genepoil wrote:(...)que voulez quand dans un jeu les relations entre joueur se limite (hors guilde) la plupart du temps a:
salut.vs pexe?oui.Je pe venir?ok et apres les eternels gg ding up etc....(...)
Pas forcément, et la principale raison qui fait que j'ai choisi de jouer à Ryzom est qu'il y a
peut-être une chance pour que ce jeu innove sur ce point. Utopie ? Je ne pense pas. Je pense au contraire que ce qui fait la caractéristique principale d'un jeu en ligne, ce n'est pas la coopération (et donc le pexdinggratz routinier pour "lutter contre les kitins"), mais la compétition. On joue toujours "contre" quelque-chose ou quelqu'un, et dans ce contexte la spécificité d'un mmoRPg est d'ajouter au simpliste Player vs Environment une dimension "sociale" qui fait qu'on imbrique différents niveaux de jeu dans un ensemble cohérent : je veux m'amuser, et pour ça, pas besoin de chercher midi à 14h, je suis comme tout le monde, ce qui m'amuse le plus c'est de faire "exister" mon perso, donc qu'il soit reconnu, qu'il
joue un rôle. Là où dans un jeu d'arcade je pourrais chercher à apparaître au "hall of fame", pour bien montrer que je suis très fort, ou dans un jeu de stratégie/gestion avoir la fierté d'avoir fait prospérer un camp/pays/ville/entreprise/famille de sims etc..., ou dans un fps grimper le long d'un ladder, dans un mmorpg je vais pouvoir donner plusieurs sens à l'expression "jouer un rôle", et faire cohabiter, dans un même monde, des joueurs aussi différents que le guerrier surpuissant qui est capable d'abattre le plus gros boss du jeu rien qu'en soufflant dessus, et le "socializer" qui passe son temps à discuter du prix de la dzao de choix ou des conditions climatiques propices au forage au marché d'Yrkanis. Ces deux extrêmes ont une possibilité de participer
au même jeu, ce qui est la base, et si le jeu est bien fait,
à la même histoire. Car si le jeu est bien fait, le socializer ou le roleplayer auront besoin des grosbills d'une manière ou d'une autre, comme il est certain que les grosbills ne resteront que s'ils continuent à se sentir utiles, c'est-à-dire, soit qu'on leur rajoute des boss encore plus puissants pour leur donner un challenge nouveau,
soit que se soit instaurée entre eux une compétition qui fait que leur "suprématie" puisse être remise en cause.
Et c'est là que le bât blesse souvent, car mettre en place une compétition équilibrée et dynamique entre joueurs nécessite, si on ne veut pas que ça tourne au vinaigre très vite, de la placer dans un contexte cohérent. Et c'est là que le RP a toute sa place : d'abord par le background, qui donne les outils indispensables au plantage du "décor", ensuite par les joueurs eux-mêmes qui vont prendre le relais et faire évoluer ce décor. On pourra avoir des joueurs qui s'amuseront follement à jouer les diplomates pour négocier une alliance, donnant ainsi à d'autres que les débats irritent une bonne raison de se mettre sur la tronche joyeusement et donc de s'amuser à leur tour, et vice-versa.
Pour ça, il faut que l'univers soit riche en possibilités de conflits, que ces conflits soient diversifiés (pas seulement militaires), et surtout, que ces conflits, mis bout à bout, puissent déboucher sur des modifications des équilibres essentiels du jeu : pas d'eau ? combats plus durs ; le gros kitin qui est apparu la semaine dernière n'est toujours pas mort ? il fait des petits et attaque l'avant-poste d'à côté ; ces imbéciles de diplomates de la guilde n'ont pas réussi à sceller une alliance avec les idiots de diplomates de la guilde d'en face ? leurs guerriers ne pourront pas de téléporter au point de respawn machin qui appartient à la guilde trucmuche et qu'elle ne peut donc pas partager...
On pourrait multiplier les exemples, et les rapporter à tous les domaines du jeu : économie, politique, et même - puisque la descendance est prévue - aux romances entre persos : hmm...Roméo aime Juliette, mais Juliette est déja fiancée... Et si elle épouse Roméo, c'est lui qui héritera de la dot de 10 millions de dappers avec lesquels son fiancé "officiel" compte bien acheter le titre de noblesse auquel il rêve depuis la création de son perso
Donc non, je ne pense pas qu'un mmorpg doive forcément s'inscrire d'emblée dans un système coopératif. Je pense que ce qui crée la coopération, c'est la nécessité de se regrouper et donc la compétition. Comme le disait le politologue Julien Freund en parlant de la politique, c'est à dire de la manière d'organiser une société donnée, "la politique commence par la désignation de l'ennemi". Pas par son extermination, par sa
désignation. Autrement dit, c'est parce qu'il y a des Fyros que je peux jouer un Matis, et vice-versa, et si ce n'est pas le cas, si les Fyros ressemblent trop aux Matis (parce qu'en fait, ils ressemblent à des joueurs et pas à des personnages de jeu de rôle), j'aurais beau m'escrimer, je ne parviendrai jamais à jouer un "vrai" Matis, et toutes nos discussions sur le RP resteront stériles. On continuera à avoir des "bisounours" opposés aux "méchants", alors que dans le conflit Fyros/Matis je vois surtout pour ma part deux peuples aux intérêts divergents, intérêts qui peuvent - ou pas - les amener à s'affronter...ou à se réconcilier face à une menace commune ("l'ennemi" devenant le Kitin, par exemple). En politique comme en roleplay, il n'y a qu'une vérité absolue, c'est qu'il n'y a rien d'absolu, et c'est ça qui rend les choses intéressantes à jouer
Bref, il ne s'agit pas de chercher à sortir du "ding-gratz" ni d'opposer des catégories de joueurs pour imposer une vision particulière du jeu dans une "éternelle polémique sur le RP", il s'agit au contraire de réfléchir à la notion même de jeu, et de bien comprendre que
tous, roleplayers ou pas, nous cherchons en fait à peu près la même chose, au-delà de nos niveaux, de nos persos, et même des aventures que nous nous inventons : à faire en sorte que ce petit ensemble de pixels qu'est notre avatar ait sa place dans une communauté, de telle sorte que s'il disparaissait, quelque-part, il finirait par manquer. Bref, pour paraphraser Lamartine, "un seul joueur nous manque, Atys est dépeuplé"
(tu sait comme ton histoire d'eau)
).