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Veillée aux contes (2nd édition)

Posted: Wed Jan 17, 2007 11:22 pm
by ludoya
Skarn fumait tranquillement.Assis au bord du promontoire surplombant le camp des Dresseurs d'eau, il envoyait régulièrement quelques ronds de fumée à l'adresse des Kizoar et autres Izams qui piaillaient en contre-bas.
Boesus Xalon avait accepté de bonne grâce d'accueillir cette veillée traditionnelle même si elle risquait de perturber le travail des artisans et Skarn lui fit un signe d'amitié alors que le Fyros occupé levait la tête vers lui.
Oren se couchait sur le Désert et les reflets de feu jouaient avec les vaguelettes de l'oasis.Le Fyros sourit en voyant ainsi les deux éléments primordiaux du Désert se mèler naturellement.
<<Anul ûr niar>>, murmura t'il doucement...
Et il pensa à Anathe qui avait tant fait pour que cette Veillée ait lieu.Grâce à elle le Désert s'ouvrirait à nouveau, lâchant aux oreilles profanes la sagesse des fyros.
Skarn porta à nouveau le tuyau de sa pipe à la bouche et songea : <<Celui qui peut dire de quel feu il brûle, ne brûle que d'un petit feu.>>
Et pourtant...cette fois le thème de cette veillée n'était rien moins que l'eau...
Le Feu, l'Eau...
Anul ûr niar décidément...

Ce Dua, Nivia 14, 3e CA 2536 (JY) (le samedi 27/01 à 21h30) à l'Oasis d'Oflovak...
(Thème: l'eau, merci de préparer un texte ou un conte sur ce thème)

Re: Veillée aux contes (2nd édition)

Posted: Thu Jan 18, 2007 3:42 pm
by fraudex
Aby avait entendu parler des contes de Skarn. Cette fois il allait parler de l'eau et elle voulait absolument être présente. Ses grenouilles vivaient dans l'eau…
Pour rien au monde elle ne voulait rater l'occasion de savoir, car Skarn aurait sûrement la réponse à ses questions !
Il dirait peut-être :
Où se cachaient les grenouilles ?
Pourquoi on ne les voyait pas, mais on pouvait les entendre ?
Est-ce que c'est l'eau qui est mauvaise ou empoisonnée ?
Qu'est-ce qu'il faut faire pour que les grenouilles reviennent dans le désert ?
Quand est-ce que Lilith va lui rendre Guynouille ? :D

Re: Veillée aux contes (2nd édition)

Posted: Tue Jan 23, 2007 10:42 pm
by ludoya
[hrp] Petite précision importante, il y aura une récompense à la clef pour le meilleur texte dit à cette Veillée, alors à vos plumes ;)
Oui je sais c'est idiot, mais j'avais oublié de le dire :D Merci de votre attention. [hrp]

Re: Veillée aux contes (2nd édition)

Posted: Sun Jan 28, 2007 12:56 am
by fraudex
Aby était allée à la veillée des contes.
Et c'est toute fière qu'elle s'était lancée la première.

La ragus et le yubo

- Dis Mami ragus, c'est vrai que t'as zamais tué un seul yubo ?
- Oui c'est vrai Tiragus…
- Mais Mamiragus, les ragus se nourrissent avec les yubos…
- Oui Tiragus t'as raison, mais pas moi, et si tu l'veux ze vais te raconter pourquoi.

Il était une fois un tout petit bébé ragus. Il venait à peine de naître lorsque son papa fût tué par des missants chasseurs Matis.

Sa mère voulu alors venzer son défunt ragus et attaqua d'autres chasseurs. Elle les mit tous à terre, mais ils revirent en masse pour la tuer.

C'est comme ça que le bébé ragus se retrouva

Aby hésite

Zut ze sais pu comment on dit ! forfolin ze crois. Sans papa ni maman quoi !

Le bébé ragus partit chercher du lait pour manzer, mais épuisé il s'endormit près d'un arbre.
La neize arriva et le rouvrit de sa froide couverture.

Glaglagla faisaient ses petites dents tellement il avait froid.
Glaglagla faisait son coeur qui allait bientôt s'arrêter.
Il savait qu'il allait bientôt mourir de froid.

