[nemesis] Le chant des larmes
Posted: Fri Apr 29, 2005 2:39 pm
Elle marchait dans un champ de ruines.
Sous un ciel effacé et dévoré par tant de fumée que le soleil nen traversait plus les miasmes, le sol était jonché de morts. Tant de morts, en un seul lieu, à perte de vue. Plus aucunes autres couleurs que les ocres et les bruns dune aube déjà morte.
Elle tourna la tête.
Au sommet de la première colline à portée de vue, les Kamis, par centaines, immenses et monstrueux de colère et de rage, le corps rouge de sève, flamboyant de fureur magique, avançaient inexorablement en écrasant cadavres et décombres.
Un réflexe, ou linstinct, et elle savait ce quelle verrait en tournant le regarde de lautre coté de ce champ de bataille.
La Karavan avançait, ses agents en rang serrés, leurs terribles armes en mains, et au dessus deux leurs énormes machines hurlantes.
Chacun des pas des deux armées devenait inexorable. Le ciel se couvrait et pleurait comme Atys tandis que saccélérait la marche des belligérants. Elle réalisa soudain quelle était devant les Kamis, quils lignoraient. Elle réalisa quelle était en armes, quelle était couverte de sève, quelle était dévorée de rage et quelle attendait son ennemi
Les deux armées se ruèrent lune sur lautre dans un fracas de fin du monde. Et Atys hurla de souffrance, tandis quen chargeant la Karavan elle soulevait son épée et labattait sur le premier homin.
Psychée se réveilla en réprimant un hurlement. Pas loin, sa mère dormait, encore ivre morte. Elle fondit en larmes, le corps tremblant. Ce cauchemar avait fait partie de ses trois années de rêve, et depuis son réveil, il navait cessé de la hanter. Désormais, il prenait un autre sens.
Elle narrivait pas à cesser de pleurer, tandis que défilaient ses souvenirs. Elle avait évité de dire à tous quelle se rappelait de tout. Quelle se souvenait de son passé clairement, et de ses sentiments passés. A part sa mère, peu de monde le savait.
Peu de monde savait quelle avait en mémoire toute la tendresse et lamoure des plus beaux moments de son passé, aussi présents que les pires et les plus cruels. Quelle se rappelait que sa propre mère fut sa tortionnaire, ou quelle fut la sur aimée et respectée de tout Zora.
Mais désormais, tout cela avait un goût amer. Lhomme quelle avait aimé et respecté comme son père lavait trahie dès le début. Thun, le Maître des Gardiens de la Sève était depuis le début frère, ami, et complice de Leto, complice du monstre qui lavait tant torturé, en mit en danger tout les peuples dAtys dans sa folie de haine. Les Gardiens savaient la vérité, d »une manière ou dune autre, et elle navait été quun instrument pour que Leto parvienne à son ignoble plan : gagner la confiance des Matis, de la Karavan, et, de lintérieur, sattaquer à détruire les Matis quil haïssait tant.
Désormais, les Gardiens de la Sève montraient leur véritable visage, oubliant les promesses de paix, dunion, de liberté et dhominité quils avaient tant servi, pour devenir un clan Kamiste extrémiste. Sa sur fyros, Adfael, était elle-même devenue une furie tuant aveuglement tout serviteur de Jena quelle pouvait croiser.
Et sa chère Melowen avait offert sa confiance et son affection à Leto, qui était revenu dans son pays et le clan qui avait été son complice.
La Zoraï Blanche avait aimé et servit les Kamis, était devenue membre du peuple des sages, car elle croyait en eux depuis lenfance, depuis sa rencontre avec Pieds-Bleus, seul homin à sêtre rapproché de cette orpheline rejetée. Elle avait tout offert pour ce peuple, et pour les Gardiens. Elle avait pris tous les risques sans compter pour ses chers Kamis.
Et voilà que les kamistes devenaient de plus en plus des fous meurtriers, que sa propre famille prônait la colère et la guerre, que ceux quelle avait aimé nétaient plus désormais que des monstres qui sétaient juste servi delle.
Liandra lui avait dit tout cela en la serrant contre elle. Elle ne pouvait pas avoir menti. Le plus atroce est sans doute que Psychée savait pertinemment que Liandra ne pouvait pas mentir. Quelle ne sache pas tout, que cela soit plus compliqué, était évident, mais dentendre ça
Elle seffondra encore sur le lit, étouffant ses larmes. Elle avait été un jouet alors quelle avait cru de toutes ses forces en sa foi, en son amour, en ceux qui furent sa famille. Liandra voulait faire de lObsidienne sa famille, elle y croyait de toutes ses forces « tu es notre âme ». Mais elle navait rien à voir avec eux, rien de commun avec leur idéal. Elle nosait même pas leur parler, malgré son bonheur à retrouver ces murs, ces lieux, la chapelle, les appartements de sa mère.
