[Matis] Une famille unie
Posted: Sat Feb 05, 2005 11:19 am
*** Une créature hideuse a la carapace violette ... des pinces déchiquètent la chair et répandent la sève sur le sol ... des cris d'agonie résonnent ... une épée tombe ... une main m'attrape par le col pour me faire reculer pendant qu'une autre se pose sur ma bouche et m'empêche d'hurler ... ***
On frappe a ma porte ... Je me réveille en sueur. Toutes les nuits ce cauchemar me hante. Un enfant ne devrait jamais avoir à affronter ce spectacle de mort ... Autour de moi, le mobilier de mon appartement me rappelle à la réalité. Est ce qu'un jour je pourrais tourner la page et oublier? Etre enfin libéré de ces souvenirs et pouvoir ne pas redouter le sommeil.
On frappe de nouveau. Je me lève encore tout tremblant de mon cauchemar, et m'essuie rapidement le visage.
-"Qui est la?" je fais attention à contrôler ma voix afin qu'elle ne me trahisse pas, personne ne doit savoir pour ces cauchemars !!
-"Allez frère, ouvres ta porte, j'ai une chose fantastique a te montrer !!!"
Cette voix je la connais bien car elle appartient à mon ami d'enfance Sarkeni. Enfant abandonné très jeune, il fut recueilli par ma famille pour l'élever, quasi un demi-frère pour moi. Je déverrouille ma porte et à peine l'ais je entrouverte qu'une tornade en robe de mage déboule dans mon salon et tourne en rond tout en fixant des gants qu'il tient entre ses 2 mains.
-"Regarde ça !!! Je viens de m'acheter ces amplificateurs à un artisan qui était sur la place du marché juste a coté de chez toi. Avec ça plus rien a craindre des prédateurs du jardin, bon je peux pas encore vraiment contrôler mes sorts mais ça commence a venir. Tu vas voir, j'vais te montrer ..."
A ce moment précis, une sensation de déjà vu me parcourt. Trois lunes plus tôt, Sarkeni avait dissous une superbe esquisse que j'avais sur un mur de mon appartement avec une attaque acide. Il voulait me montrer à ce moment qu'il pouvait faire des attaques qui pouvaient causer autant de dégâts que mon épée. Certes, sa démonstration avait été concluante mais elle m'avait coûté plus de 500 000 dappers de réparation du mur, sans compter la perte du tableau.
-"NON !!! C'est bon, j'te crois." J'ai droit à un regard moqueur de sa part. "Tu pourras me montrer tout ça en détail lors de notre prochaine ballade dans les jardins."
-"D'accord ... En fait, ce marchand en voulait un prix exorbitant mais j'ai réussi a lui faire entendre raison !!! Par contre j'y ai laissé toutes mes économies et j'ai promis à cette petite homine que j'ai croisé hier de l'inviter a déjeuner ... Est ce que tu ne pourrais pas, par le plus grand des hasards, me prêter quelques dappers s'il te plait ?"
-"Il te faut combien?" lui demandais je, essayant de retenir un soupir. Il ne changera donc jamais ...
-"En fait je pense qu'avec 10 000 dappers je pourrais m'en sortir"
-"10 000 ???!!! J'espère que tu fais appel au cuisinier du roi en personne pour cette somme"
Je vais jusqu'a mon coffre et en sors la somme demandée et la lance en direction de Sarkeni. Il la réceptionne avec aisance et elle disparaît rapidement dans sa poche de gilet.
-"Bon je vais y aller. Merci bien frère pour ce petit don. Je te rembourserais très rapidement"
-"Oublie cela. Tu auras bien l'occasion de me rendre service un de ces jours. Cela suffira. Par contre n'oublie pas que nous avons tous rendez-vous tout à l'heure à l'immeuble des guildes. Ne te laisse pas emporter par la sieste après ton repas."
-"Non, ça pas de souci !!!" me dit il avec un sourire au coin des lèvres. "A tout à l'heure."