Soudain une douce chaleur vint le réchauffer.
La neize fondit autour de lui comme par miracle.
Ils ouvrit ses petits zieux et vit deux billes zaunes qui le regardaient avec surprise.

Le yubo qui venait de pisser sur le tas de neize s'enfuit sur ses petites pattes.

Voilà Tiragus, c'est grâce à ce yubo que ze suis pas morte de froid. Alors z'ai décidé de zamais tuer un seul yubo.
Mais Anathe était intervenue après que les rires se soient calmés.

- Aby, ton conte ne parle pas d'eau !
- Ah ? Alors faut que z'en raconte un autre ?
- Oui si tu en connais un autre.
- Ben z'en connais un, mais c'est pas un conte de homin, mais un conte de grenouille…
- Ca fait rien, vas-y.

- Alors ze vais vous raconter l'histoire que m'a contée Guynouille, ma grenouille mazique préférée que m'a volé Lilith.

C'est une histoire très connue dans le monde des grenouilles puisque Guynouille la connaît depuis qu'elle est toute petite, et ma Guynouille elle est née au fin fond de la Masure Hérétique chez les Matis.

Donc :
Un petit têtard nommé Dyron

Il était une fois un petit têtard.
Il était né dans une flaque d'eau au milieu du désert Fyros.

Tous les zours il l'a traversait de long en larze, nazant avec sa petite queue qui le faisait avancer pu vite que tous les autres têtards.

Il était si fier d'être un têtard que zamais il voulait grandir..
Il connaissait tout les petits recoins de la flaque et se sentait heureux.

Mais un matin des petites pattes commencèrent à pousser et il eut de la peine à avancer…
Et bientôt il fut le dernier.
Puis un zour il constata que sa petite queue avait disparu.

Il essaya de nazer, mais coula pu vite que n'importe qu'elle ambre que l'on zette à l'eau. Ses amis le sortirent de l'eau en se moquant de lui.

- Une grenouille qui sais pas nazer ! Une grenouille qui sait pas nazer !
- Ze suis pas une grenouille moi ! Ze suis un têtard !

Le petit têtard savait bien que c'était pas vrai, mais il voulait pas devenir une grenouille.
De honte il alla se réfuzier sur le bord de la flaque d'eau et se cacha.
Des grosses larmes se mirent à couler des ses zyeux globuleux.

Il pleura si longtemps que ses larmes firent grandir la flaque qui devint bientôt une mare.

La mare grandit et les fyros vinrent y abreuver leurs mektoubs lors des longues traversées du désert.

Un zour le petit têtard devenu grenouille s'avança vers l'eau. Les larmes coulaient touzours de ses zyeux comme une fontaine intarissable.

Intarissable… c'est Guynouille qui l'a dit, moi ze sais pas ce que ça veut dire.

Les larmes se transformèrent en grosses gouttes et en tombant dans l'eau, firent des zolis ronds qui se transformaient en ondes à la surface.

Intrigué, un gros poisson vint voir ce qui se passait.
- Pourquoi tu pleures zolies grenouilles ?
- Ze sais pas nazer… et mes zamis ils se moquent de moi !

Le gros poisson zuzota à l'oreille de l'ancien têtard.
Et un peu pu tard, on vit une zolie grenouille verte qui marchait sur l'eau sans s'enfoncer.

Aby chuchote en riant
Elle était sur le dos du poisson.

Toutes les grenouilles et les têtards regardèrent avec admiration leur ami et applaudirent.

Après ça, les larmes cessèrent, mais le petit têtard devenu grenouille retourna se cacher parmi les hautes herbes de peur que ses zamis lui demande de recommencer.

C'est ainsi que qu'il devient un héro pour toutes les grenouilles et son nom resta gravé à zamais dans les mémoires.

Bien pu tard, quand les homins construirent une des pu grandes villes Fyros sur les berges de la mare, ils lui donnèrent le nom du têtard qui l'avait abreuvée de ses larmes.

Et en souvenir de leur héro, les grenouilles du désert décidèrent de zamais pu se montrer et de touzours vivre cachées.

