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Re: Le Nouvel Exode
Posted: Mon Nov 26, 2007 12:29 pm
by cstenac
Le petit lac était décidément un lieu enchanteur, mais un peu étrange. Il y avait bien un bar, en effet, mais celui-ci était tenu par une matis qui, à en juger par le cri qui venait de retentir, ne semblait pas très bien connaître son métier.
Semblant apparaître de nulle part, un papillon bleu passa soudain devant les yeux de Zorglor. Levant la tête, il le suivit des yeux, jusqu'à ce que son regard se pose sur une nouvelle arrivante. Le visage du tryker s'illumina, tandis qu'il oubliait les soucis du moment. Il se releva et se dirigea vers Nymphéa, qui tenait Maheany dans ses bras : « Lorganeer vous-deux, je suis content de voir que vous avez pu fuir Fairhaven ! ». Il se pencha et sourit tendrement au bébé qui gazouillait en agitant les bras, avant de faire un grand sourire à l'homine qui lui rendit. « Lordoy ny-toi, je suis contente aussi ! ».
Les deux homins restèrent immobiles quelques instants avant que Nymphéa ne demande « Quelle est cette histoire de bière tryker ? ». « Je ne sais pas, allons voir ! ». Questionnée, la matis leva les yeux au ciel : « An je n'ai pas de bière tryker ! Mais qu'est ce qu'ils ont tous aujourd'hui ? J'ai de l'excellente bière d'Avalae par contre ! ». Méfiants, les deux trykers acceptèrent le brevage ... avant de décider que pour la bière, être grand ne servait à rien, et que personne ne savait mieux faire la bière que les trykers d'Avendale.
Les homins commencèrent à explorer les environs, s'éloignant un peu du lac. Au loin, on pouvait distinguer quelques constructions. Alors qu'ils se rapprochaient, ils commencèrent à entendre une étrange musique. Il y avait là quelques musiciens et une dizaine de danseuses, se laissant emporter par la mélodie, jouée par des Zoraï. Le sourire de Nymphéa s'élargit alors qu'elle s'approchait. Mais soudain, la trykette fronça les sourcils : « Ah mais ca ne va pas du tout, il n'y a pas de danseuse trykette ! ». Riant, elle étendit une couverture sur la sciure et y déposa délicatement le porte-bébé dans lequel Maheany s'était endormie, puis courut vers le groupe de danseuses, entrainant Zorglor.
Celui-ci ne put danser que quelques minutes avant de retourner souriant à l'endroit où le bébé dormait toujours, ignorante de toute l'agitation autour d'elle. Le tryker se tourna vers le groupe de chorégraphes, ne quittant pas des yeux le visage épanoui de Nymphéa. Toutefois, quand l'homine s'arrêta de danser, la joie et l'insouciance qu'elle tentait toujours d'afficher ne suffisaient plus à masquer l'angoisse qui envahissait lentement son doux visage.
Zorglor hésita quelques instants puis se releva et s'approcha doucement : « Ny-Nymphéa ... ». L'homine releva le regard, les yeux remplis de larmes, sur le point de chavirer : « J'ai si peur, ny-toi ! ».
Le tryker hocha doucement la tête : « Je sais, ny-Nymphéa ... Nous avons tous peur ... il se passe tant de choses inquiétantes, il y a tant de gens dont nous n'avons pas de nouvelles ... »
« Les enfants ... al Amatsu ... ils sont à Pyr, je n'ai pas de nouvelles d'eux ... je ne sais plus ! »
« Oy eny ... regarde ... les réfugiés arrivent petit à petit ... il faudra du temps pour que nous nous retrouvions tous ... mais nous y arriverons ... il ne faut pas perdre espoir ... ».
La voix de Zorglor s'étrangla un peu alors que lui-même pensait à tous ceux dont il était sans nouvelles, et il soupira un peu : « An, ne pas perdre espoir, jamais ... »
L'homine resta silencieuse quelques instants avant de murmurer, en essayant de masquer le tremblement dans sa voix : « Oy ... tu as raison, je dois attendre ... Grytt ... »
Nymphéa respira profondément, puis releva la tête et sourit : « Dis, tu as faim ? J'ai des pattes de clopper ! ».
Les deux homins s'installèrent pour manger, rejoints par Osquallo. Les pattes de clopper finissaient de griller sur un petit feu magique Zoraï quand Nymphéa sortit deux récipients : « Il y a deux sauces ! Une aux champignons, et celle-ci est aux piments de cratcha ! ». Zorglor hésitait ... « La sauce aux piments, je l'ai faite moi-même ! ». « Oh ! Hum ... je ne devrais pas manger trop de piments, je ne les supporte pas bien... ». Le tryker essaya de faire un signe discret à Osquallo, qui ne le vit pas et choisit la sauce aux piments.
Nymphéa regarda les deux homins manger. Zorglor commenca à grignoter la patte, regardant Osquallo du coin de l'oeil. Le matis commença à manger sa part, légèrement trempée dans la sauce, puis s'interrompit soudain, portant la main à sa poitrine et demandant de l'eau avec des gestes frénétiques. Zorglor lui tendit très vite la gourde, que le matis vida, ainsi qu'une deuxième, avant de reprendre sa respiration : « Je crois qu'elle est un peu forte !! ».
