Caylis Amnell - Vengence !

[ptidemon]

Assis près du lac du Vent des Songes, je n'arrivai toujours pas à en revenir... Je venais d'apprendre la nouvelle de la bouche d'Adenia, ma sauveuse.

Ainsi elle s'était jouée de moi, avait profité de ma fragilité juste le temps qu'il fallait pour me briser. Tout mon être vibrait de haine et de désir de vengeance: Mon coeur était réduit à un simple muscle qui irriguait mon organisme, dépourvu de sentiments, et mon honneur était bafoué, lapidé par la légèreté de cette homine...

Je ne voulais pas perdre la face devant mon amie Adenia, aussi je me relevai et me forçais à sourire, faisant abstraction quelques secondes du flot de pensées négatives qui résonnaient dans ma tête. Mon artifice ne fit pas illusion bien longtemps, aussi je décidais de me retirer avec le peu de dignité qu'il me restait alors.

Qu'avais je donc fait pour mériter cela ?.... J'étais victime de tant de trahisons ces derniers temps que j'en venais peu à peu à tout reconsidérer. Les homins étaient ils donc tous comme cela ? Je savais que non, je connaissais bien trop de homin bons et honnêtes pour y penser sérieusement.... Encore que...

D'ordinaire cette nouvelle m'aurait probablement anéanti moralement et physiquement, et j'aurai traîné les pieds jusqu'à la première ville pour me saouler et essayer d'oublier, encore. Mais cette fois ma réaction fut autre: J'enrageai, je bouillais à l'intérieur et ne pensai qu'à la vengeance.... frappant tout ce qui se trouvait sur mon chemin, j'aurai pu y laisser ma sève bien des fois, mais une nouvelle force intérieure m'avait envahie: la soif de revanche !... et pas un seul animal ne put résister à ma folie meurtrière ce jour là.

Ainsi elle pensait peut être que je laisserai ma virilité et mon honneur s'évanouir sans réaction ? Oh oui le Caylis qu'elle connaissait aurais sans doute réagit comme ça, mais le Caylis qu'elle connaissait était mort, tué par ses propres mains, et un Caylis plein de volonté et de haine foulait désormais Atys.

Hors d'haleine je finis par me poser loin de toute présence homine, enlevais mon casque, et m'en servant d'appui tête m'allongeais à même le sol. Pris d'une soudaine fatigue, je n'arrivai cependant pas à m'endormir.... Comment réagiraient mes amis quand la nouvelle atteindrait leurs oreilles ? Qui pourra encore me regarder sans esquisser un sourire ou sans carrément se moquer de moi ouvertement ? La moquerie je le savais, au contraire de la franchise, était une pratique courante, et particulièrement chez les Trykers...

Oh comme la vie était cruelle quand on se souciait des autres...... et comme elle devait être simple pour un homin égoïste.... Pas de déceptions, pas de trahisons....

Encore quelques temps auparavant je n'aurai même pas pu y penser, mais là c'en était trop ! Il me restait quelques amis, à qui j'accorde encore ma confiance, mais je me fit la promesse de ne plus abandonner ma confiance au premier homin venu.

La vengeance.... ce nouveau sentiment faisait déjà partie de moi, comme le fluide vital qui coule dans nos veines, et ne demandait qu'à se libérer avec force et rage.... Mais je devais la contenir encore, l'heure sonnerait bientôt, et à ce moment là il faudrait que je sois prêt... et là j'étai loin de l'être.

Prenant mon sac devant moi je le vidai de tout le matériel superflu: ma pioche qui ne me servirait plus avant longtemps, ma trousse de couture et mes outils de bijoutier qui ne devraient plus avoir leur place dans mes mains une fois qu'elles seront calleuses et habituées à porter l'épée.... Je me délestais de ma vie passée en même temps: Je pris un malin plaisir à détruire mes gants de mage, ceux là même fabriqués des mains de Tsuki, ainsi que les quelques matières qu'elle m'avait offertes à une époque.... une époque révolue !

Je n'avais pas de temps à perdre, je connaissais mes cibles et savait qu'elles étaient toutes beaucoup plus fortes que moi. Qu'importe !.... Il me fallait juste m'entraîner, découper chacun de mes mouvements pour les améliorer, en expérimenter d'autres, observer d'un oeil critique la façon de bouger de mes adversaires et leurs points faibles, apprendre moi-même à esquiver leurs coups et chercher la contre attaque parfaite en toute circonstance....

Je me perdis à mesurer l'ampleur de mon ignorance, mais au lieu de me décourager j'étais enthousiaste et confiant en l'avenir. Je n'avais plus à m'angoisser pour les autres, seul mon but à moi comptait: Défier les personnes qui avaient osé m'insulter et piétiner mon honneur, les défier et les tuer, eux et tous ceux qui se moqueront de mon nom....