Grande Inquiétude A La Fondation Mac Vean

[bourdu]

Prysma vivait chaque nouveau jour avec l'angoisse de voir les récolteurs revenir. Quelques jours plus tard, toutefois, Eleanide reparut.

Prysma était en train de forer quand elle l'aperçut. Sa sève ne fit qu'un tour. C'était le moment. Il fallait parvenir à lui transmettre le message qu'elle gardait caché sous ses vêtements en permanence.

Eleanide, voyant Prysma, comprit qu'elle était toujours dans la même situation et s'en offusqua.

Avant qu'un garde ne se rende compte de quelque chose et ne rappelât Prysma au campement, cette dernière regarda en direction d'Eleanide et lui fit un clin d'œil. Prysma tremblait.

Eleanide resta à distance et vit Prysma prospecter à proximité d'une plante géante comme on en trouve dans cette région. Ce faisant, elle creusa un trou dans le sol, au pied de la plante. Puis, Prysma tira de sous ses vêtements la pièce de toile sur laquelle elle avait rédigé le message de sang. Elle la placa dans le trou et le reboucha, laissant une petite motte pour indiquer l'endroit.

Prysma s'éloigna et alla prospecter plus loin. A distance, elle vit Eleanide s'approcher de la plante. Elle avait compris ! Le cœur de Prysma s'emplissait déjà de joie, mais elle craignait qu'Eleanide et la toile ne fussent découvertes par la tribu avant qu'elle ne pût lire les mots qui s'y trouvaient.

Eleanide considérait la motte. Elle jeta un coup d'œil vers le campement. Rien à signaler. Elle se pencha, remua la terre, découvrit le morceau de toile, s'en saisit et le glissa dans son sac. Elle quitta les lieux sans plus attendre.

Prysma était soulagée. A coup sûr elle lirait son message et préviendrait la Fondation. En fait, Prysma demeurait angoissée. Le message était-il encore suffisamment lisible ? Eleanide saurait-elle qui contacter ? La Fondation parviendrait-elle dans cette région reculée, dont les seuls téléporteurs sont refusés aux neutres ? ...

* * *

Le lendemain soir, après une journée de travail particulièrement longue, Prysma était au coin du feu, en train de manger une bouillie informe comme on lui servait le plus souvent. Le ciel était déjà sombre.

Prysma vit arriver des homins de petite taille : des trykers ! Alors qu'ils s'approchaient, elle reconnut les membres de la Fondation. C'étaient Jakobi et Charles ! A leur vue, Prysma ressentit une grande joie et son visage rayonna. Eleanide avait pu les prévenir ! Ils étaient arrivés ici sains et saufs !

Justement, Eleanide arrivait également dans le campement. Ils étaient donc venus à trois pour la sauver. Personne d'autre ne devait être disponible immédiatement... Est-ce que ça allait aller ? Qu'allaient-ils faire ?

Charles salua Prysma comme si de rien n'était. Eleanide dit qu'elle avait fait au plus vite. Mais immédiatement, les gardes du campement avaient compris qu'il fallait réagir et s'interposèrent : "Toi, la trykette, à la tente et vite."

Eleanide essaya de retenir Prysma en la prenant par la main mais déjà un garde l'emmenait de force et la projetait à l'intérieur de sa tente.

- Elle n'a rien fait de mal, dit Eleanide.
- Que lui voulez-vous ? demanda Jakobi.
- Vous n'avez pas à vous en mêler, répondit sèchement un garde du campement.
- Nous sommes ses amis et nous sommes venus la chercher !
- Cette trykette n'est plus votre amie. Elle est notre prisonnière et nous en ferons ce que nous voudrons.

Pendant que Jakobi parlait au garde, Charles observait les gardes, estimant les chances de victoire en cas de conflit armé. Quasiment nulles. Jakobi croisa le regard de Charles et n'en fut pas rassuré.

- Que voulez-vous d'elle ? ...ou de nous ?

Charles cherchait des yeux le chef de la tribu. Eleanide qui s'en était rendu compte observait avec lui les homins visibles dans le campement.

Ils approchèrent de Beero Antozzo qui était effectivement le chef des Esclaves de la Sève. Celui-ci prit la parole.

- Je suis désolé mais je dois garder votre amie. Je ne puis vous dire pourquoi.
- Ttt, voyons, rien de mal elle ne fait, répondit Eleanide. Elle ne ferait point de mal à un yubo.
- Et pourquoi ? demanda Charles.
- Nous ne comprenons pas. Expliquez-nous au moins pourquoi ! ajouta Jakobi.
- On m'a demandé de la garder. Je ne puis vous la laisser.
- C'est vous qui l'avez enlevée à Fairhaven ?
- Qui est-ce qui vous l'a ordonné, l'ami ?