Re: Veillée aux contes (2nd édition)

Posted: Sun Jan 28, 2007 10:53 am
by snark
L’après-midi était fraîche et pluvieuse dans les Plages d’Abondance, je forais des boucle de Patee quand je vis soudain Ender arriver en courant à toute vitesse. Visiblement il avait décidé de faire la course avec un torbak destructeur. Je les vis disparaître à l’horizon, quelques temps plus tard je vis Ender rouge et essoufflé revenir vers le téléport de la Karavan. Je le saluais avec bonne humeur. C’est alors qu’il me demanda si j’avais l’intention de me rendre à la Veillée au Contes, devant ma réponse affirmative, il sortit de son sac quelques feuillets

Je ne pourrais m’y rendre mais cela me ferais plaisir que tu les lises ce soir

Je le remerciais chaleureusement puis nous nous séparâmes. Je passais le reste de l’après-midi à apprendre les deux poèmes, j’y apportais quelques corrections comme Ender me l’avais autorisé, mais surtout je décidais de les mettre en musique

Le soir venu je me rendis à la Veillée. Les homins étaient nombreux et j’avais un peu le trac, même si j’avais une expérience d’actrice, c’était la première fois que j’allais chanter ainsi. Quand vint mon tour je sortis mon luüt à 5 cordes et commençais à égrener des accords mélancoliques puis je commençais à chanter
Lacs, étendues de vie
Lacs, passions infinies

Sous les vents glacés de l’hiver, une jeune trykette pleurait.
Perdue dans un amour passé, elle pleurait.

Il était si beau,
Il était si joyeux,
Il était si fort,
Et leur amour était pur.
J’arpégeais les accords pour donner une tonalité plus nostalgique
Elle pleurait, ... et l'aimait encor.
Son chagrin était si grand que les nuages en pleuraient.
Puis les arpéges montèrent en crescendo
Alors, dans sa détresse, elle le revit.
Un lac de pluie et de larmes scintillait tel le miroir de ses pensées
Elle y vit toute la beauté, la pureté, la joie et la force incarnée.

Elle le reconnut, c’était lui !
Elle entra dans l'eau et s'estompa à jamais de cette vie.
J’étouffais peu à peu le son de mon luüt puis je revins au thème initial
Lacs, étendues de vie
Lacs, passions infinies
L’émotion avait noué la gorge des homins et la petite Aby avait les larmes aux yeux. La deuxième chanson était beaucoup plus gaie. J’abandonnais le luüt pour sortir un tambour que je calais entre mes cuisses. Le rythme était entraînant et je commençais tout d’abord par fredonner l’air.
Par l'Eau et le Vent, ami écoute moi !
Un fyros voulait un bain, un bain comme à Pyr.
Il demanda à un tryker, et importa de l'eau.

Suivant l'Eau et le Vent, le tryker accepta !
Il convoya de l'eau d'un oasis contre dappers sonnants
Et le Fyros bâtit son bain

Plus d'Eau mais du Vent, l'eau s'évapora !
Le fyros dépité, ne voulait pas repayer
Car il s'en doutait, il s’était arnaquer
Je regardais les fyros présents et leur fit un sourire malicieux
Pensant à l'Eau et au Vent, ni une ni deux le tryker l'aida !
Le commerce est sacré, le client précieux
Le tryker ramena de l'eau et renfloua le bain

Souffla le Vent, l'Eau de nouveau s'envola !
Nul ne peut ennuyer trois fois un tryker
Pas même le temps s'il est en jeu des dappers

Eclairé par l'Eau et le Vent, une solution il trouva !
Le tryker revint la caravane chargée de tonneaux
Et remplit le bain avec cette nouvelle eau

Grâce à l'Eau et au Vent, rien ne s'évapora !
Le fyros fort heureux lui paya tout et plus encore
Et demanda alors pourquoi l'eau était meilleure alors

Par l'Eau et le Vent, le tryker ne lui répondit pas !
Le secret de l'eau lourde ne se divulgue pas
Nul ne doit savoir que les trykers ont des lacs de Stinga
J’achevais la chanson par un dernier roulement de percussion. Les applaudissements fusèrent, le climat mélancolique généré par la première chanson s’était envolé et la joie habitait le cœur des homins. Je rendais un dernier hommage à l’auteur des chansons et je remerciais intérieurement Ender du joli cadeau qu’il m’avait fait. Puis se fut le tour d’Atom.