La trykette fronça les sourcils « Forte ? Ah mais an voyons, j'ai juste mis ce qu'il faut ! ». Nymphéa prit un morceau de clopper qu'elle trempa généreusement dans la sauce, avant de mordre dedans à belles dents, avant que les deux homins n'aient eu le temps de faire quoi que ce soit. Le visage de l'homine changea de couleur, passant du bleu qu'elle adorait au vert de ses yeux, avant qu'elle ne tombe à terre, immobile.
Zorglor poussa un cri et s'agenouilla près de l'homine, qui ne bougeait plus. Les décharges d'énergie salvatrice que les deux homins faisaient crépiter sur son corps semblaient sans effet sur la trykette qui ne respirait plus. Zorglor leva l'oeil vers Osquallo, qui semblait aussi perdu que lui, restant comme paralysé. Le tryker se retourna vers Nymphéa, hésitant, puis se pencha en avant et déposa délicatement ses lèvres sur celles de l'homine, avant de souffler doucement. Au bout de quelques instants, le corps de l'homine fut secoué d'un grand spasme, tandis qu'elle inspirait violemment. Nymphéa mit quelques minutes à retrouver sa respiration et à reprendre des couleurs normales. Zorglor resta agenouillé à ses côtés pendant qu'Osquallo était parti remplir à nouveau les outres d'eau.
Le premier geste de l'homine fut de renverser avec horreur dans la sciure le récipient contenant la sauce aux piments. Après quelques temps, les trois homins purent terminer leur repas, riant de l'incident, Maheany les regardant en souriant. Quand le bébé commença à dodeliner de la tête, baillant et pleurant un peu, Nymphéa sourit puis se releva : « Il va être l'heure pour nous deux d'aller dormir ! ». L'homine récupéra la sauce aux champignons, reprit le porte-bébé et fit un signe aux deux homins avant de se retourner. « Seelagan al Lorandoy, ny-Nymphéa... ».
Zorglor regarda s'éloigner l'homine et son bébé, puis se leva à son tour, allant s'installer près du lac pour y passer la nuit.
Re: Le Nouvel Exode
Posted: Tue Nov 27, 2007 4:51 pm
by cstenac
Lorsque Zorglor se réveilla le lendemain matin, le soleil était déjà haut et faisait miroiter le lac de mille feux.
A proximité du bar, se tenaient plusieurs homines, dont une que Zorglor n'avait pas encore vue ici. Le tryker fronça les sourcils, il l'avait déjà rencontrée, mais ne parvenait pas à la reconnaitre, et à mettre un nom sur l'altière matis, dont le cou s'ornait d'un grand médaillon kamiste. Soudain la scène lui revint en mémoire ... Zorglor l'avait déjà rencontrée à Fairhaven ... Titana ! La soeur adoptive de Nymphéa, qui avait perdu la mémoire.
La matis inclina imperceptiblement la tête en réponse au salut de Zorglor, avant de se lancer dans un flot de paroles entremêlées sur le Grand Ralentissement, ses amis les Graines de Kamis, les Karavaniers, sa soeur Nymphéa, son frère Kywee, ... Remarquant soudain le sourire du tryker, Titana fronça les sourcils et demanda d'un air sévère : « Eh bien quoi ? ». Souriant toujours, il rassura Titana concernant sa soeur. Le visage de l'homine sembla s'adoucir quelques instants, avant qu'elle ne commence à poser un flot de questions toujours plus pressantes, auxquelles Zorglor répondit, légèrement agacé.
Une fois satisfaite, Titana fronça à nouveau les sourcils puis se remit à détailler ses théories concernant le Grand Ralentissement. Zorglor ouvrit la bouche pour répondre, mais s'interrompit. Autant essayer de parler de politique Tryker avec Slucer ! Il se contenta donc de hocher poliment la tête, ce qui parut déplaire encore plus à Titana, qui accentua encore la véhémence de son discours, jusqu'à ce que le tryker, passablement énervé, ne prétexte une affaire à régler, ce qui fit simplement hausser les épaules à la matis.
Zorglor retourna vers le lac, tandis qu'elle expliquait aux autres homines présentes qu'elle ne comptait pas rester dans cet endroit, mais continuer son exploration.
L'homin fronçait les sourcils. Détestant s'énerver sur des questions religieuses, il était étrangement troublé par la diatribe de Titana, et ne fut pas malheureux de constater, en revenant quelques temps plus tard, que celle-ci avait disparu. Nymphéa revint avec Maheany quelques moments après le départ de sa soeur, après une longue promenade autour du lac. L'homine fut à la fois heureuse de savoir sa soeur en bonne santé et triste de ne pas l'avoir rencontrée...
Un peu plus tard dans la journée, un jeune tryker qui avait quitté l'endroit la veille revient annoncer à tous les homins présents qu'un nouveau lieu accueillant avait été découvert à proximité, et que de nombreux réfugiés s'y retrouvaient.
