Ryzom

« Ma tête … Où … suis-je ? »

Une jeune Matis aux longs cheveux blonds ébouriffés se redressa à demi sur la sciure et porta instinctivement la main à sa tête. Une douleur intense lui martelait le crâne, lui arrachant des larmes de douleur. Tâtant sa chevelure, ses doigts purent nettement sentir de la sève coagulée …

Totalement hébétée, elle regarda autour d’elle et elle découvrit avec étonnement un petit campement dévasté, comme s’il avait été déchiqueté par mille lames acérées. Les restes de ce qui fut sans doute un abri en bois jonchaient le sol. Non loin de là, des plantes très basses, étrangement alignées en rangs, semblaient narguer le désordre environnant.

« Quel est ce lieu ? Qu’est-il arrivé ici ? »

Le regard de la jeune homine fut attiré par un objet scintillant non loin de là. Se relevant, elle avança jusqu’à lui et s’en saisit. Il s’agissait d’une pique ayant visiblement beaucoup servi.

« D’où vient cette arme ? Je ne me souviens pas l’avoir déjà vue … »

Son visage se crispa soudain et son corps tout entier se raidit. Elle venait de se rendre compte de quelque chose …

« Quel est mon nom ? Qui suis-je ??? »

Elle s’apercevait avec horreur qu’elle avait tout oublié de son identité. Qui était-elle ? Avait-elle une famille ? Des amis ? Que faisait-elle ici ?

Ses vêtements et surtout le contenu de son sac auraient peut-être pu lui en apprendre quelque peu sur son passé, mais … elle était nue …et les seuls biens en sa possession étaient cette arme et un mystérieux médaillon autour de son cou.

Elle ôta délicatement le bijou afin de mieux l’étudier.

« On dirait deux carrés entrelacés … Qu’est-ce que ça signifie ? »

Elle retourna le médaillon et découvrit une inscription derrière.

« Je crois en Jena et en la Sainte Karavan. »

Perplexe, elle remit son médaillon autour de son cou. Elle ignorait totalement qui étaient Jena et la Sainte Karavan et ce n’était pas sa préoccupation première. Elle avait faim, elle avait froid, elle avait mal … et elle était seule. Non loin de là, des grognements étranges se faisaient entendre. Des cris d’animaux inconnus, des craquements inquiétants …

Serrant la pique dans sa main, elle jeta un dernier regard sur ce lieu de désolation et partit, seule et nue à travers la jungle, à la recherche d’autres êtres lui ressemblant …


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Son voyage dura longtemps. Elle s’aperçut rapidement qu’elle savait reconnaître les racines comestibles et les dévorait à pleines dents, tentant ainsi d’apaiser la faim qui la tenaillait. Elle marchait la nuit, dormait le jour, tremblant lorsqu’elle entendait au loin les cris inquiétants des prédateurs.

Et puis, une nuit, elle la vit.

Une cité entière, pleine d’homins étranges, grands, à la peau bleue, portant des vêtements étranges et dont le visage restait en permanence caché.

Amis ? Ennemis ? Comment le savoir ?

Elle les épia durant un jour et une nuit, cachée dans les buissons.

Ce fut la curiosité plus que la faim ou la douleur lancinante à la tête qui la décida.

Aux premières lueurs du soleil, elle pénétra dans la cité, droite et fière dans sa nudité, serrant sa pique dans une main, le médaillon mystérieux reflétant vaillamment la lumière naissante du soleil.

Elle arriva devant un bâtiment devant lequel se tenaient plusieurs animaux gris munis d’une trompe. Curieusement, ceux-ci ne semblaient pas avoir peur des homins bleus qui se tenaient là.

Prenant son courage à deux mains, elle s’avança vers les étranges bipèdes à la peau bleue et prit la parole.

« Bonjour … L’un de vous pourrait-il m’aider ? Et me dire comment s’appelle ce lieu ? »

Plusieurs paires d’yeux se tournèrent vers elle. Elle pouvait y lire à la fois de la surprise, de l’intérêt et de la contrariété. Mais ce qui dominait était l’amusement.

«Ah ! Ah ! Ah ! Encore une Matis qui a trop abusé de la boisson ! Et elle n’a pas fait les choses à moitié, celle-là ! »

- Elle a trop joué au strip-poker aussi ! Remarque, elle n’est pas mal du tout …

- Laisse tomber ! Laisse-la dessouler dans son coin et repartir chez elle !

- T’as vu son médaillon ? J’aime pas voir des karas ici, moi. »

La jeune égarée se recroquevilla sur elle-même.

« Ma tête … S’il vous plait, aidez-moi ! J’ai faim, j’ai froid et je ne sais plus rien, même pas qui je suis …

- Ouais, une bonne cuite qu’elle tient la Matis !

- Hmmm … Pas sûr … Vous avez vu comme elle est maigre ? Et toutes ces cicatrices ?

- S’il vous plait … J’ai froid et faim … Aidez-moi ! Je ne possède que ce médaillon mais il doit bien avoir de la valeur ? Je vous le donne en échange de votre aide.

- Ecoute Matis. Je veux bien t’aider, mais à une condition : cache ce médaillon tant que tu resteras ici. Ce qu’il représente n’est guère apprécié dans le coin.

- Que signifie-t-il ? Il est différent des vôtres …

- C’est un signe religieux. Tu ne t’en souviens pas ?

- Non …

- Tu parles d’une cuite !!!

La Matis ôta son médaillon et le serra dans sa main. Elle faillit le jeter au sol, mais qui sait ? Peut-être finirait-elle par en tirer quelque chose ! Un Zoraï alla lui chercher de quoi la vêtir, tandis qu’un autre lui offrit une portion de viande séchée. La jeune femme, tout en s’habillant et en mâchouillant la viande, commença à se sentir en confiance. Elle avait bien fait de quitter le campement détruit … Ici, elle se sentait bien …


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