Re: "Se battre pour l'emporter"
Posted: Sun Jan 21, 2007 4:41 pm
La lame « chantait » en fendant lair darabesques complexes. Lhabileté du bretteur, tel un chef dorchestre donnant le ton dune sonate, exerçait le fil de sa lame sur des aigus enlevés, et des basses murmurées.
En honneur de la lame déchue, Yrkanis sétait engagé dans une parade martiale : « LHymne aux Lames Brisées ».
Assurément, Carranza influait une part de son âme dans chacune de ses uvres.
Le roi nétait plus à convaincre de la perfectibilité des réalisations de son artisan.
« Une lame de Carranza », insigne honneur royal remis au plus talentueux des combattants des joutes de larène avait été « rejetée » par un combattant Zoraï lors de la remise des trophées.
De lombre dune stèle commémorant les héros du royaume matis érigée dans la salle dentraînement, Stevanno couvait son souverain dun regard empreint de respect, le visage impassible.
Toutefois, ses poings serrés, ses phalanges blanchirent un bref instant, trahissant la sourde colère qui animait lintendant et confident du roi. Il eut une toux brève et dune voix basse il dit :
« Une épée sortit de son fourreau nest rengainée quaprès avoir accomplit le chemin que révèlent les songes tourmentés »
Le conseiller du roi ajouta un silence courtois avant de poursuivre
« afin que la vindicte sapaise et clame son repos dans le lit de notre justice.»
Yrkanis demeura silencieux. Sa passe darmes neut aucun soubresaut.
« Mon roi laffront impuni respire le crime de lèse-majesté, et il se fait lécho que la passivité de notre majesté pourrait être »,- Stevanno prit le temps de choisir ses mots-,
« perçue comme une indolence ».
La lame passa dune main à lautre. Lusage voulant que la suite de la parade soit exécutée par la main la moins adroite, symbole de la lame brisée dans sa course Entre les mains dYrkanis, même ce chapitre sengagea avec la même virtuosité que les premiers.
« Ce zoraï doit payer de sa vie ! », clama Stevanno.
Le roi parachevait ses arabesques, ne relevant pas lacclamation.
Il récita seulement la fin de lode quil avait jusque là psalmodiée intérieurement tout le long de la parade.
« Quatre fois plongées dans le corps de lennemi, toi lame brisée, loyale amie, ainsi se meurt jusquà ta garde fichée au cur. Ton destin sachève perçant le cur dambre froid et dur de celui dont nous ne voulions pour ennemi »
La parade fut finie. Le roi apposa son front contre la lame, murmurant une bénédiction, un adieu puis il la brisa violemment contre la stèle des héros.
Son honneur lui était rendu.
Yrkanis se tourna alors vers son intendant.
« Il est des temps où les puissants ont à être jugé de leurs actes.
Il est des temps où lon attend la clémence là où les puissants frappent, et des temps où le bellicisme voulu est désarmé par cette même clémence.
A tout un chacun, en ces temps, ces actions paraissent incohérentes, méprisables, irrationnelles, et nous le savons très bien. Mais un chef, un seigneur, un roi, agit selon des raisons qui dépassent lentendement commun car toute action quil commet est irrémédiable et lourde de sens. »
- Mais il sagit dun affront majesté qui a été fait en public dont les rangs comportaient des représentants de tous les autres continents. Ne devrions-nous pas punir cette guilde le Cercle des Profondeurs ? Ne devrions-nous pas faire un « exemple » ?
La main dYrkanis caressa doucement le rebondi de la stèle, là où les noms de ses ancêtres côtoyaient ceux de personnages rendus illustres par leurs faits légendaires.
- Ils sont « un mal nécessaire » au service de la couronne. La diversité de leurs membres est un tissu multicolore symbolique du traité de paix signé entre nos quatre continents. Le royaume ne peut saffaiblir dune de ses guildes aussi brouillonne soit elle. Nous sommes en péril à tout moment : maraudeurs, kitins, carnivores dominants ceux-là guettent notre faiblesse. Ceux-là grondent et menacent mais ils attendent le vrai faux-pas. Et là, ils nous décimeront. Nous rendre exsangue de nos forces serait facile. Un mot suffit mais aurai-je le droit de faire fi des vies que ces homins auraient pu sauver dans la ferveur des combats contre notre royaume ?
- Le royaume est puissant majesté !
Yrkanis eu un sourire bref alors que lintendant se reprenait.