Après quelques discussions, les homins décidèrent de suivre le messager et, rassemblant leurs quelques affaires, le suivirent dans le canyon en aval du lac. A l'issue d'une courte marche, ils atteignirent un nouveau lac, assez étendu, sur lequel on distinguait une île. Le petit groupe se mit à l'eau, à la joie des trykers, et dans les gromellements d'une bonne partie des autres.
Les réfugiés nageaient gaiement et mirent un certain temps à atteindre la petite île, presque entièrement déserte à l'exception de quelques arbres. Prenant pied dessus, leur guide leur montra une deuxième île, plus étendue, sur laquelle on distinguait diverses constructions : « C'est là-bas que nous allons, il n'y a rien ici ».
Le petit groupe d'homins nagea à nouveau jusqu'à la seconde île, dont une bonne partie de la surface était occupée par un très grand bar. Le grand comptoir derrière lequel étaient présents plusieurs vendeurs barrait l'accès à tout une partie du bout de terre, sur lequel était entassée une impressionnante quantité de victuailles et de tonnelets.
Les homins s'approchèrent lentement, surveillant du coin de l'oeil les deux grands varinx domestiqués, tandis que ceux déjà présents, assis autour d'un feu, leur faisaient de grands signes de bienvenue. Etrangement, la plupart de ceux-là semblaient avoir fui les Nouvelles Terres avec seulement une partie de leurs vêtements, certains les ayant même tous oubliés!
Nymphéa se détacha du groupe et s'avança vers le bar, pour demander d'une voix anxieuse : « Est-ce que vous avez de la bière tryker ici ? ».
La serveuse écarquilla les yeux, et fronça légèrement les sourcils en répondant à l'homine : « Bah oy naturellement ! Drôle de question ! »
Re: Le Nouvel Exode
Posted: Thu Jan 03, 2008 12:21 pm
by tnaara
Les jours s’écoulaient lentement sur « l’île de Val », comme on l’appelait. Les réfugiés continuaient à affluer et les anciens les aidaient au mieux à s’installer et à prendre leurs repères.
Ici la vie était simple : pas de prédateurs, nourriture et boisson à volonté grâce à la prévoyance du Fyros auquel appartenait le bar, lequel, d’ailleurs, ressemblait presque à une forteresse.
Ici, les réfugiés se reposaient et tombaient peu à peu dans la routine d’une vie trop simple : pas de chasses périlleuses à mener, pas de guerres pour dominer, pas de sources à forer …
Ici, même la religion semblait ne plus bercer la vie des homins. Loin de l’influence de la Karavan et des Kamis, les réfugiés semblaient peu à peu perdre leur virulence envers ceux d’une autre croyance.
« Egalité, Fraternité » … Dans ce lieu oublié, ces deux valeurs trykers reprenaient leur droit avec un naturel déconcertant … Des jeux collectifs s’organisaient, au cours desquels kamistes, karavaniers et neutres redevenaient de simples homins riant ensemble pour oublier leur inquiétude et tromper leur ennui ; des amourettes naissaient entre anciens ennemis, sous l’œil indulgent de tous ; la bière coulait à flot, de glorieux souvenirs étaient évoqués, se transformant souvent en véritables épisodes épiques. Mais nul n’osait jamais parler de l’avenir … Les plus grandes craintes de ces réfugiés restaient muettes : reverraient-ils un jour ces Nouvelles Terres qui étaient leur foyer ? Reverraient-ils leur famille, leurs amis ?
Le quotidien des exilés pouvait se résumer en un mot : survivre …
Pour Nymphéa, les jours s’écoulaient lentement, tous semblables. Elle passait presque tout son temps à s’occuper de son bébé. Maheany, du haut de ses six mois, s’était très vite adaptée à cette nouvelle situation, ne semblant pas se demander où étaient passés son père et ses frères et sœurs. S’occuper de son bébé évitait à Nymphéa de trop penser à ce qui la tourmentait tant : l’impossibilité de savoir si les siens allaient bien … Elle n’avait aucune nouvelle d’Amatsu, ni de ses autres enfants, ni même des Dragons. Avaient-ils survécu ? S’étaient-ils réfugiés sur une autre Terre, se posant les mêmes questions à son égard ? Tant de questions sans réponses …
Par chance, son ami Zorglor était là. Toujours discret, toujours disponible. Il l’aidait souvent à s’occuper de Maheany, et la petite le reconnaissait à présent de loin, gazouillant lorsqu’elle entendait sa voix. Sa présence rassurait Nymphéa. Zorglor devenait peu à peu son point d’attache, son repère, sans qu’elle en ait réellement conscience. Ils passaient de longs moments à discuter ensemble, à plaisanter de tout et de rien, à se confier leurs inquiétudes.
Lorsque, certains jours, les larmes de la Trykette ne pouvaient s’empêcher de rouler, elle sentait les yeux de Zorglor se poser timidement sur elle et celui-ci l’approchait, la réconfortant de quelques mots … Avec lui, tout devenait si simple que c’en était parfois déroutant …
Re: Le Nouvel Exode
Posted: Mon Feb 18, 2008 9:58 pm
by tnaara
Comment était-ce possible ? Comment un silence pouvait-il être si pesant et surtout, comment pouvait-il crier si fort dans sa tête ?