[HRP]Un grand grand merci à Ender pour ses deux poèmes et un grand merci aux organisateurs de la Veillée et aux talentueux participants :) [/HRP]

Re: Veillée aux contes (2nd édition)

Posted: Sun Jan 28, 2007 12:03 pm
by raven547
Ravenak avait aussi récité son petit conte et s'etait émerveillé des autres histoires et poemes racontés par les participants de cette charmante veillée.
C'est l'histoire de Xaan le fier qui traversait le desert sans eau à la suite d'un pari fou que sa fierte l'avait fait accepter.

Bien sur, cette folie l'emmena jusqu'au coeur du desert profond ou il s'écroula de deshydratation.

Un varinx passa alors à proximité et eu l'idée de l'enterrer car il était deja repu de son précédent repas.

Mais il creusa si profondemment la sciure qu'un grondement se fit entendre et qui fit fuir le prédateur.

C'est alors qu'une source d'eau pure jaillit et sortit Xaan de son coma. Il se déshaltera jusqu'a plus soif et repris sa route. Il pu ainsi remporter son pari.

On l'appela desormais Xaan le chanceux et cette source au coeur du desert porte egalement son nom.

Re: Veillée aux contes (2nd édition)

Posted: Sun Jan 28, 2007 12:32 pm
by endersfr
Ender se mit en quête de nouvelles sur la veillée aux Contes.
Il espérait vivement que tout ce fut bien passé, bien que déçu de n'avoir pu entendre les contes de tous ces homins au talents multiples !

Au bar, il se fit conter par des homins de nombreux textes, qui étaient tous plus beaux les uns que les autres.
Quand l'un des homins présent commença à raconter l'arrivée de la trykette aux cheveux de feu, la fabuleuse Melowen, son coeur s'étrangla.
Il en fut plus heureux encore en voyant les nombreux rajouts et les évolutions extraordinaires qu'elle avait faite.

Il repartit finalement, la tête pleine de contes beaux et poignants.
Et par la suite, il ne put s'empêcher de penser que cette homine était vraiment un joyau incroyable pour rendre si beaux des textes initialement si plat. Il avait eu bien raison de croire en elle !


( HRP : Des retours que j'ai eu, ça c'est très bien passé ! Bravo Skarn et tous les organisateurs. )

Re: Veillée aux contes (2nd édition)

Posted: Sun Jan 28, 2007 1:50 pm
by atomkid
Assis aux côtés des homins présents à cette veillée, l'inspiration était venue spontanément à Atom.
Ce n'était pas un vraiment un conte, mais il livra à tous ses pensées du moment.
Les pieds dans une mare, le Matis ose laisser paraitre un sourire...
Caché sous une chute, le Zorai est paisible derrière son masque...
Pataugeant dans un lac, le Tryker jubile plus que d'habitude...
S'abreuvant à une oasis, le Fyros affiche la plus grande des satisfactions...

Les homins n'ont pas que des différences et preuve en est...
Car au grand puit de la vie et tout comme aujourd'hui, ils trouvent tous du bonheur...

Tel est le pouvoir de l'eau.

Atom - Harmonie

Re: Veillée aux contes (2nd édition)

Posted: Sun Jan 28, 2007 8:19 pm
by artemsia
Nimu hésita longtemps avant de se manifester. Elle n'avait jamais parlé de la sorte en public et après avoir écouté tant de conteurs talentueux elle était terrifiée à l'idée d'ennuyer tout le monde avec son histoire. Mais le regard appuyé et quelque peu narquois de son amie assise en face d'elle l'aida à se lancer:
Quand j’étais petite, alors que pas même des rumeurs du renouveau des civilisations homines n’était parvenues jusqu’à nous, ma mère avait une servante Tryker, qu’on aurait dit plus vieille que les racines.
Elle servait ma famille depuis toute petite, et s’était prise d’amitié pour mon arrière-grand-mère, qui avait le même âge, si bien qu’elle avait choisi de rester à son service lorsque les Trykers redevinrent libres.
Elle était déjà très vieille quand les Kitins déferlèrent sur l’écorce, et elle suivit mes aïeux vers leur refuge.