- pardonnez-moi majesté Alors pour ce zoraï au moins, nous devrions sévir ! Il est la cause de ce marasme !
Yrkanis prit le temps de la réflexion avant de répondre :
- « Ce » zoraï a agit dans lignorance. Non pas dans lignorance de son geste immédiat qui était une provocation délibérée, mais dans lignorance de lavenir incertain quil a créé pour lui et les siens. Son caractère impulsif lui a ôté la clairvoyance qui aurait du être sienne au moment des faits. Affirmer son rejet de la sorte lui a valu, ainsi quaux siens, un déni du bien fondé de leurs actions. La promptitude des Jardins dAtys, des Alkiannes, des Marcheurs dAtys et de tant dautres, a condamné cette effronterie, est une punition immédiate qui est plus lourde de conséquences que si nous avions dû pendre haut et court lintéressé. Je ne veux pas de dissensions internes.
Lintendant opinait lentement du chef en signe dassentiment.
Yrkanis poursuivit.
- Limpassibilité de la couronne est dictée par la sagesse fondée de toutes ces réflexions. Le Cercle des Profondeurs, au regard de ses faits darmes passés, de limplication de ses membres à combattre jusquà la mort pour sauvegarder une frontière du royaume et empêcher le massacre de population, ne se verra pas admonesté par la couronne. Ils ont besoin de notre clémence, comme nous avons besoin de leur présence.
Stevanno eut un sourire entendu.
- Nos guildes sont nos veilleurs. Une avant-garde impétueuse ou tacticienne, extrême ou ordonnée, mais riche de sa diversité. Elles ont leur code, leurs règles et toutes ne comportent pas exclusivement des sujets loyaux et irréprochables. Il faut aussi celles qui accueillent les âmes errantes, quelles quelles soient. Que la vie reprenne son cours à lombre de nos forêts, Atys nous réservera bien dautres maux.
Lintendant vit son roi franchir la lourde porte de la salle dentraînement. Un sentiment dorgueil respectueux de sa majesté animant tout son être. Le roi était doté dune sagesse particulière, peut-être acquise au contact des Zoraïs lorsquil fut sauvé par eux
Laissé seul, lintendant passa le bout de son doigt sur la stèle des héros et des grands de ce monde et sarrêta sur un nom
« Yrkanis souverain Matis »
« Que votre ligné franchisse les âges, mon bon roi »
En honneur de la lame déchue, Yrkanis sétait engagé dans une parade martiale : « LHymne aux Lames Brisées ».
Assurément, Carranza influait une part de son âme dans chacune de ses uvres.
Le roi nétait plus à convaincre de la perfectibilité des réalisations de son artisan.
« Une lame de Carranza », insigne honneur royal remis au plus talentueux des combattants des joutes de larène avait été « rejetée » par un combattant Zoraï lors de la remise des trophées.
De lombre dune stèle commémorant les héros du royaume matis érigée dans la salle dentraînement, Stevanno couvait son souverain dun regard empreint de respect, le visage impassible.
Toutefois, ses poings serrés, ses phalanges blanchirent un bref instant, trahissant la sourde colère qui animait lintendant et confident du roi. Il eut une toux brève et dune voix basse il dit :
« Une épée sortit de son fourreau nest rengainée quaprès avoir accomplit le chemin que révèlent les songes tourmentés »
Le conseiller du roi ajouta un silence courtois avant de poursuivre
« afin que la vindicte sapaise et clame son repos dans le lit de notre justice.»
Yrkanis demeura silencieux. Sa passe darmes neut aucun soubresaut.
« Mon roi laffront impuni respire le crime de lèse-majesté, et il se fait lécho que la passivité de notre majesté pourrait être »,- Stevanno prit le temps de choisir ses mots-,
« perçue comme une indolence ».
La lame passa dune main à lautre. Lusage voulant que la suite de la parade soit exécutée par la main la moins adroite, symbole de la lame brisée dans sa course Entre les mains dYrkanis, même ce chapitre sengagea avec la même virtuosité que les premiers.
« Ce zoraï doit payer de sa vie ! », clama Stevanno.
Le roi parachevait ses arabesques, ne relevant pas lacclamation.
Il récita seulement la fin de lode quil avait jusque là psalmodiée intérieurement tout le long de la parade.