Me revoilà de nouveau seul. Je regarde par la fenêtre l'agitation de la place du marché situé dans le district juste à coté de chez moi. La vie a repris chez les Matis. Ainsi que dans les autres civilisations d'après les quelques explorateurs qui ont réussis à passer à travers les primes racines et les légions kitins ... Les kitins ... Rien que de penser à eux ma sève devient bouillonnante et des images reviennent devant mes yeux ...
Je secoue la tête rapidement pour chasser de moi ces pensées. Hors de question de me laisser aller. Je m'habille rapidement et décide d'aller me promener sur la place de marché.
Les étales sont plus que garnis. On trouve de tout et de rien. Des foreurs encore poussiéreux de leurs expéditions discutent avec des artisans qui se pressent autour d'eux pour pouvoir acheter les meilleures matières premières extraitent de l'écorce de notre belle planète. Certains artisans ont déjà des stocks entier à vendre, des armures, des armes, des bijoux, de la nourriture. Des enfants s'amusent à se poursuivre a travers les étales. Il fait bon être matis à notre époque.
Mon regard s'attarde sur un groupe qui est en pleine effervescence. Le marchand propose des bijoux de très bonne qualité et beaucoup de gens l'entourent. Des acheteurs certes mais aussi des badauds qui s'émerveille de la technique fabuleuse dont fait preuve cet artisan.
Je continue mon chemin au hasard du dédale qui forme le marché d'Yrkanis lorsque tout à coup, une voix m'interpelle.
-"Alors Houtini, toujours en train de rêvasser à ce que je vois."
Pivotant sur moi même pour voir qui me parle, je me retrouve en face d'un colosse vêtu d'une armure lourde ayant déjà bien vécu. Une épée à 2 mains est accroché a sa ceinture et une masse dépasse de son dos. Son sac déborde de morceaux d'animaux provenant sûrement de quelques chasses dans les forets matis. Plusieurs cicatrices sont visibles sur son corps dont certaines semblent être assez récentes.
-"Tagghli, mon ami !!! Quelle bonne surprise !!! Je ne pensais pas te voir avant cet après midi à l'immeuble des guildes."
-"En fait, j'ai profité de ma venue en ville pour revendre quelques matières que j'ai récupéré. Je me suis dit que je vous retrouverais dans le district de Tylini après avoir fait mes petites affaires."
J'examine le contenu de son sac plus en détail ainsi que ses cicatrices.
-"Tu as fait bonne chasse à n'en pas douter, mais tu es tombé sur du gros on dirait."
-"Mouarf, une meute de torbaks s'en est pris a moi alors que j'essayais de raisonner quelques kipees un peu trop entreprenant. J'ai du me montrer persuasif avec tout ce beau monde." me dit il avec un grand sourire et un clin d'oeil entendu.
-"Oui, je vois." lui répondis je, ne pouvant retenir un rire à l'idée de ces pauvres torbaks pensant attaquer une proie facile et devant affronter un guerrier redoutable. "Toujours aussi adroit avec les armes on dirait."
-"Houtini, tu sais ... La sève qui coule dans mes veines est la même que celle de mon père, et mon adresse au maniement des armes me vient de lui aussi."
A l'évocation de mon ancien maître d'armes, une vague de nostalgie m'assaille. Je me souviens de ces moments heureux où l'insouciance de la jeunesse nous berçait. Le père de Tagghli avait été le maître d'arme de ma famille. Il nous avait enseigné l'art du combat à mon frère et à moi-même, et tagghli en avait profité en même temps que nous. Il avait été flagrant déjà à ce moment là qu'il avait des dispositions toutes particulières, vu la facilité avec laquelle il apprenait les différentes techniques que son père nous montrait. Depuis lors, on ne s'était plus quitter et Tagghli s'était intégré petit à petit dans ma famille.