Assise au bord de lîle de Val, la Trykette aux couettes violettes laissait glisser son regard sur leau calme et paisible. Cela faisait plusieurs semaines à présent que le lien mental lunissant à Amatsu était coupé et elle avait de plus en plus de mal à le supporter. Elle avait tant pris lhabitude, au cours de ces dernières années, de partager à tout instant les pensées dAmatsu que le fait de ne plus entendre que les siennes lui procurait comme un vertige
Le sevrage était aussi brutal quinvolontaire, mais le Lien ne pouvait passer entre les Anciennes Terres et les Nouvelles
Soupirant, Nymphéa baissa son regard sur une petite boite posée sur ses genoux. Des fruits caramélisés faits par Amatsu lui-même
un trésor qui se réduisait inéluctablement comme une peau de chagrin
Economiser ces friandises vitales
Il le fallait ! Elle ne pouvait imaginer un instant ce que serait sa vie sans ces délicieux fruits
et il en restait si peu déjà ! Mais comment réduire au silence cette envie furieuse de mordre à pleines dents dans un fruit savoureux ? Comment résister à cet envoutant appel des papilles, frémissant à lidée même de sentir cet exquis caramel fondre dans la bouche ? Cétait
inhomin !!! Et avant davoir eu le temps de réfléchir plus loin, Nymphéa se retrouva en train de déguster un fruit caramélisé, les yeux mi-clos, oubliant pour un instant tout ce qui nétait pas sensations gustatives
Une ombre sapprocha discrètement et sassit timidement un peu en arrière de la Trykette. Celle-ci tourna la tête et sourit à lhomin qui portait un bébé endormi.
« Ny-Zorglor ! Approche, je ne mords pas voyons ! »
Son regard sadoucit en voyant Maheany paisiblement endormie dans les bras du tryker.
« Elle ta adopté on dirait ! »
Zorglor adorait soccuper du bébé et ce dernier lui rendait bien.
« Grytt pour ton aide, javais besoin de me retrouver seule un peu
»
La Trykette leva ses grands yeux verts vers Zorglor.
« Il ne me reste que 40 fruits caramélisés, tu te rends compte ? Même en me restreignant à deux par jour, je nen aurai que pour vingt jours
Je ne sais comment faire
»
Zorglor réfléchit un peu et proposa :
« Et si tu les coupais en deux ? En en prenant deux moitiés par jour, cela tiendra le double de temps
»
Nymphéa ouvrit des yeux ronds.
« Les couper en deux ? Oy eny il y a un problème !!! Si jen touche un, je le mange
A moins que
»
Elle regarda Zorglor en souriant, puis lui tendit la boite. Le Tryker sourit à son tour et redonna à sa mère le bébé endormi.
« Daccord, je vais te les couper en deux, ny-Nymphéa. Cela me semble plus prudent en effet
»
Le soleil se couchait sur lîle de Val
Loin du bar animé, deux silhouettes côte à côte regardaient le lac. Entre elles, une couverture réchauffait un enfant
Nul mot nétait échangé mais un sourire de connivence les animait
Des moitiés de fruits
Il fallait y penser, non ?
Re: Le Nouvel Exode
Posted: Sat Feb 23, 2008 9:53 pm
by cstenac
Zorglor s'était réveillé tôt ce matin, ouvrant les yeux sur les quelques affaires qui étaient posées à côté de lui, sur la berge du lac, derrière un petit bosquet de bamboos. Il avait besoin de solitude, de s'évader ... et s'était donc tout naturellement retrouvé dans le lac, glissant doucement dans l'eau.
Le tryker nageait les yeux à moitié fermés, essayant de faire le vide dans son esprit.
Evoluer dans l'eau azur de l'étendue lacustre. Ressentir jusqu'au bout de ses doigts la fraicheur du liquide et sentir les diverses algues courir le long de son corps. Entendre les cris sporadiques des oiseaux marins à la recherche d'une proie ou de plancton. Regarder les plantes marines s'agiter au gré du vent, admirer les reflets de la lumière de l'astre atysien sur la surface irisée en alternance avec les ombres projetées par l'immense Canopée au-dessus de leurs têtes. Respirer à pleins poumons la légère odeur, indéfinissable, qui ravissait tout homin lorsqu'il arrivait en Aeden Aqueous, émergeant d'un vortex ou d'un pacte de téléportation...
Bref, tout ce qui était d'une parfaite normalité dans le bonheur ordinaire de la vie des Trykers, et de tous les homins, sur Atys, sur leur planète. Tout cela existait encore, certes ... mais qu'est ce qui était encore normal dans leurs vies ? Pour tous les homins, ici, la vie semblait en suspens ; tous attendaient des nouvelles, qui de leurs amis, qui de leurs familles ; tous se demandaient ce qu'Atys allait devenir, et pour aucun la vie n'était normale.