Mais cette dernière question, posée par Eleanide, allait rester sans réponse. Beero Antozzo ne parla pas de cet homin mystérieux que Prysma avait aperçu seulement deux fois et qui semblait à l'origine de son enlèvement et de l'exécution d'Ariawen.

Pendant ce temps, un garde, méfiant au vu de la situation, était rentré dans la tente pour surveiller Prysma.

Eleanide alla s'installer au coin du feu, où se reposaient quelques gardes. Elle sortit de son sac des boissons alcoolisées à base de shooki.

- Allez l'ami, une 'tite goutte pour se réchauffer et prendre quelques forces.

Au début méfiants, certains membres de la tribu finirent par accepter de boire avec elle. Après tout, Eleanide était une habituée du coin. Eleanide ajouta discrètement quelques remèdes de son époux l'alchimiste Shenshantag, afin d'aider les gardes à dormir. Certains gardes restaient sobres et vigilants mais le stratagème d'Eleanide avait tout de même fonctionné en diminuant le nombre de gardes à affronter.

Les trois amis de Prysma réfléchissaient intérieurement à une solution. Charles observait la tente, songeant à y entrer en cachette et neutraliser le garde qui s'y trouvait. La tente était recouverte de grandes toiles en tissu maintenues ensemble par des armatures en bois.

* * *

La nuit était bien avancée. Le garde qui était entré dans la tente de Prysma en était ressorti tandis que certains membres de la tribu continuaient à boire et à dormir auprès d'Eleanide. Les gardes restants empêchaient évidemment Jakobi et Charles de délivrer Prysma.

Les deux trykers et Eleanide se mirent tacitement d'accord sur un plan. Eleanide allait rester à occuper les gardes. Charles et Jakobi quittèrent les lieux, faisant mine d'avoir renoncé.

Jakobi sa cacha à proximité pendant que Charles tentait une approche par l'arrière du campement. Il fallait agir vite, car l'aube se levait déjà. Par chance, le campement n'était pas entouré de barrières. Grâce à cela, Charles réussit à se faufiler jusqu'à l'arrière de la tente. Comme personne ne semblait l'avoir remarqué, il découpa sans tarder une ouverture dans la toile de la tente. Il aperçut immédiatement Prysma recroquevillée dans un coin. Personne d'autre ne semblait présent à l'intérieur. C'était une chance. Charles chuchotta :

- Viens Prysma, on s'en va.
- Charles ?
- Viens !
- Ils ont gardé mon sac... mes tickets de téléportation...

Les Esclaves de la Sève avaient en effet confisqué le sac de Prysma à son arrivée. Il n'y avait rien de valeur dedans, mais sans téléportation, comment partir d'ici ? Mais tant pis, il n'y avait plus à hésiter. Prysma rejoignit Charles hors de la tente et ils commencèrent à s'éloigner du campement pour rejoindre Jakobi. A leur arrivée, Jakobi leur adressa un signe de félicitations.

Pendant ce temps, un garde entrait dans la tente de Prysma en disant : "Six heures ! Debout là-dedans ! T'as du boulot !" Il vit tout de suite le trou dans la toile de la tente.

Un cri se fit immédiatement entendre de loin : "Alerte ! La petite a filé !"

- Vite ! Filons ! s'écria Jakobi. Prysma, tu peux courir ?
- Oui... ça ira...
- Courage, tu es sauvée !

Les trois amis s'enfuirent pendant quelques centaines de mètres jusqu'à se cacher derrière des buissons pour souffler un peu. Charles tendit un vêtement à Prysma pour l'habiller plus décemment. Eleanide, qui avait discrètement quitté le campement dans l'agitation, arrivait dans leur direction. Ils lui firent un signe pour qu'elle les rejoigne discrètement.

Prysma, soulagée, se mit à pleurer et se précipita dans les bras de Jakobi qui la serra et la consola, heureux.

Au loin, les Esclaves de la Sève organisaient déjà des patrouilles pour fouiller la région. Il ne fallait pas moisir ici.

Prysma ne pouvait se téléporter mais si on pouvait la ramener à Fairhaven, elle serait sauvée et trouverait dans son appartement sa réserve de tickets. Il fallait la ramener dans les Lacs. Un long voyage allait commencer.


-- FIN --