-"Toujours en méditation dans la foret mon ami ?" lui demandais je, le taquinant encore une fois sur le fait qu'il ait choisi de vivre dans la foret matis plutôt que dans les villes avec nous autres. Tagghli avait toujours été solitaire et assez bourru au premier abord, ce qui, les années passants, ne sétait pas arrangés.
-"Très franchement, je préfère de loin la compagnie des animaux plutôt que celle de certains homins." Je vis alors son regard se poser sur des matis regroupait à proximité de nous et que je savais appartenir à des guildes prônant la suprématie de notre culture et de notre race par rapport aux autres homins.
-"Oui je vois ce que tu veux dire, mais même si je ne suis pas d'accord sur leurs façons de faire, je ne peux personnellement m'empêcher de penser qu'ils sont nécessaires à la sauvegarde de notre civilisation."
Tagghli me décroche alors un regard chargé de reproches.
-"Hum je vois que ton coeur est toujours autant chargé de rancoeur mon cher Houtini. Est ce qu'un jour le pardon fera place à cela ?"
-"Seul Jena le sait ..."
Je me sens alors bousculé par derrière, me retourne vivement pour apostropher le maladroit et me retrouve en face d'un homin au crâne rasé qui me regarde avec un sourire.
-"Comment vas tu cousin?"
-"Dopia. Tu es obligé de me bousculer à chaque fois qu'on se voit?"
Dopia regardant la stature imposante de Tagghli.
-"A choisir entre les 2 ... Bon comment allez vous ?"
-"Nous discutions un peu de politique" lui répondit Tagghli.
-"Ahhh ... Mon sujet préféré !!!"
Dopia est un excellent artisan d'armes et son art l'avait amené a beaucoup voyagé dans les territoires matis et à rencontrer beaucoup d'homins de tout genre. C'est un idéaliste comme il en existe peu qui prône la réconciliation des peuples de tout son coeur, même si il reste un matis très fier de son peuple et prêt à le défendre dans toutes occasions.
-"Nous parlions des façons de faire de certains et Houtini ne semble pas encore avoir fait le deuil de son pur enseignement matisien."
Dopia et Tagghli se lancent alors dans de grands discours sur leur vision d'Atys. Je les écoute attentivement pendant que nous continuons de marcher et que nous sortons du marché d'Yrkanis. Leur discours est empreint de tolérance et de sagesse. Essayer de ne pas réitérer les mêmes erreurs que par le passé semble être le maître mot de leur philosophie. Je ne peux m'empêcher d'admirer leur façon de voir notre monde. Personnellement, mon coeur et mon âme n'ont pas cicatrisé entièrement. Je revois encore des images de mon cauchemar.
Cauchemar que j'ai vécu en direct lorsque j'étais plus jeune. Une promenade familiale avec mes parents et mon frère ... qui tourne au massacre lorsque nous croisons une patrouille kincher. Le combat vaillant et désespéré de notre père, nous permit à mon frère et à moi-même de pouvoir nous cacher en attendant l'arrivée des gardes matis ... Trop tard pour mon père et ma mère malheureusement.
Les kitins !!! Des bêtes immondes que la bêtise et la curiosité Fyros à déverser sur notre monde !!! Comment pouvoir faire alliance avec les gens responsables de tous nos maux ... responsable de la mort de mes parents !!!
Les heures passent, et nous tergiversons toujours. Nous ne sommes pas forcément d'accord mais nous prenons plaisir à la compagnie des autres. L'heure de la réunion à l'immeuble des guildes approche, nous nous dirigeons vers le 4ème district. Devant l'immeuble, 3 mektoubs surchargés sont attachés et un petit groupe se tient debout a côté d'eux.
-"Hum, dis moi Houtini" me demande Dopia. "On dirait bien les mektoubs de ton frère, non ?"
-"Effectivement, ce sont eux, rapprochons nous, je suis persuadé que nous trouverons mon frère au milieu de cet attroupement."