Et puis pour certains autres, il y avait autre chose. Zorglor se mit à nager plus vite, tentant sans succès de chasser de ses pensées ce visage qui l'obsédait, ce rire qui le ravissait, ce regard vert qui le faisait ciller au bout de quelques instants... Nymphéa ... Nageant toujours sans but, l'homin se crispa. Tout en lui lui disait de cesser cette folie, de ne plus penser à la trykette dont il était déjà fou amoureux ... Sa raison lui intimait d'arrêter de se perdre dans ses rêves, dans ces instants de bonheur, ici, en sa présence et en celle de Maheany ... Maheany ... Nymphéa ... Le tryker laissa échapper un sanglot, provoquant l'effroi d'un yber qui voletait tranquillement au dessus de lui.
Il devait partir ... quitter le bar et tout oublier ... c'était la seule solution raisonnable. Mais comment pouvait-il partir, laisser ses rêves et son bonheur derrière lui ... Pas tout de suite alors, encore un jour, quelques jours, puis il faudrait partir ... il le devait.
Zorglor regagna la berge, sortit de l'eau, se laissa sécher au soleil, puis s'habilla. En glissant sa dague à sa ceinture, il sourit en repensant à cet incident la veille, quand une des serveuses matis du bar avait essayé de convaincre les clients que, pour découper sa viande, plutôt que la dague, il valait mieux utiliser une lame ridiculement petite qu'elle avait nommé "couteau" et qui ne pouvait servir qu'à cela. Ce "couteau" devait d'ailleurs être accompagné d'un autre accessoire, un genre de rateau miniature appelé "fourchette". Les trykers présents avaient beaucoup ri, surtout quand Nymphéa avait proposé d'utiliser la "fourchette" comme peigne à cheveux.
L'homin prit une grande inspiration puis se dirigea vers le bar, pour aller demander un lait de messab.
Re: Le Nouvel Exode
Posted: Thu Feb 28, 2008 2:35 pm
by tnaara
La nuit étoilée seffaçait doucement. Une à une, les petites lumières scintillantes sestompaient et seffaçaient, laissant place à la lumière dabord timide de lastre du jour. Peu à peu, les teintes orangées du ciel firent place à un bleu franc : cétait à nen pas douter une belle journée qui commençait sur lîle de Val.
Son bébé de six mois blotti contre elle, Nymphéa séveillait doucement
Ses pensées se tournèrent dabord vers Amatsu et ses enfants restés à Pyr et son cur se serra dinquiétude
Comment allaient-ils ? Allait-elle les revoir bientôt ? Elle ferma les yeux et revit avec précision chacun dentre eux : Amatsu, son homin devant les Lacs, celui quelle aimait plus que tout ; Alyz, sa petite yubonette fiancée à Drakaan ; Naori, son premier enfant déjà en âge de voler de ses propres ailes ; la douce Azalée ; Atryna, la fille de sa sur Titana, quelle élevait comme sa propre fille ; les jumeaux Yarrow et Tiaré, toujours inséparables ; Makao, qui était appelé à devenir un jour un grand Sage
Oh, comme ils lui manquaient tous !
Elle serra doucement Maheany contre elle. Elle navait pas eu le choix ! Si elle navait pas fui ici, Maheany serait morte à présent
sa petite cage thoracique ne parvenait pas à affronter le Grand Ralentissement et la petite commençait à bleuir
Elle sourit tendrement au bébé.
« Lordoy ny-Maheany ! »
Elle contempla lenfant endormi et ses pensées se tournèrent vers Zorglor, repensant au temps que le tryker passait à soccuper du bébé et delle-même. Son visage à demi éveillé esquissa alors un sourire et elle remercia muettement son ami de sa présence quotidienne.
Elle mit du temps à remarquer que quelque chose avait changé
Et puis soudain, lévidence la réveilla totalement : le Lien était rétabli !!! Elle pouvait de nouveau ressentir dans sa tête la présence dAmatsu ! Cela ne pouvait signifier quune chose : son aimé était enfin sur les Anciennes Terres !
Elle sauta sur ses pieds, à la fois heureuse et soulagée. Son homin était de retour ! Il avait réussi à la rejoindre avec les autres enfants ! La famille ONehly allait enfin être de nouveau réunie ! Elle scruta lhorizon et ne fut pas surprise de voir une silhouette familière venir vers elle
« Ny-amn !!! »
Le cri jaillit de sa gorge telle une délivrance
« Yem-Nylia !!! »
Leurs bras se tendirent et ils tombèrent dans les bras lun de lautre, heureux et soulagés, tournoyant joyeusement, sembrassant encore et encore, mettant fin à des semaines dinquiétude et de séparation forcée.
« Comme tu mas manqué yem- Amaou !
- Je suis là maintenant
Où sont les enfants ? Jai tellement hâte de les serrer dans mes bras ! »
Nymphéa blêmit.
« Tu nes pas venu avec les enfants ? Je nai que Maheany avec moi ! »
Amatsu recula dun pas, incrédule.
« Tu nes quand même pas partie de Pyr en nemmenant que Maheany ?