Elle possédait un étrange bijou, à nul autre pareil. Son joyau, poli en forme de larme, était translucide comme l’ambre, mais il n’en avait pas la couleur. On l’aurait dit fait d’eau pure solidifiée, retenant prisonniers des centaines de petits cristaux multicolores, et traversée de volutes laiteuses.
La vieille trykette aimait à dire qu’il s’agissait de larmes d’homin enfermées dans l’eau d’un torrent. On avait dû parcourir toute l’écorce pour recueillir ces larmes.
Les plus rares et les plus précieuses étaient les larmes rouges, disait-elle, car un Fyros ne pleure que trois fois dans toute une vie. D’autres sont bien moins économes, ajoutait-elle avec un sourire malicieux, car ils croient trop souvent que rien ne leur manquera jamais.

Mon frère et moi passions des soirées entières à écouter ses histoires d’avant le Grand Essaim, et un jour où nos questions étaient sans doute plus pressantes que d’habitude, elle nous raconta comment ce bijou était venu entre ses mains, de la plus étrange façon.

Mon grand-père était un aventurier. Son mariage avait été arrangé depuis sa naissance (car sa famille et celle de ma grand-mère étaient de haute ascendance), et il semblait l’avoir toujours considéré comme une formalité à accomplir avant de reprendre ses voyages. C’était un homin bon et généreux, mais il avait toujours été taciturne, et les rares fois où il était de retour pour accomplir ses devoirs d’époux et de maître, il ne rêvait que du jour où il pourrait enfin repartir, si bien que ma grand-mère se languissait bien souvent de lui, en sa propre présence.

Un jour où il était parti depuis presque deux saisons, Maeda, la servante, qui était partie nettoyer du linge à la rivière voisine, fut soudain prise d’un profond et inexplicable chagrin. Des larmes se mirent à couler abondamment de ses joues dans l’eau de la rivière, et il lui fallut de longues minutes pour reprendre ses esprits.

" Crois-tu que j’aie été un mauvais époux, un mauvais père ? " dit soudain une voix, tandis que le trouble créé par les larmes à la surface de l’eau se dissipait.

Elle eut alors la surprise d’y voir le reflet de mon grand-père, qui se tenait juste derrière elle.
" Petit Maître ? Vous m’avez fait peur, je ne vous ai pas entendu approcher. Vous êtes rentré ce matin ? "

Comme il ne répondait pas, elle se tourna vers lui et vit qu’il tenait son bras droit contre son cœur, d’une étrange façon. Il regardait droit devant lui.
" Je les aime, tu sais, à ma manière. "
" C’est juste que... Je ne sais pas comment l’exprimer... "

Le malaise qui l’avait prise peu de temps auparavant recommença à se manifester, mais cette fois, elle ne pleura pas. Mon grand-père se tenait droit et fier sur la berge. Il n’avait que vingt-six ans, mais ses voyages l’avaient endurci, et il avait déjà la stature d’un homin mûr.

" Votre fille n’a connu que trois cycles, Petit Maître, peut-être avez-vous besoin d’un peu de temps... "
Elle continua : " ...mais les enfants grandissent vite. "

La voix de mon grand-père s’éleva à nouveau, plus faible qu’auparavant : « j’aurais tant aimé leur rapporter quelque chose d’unique cette fois, mais... »
Elle s’aperçut alors que mon grand-père pleurait, les yeux rivés sur l’eau, non loin de l’endroit où elle se tenait.

Regardant à son tour, elle vit luire un joyau à demi enseveli dans la vase. Elle se baissa pour le ramasser, et quand elle se releva, mon grand-père avait disparu. Elle rumina longtemps sur ce qui venait de se passer, et alors qu'elle rentrait, elle s'aperçut que le joyau pleurait...

Elle s'apprêtait à se confier à son époux mais une autre surprise l'attendait. "Viens vite Maeda, lui dit-il, le maître est rentré ce matin"
"- Je sais, je l'ai vu tout à l'heure, à la rivière"
Il ouvrit des yeux ronds: "C'est impossible, tu as dû confondre. Il est mourant, un torbak lui a ouvert le ventre...
Notre maîtresse l'a veillé toute la journée..."

Sa graine de vie s'éteignit dans la nuit, et ma grand-mère fut bouleversée quand la trykette lui raconta ce qu'elle avait vu à la rivière.
Elle polit elle-même le joyau et le sertit en pendentif qu'elle donna à sa servante.