En nous rapprochant du groupe, des bribes de conversations nous arrivent portés par le vent frais de ce début d'après-midi.
-"Maliani, il m'en faudrait au moins une vingtaine .... Moi je t'en achète cinquante ... Tu n'aurais pas de la qualité suprême?"
C'est alors que je le vois au milieu de toute cette agitation, d'un calme contrastant avec les matis attroupés autour de lui. Attentif à toutes les demandes, il sort des poches de ses mektoubs les matières demandées. Le visage serein et pale, une certaine ressemblance physique nous lie. Des longs cheveux brun, une pâleur toute matissienne, un regard ayant déjà vu la mort en face. Nous sommes frères, cela personne ne peut le contredire. Sans lui, je serais mort en même temps que nos parents. C'est lui qui m'a attiré au milieu des psykoplas pour échapper aux hordes kitins en attendant l'arrivée des renforts. Il a alors pris en charge son destin et sa vie, me prenant sous son aile pour finir mon éducation. Il est devenu un foreur parmi les meilleurs de tout le territoire matis. En age de commencer à gagner ma vie, il m'a enseigné son art d'extraction et je marche actuellement dans ses pas.
Nous voyant nous approcher, il finit ses affaires et congédie bientôt ses acheteurs pour venir à notre rencontre.
-"Bonjour a tous, prêt pour ce grand événement ?"
-"Oui" lui répond Tagghli. "Il ne manque que Sarkeni et on sera au complet."
-"Hum que fait-il ? Quelqu'un lui a bien rappelé que c'était cette après midi que l'on se réunissait ?"
-"Oui, oui mon frère" le rassurais je. "Je lui en ai parlé ce matin. Il va arriver."
-"Très bien, très bien. Avançons nous un peu, il nous rejoindra." Maliani regarde alors autour de nous pour vérifier que personne ne peut entendre nos échanges. "Bon il nous faut à présent déterminer plus en avant le fonctionnement de notre guilde. Notre but est connu de vous tous, chacun de nous 5 se verra attribuer un poste bien particulier pour l'accomplissement de cette tache."
-"Oui, ça on sait cousin" lui rétorqua Dopia.
-"Je préfère m'en assurer tout de même."
-"Ah tiens voila Sarkeni qui arrive." dit Tagghli en nous indiquant une direction du menton.
Nous tournons la tête juste a temps pour voir Sarkeni arrivé tout essoufflé d'une course apparemment soutenu.
-"Désolé ... pour .... le retard ... j'ai ... pas vu ... l'heure ... qui tournait." réussit il à nous dire en essayant de reprendre sa respiration. Nous partons tous d'un grand éclat de rire à la vue de son état.
-"Allons y mes amis, ne faisons pas attendre le clerc." nous dit mon frère.
Nous nous avançons vers l'immeuble des guildes et montons rapidement les marches pour pénétrer à l'intérieur. Après avoir suivit un long couloir, nous débouchons dans une grande salle richement décoré, aux couleurs vives. Un Matis très soigné nous regarde entrer et nous fais un grand sourire.
-"Entrez, entrez. Je suis Varo Antodera, clerc de guilde. Vous êtes sûrement de la Maison Allori si je ne me trompe."
Maliani prend la parole.
-"Tout à fait. Nous venons comme convenu pour ..." Il est interrompu brusquement par le clerc.
-"... Pour créer votre guilde. Oui ça je me doute."
-"Effectivement, mais en fait, notre démarche vise surtout à honorer la mémoire de notre famille disparut il y a quelques années ... et pour cela ... et bien nous sommes venu devant vous." lui répond mon frère que je sens nerveux à l'idée de ce qui nous attend.
-"Vos raisons vous honorent. Votre maison n'en sera que plus glorieuse. Et bien si vous êtes prêt, veuillez me suivre s'il vous plait."
Le clerc se lève et passe dans la pièce d'à cote. Nous nous regardons tous les uns les autres, hésitant tous à le suivre. Maliani est le premier à réagir et passe en tête de notre groupe. Nous le suivons tous et passons la porte. Nous marchons vers notre destinée commune.
