Ryzom

Aleyane était heureuse de retrouver Pyr, son marché chamoiré, la présence hiératique et rassurante du palais impérial, les échoppes de Dyron, le plaisir frivole des essayages, renouveler sa garde robe éprouvée par des années de périple dans les terres anciennes vers lesquelles Sherkan et elle s’étaient échappés sitôt leurs noces prononcées, tout à leur amour, loin des guerres et des intrigues.
Cependant le désert fyros lui manquait par trop elle avait fini par insister auprès de Sherkan pour un retour où dans son impatience elle le précédait de quelques jours.

Le pays avait peu changé durant leur absence, pourtant au fil des visages familiers croisés au hasard du marché, des conversations anodines, l’intuition d’un étrange malaise se fit de plus en plus présente.
Curieuse d’en savoir plus, c’est avec une joie anticipée des retrouvailles et dans la perspective d’une escapade complice où elles s’échangeraient histoires des terres lointaines et du tout-Atys, qu’elle alla d’un pas léger vers la maison des Ombres Atysiennes. De prime abord rien n’y semblait avoir changé non plus, ce ne fut qu’une fois le lourd portail passé que s’imposait l’écrasante surprise, ce n’était que ruines calcinées et débris tourmentés. Etourdissante bouffée de chaleur, sentiment coupable de n’avoir échangé de correspondance, de ne rien savoir de leur devenir.

Aleyane enfourcha son mektoub, lancée à pleine course au plus profond du désert, le vent emporte les larmes dans une secrète mélopée.



...

Aleyane devait savoir…

Ce ne fut pas chose facile que de reconstituer les bribes de l’histoire de la destruction de la maison des ombres, la plupart de ceux qu’elle interrogeait préférant éluder le sujet. Ce n’est que plus tard que Pheenee curieuse de la voir porter les couleurs des Ombres Atysiennes dont elle fut avant de rejoindre les Rodeurs d’Atys, lui confia le premier fil qui allait lui permettre de reconstituer le tableau.

Ainsi Req et quelques ombres entretenaient des amitiés coupables avec des Jardin d’Atys.
Coupable? Depuis quand l’amitié était elle devenue répréhensible?
Depuis que la guerre a tant obscurci les cœurs que tout homin diffèrent doit voir sa sève répandue sur le champ, l’assassinat ayant valeur de foi.
Pheenee lui conta l’événement qui fut l’amorce de l’explosion, le marché des Jardins d’Atys sur la place de Pyr, manifestation festive qui ne pouvait que passer pour une provocation sous couvert de commerce, et qui se terminât inévitablement en tuerie.

Ainsi les ombres avaient préféré s’effacer plutôt que de se voir imposer des valeurs qui n’étaient pas les leurs. Avant cela les ombres avaient souhaité œuvrer une dernière fois pour la protection du désert en confiant leur avant poste la Ferme de Malmontagne aux Libres Frontaliers, intention qui paraissait louable mais qui ne fut pas du goût de tout le monde particulièrement des Rôdeurs d’Atys et déclencha la bataille du désert ardent. Les guildes du désert, qui avaient su s’unir jadis pour repousser les envahisseurs, se battaient désormais entre elles, laissant libre cours à la voracité des servants de la karavan qui profitèrent que chacun pansait ses blessures pour s’emparer de l’avant poste.

Vint le bouquet final, la déflagration qui dévasta la maison des Ombres Atysiennes. Les ombres se dispersèrent alors suivant leurs amours, leurs amitiés, leurs convictions, il y en eut même une qui suivit sa grenouille.

Aleyane restait pensive, elle avait fait promesse lorsqu’elle était entrée chez les Ombres Atysiennes sa première et seule guilde d'en être digne et de la défendre, maintenant que tout cela n’était que cendres elle restait fidèle à l’empire, à sa foi dans les kamis, au désert et surtout à ses amis. Qu’adviendrait il, s’il devait arriver qu’elle ait à protèger le désert face à ceux de ses amis qui ont choisi de renier les kamis et de suivre la karavan? Se résoudrait elle à les affronter? Devait elle se réfugier dans une indifférente et confortable neutralité? Ou encore s’exiler et tous les oublier?

Subitement tout cela n’eut plus d’importance, Sherkan à peine arrivé à Dyron la soulève par la taille et l’embrasse, son cœur n’est que bonheur.

De retour !!!

Enfin il foulait de nouveau la sciure du désert d’Atys, ses pas décidés le menaient vers Dyron, où voila bien des années maintenant il avait élu domicile.

Au fur et à mesure de sa progression, les souvenirs se bousculaient…, ses amis, sa guilde, il allait les retrouver tous.

Sa joie était d’autant plus intense qu’il avait rendez-vous avec Aleyane et cette pensée à elle seule le comblait de bonheur.

Bientôt il gravit la dernière dune qui le séparait de Dyron, arrivé à son sommet il fit une pause pour contempler la ville et le miroir de son lac dans lequel se reflétait toute l’animation de cette oasis dans laquelle il avait vécu des moments intenses.

Soudain une silhouette familière traversa son champ de vision, l’accélération subite de ses battements de cœur lui dévoilait l’identité de cette dernière et il se mit à dévaler la pente pour enlacer sa dulcinée.

* Faw salue Sherkan *

Aby avait tout de suite reconnu l'écusson des Ombres lors d'un passage à Dyron. C'est ainsi qu'elle avait fait la connaissance d'Aleyane et appris le retour de Sherkan dont elle avant tant entendu parler.
La petite fyros ne pouvait que se réjouir de voir son ancienne maison se reconstruire et se promit d'offrir discrêtement son aide à ses membres.
Même si son coeur leur était entièrement dévoué, il ne faudrait surtout pas que les Cercleux sachent qu'elle s'apprêtait à aider des kamistes !