- Mais
jétais avec elle à Fair Haven lorsque le Grand Ralentissement a commencé ! Toi, tu étais encore à Pyr ! Et les enfants passaient la nuit chez les voisins
Tu ne les as pas laissés là-bas quand même ? »
Le Tryker aux cheveux blonds semporta :
« Jétais parti en patrouille dans le désert !!! Comment as-tu pu les abandonner chez les voisins ?
- Mais
Tu étais encore là je suis partie !!! Jamais je ne les aurai laissés et tu le sais !!! »
La sève dAmatsu ne fit quun tour.
« Comment as-tu pu faire une chose pareille ? Je retourne les chercher
Jespère pour toi quils vont bien
»
Le Tryker fit demi-tour et partit sans un regard, aussi inquiet que furieux, laissant sur la plage une trykette desespérée
Re: Le Nouvel Exode
Posted: Sat Mar 01, 2008 9:31 am
by cstenac
Zorglor buvait lentement son bol de lait de messab, rêvassant silencieusement, lorsqu'une silhouette passa, marchant rapidement. Les quelques clients rassemblés près du bar tournèrent la tête vers le nouvel arrivant, un tryker blond. Amatsu O'Nehly. Celui-ci passa à proximité du bar, remarquant à peine les quelques réfugiés, et se dirigea vers le petit bosquet, quelques pas plus loin, où deux trykettes avaient passé la nuit.
Zorglor avait instinctivement tourné la tête vers le bar, se plongeant dans l'étude détaillée du règlement de l'établissement, affiché sur un poteau, et écrit à la fois en Atysien et dans les quatres langues homines, l'air très concentré et indifférent aux exclamations de joie venant de derrière les bamboos. Il ne leva pas plus les yeux lorsque des éclats de voix retentirent, et qu'Amatsu réapparut, repassa à proximité du bar sans un regard pour les homins et s'éloigna, le visage fermé.
Quelques instants de flottement suivirent; les clients et M. Val se regardaient, l'air intrigué et gêné, quand, de derrière le bosquet, Nymphéa sortit, le visage blême, tenant Maheany dans ses bras, marchant d'un pas incertain jusqu'au bord de l'eau, où elle s'assit, recroquevillée, tournant le dos aux autres réfugiés. Ceux-ci regardaient ailleurs, visiblement gênés.
Zorglor regarda Nymphéa, hésitant, se sentant perdu, retenu dans son instinct de se précipiter vers elle par une foule de pensées contradictoires. Finalement, ce fut M. Val qui s'approcha de l'homine, et se pencha vers elle, essayant de la réconforter. La trykette leva ses yeux verts pleins de larmes et commença à expliquer ce qui s'était passé, d'une voix altérée. Après quelques mots de réconfort, le fyros, gêné, se releva et murmura « Je dois aller m'occuper de ranger le bar ... ». Nymphéa lui fit un petit signe de la main, sans bouger. M. Val s'éloigna, puis rentra dans le bar par la petite porte et disparut.
Zorglor était resté figé à proximité, n'osant pas bouger, se contentant de regarder et d'écouter l'échange entre le fyros et la trykette. Il se sentait toujours déchiré entre son désir de se précipiter au côté de Nymphéa, de l'aider à retrouver le sourire, à faire disparaitre ce poids et ce regard affligé, et sa crainte de l'importuner, de la dégoûter, d'être maladroit. Il aurait presque souhaité ne pas avoir été là... Le tryker gardait ses yeux fixés sur l'homine immobile, toujours recroquevillée sur la berge. Après quelques instants qui lui semblèrent une éternité, il s'avança doucement, ne sachant ni que dire, ni que faire, mais incapable de tergiverser plus longtemps.
Le pas hésitant, Zorglor s'approcha de l'homine immobile et murmura doucement « Ny-Nymphéa ? ». Celle-ci tressaillit, passa rapidement la main sur ses yeux et leva la tête vers Zorglor, qui avait presque instinctivement fait un pas en arrière. « Oy ? » demanda-elle d'une voix tremblante. « Je ... Ca va ? ». Le tryker s'interrompit, se sentant stupide. « Tu as entendu ? Ce qu'il a dit ... ». Zorglor hocha doucement la tête, ne sachant que répondre. « Tu crois qu'il a raison ... que je suis une mauvaise mère pour mes enfants ? ».
L'homin s'approcha lentement, s'agenouillant à côté de la trykette, le visage grave mais essayant d'arborer un sourire apaisant.
« Non, bien sûr que non. Le Grand Ralentissement a pris tout le monde par surprise, personne ne pouvait s'y préparer, et tu n'as pas eu le choix. ». Nymphéa étouffa un sanglot et gémit « Mais il a raison .. les enfants, je les ai laissés ! ». Le tryker hocha doucement la tête « Tu ne pouvais pas savoir, c'est impossible... Mais s'ils sont restés à Pyr, ils sont en sécurité, tout va bien aller ...».
Nymphéa sembla hésiter un instant. « Tu crois vraiment ? Mais Amatsu ... ». Zorglor hocha doucement la tête, cherchant ses mots « J'en suis sûr ... Et Amatsu ... il a eu peur, il a réagi sous le coup de l'émotion, ça ne durera pas. Dès qu'il sera revenu de Pyr avec les enfants, tout ira mieux ... et vous serez tous réunis. ». Le tryker laissa sa phrase en suspens, puis fit un sourire rassurant à l'homine « Crois-moi ... ».