La destinée de la Maison Allori.
_______
Houtini Allori , La Maison Allori
On frappe a ma porte ... Je me réveille en sueur. Toutes les nuits ce cauchemar me hante. Un enfant ne devrait jamais avoir à affronter ce spectacle de mort ... Autour de moi, le mobilier de mon appartement me rappelle à la réalité. Est ce qu'un jour je pourrais tourner la page et oublier? Etre enfin libéré de ces souvenirs et pouvoir ne pas redouter le sommeil.
On frappe de nouveau. Je me lève encore tout tremblant de mon cauchemar, et m'essuie rapidement le visage.
-"Qui est la?" je fais attention à contrôler ma voix afin qu'elle ne me trahisse pas, personne ne doit savoir pour ces cauchemars !!
-"Allez frère, ouvres ta porte, j'ai une chose fantastique a te montrer !!!"
Cette voix je la connais bien car elle appartient à mon ami d'enfance Sarkeni. Enfant abandonné très jeune, il fut recueilli par ma famille pour l'élever, quasi un demi-frère pour moi. Je déverrouille ma porte et à peine l'ais je entrouverte qu'une tornade en robe de mage déboule dans mon salon et tourne en rond tout en fixant des gants qu'il tient entre ses 2 mains.
-"Regarde ça !!! Je viens de m'acheter ces amplificateurs à un artisan qui était sur la place du marché juste a coté de chez toi. Avec ça plus rien a craindre des prédateurs du jardin, bon je peux pas encore vraiment contrôler mes sorts mais ça commence a venir. Tu vas voir, j'vais te montrer ..."
A ce moment précis, une sensation de déjà vu me parcourt. Trois lunes plus tôt, Sarkeni avait dissous une superbe esquisse que j'avais sur un mur de mon appartement avec une attaque acide. Il voulait me montrer à ce moment qu'il pouvait faire des attaques qui pouvaient causer autant de dégâts que mon épée. Certes, sa démonstration avait été concluante mais elle m'avait coûté plus de 500 000 dappers de réparation du mur, sans compter la perte du tableau.
-"NON !!! C'est bon, j'te crois." J'ai droit à un regard moqueur de sa part. "Tu pourras me montrer tout ça en détail lors de notre prochaine ballade dans les jardins."
-"D'accord ... En fait, ce marchand en voulait un prix exorbitant mais j'ai réussi a lui faire entendre raison !!! Par contre j'y ai laissé toutes mes économies et j'ai promis à cette petite homine que j'ai croisé hier de l'inviter a déjeuner ... Est ce que tu ne pourrais pas, par le plus grand des hasards, me prêter quelques dappers s'il te plait ?"
-"Il te faut combien?" lui demandais je, essayant de retenir un soupir. Il ne changera donc jamais ...
-"En fait je pense qu'avec 10 000 dappers je pourrais m'en sortir"
-"10 000 ???!!! J'espère que tu fais appel au cuisinier du roi en personne pour cette somme"
Je vais jusqu'a mon coffre et en sors la somme demandée et la lance en direction de Sarkeni. Il la réceptionne avec aisance et elle disparaît rapidement dans sa poche de gilet.
-"Bon je vais y aller. Merci bien frère pour ce petit don. Je te rembourserais très rapidement"
-"Oublie cela. Tu auras bien l'occasion de me rendre service un de ces jours. Cela suffira. Par contre n'oublie pas que nous avons tous rendez-vous tout à l'heure à l'immeuble des guildes. Ne te laisse pas emporter par la sieste après ton repas."
-"Non, ça pas de souci !!!" me dit il avec un sourire au coin des lèvres. "A tout à l'heure."