Et le joyau pleura à chaque fois qu'elle perdit un être aimé...

Il pleura quand son époux mourut à son tour...

Il pleura quand ma grand-mère mourut.

Il pleura...
à la mort de mon frère...
et quand ma mère le rejoignit...

Il pleure sans fin la graine de Maeda, qui mourut à un âge vénérable, juste avant que je ne parte pour les Nouvelles Terres.

[HRP] Superbe soirée, mille mercis aux organisateurs et aux participants. Vivement la prochaine veillée :) [/HRP]

Re: Veillée aux contes (2nd édition)

Posted: Tue Jan 30, 2007 8:02 pm
by ludoya
Skarn était transporté par cette Veillée.Transporté par les récits des participants, transporté par les couleurs, les sons, les émotions.Chaque conte était un appel à la vie et le vent du Désert tournait autour du feu, se nourrissant des mots, des souffles et des soupirs.
Ce soir là les homins se racontèrent mutuellement.Les peuples ensemble et pourtant différents...

Il y a bien longtemps, avant le Grand Essaim, avant le grand Feu de Coriolis, dans les Anciennes Terres, vivaient deux Fyros.
Tous deux étaient éleveurs, éleveurs de mektoubs.
Le premier avait un grand troupeau, de grandes étables et une belle maison.
Le second n’avait que deux bêtes et vivait avec elles dans une petite étable.
Les deux Fyros se retrouvaient deux fois par jour à l’oasis pour faire boire leurs animaux. Une fois le matin quand Oren se lève et une fois le soir quand l’astre se cache derrière Atys pour dormir.
Chaque matin le riche Fyros arrivait tard, alors que les deux bêtes du plus pauvre avaient déjà bu leur soûl.Son grand troupeau assoiffé se ruait alors sur l’oasis et puisait de toutes ses trompes l’eau rafraîchie par la nuit.
Chaque soir le riche Fyros arrivait tôt et son troupeau était déjà en train de s’ébattre dans les eaux tièdies par le jour quand le plus pauvre arrivait pour faire boire ses deux mektoubs.
Chaque jour le riche Fyros se moquait du plus pauvre, lui disant qu’un soir, quand il viendrait faire boire ses bêtes, il n’y aurait plus d’eau. Le modeste Fyros ne répondait pas et se contentait de mener calmement ses deux animaux sur la rive.

Il y a bien longtemps, avant le Grand Essaim, avant le grand Feu de Coriolis, dans les Anciennes Terres, le Dragon fut troublé par un mauvais rève.
Son souffle puissant et son haleine ardente embrasèrent une veine de sève. La racine passait près d’une oasis. Toute la journée elle chauffa, chauffa, tant est si bien que l’eau bouillonna. D’anciennes maladies endormies dans les eaux fraîches se réveillèrent et souillèrent l’eau de leur poison.

Le riche Fyros arriva bien tôt ce soir là. Son troupeau se rua comme à son habitude sur les eaux de l’oasis.Elles étaient encore plus chaudes que d’habitude mais le Fyros ne s’en inquiéta pas.
Quand le modeste Fyros arriva, il s’arrêta en haut d’une dune qui surplombait l’oasis.
Les cadavres des mektoubs flottaient, parsemaient les rives. Aucun n’avait survécu, et le riche Fyros se lamentait auprès d’une femelle grosse qui gisait le ventre gonflé.
Le modeste Fyros descendit la dune, s’approcha du malheureux, et lui dit :

<<J’ai trouvé un autre puits, dans mon étable.Je trouvais qu’elle était bien humide au début, mais en fait je l’avais bâtie sur une source. Alors j’ai creusé, creusé, longtemps que je creuse.Je fais boire mes bêtes tôt le matin et ensuite je creuse jusqu’à tard le soir depuis des années.
Mon couple de mektoub a eu deux petits depuis. Un mâle et une femelle, je te les vends de bon cœur, mais il faudra que l’on collabore pour reconstituer un troupeau sain, tu vendras tes étables pour acheter un second couple.Je fournirai l’eau.
Le riche Fyros se redressa peu à peu, il venait d’entrevoir dans les paroles du plus modeste, l’honneur et la justice.
Le Désert est prompt a reprendre ce qu’il donne, toi qui est fyros comme moi, ne l’oublie jamais.>>