Ryzom

Une rumeur était arrivée jusqu'aux oreilles du vieux matis... Des envoyés d'Elias allaient venir en terre matis. Il se souvenait de leur première rencontre. Une lettre arrivée par Yzam... un rendez-vous secret dans les bains de Pyr... et il s'était retrouvé là sur le haut des monts Frahars entouré des puissants chef de guilde. Si Elias revenait parler aux homins c'est qu'il avait quelque chose d'important à dire.

Pendant tout se temps, Eldoras avait écumé les bibliothèques d'Atys. Il avait peu à peu rassemblé des informations sur les fidèles de Tryton et sur Tryton lui même. Que d'incohérences ! Comme toutes les traces de récits révolus, les versions changeaient d'un peuple à l'autre... des documents entiers semblaient avoir disparu. Mais c'était cela la voie d'Elias et de ses suivants... une voie faites d'ombre et de discrétion. La dite guilde d'Elias était interdite chez les matis comme chez les zorais, et même si les autres la toléraient encore elle se devait de rester très prudente. La prudence... quand on défend l'homin avant tout comme Eldoras l'avait toujours fait, voila bien une chose que l'on a du mal à accepter. Il avait envie de le crier !

Pourtant, Eldoras finit par comprendre... La guilde d'Elias avait été composée de sages d'après les textes des quatre civilisations... Des sages qui avaient préféré avancer masqués. La sagesse était là... aucun homin n'avait aujourd'hui la force de s'opposer aux Kamis ou à la Karavan. Il fallait donc pour l'instant attendre et entretenir l'espoir d'un jour meilleur. Elias avait réussi. Sa guilde était toujours là et elle pouvait réapparaître quand les homins en avaient le plus besoin. Eldoras envisagea enfin de suivre cette voie.

Eldoras mit donc une armure fyros pour être méconnaissable et alla à la fameuse réunion. Il y avait là des amis de toujours... quelques fédérés inconscients du dangers et Edge son plus vieil ami. Eldoras avait envie de lui parler et c'est à contre coeur qu'il s'y refusa. Il devait rester prudent.

Il écouta tranquillement le discours des fidèles d'Elias et une fois encore, il fut surpris. Elias avait compris que les homins ne pourraient pas s'opposer dans ce conflit. Il regarda l'assemblé. Certains yeux avaient perdu cette lueur dans leurs regards, cet espoir. Mais c'était à ce prix que l'on gagnait certaines guerre, en acceptant de perdre certaines batailles. Elias avait raison. Personne aujourd'hui ne pouvait prétendre s'opposer aux Kamis ou à la Karavan et même si c'était dur à accepter nos meilleurs chances de défendre l'hominisme pour l'instant c'était que ces deux forces se neutralisent respectivement.

L'idée était lancée. Il nous fallait équilibrer ce conflit et le temps jouerait alors notre meilleur allié. Une dure décision... mais la seule qui soit réaliste. Nous révéler aujourd'hui c'était mourir. Pourtant, l'interprétation de ce message surpris Eldoras. Certains homins présents se levèrent, remirent en cause Elias en disant qu'on ne pouvait changer de camp en permanence, qu'il n'était pas question de tuer des homins. Mais finalement était il vraiment question de cela ?

Le discours d'Elias s'adressait à un public très large et varié et n'était certainement pas être un ordre. C'était juste une indication, un indice sur le chemin à suivre... un discours que chacun devait s'approprier en fonction de ses propres valeurs. C'est ce que fit Eldoras.

Etant matis et conscient du danger à suivre autre chose que la Karavan, Eldoras fit le choix de soutenir la Karavan lorsqu'elle serait en retard sur les Kamis. Ca leur garantissait une relative sécurité. Bien entendu comme l'avait si bien dit Elias d'autres hoministes devraient faire de même du coté des Kamis. L'idée d'Elias était en faite là : peser dans ce conflit par des actions bien coordonnées. Quant à tuer des homins... il n'en était pas question. La Fédération se contentera d'aider à la construction des temples grâce à ses artisans.