Nymphéa hocha la tête, se passant à nouveau la main sur les yeux et murmura « Oy tu as peut-être raison, eny ... ». La trykette ne termina pas sa phrase et soupira « Dis, tu pourrais prendre Maheany quelques temps, j'ai besoin de ... ». Zorglor hocha la tête, sourit, puis se pencha pour prendre délicatement l'enfant endormi dans les bras de sa mère. Celle-ci regarda le tryker se relever, tenant le bébé, puis murmura d'une voix douce « Grytt ... ».
Re: Le Nouvel Exode
Posted: Wed Mar 19, 2008 2:07 pm
by tnaara
La Trykette aux couettes violettes resta un moment face au lac, seule avec sa détresse
Elle avait mis tant despoir en le retour dAmatsu ! Cétait lidée dêtre de nouveau réunis qui lavait soutenue jusque là ! Elle sétait naïvement imaginée que le jour où il la rejoindrait, sa seule présence effacerait tous ses soucis et toutes ses craintes
Ses bras protecteurs, ses mots doux, ses caresses
Tout serait redevenu si simple !
Amatsu était revenu mais il navait pas su apaiser ses craintes
Tout navait été que reproches, et celui sur qui elle comptait tant avait su la poignarder en plein cur de ses paroles blessantes, elle qui était déjà si fragile en ces temps troublés
Nymphéa essuya rageusement les larmes qui lui chatouillaient les joues et laissa le vent emporter son murmure de détresse :
« Ny-amn, pourquoi me fais-tu tant souffrir ? Zorglor me dit que tout va sarranger, mais
»
Des scènes passées quasi oubliées lui revinrent en mémoire ; dans toutes, Amatsu montrait un autre visage que celui du mari aimant : celui dun homin volage, dune froideur cruelle en son égard
Un frisson la parcourut tandis que lécho des paroles de son amie Shellyna résonnait dans sa tête : « Quitte-le ! Il ne te mérite pas
»
Comment pourrais-je faire cela ? Je laime
»
Elle entendit au loin un rire denfant et se retourna vers le bar. Zorglor faisait tournoyer Maheany dans ses bras et le bébé riait aux éclats. Cela lémut et la fit sourire à la fois. Une envie irrésistible la prit : celle daller vers eux et de les serrer dans ses bras
Elle se leva, essuya de nouveau ses larmes et rejoignit le couple insolite, se promettant de laisser ses soucis de côté pour ce soir et de retrouver pour un instant son insouciance de trykette
Re: Le Nouvel Exode
Posted: Wed Mar 19, 2008 3:17 pm
by tnaara
« Viens
»
Un peu étonné, Zorglor demanda :
« Où ça, ny-Nymphéa ?
- Pas très loin
»
Reprenant Maheany dans ses bras, elle entraîna le tryker aux cheveux violets au bord de leau.
« Tu vois cette grande racine dans leau, là-bas ? Celle qui se dresse comme un pieu géant et semble partir à lassaut des cieux ? »
Zorglor hocha la tête.
« Lorsque je la regarde, je rêve de pouvoir grimper tout en haut !
- Et que ferais-tu, une fois là-haut ? Il ny a nulle part où aller !
- Oh, cest facile ! Je lèverai très haut les bras vers le ciel et crierai dans le vent que je suis libre comme lui ! Ce serait tellement merveilleux ! »
Nymphéa sourit, rêveuse.
« Et puis
quelle vue on doit avoir de là-haut ! »
Elle contempla quelques instants encore la racine verticale avant de laisser son regard glisser vers la petite île adjacente.
« Et si on allait sur la petite île, ny-Zorglor ? Elle est accessible, elle ! »
Le Tryker sourit et, pour toute réponse, entra dans leau. Nymphéa le rejoignit, nageant sur le dos en maintenant le bébé sur son ventre. Bientôt, ils furent de lautre côté et sassirent sur la sciure, tous deux trempés. Maheany, repue après un biberon conséquent, ne tarda pas à sendormir sous une légère couverture.
Soudain, malicieuse, Nymphéa lâcha :
« Le premier revenu ici après avoir contourné la racine verticale a gagné ! »
Et sans laisser à Zorglor le temps de réagir, elle se rua vers le lac en riant.
« Hé !!! Attends-moi !!!
- Ah an alors ! Sinon tu vas gagner !
- Cest ce quon va voir !
- Cest tout vu, ny-toi ! »
Le tryker plongea à son tour dans le lac, essayant de rattraper Nymphéa qui, à son habitude, ne put sempêcher de faire des pirouettes dans leau, même en pleine course. Il la rattrapa au niveau de la racine - dont elle fit deux fois le tour -, et entama le retour en tête, sous les cris de protestation de la trykette qui oublia toute fantaisie aquatique pour redoubler de vitesse.