« Quatre fois plongées dans le corps de lennemi, toi lame brisée, loyale amie, ainsi se meurt jusquà ta garde fichée au cur. Ton destin sachève perçant le cur dambre froid et dur de celui dont nous ne voulions pour ennemi »
La parade fut finie. Le roi apposa son front contre la lame, murmurant une bénédiction, un adieu puis il la brisa violemment contre la stèle des héros.
Son honneur lui était rendu.
Yrkanis se tourna alors vers son intendant.
« Il est des temps où les puissants ont à être jugé de leurs actes.
Il est des temps où lon attend la clémence là où les puissants frappent, et des temps où le bellicisme voulu est désarmé par cette même clémence.
A tout un chacun, en ces temps, ces actions paraissent incohérentes, méprisables, irrationnelles, et nous le savons très bien. Mais un chef, un seigneur, un roi, agit selon des raisons qui dépassent lentendement commun car toute action quil commet est irrémédiable et lourde de sens. »
- Mais il sagit dun affront majesté qui a été fait en public dont les rangs comportaient des représentants de tous les autres continents. Ne devrions-nous pas punir cette guilde le Cercle des Profondeurs ? Ne devrions-nous pas faire un « exemple » ?
La main dYrkanis caressa doucement le rebondi de la stèle, là où les noms de ses ancêtres côtoyaient ceux de personnages rendus illustres par leurs faits légendaires.
- Ils sont « un mal nécessaire » au service de la couronne. La diversité de leurs membres est un tissu multicolore symbolique du traité de paix signé entre nos quatre continents. Le royaume ne peut saffaiblir dune de ses guildes aussi brouillonne soit elle. Nous sommes en péril à tout moment : maraudeurs, kitins, carnivores dominants ceux-là guettent notre faiblesse. Ceux-là grondent et menacent mais ils attendent le vrai faux-pas. Et là, ils nous décimeront. Nous rendre exsangue de nos forces serait facile. Un mot suffit mais aurai-je le droit de faire fi des vies que ces homins auraient pu sauver dans la ferveur des combats contre notre royaume ?
- Le royaume est puissant majesté !
Yrkanis eu un sourire bref alors que lintendant se reprenait.
- pardonnez-moi majesté Alors pour ce zoraï au moins, nous devrions sévir ! Il est la cause de ce marasme !
Yrkanis prit le temps de la réflexion avant de répondre :
- « Ce » zoraï a agit dans lignorance. Non pas dans lignorance de son geste immédiat qui était une provocation délibérée, mais dans lignorance de lavenir incertain quil a créé pour lui et les siens. Son caractère impulsif lui a ôté la clairvoyance qui aurait du être sienne au moment des faits. Affirmer son rejet de la sorte lui a valu, ainsi quaux siens, un déni du bien fondé de leurs actions. La promptitude des Jardins dAtys, des Alkiannes, des Marcheurs dAtys et de tant dautres, a condamné cette effronterie, est une punition immédiate qui est plus lourde de conséquences que si nous avions dû pendre haut et court lintéressé. Je ne veux pas de dissensions internes.
Lintendant opinait lentement du chef en signe dassentiment.
Yrkanis poursuivit.
- Limpassibilité de la couronne est dictée par la sagesse fondée de toutes ces réflexions. Le Cercle des Profondeurs, au regard de ses faits darmes passés, de limplication de ses membres à combattre jusquà la mort pour sauvegarder une frontière du royaume et empêcher le massacre de population, ne se verra pas admonesté par la couronne. Ils ont besoin de notre clémence, comme nous avons besoin de leur présence.
Stevanno eut un sourire entendu.
- Nos guildes sont nos veilleurs. Une avant-garde impétueuse ou tacticienne, extrême ou ordonnée, mais riche de sa diversité. Elles ont leur code, leurs règles et toutes ne comportent pas exclusivement des sujets loyaux et irréprochables. Il faut aussi celles qui accueillent les âmes errantes, quelles quelles soient. Que la vie reprenne son cours à lombre de nos forêts, Atys nous réservera bien dautres maux.
Lintendant vit son roi franchir la lourde porte de la salle dentraînement. Un sentiment dorgueil respectueux de sa majesté animant tout son être. Le roi était doté dune sagesse particulière, peut-être acquise au contact des Zoraïs lorsquil fut sauvé par eux
Laissé seul, lintendant passa le bout de son doigt sur la stèle des héros et des grands de ce monde et sarrêta sur un nom
« Yrkanis souverain Matis »
« Que votre ligné franchisse les âges, mon bon roi »