A la fin de la réunion, Eldoras avait enfin compris... Elias n'était pas un simple rêveur... Il faisait des choix difficiles mais il offrait une chose que les autres neutres ne pouvaient prétendre offrir : il offrait une chance de victoire.

Le vieux matis se releva mais n'eu pas le courage de parler à son ami Edge. Il aurait voulu le faire taire, l'avertir du risque insensé qu'il allait prendre, lui dire que sa si belle initiative allait peut être mourir du choix qu'il avait fait en ce jour... Mais un homin doit souvent faire son chemin seul et il contenta de souhaiter qu'Edge trouverait la voie de lui-même.

Il alla voir Blastercalm et après s'être arrangé pour être isolé il ôta son casque. Les deux homins parlèrent un peu... la Fédération ne rejoindra finalement pas l'OPUA. Mais Eldoras donna un papier à la Zorai... un dernier espoir.

Eldoras avait choisi il suivrait Elias et inviterai la Fédération de commerce à le suivre.

[HRP] Bien entendu, la Fédération gardera un masque de guilde modéré suivant Yrkanis et Still Wyler et donc la Karavan tout en restant septique. [/HRP]

La pioche d’Amie s’enfonçait à coups réguliers dans le sol, elle ne faisait plus attention à ces gestes routiniers. Les derniers événements la préoccupaient et elle essayait de remettre ses idées en en place.

Tout avait commencé lorsque la Karavan avait demandé de construire des temples ; les Kamis avaient fait pareil.
Les deux factions avaient reçu les mêmes instructions : empêcher l’autre d’ériger ses temples, à n’importe quel prix.
Depuis la bataille faisait rage sur la Dune, seul endroit où les matières de constructions se trouvaient. Amie y avait vu les corps des homins recouvrir la sciure et la vision d’horreur ne s’effaçait pas.

La jeune matis savait déjà parfaitement ce qu’elle devait faire, pour elle il n’y avait qu’une seule voie possible. Mais elle avait eu besoin d’être sûre que les membres de sa guilde pensaient comme elle et suivraient le même chemin. Il n’y avait pas d’alternative, jamais elle ne resterait dans une maison qui cautionnerait ces tueries ou y participerait.

Eldoras avait su la rassurer, lui aussi pensait comme elle et avait l’espoir de voir les homins vivre en paix sur Atys.
Elias Tryton était le seul qui semblait apporter cet espoir et ils étaient tous deux d’accord pour le suivre et écouter ce qu’il avait à dire. Peut-être qu’il apporterait la paix. Si ce n’était pas le cas, il serait toujours temps d’envisager.
Eldoras lui avait également conseillé de se méfier et surtout de ne pas parler d’Elias à ses amis, surtout à Syrus qui était aux ordres d’Yrkanis.
Amie l’avait rassuré, elle ne parlait jamais politique avec son futur mari, ce dernier ne mettait pas en doute le fait qu’elle suive la Karavan le moment voulu, même s’il regardait d’un mauvais œil ses amitiés kamistes. Amie se sentait déchirée de ne pouvoir se confier à son amoureux, mais elle n’avait pas le choix.


Son esprit vagabondait au rythme des coups de pioche, le sourire chaleureux de son ami Aladiah traversa son esprit, puis celui de Bouigissimo. Elle revit la belle Req, son épée à la main et son amie Matsu magnifique dans son armure d’Aen. Les rires de la petite Abyssandra résonnaient au loin, elle devait sûrement faire quelques bêtises loin des regards réprobateurs sa marraine, Gozmoth, la Légionnaire.
Tous étaient assis autour d’un feu, une pipe passait de mains en mains, de temps en temps une parole était échangée. Tout le monde était serein, en paix. Un peu plus loin Thanys et Elesias étaient en pleine discussion avec Ufo, et Eldoras les regardait d’un air amusé.

Amie se mit à tousser, sa source venait d’exploser… elle s’était endormie et tout cela n’était qu’un rêve… ou peut-être une vision d’avenir..

