinez pas.
Argran eut un pincement de lèvre et hocha brièvement la tête.
- Oui papa, on le sait.
Le chef des foreurs ajouta :
- Il y a des Yber pas loin de votre poste, tentez-les et surtout, surtout ne vous essayez pas comme la dernière fois sur un Timari. Promis ?
- Oui, papa…
Hécate, impatiente, machouillait les rênes de son mektoub « Bilboquet ». Elle se mit à soupirer un peu fort.
Dyx gardait sa propre bête et celle plus massive d’Argran, une créature élevée dans les jungles Zoraïs.
En attendant, les siamois lissaient mutuellement la soie blanche de leur crinière. Une habitude singulière qui les caractérisait autant que l'opalin rare de leurs atours félins. Les gestes étaient précis, nets et si parfois ils étaient sans douceur, la minutie était le métronome de leur cérémonial.
... Toutefois, la soeur jetait des oeillades pressantes au fils du chef.
Orthien eut ces derniers mots à voix basse :
- Laisse-la grogner un peu dans son coin. Ta mère avait ces mêmes humeurs inapaisables dans l’immédiat, mais comme toute féline compagne, elle revenait adoucie avec une petite requête au bout des lèvres en guise de réconciliation. Hécate est pareille…
- Papa ! C’est bon, on y va ! Je sais comment faire avec elle…
- Oui, oui… tu apprendras, comme nous tous durent apprendre à les connaître et encore après toutes ces années, ta mère est un mystère…
Argran haussa les épaules et tourna les talons. Il rejoignit Hécate et Dyx dont la toilette commune avait viré à une chamaillerie de mains qui menaçait de passer du stade de jeu à règlement de compte...
Un "t'as qu'à te brosser" de la part de Dyx lui valu un coup de pied vengeur de la part d'Hécate qui au regard fulminant de son frère alla se réfugier en grimpant tel un chat fou sur le dos d'Argran.
Ils dévalèrent la dune en cavalant et en riant les uns derrière les autres, les mektoubs se bousculant et suivant tantôt l'un des jeunes foreurs, tantôt un autre...
Orthien les suivit du regard jusqu’au bas de la pente sabloneuse. Le père vit son fils reprendre les rênes du mektoub d’Hécate qui avait gesticulé furieusement des bras une fois arrivée en bas et son fils avait promptement dodeliné de la tête alors que Dyx avait relevé ses mains en l’air dans une expression incapable du style « que veux-tu que j’y fasse ? ».
La petite troupe repartie en file indienne, Argran ouvrant la marche deux mektoubs en main, Hécate sur ses talons encadrée par les deux jeunes homins. Elle trottinait et jouait avec sa pique. Sa pioche tomba sur le sol et se fut son frère qui la ramassa derrière elle. La troupe s’arrêta quelques mètres plus loin et Argran attacha la pioche de sa dulcinée au flanc de « Bilboquet » après que celle-ci eusse encore fait forces moulinets menaçants…
Le père eut ces mots pour lui-même :
- Oui mon fils, pour sûr, tu sais comment y faire… J’admire ta maîtrise du sujet ! Hoho ! on dirait moi à ton âge…
Orthien les laissa à leur pérégrination et regarda en direction des autres colonnes de foreurs ; certains étaient déjà loin, les vétérans marchaient vite et avaient les points de forage les plus éloignés. Des groupes avaient atteint aussi les deux premiers points encore visibles du campement : ils commençaient à déballer leur attirail des mektoubs.
Orthien s’attacha à son propre départ.
Le vent soufflait de plus en plus fort mais rien ne présageait que celui-ci forcisse au point de se retrouver empêtrer dans une probable tempête.
Il se faisait la réflexion que si les rafales montaient en régime, on remettrait à demain le manque de forage de ce jour. Il ferait le tour des campements et il rappellerait les troupes avant l’heure.
Il harnacha « Vatyk » son mektoub de monte.
En tant que chef, son rôle consistait à s’assurer du bon déroulement de la vaste opération de forage en ralliant les différents sites de travail au fur et à mesure de la journée.
Il déplacerait les équipes en fonction des mouvements des sources de Mitexi.
Vatyk, renâcla et ne voulut pas se laisser passer le mors de ses rênes.
« Allons, tu vas pas avoir peur de ces bourrasques mon ami … »
L’animal recula, peu coopératif. Orthien tenta une saisie rapide de sa mâchoire mais il ne captura que le vide.
- Qu’est ce qui te rend nerveux l’ami…
Le mektoub se déplaça entre deux tentes et s’arrêta en grattant le sol puis il se releva sur ses deux pattes arrière reniflant bruyamment l’air.
Ses yeux s'équarquillèrent, Orthien venait de voir la raison de l'énervement de son mektoub.
Son cœur se mit à battre très fort.
Il étreignit la garde de sa lourde épée.
Cela avait surgi de nulle part…
… Mais le nuage de poussière soulevée par un foisonnement de pattes fonçait droit vers sa position... Et cela avançait vite, trop vite...
(à Suivre)