Elle était désormais seule, et le passé, pire queffacé, la trahissait.
Ses souffrances la hantaient. Elle navait cessé de douter depuis son réveil. Non bien plus loin Depuis ce jour à ses huit ans, où les kittins avaient achevés le travail commencé par la Karavan. Elle avait cherché des réponses toute sa courte vite, et navait couru que pour cela, au prix des rares moments de bonheur quelle pu trouver. Elle navait jamais trouvé sa place, avait perdue la conscience même quelle en avait eue. Sa résolution à changer le monde avait été une résolution à se trouver une raison dexister, et rien dautre. Si elle devenait une personne qui ai une importance pour tous, elle deviendrait peut-être assez importante pour elle-même pour arriver à vivre.
La Zoraï Blanche avait fait quelque chose pour avoir ses réponses. Quelque chose que Psychée ne comprenait que de manière parcellaire et bien trop floue. Mais ces rêves et ces voix ne cesseraient pas de la hanter si elle ne faisait rien.
Elle avait été un jouet, elle savait comment était écrit son destin, et refusait quil le soit ; elle voulait croire quelle avait le choix, en sachant quelle ne lavait jamais eu et que cest la vie qui la conduisait, pas le contraire. Elle navait été quun jouet, ou un esquif soufflé par les vents. Jamais elle navait pu faire un choix qui ai pu modifier ce fait.
Mais elle pouvait réessayer. Peut-être essayer de savoir si son passé navait réellement été quune trahison, peut-être comprendre, ou, au moins avoir essayé, et se débarrasser de cette souffrance, de ces rêves, de ces douleurs. Elle avait pleuré des jours dêtre sans mémoire, et pleurait maintenant den avoir une.
Il fallait que cela cesse Pour sa mère, pour elle pour vivre.
Elle se leva, et fit une toilette rapide avant de shabiller. Sa mère nentendrait rien. Elle alla fouiller dans les placards, à la recherche des herbes que sa mère conservait précieusement.
Elle y trouva le vieux bocal quelle cherchait. Des champignons hallucinogènes, ceux de Leto, employés pour faciliter la transe. Elle en prit trois, referma le bocal, et sortit de lappartement sans bruits
Elle traversa le manoir, sans rien montrer, dit bonjour, souria, et sortit en ville devant les gardes. Si tout se passait bien, elle pourrait prévenir sa mère par elle-même. Elle alla quand même jusquà lhôtel des postes, et écrivit une courte lettre pour sa mère. Celle-ci ne lui arriverait pas avant plusieurs heures, sans doutes un jour ; cétait suffisant.
« Bonjour, maman.
Comme toujours, je vais faire une folie. Comme toujours, je vais la faire sans rien te dire ou te demander, comme jai toujours agi, sans jamais rien demander aux autres, sans jamais vouloir me laisser aider.
Tu aurais su ce que je vais faire, tu ty serai opposé. Mais je dois savoir. Je perd tout ce que jai aimé, il ne reste que toi, mais mes croyances, ma foi, vacillent. Il y a longtemps, Elle a fait quelque chose pour savoir. Je veux faire de même. Si elle a pu parler à Atys et la voir, je peux faire la même chose. Tu dis que Jena est au dessus de tout, mais même si jy crois, même si jy ai toujours cru, jamais je nai senti sa présence, jamais je nai pu savoir.
Les kamis mont-ils trahis ?
Ou ai-je juste été le jouet dune poignée de Zoraï ?
Je veux savoir, je veux cesser de faire cauchemar sur cauchemar.
Je veux tourner la page. Si je dois être votre âme, je dois avant tout retrouver la mienne, maman.
Tu me trouveras dans le Cercle des Kamis, dans le Jardin Fugace. La lettre narrivera pas de suite, je sais trop bien que tu serai la première à courir men empêcher. Je veux croire, maman, et pour cela, il me faut savoir.
Je taime.
Ne craint rien pour moi, et ne va pas remuer encore ciel et terre.
A très vite. »
Psychée sortit son ticket. Elle avait été emmenée là-bas la veille même, cela tombait bien. Pour le reste, elle non, pas elle, lancienne elle connaissait les lieux, elle retrouverait lendroit sans mal, et serait assez isolée pour ne pas être dérangée.