Me revoilà de nouveau seul. Je regarde par la fenêtre l'agitation de la place du marché situé dans le district juste à coté de chez moi. La vie a repris chez les Matis. Ainsi que dans les autres civilisations d'après les quelques explorateurs qui ont réussis à passer à travers les primes racines et les légions kitins ... Les kitins ... Rien que de penser à eux ma sève devient bouillonnante et des images reviennent devant mes yeux ...
Je secoue la tête rapidement pour chasser de moi ces pensées. Hors de question de me laisser aller. Je m'habille rapidement et décide d'aller me promener sur la place de marché.
Les étales sont plus que garnis. On trouve de tout et de rien. Des foreurs encore poussiéreux de leurs expéditions discutent avec des artisans qui se pressent autour d'eux pour pouvoir acheter les meilleures matières premières extraitent de l'écorce de notre belle planète. Certains artisans ont déjà des stocks entier à vendre, des armures, des armes, des bijoux, de la nourriture. Des enfants s'amusent à se poursuivre a travers les étales. Il fait bon être matis à notre époque.
Mon regard s'attarde sur un groupe qui est en pleine effervescence. Le marchand propose des bijoux de très bonne qualité et beaucoup de gens l'entourent. Des acheteurs certes mais aussi des badauds qui s'émerveille de la technique fabuleuse dont fait preuve cet artisan.
Je continue mon chemin au hasard du dédale qui forme le marché d'Yrkanis lorsque tout à coup, une voix m'interpelle.
-"Alors Houtini, toujours en train de rêvasser à ce que je vois."
Pivotant sur moi même pour voir qui me parle, je me retrouve en face d'un colosse vêtu d'une armure lourde ayant déjà bien vécu. Une épée à 2 mains est accroché a sa ceinture et une masse dépasse de son dos. Son sac déborde de morceaux d'animaux provenant sûrement de quelques chasses dans les forets matis. Plusieurs cicatrices sont visibles sur son corps dont certaines semblent être assez récentes.
-"Tagghli, mon ami !!! Quelle bonne surprise !!! Je ne pensais pas te voir avant cet après midi à l'immeuble des guildes."
-"En fait, j'ai profité de ma venue en ville pour revendre quelques matières que j'ai récupéré. Je me suis dit que je vous retrouverais dans le district de Tylini après avoir fait mes petites affaires."
J'examine le contenu de son sac plus en détail ainsi que ses cicatrices.
-"Tu as fait bonne chasse à n'en pas douter, mais tu es tombé sur du gros on dirait."
-"Mouarf, une meute de torbaks s'en est pris a moi alors que j'essayais de raisonner quelques kipees un peu trop entreprenant. J'ai du me montrer persuasif avec tout ce beau monde." me dit il avec un grand sourire et un clin d'oeil entendu.
-"Oui, je vois." lui répondis je, ne pouvant retenir un rire à l'idée de ces pauvres torbaks pensant attaquer une proie facile et devant affronter un guerrier redoutable. "Toujours aussi adroit avec les armes on dirait."
-"Houtini, tu sais ... La sève qui coule dans mes veines est la même que celle de mon père, et mon adresse au maniement des armes me vient de lui aussi."
A l'évocation de mon ancien maître d'armes, une vague de nostalgie m'assaille. Je me souviens de ces moments heureux où l'insouciance de la jeunesse nous berçait. Le père de Tagghli avait été le maître d'arme de ma famille. Il nous avait enseigné l'art du combat à mon frère et à moi-même, et tagghli en avait profité en même temps que nous. Il avait été flagrant déjà à ce moment là qu'il avait des dispositions toutes particulières, vu la facilité avec laquelle il apprenait les différentes techniques que son père nous montrait. Depuis lors, on ne s'était plus quitter et Tagghli s'était intégré petit à petit dans ma famille.
-"Toujours en méditation dans la foret mon ami ?" lui demandais je, le taquinant encore une fois sur le fait qu'il ait choisi de vivre dans la foret matis plutôt que dans les villes avec nous autres. Tagghli avait toujours été solitaire et assez bourru au premier abord, ce qui, les années passants, ne sétait pas arrangés.