« Je vais gagner ! Tu vois, je te lavais dit ! »
Nymphéa sortit de leau en courant, riant, sans voir le sourire en coin de Zorglor qui avait subtilement freiné sa course afin de la laisser le doubler, et se rapprocha de lendroit où Maheany dormait paisiblement. Sautillant sur place, elle attendit le tryker en chantonnant :
« Un gage ! Un gage !
- Oh
et quel sera ce gage, ny-toi ? »
Nymphéa réfléchit un instant avant de répondre, un grand sourire sur le visage :
« Un bain de sciure ! »
Et sans plus attendre, elle poussa le tryker à la renverse, voulant le rouler dans la sciure. Celui-ci contrattaqua en la faisant tomber à son tour, et bientôt, tous deux roulèrent pêle-mêle dans la sciure, riant aux éclats, insouciants et joyeux pour la première fois depuis longtemps
Au bout dun long moment, autant épuisés lun que lautre, ils se demandèrent mutuellement grâce, et une trêve fut signée dans un sourire de connivence. Après un bon bain pour leur redonner allure homine, tous deux revinrent sasseoir près du bébé, aussi trempés lun que lautre.
« Ny-Nymphéa ?! Tes cheveux !!! »
- Oy ? Il y a un problème ?
- An, eny regarde ! La teinture violette sen va enfin ! Ils redeviennent verts ! »
Nymphéa tira sur une couette pour mieux voir et, souriante, conclut :
« Ah ça, ça se fête ! »
Et elle sortit sa boîte de précieux fruits caramélisés, en offrant un à Zorglor qui ne se fit pas prier pour accepter !
Bientôt, le silence recouvrit la petite île, tandis que les deux trykers dégustaient quelques fruits, les yeux mi-clos, laissant échapper par moment des « hmmmm » de gourmandise
Re: Le Nouvel Exode
Posted: Tue Apr 08, 2008 12:40 pm
by cstenac
Nymphéa sourit et tourna la tête : « Dis, tu te souviens, je t'ai déjà parlé de mon cousin, Nymphéo ? ».
Zorglor regarda l'homine et hocha la tête.
« Tout à l'heure, quand j'ai fait l'abominable trykette de sciure ... c'était aussi un peu en pensant à lui. ». La trykette s'interrompit quelques instants, rêveuse, alors que Zorglor continuait d'écouter.
« Quand nous étions enfants, ensemble, à Fairhaven ... Il aimait m'emmener la nuit sur les pontons de Fairhaven, jusqu'à Côte de Loria ... tu sais, l'autel au bout du ponton ... ». Nymphéa continua pendant un moment, un sourire aux lèvres, à raconter les histoires des nuits enfantines à Fairhaven, les petites joies et les petites frayeurs formant le quotidien des jeunes trykers, l'homin écoutant toujours paisiblement.
Nymphéa tourna soudain la tête, souriant malicieusement : « Mais tu sais, il y avait un autre jeu auquel je jouais avec Nymphéo ! ».
« Ah ? Et lequel ? »
L'homine se rapprocha subrepticement de Zorglor, et soudain, d'un geste vif, porta une main à sa chevelure et dénoua prestement un des liens du tryker qui protesta « Hé mais ! ». Un petit rire malicieux lui répondit.
« Ah eny an, ça ne va pas se passer comme ça ! » La bataille qui s'ensuivit fut brève et ponctuée d'éclats de rire. Quand les deux trykers se redressèrent, les cheveux verts et libérés de leurs couettes de Nymphéa ruisselaient en cascade sur ses épaules tandis que les cheveux de Zorglor étaient tous dénoués et en vrac, les liens de couleur éparpillés tout autour d'eux.
« Voila c'était ça notre jeu ... ».
« Un jeu assez original en effet, ny-Nymphéa ! »
« Sauf que mon cousin, lui, avait un moyen de tricher ... mais ça je ne te le raconterai pas ! »
Nymphéa rit gaiement et renoua expertement ses couettes. Zorglor fit la moue « Ah mais an, ça aussi c'est de la triche, j'ai toujours du mal à les renouer, moi. ». La trykette sourit sans répondre puis s'installa derrière l'homin et commença à rattacher les mèches une par une, récupérant les liens dans la sciure. Le tryker resta silencieux, regardant au loin et souriant.
« Et voila, c'est fini ! »
« Déjà ? En effet tu as du beaucoup jouer à ce jeu ... Grytt ! »
L'homine sourit longuement, puis murmura doucement « Il se fait tard, je vais aller dormir. ».
Zorglor hocha la tête en souriant. La trykette le regarda, puis s'approcha légèrement et se pencha vers l'homin. Murmurant « Grytt ny-toi ... grytt de m'avoir fait retrouver le sourire. », elle déposa un léger baiser sur la joue du tryker, qui rougit dans la pénombre et ne répondit rien. L'homine se releva et se dirigea vers l'endroit où Maheany dormait.
« Seelagan al Lorandoy, ny-Nymphea ».
« Seelagan al Lorandoy, ny-toi ».
Reprenant délicatement Maheany dans ses bras, la trykette s'éloigna, laissant Zorglor songeur, les yeux fermés, souriant.