Elle brisa le pacte.
Sous un ciel effacé et dévoré par tant de fumée que le soleil nen traversait plus les miasmes, le sol était jonché de morts. Tant de morts, en un seul lieu, à perte de vue. Plus aucunes autres couleurs que les ocres et les bruns dune aube déjà morte.
Elle tourna la tête.
Au sommet de la première colline à portée de vue, les Kamis, par centaines, immenses et monstrueux de colère et de rage, le corps rouge de sève, flamboyant de fureur magique, avançaient inexorablement en écrasant cadavres et décombres.
Un réflexe, ou linstinct, et elle savait ce quelle verrait en tournant le regarde de lautre coté de ce champ de bataille.
La Karavan avançait, ses agents en rang serrés, leurs terribles armes en mains, et au dessus deux leurs énormes machines hurlantes.
Chacun des pas des deux armées devenait inexorable. Le ciel se couvrait et pleurait comme Atys tandis que saccélérait la marche des belligérants. Elle réalisa soudain quelle était devant les Kamis, quils lignoraient. Elle réalisa quelle était en armes, quelle était couverte de sève, quelle était dévorée de rage et quelle attendait son ennemi
Les deux armées se ruèrent lune sur lautre dans un fracas de fin du monde. Et Atys hurla de souffrance, tandis quen chargeant la Karavan elle soulevait son épée et labattait sur le premier homin.
Psychée se réveilla en réprimant un hurlement. Pas loin, sa mère dormait, encore ivre morte. Elle fondit en larmes, le corps tremblant. Ce cauchemar avait fait partie de ses trois années de rêve, et depuis son réveil, il navait cessé de la hanter. Désormais, il prenait un autre sens.
Elle narrivait pas à cesser de pleurer, tandis que défilaient ses souvenirs. Elle avait évité de dire à tous quelle se rappelait de tout. Quelle se souvenait de son passé clairement, et de ses sentiments passés. A part sa mère, peu de monde le savait.
Peu de monde savait quelle avait en mémoire toute la tendresse et lamoure des plus beaux moments de son passé, aussi présents que les pires et les plus cruels. Quelle se rappelait que sa propre mère fut sa tortionnaire, ou quelle fut la sur aimée et respectée de tout Zora.
Mais désormais, tout cela avait un goût amer. Lhomme quelle avait aimé et respecté comme son père lavait trahie dès le début. Thun, le Maître des Gardiens de la Sève était depuis le début frère, ami, et complice de Leto, complice du monstre qui lavait tant torturé, en mit en danger tout les peuples dAtys dans sa folie de haine. Les Gardiens savaient la vérité, d »une manière ou dune autre, et elle navait été quun instrument pour que Leto parvienne à son ignoble plan : gagner la confiance des Matis, de la Karavan, et, de lintérieur, sattaquer à détruire les Matis quil haïssait tant.
Désormais, les Gardiens de la Sève montraient leur véritable visage, oubliant les promesses de paix, dunion, de liberté et dhominité quils avaient tant servi, pour devenir un clan Kamiste extrémiste. Sa sur fyros, Adfael, était elle-même devenue une furie tuant aveuglement tout serviteur de Jena quelle pouvait croiser.
Et sa chère Melowen avait offert sa confiance et son affection à Leto, qui était revenu dans son pays et le clan qui avait été son complice.
La Zoraï Blanche avait aimé et servit les Kamis, était devenue membre du peuple des sages, car elle croyait en eux depuis lenfance, depuis sa rencontre avec Pieds-Bleus, seul homin à sêtre rapproché de cette orpheline rejetée. Elle avait tout offert pour ce peuple, et pour les Gardiens. Elle avait pris tous les risques sans compter pour ses chers Kamis.
Et voilà que les kamistes devenaient de plus en plus des fous meurtriers, que sa propre famille prônait la colère et la guerre, que ceux quelle avait aimé nétaient plus désormais que des monstres qui sétaient juste servi delle.
Liandra lui avait dit tout cela en la serrant contre elle. Elle ne pouvait pas avoir menti. Le plus atroce est sans doute que Psychée savait pertinemment que Liandra ne pouvait pas mentir. Quelle ne sache pas tout, que cela soit plus compliqué, était évident, mais dentendre ça
Elle seffondra encore sur le lit, étouffant ses larmes. Elle avait été un jouet alors quelle avait cru de toutes ses forces en sa foi, en son amour, en ceux qui furent sa famille. Liandra voulait faire de lObsidienne sa famille, elle y croyait de toutes ses forces « tu es notre âme ». Mais elle navait rien à voir avec eux, rien de commun avec leur idéal. Elle nosait même pas leur parler, malgré son bonheur à retrouver ces murs, ces lieux, la chapelle, les appartements de sa mère.