-"Très franchement, je préfère de loin la compagnie des animaux plutôt que celle de certains homins." Je vis alors son regard se poser sur des matis regroupait à proximité de nous et que je savais appartenir à des guildes prônant la suprématie de notre culture et de notre race par rapport aux autres homins.
-"Oui je vois ce que tu veux dire, mais même si je ne suis pas d'accord sur leurs façons de faire, je ne peux personnellement m'empêcher de penser qu'ils sont nécessaires à la sauvegarde de notre civilisation."
Tagghli me décroche alors un regard chargé de reproches.
-"Hum je vois que ton coeur est toujours autant chargé de rancoeur mon cher Houtini. Est ce qu'un jour le pardon fera place à cela ?"
-"Seul Jena le sait ..."
Je me sens alors bousculé par derrière, me retourne vivement pour apostropher le maladroit et me retrouve en face d'un homin au crâne rasé qui me regarde avec un sourire.
-"Comment vas tu cousin?"
-"Dopia. Tu es obligé de me bousculer à chaque fois qu'on se voit?"
Dopia regardant la stature imposante de Tagghli.
-"A choisir entre les 2 ... Bon comment allez vous ?"
-"Nous discutions un peu de politique" lui répondit Tagghli.
-"Ahhh ... Mon sujet préféré !!!"
Dopia est un excellent artisan d'armes et son art l'avait amené a beaucoup voyagé dans les territoires matis et à rencontrer beaucoup d'homins de tout genre. C'est un idéaliste comme il en existe peu qui prône la réconciliation des peuples de tout son coeur, même si il reste un matis très fier de son peuple et prêt à le défendre dans toutes occasions.
-"Nous parlions des façons de faire de certains et Houtini ne semble pas encore avoir fait le deuil de son pur enseignement matisien."
Dopia et Tagghli se lancent alors dans de grands discours sur leur vision d'Atys. Je les écoute attentivement pendant que nous continuons de marcher et que nous sortons du marché d'Yrkanis. Leur discours est empreint de tolérance et de sagesse. Essayer de ne pas réitérer les mêmes erreurs que par le passé semble être le maître mot de leur philosophie. Je ne peux m'empêcher d'admirer leur façon de voir notre monde. Personnellement, mon coeur et mon âme n'ont pas cicatrisé entièrement. Je revois encore des images de mon cauchemar.
Cauchemar que j'ai vécu en direct lorsque j'étais plus jeune. Une promenade familiale avec mes parents et mon frère ... qui tourne au massacre lorsque nous croisons une patrouille kincher. Le combat vaillant et désespéré de notre père, nous permit à mon frère et à moi-même de pouvoir nous cacher en attendant l'arrivée des gardes matis ... Trop tard pour mon père et ma mère malheureusement.
Les kitins !!! Des bêtes immondes que la bêtise et la curiosité Fyros à déverser sur notre monde !!! Comment pouvoir faire alliance avec les gens responsables de tous nos maux ... responsable de la mort de mes parents !!!
Les heures passent, et nous tergiversons toujours. Nous ne sommes pas forcément d'accord mais nous prenons plaisir à la compagnie des autres. L'heure de la réunion à l'immeuble des guildes approche, nous nous dirigeons vers le 4ème district. Devant l'immeuble, 3 mektoubs surchargés sont attachés et un petit groupe se tient debout a côté d'eux.
-"Hum, dis moi Houtini" me demande Dopia. "On dirait bien les mektoubs de ton frère, non ?"
-"Effectivement, ce sont eux, rapprochons nous, je suis persuadé que nous trouverons mon frère au milieu de cet attroupement."
En nous rapprochant du groupe, des bribes de conversations nous arrivent portés par le vent frais de ce début d'après-midi.
-"Maliani, il m'en faudrait au moins une vingtaine .... Moi je t'en achète cinquante ... Tu n'aurais pas de la qualité suprême?"