Elle était confuse. D’abord, ces discours appelant à la haine et à la discorde, d’un côté comme de l’autre. Si elle n’avait pas été surprise d’entendre de telles paroles du côté de la Karavan, elle avait été stupéfaite d’entendre les Kamis inciter eux aussi à la violence. S’il s’était agi de protéger des homins, peut-être aurait-elle pu envisager de s’engager et de prendre part au conflit. Mais non, les forces divines demandaient aux homins de construire des Temples à leur gloire, d’épuiser le sol d’Atys si nécessaire pour cela, et surtout, de verser la sève afin d’empêcher la construction de l’autre temple.

Temples de savoir et de connaissances… oui peut-être. Elle ne voulait pas d’un savoir acquis au prix de la mort d’autres homins, un savoir baigné de la discorde et de l’infamie, gagné dans l’irrespect des préceptes dans lesquels elle avait été élevée et qui prônaient la protection de la fragile Ecorce.

Alors elle attendait le discours des Eliasistes. Elle avait entendu des rumeurs qui faisaient mention d’une réunion, elle s’y était rendue. Oh oui, il y avait beaucoup d’homins présents. Certains amis, certains ennemis aussi ; bien trop d’espions surtout. Le message d’Elias l’avait atterrée… sous le couvert de valeurs hoministes, il encourageait lui aussi la construction des Temples, le bain de sève et la trahison. Elle était horrifiée… cette voie était encore pire que les autres, elle prônait l’hypocrisie et la traîtrise.

A la fin de la réunion, elle se fit aborder par un homin casqué prétendant être un ami. Il était vêtu d’une lourde armure Fyros sans signe ni blason, et lui demanda de bien vouloir le suivre. Méfiante, elle s’exécuta, non sans prévenir au passage certains membres de sa guilde au cas où l’affaire finirait mal. Une fois qu’ils furent à l’écart, l’homin retira son casque. Elle fut surprise de voir un Matis sous cette armure, et le reconnu aussitôt, même s’il ne s’étaient jamais vraiment rencontrés : Ser Eldoras, le Grand Maître de la Fédération de Commerce.

Ils devisèrent, mais il devint vite clair qu’ils ne partageaient pas le même point de vue. Il lui tendit un papier, une liste de noms pour être exact, mais elle ne savait quoi en faire. Eldoras lui avait appris que la Fédération avait décidé de suivre la voie d’Elias, cette décision la peinait, mais elle la respectait. Elle avait de nombreux amis à la Fédération, elle ne les renierait pas ni les rejetterait, mais elle savait que cette voie-là n’était pas pour elle.

Elle n’était pas une rebelle dans l’âme, toujours elle avait cru en les Kamis. Elle savait qu’ils la protégeaient, lui prodiguaient leur sève lorsqu’elle tombait devant une créature trop forte pour elle, et elle estimait les avoir bien servis dans leur lutte contre les Kitins et la Goo. Mais là, elle ne pouvait se résoudre à accepter que soudainement ils en appellent à la folie meurtrière pour leur propre bénéfice, faisant miroiter aux homins d’hypothétiques récompenses et surtout, la gloire. Des murs d’infamie, voilà comment désormais elle nommerait ces stèles lugubres qui s’érigeaient un peu partout sur Atys.

Elle espérait que les Kamis la comprendraient; ce n’est pas eux qu’elle rejetait, et elle continuerait à les servir comme elle l’avait toujours fait jusqu’à présent. Mais elle se devait aussi de continuer à protéger, à sa manière, l’hominité. Elle serait isolée dans sa lutte, elle était consciente que peu d’homins partageaient encore son point de vue. Elle avait vu partir nombre d’amis au combat, elle ne les jugeait pas, quelles que soient leurs motivations profondes. Elle espérait seulement qu’en retour, ils respectent son propre choix.

[HRP]Edit pour explication HRP : Je tiens à préciser que c'est BlasterCalm qui est Kamiste (très modérée), et non sa guilde qui a toujours prôné le choix de religion. Ne déduisez donc pas de ces écrits que les HoE sont kamistes, comme je l'ai entendu récemment [/HRP]