Elle était désormais seule, et le passé, pire queffacé, la trahissait.
Ses souffrances la hantaient. Elle navait cessé de douter depuis son réveil. Non bien plus loin Depuis ce jour à ses huit ans, où les kittins avaient achevés le travail commencé par la Karavan. Elle avait cherché des réponses toute sa courte vite, et navait couru que pour cela, au prix des rares moments de bonheur quelle pu trouver. Elle navait jamais trouvé sa place, avait perdue la conscience même quelle en avait eue. Sa résolution à changer le monde avait été une résolution à se trouver une raison dexister, et rien dautre. Si elle devenait une personne qui ai une importance pour tous, elle deviendrait peut-être assez importante pour elle-même pour arriver à vivre.
La Zoraï Blanche avait fait quelque chose pour avoir ses réponses. Quelque chose que Psychée ne comprenait que de manière parcellaire et bien trop floue. Mais ces rêves et ces voix ne cesseraient pas de la hanter si elle ne faisait rien.
Elle avait été un jouet, elle savait comment était écrit son destin, et refusait quil le soit ; elle voulait croire quelle avait le choix, en sachant quelle ne lavait jamais eu et que cest la vie qui la conduisait, pas le contraire. Elle navait été quun jouet, ou un esquif soufflé par les vents. Jamais elle navait pu faire un choix qui ai pu modifier ce fait.
Mais elle pouvait réessayer. Peut-être essayer de savoir si son passé navait réellement été quune trahison, peut-être comprendre, ou, au moins avoir essayé, et se débarrasser de cette souffrance, de ces rêves, de ces douleurs. Elle avait pleuré des jours dêtre sans mémoire, et pleurait maintenant den avoir une.
Il fallait que cela cesse Pour sa mère, pour elle pour vivre.
Elle se leva, et fit une toilette rapide avant de shabiller. Sa mère nentendrait rien. Elle alla fouiller dans les placards, à la recherche des herbes que sa mère conservait précieusement.
Elle y trouva le vieux bocal quelle cherchait. Des champignons hallucinogènes, ceux de Leto, employés pour faciliter la transe. Elle en prit trois, referma le bocal, et sortit de lappartement sans bruits
Elle traversa le manoir, sans rien montrer, dit bonjour, souria, et sortit en ville devant les gardes. Si tout se passait bien, elle pourrait prévenir sa mère par elle-même. Elle alla quand même jusquà lhôtel des postes, et écrivit une courte lettre pour sa mère. Celle-ci ne lui arriverait pas avant plusieurs heures, sans doutes un jour ; cétait suffisant.
« Bonjour, maman.
Comme toujours, je vais faire une folie. Comme toujours, je vais la faire sans rien te dire ou te demander, comme jai toujours agi, sans jamais rien demander aux autres, sans jamais vouloir me laisser aider.
Tu aurais su ce que je vais faire, tu ty serai opposé. Mais je dois savoir. Je perd tout ce que jai aimé, il ne reste que toi, mais mes croyances, ma foi, vacillent. Il y a longtemps, Elle a fait quelque chose pour savoir. Je veux faire de même. Si elle a pu parler à Atys et la voir, je peux faire la même chose. Tu dis que Jena est au dessus de tout, mais même si jy crois, même si jy ai toujours cru, jamais je nai senti sa présence, jamais je nai pu savoir.
Les kamis mont-ils trahis ?
Ou ai-je juste été le jouet dune poignée de Zoraï ?
Je veux savoir, je veux cesser de faire cauchemar sur cauchemar.
Je veux tourner la page. Si je dois être votre âme, je dois avant tout retrouver la mienne, maman.
Tu me trouveras dans le Cercle des Kamis, dans le Jardin Fugace. La lettre narrivera pas de suite, je sais trop bien que tu serai la première à courir men empêcher. Je veux croire, maman, et pour cela, il me faut savoir.
Je taime.
Ne craint rien pour moi, et ne va pas remuer encore ciel et terre.
A très vite. »
Psychée sortit son ticket. Elle avait été emmenée là-bas la veille même, cela tombait bien. Pour le reste, elle non, pas elle, lancienne elle connaissait les lieux, elle retrouverait lendroit sans mal, et serait assez isolée pour ne pas être dérangée.
Elle brisa le pacte.