C'est alors que je le vois au milieu de toute cette agitation, d'un calme contrastant avec les matis attroupés autour de lui. Attentif à toutes les demandes, il sort des poches de ses mektoubs les matières demandées. Le visage serein et pale, une certaine ressemblance physique nous lie. Des longs cheveux brun, une pâleur toute matissienne, un regard ayant déjà vu la mort en face. Nous sommes frères, cela personne ne peut le contredire. Sans lui, je serais mort en même temps que nos parents. C'est lui qui m'a attiré au milieu des psykoplas pour échapper aux hordes kitins en attendant l'arrivée des renforts. Il a alors pris en charge son destin et sa vie, me prenant sous son aile pour finir mon éducation. Il est devenu un foreur parmi les meilleurs de tout le territoire matis. En age de commencer à gagner ma vie, il m'a enseigné son art d'extraction et je marche actuellement dans ses pas.
Nous voyant nous approcher, il finit ses affaires et congédie bientôt ses acheteurs pour venir à notre rencontre.
-"Bonjour a tous, prêt pour ce grand événement ?"
-"Oui" lui répond Tagghli. "Il ne manque que Sarkeni et on sera au complet."
-"Hum que fait-il ? Quelqu'un lui a bien rappelé que c'était cette après midi que l'on se réunissait ?"
-"Oui, oui mon frère" le rassurais je. "Je lui en ai parlé ce matin. Il va arriver."
-"Très bien, très bien. Avançons nous un peu, il nous rejoindra." Maliani regarde alors autour de nous pour vérifier que personne ne peut entendre nos échanges. "Bon il nous faut à présent déterminer plus en avant le fonctionnement de notre guilde. Notre but est connu de vous tous, chacun de nous 5 se verra attribuer un poste bien particulier pour l'accomplissement de cette tache."
-"Oui, ça on sait cousin" lui rétorqua Dopia.
-"Je préfère m'en assurer tout de même."
-"Ah tiens voila Sarkeni qui arrive." dit Tagghli en nous indiquant une direction du menton.
Nous tournons la tête juste a temps pour voir Sarkeni arrivé tout essoufflé d'une course apparemment soutenu.
-"Désolé ... pour .... le retard ... j'ai ... pas vu ... l'heure ... qui tournait." réussit il à nous dire en essayant de reprendre sa respiration. Nous partons tous d'un grand éclat de rire à la vue de son état.
-"Allons y mes amis, ne faisons pas attendre le clerc." nous dit mon frère.
Nous nous avançons vers l'immeuble des guildes et montons rapidement les marches pour pénétrer à l'intérieur. Après avoir suivit un long couloir, nous débouchons dans une grande salle richement décoré, aux couleurs vives. Un Matis très soigné nous regarde entrer et nous fais un grand sourire.
-"Entrez, entrez. Je suis Varo Antodera, clerc de guilde. Vous êtes sûrement de la Maison Allori si je ne me trompe."
Maliani prend la parole.
-"Tout à fait. Nous venons comme convenu pour ..." Il est interrompu brusquement par le clerc.
-"... Pour créer votre guilde. Oui ça je me doute."
-"Effectivement, mais en fait, notre démarche vise surtout à honorer la mémoire de notre famille disparut il y a quelques années ... et pour cela ... et bien nous sommes venu devant vous." lui répond mon frère que je sens nerveux à l'idée de ce qui nous attend.
-"Vos raisons vous honorent. Votre maison n'en sera que plus glorieuse. Et bien si vous êtes prêt, veuillez me suivre s'il vous plait."
Le clerc se lève et passe dans la pièce d'à cote. Nous nous regardons tous les uns les autres, hésitant tous à le suivre. Maliani est le premier à réagir et passe en tête de notre groupe. Nous le suivons tous et passons la porte. Nous marchons vers notre destinée commune.
La destinée de la Maison Allori.
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Houtini Allori , La Maison Allori